Chapitre 24
— C'est dingue, n'empêche. Ça aurait pu se passer tellement mal !
Anise était abasourdie. Elle avait finalement décidé de s'installer à Beacon Hills et de demeurer auprès des loups de Scott. Sa formation de chimiste ne leur serait peut-être pas d'une grande aide tout de suite. Elle pourrait s'appuyer dessus pour devenir Druidesse, pourquoi pas, et apprendre à confectionner potions et filtres pour la meute ou les autres créatures surnaturelles.
— Merci pour ce rapport, dit alors Scott. Rentrez vous reposer, tous les trois, je n'ai pas besoin de vous pour le moment, c'est très calme en ville. Mais restez quand même alertes, on m'a rapporté que des Chasseurs avaient été aperçus dans la ville voisine, à environ dix kilomètres d'ici.
Stiles opina et le trio quitta l'ancienne savonnerie. Anise soupira et observa le jeune Alpha.
— Cela vous inquiète cette histoire avec Jared ? demanda-t-elle.
— Oui et non, parce que les panthères ne semblaient pas hostiles et leur chef me semble avoir abandonné l'idée d'avoir Jared avec lui. Cependant, ces créatures sont tenaces, elles ne lâchent pas tant que leur proie n'est pas morte...
— Je ne pense pas qu'ils viendront ici, Scott, répondit Liam. Oshawa c'est super loin, ils vont devoir traverser tous les USA pour arriver ici et ensuite connaître l'endroit précis où vit Jared leur prendra des jours.
— Mouais. Tu as sans doute raison. Où sont les militaires ?
— Au commissariat, notre cher Cerbère leur fait passer les tests d'aptitudes pour entrer dans les rangs.
Scott opina puis annonça qu'il rentrait chez lui pour le reste de la journée. Liam lui souhaita une bonne journée, et alors que le jeune Alpha allait partir, il se retourna.
— Anise, vous avez rendez-vous demain à onze heures chez le Vétérinaire, le Docteur Deaton. C'est notre Druide, il vous expliqua plus en détail comment nous fonctionnons et ce qui nous est fatal ou bénéfique.
— Entendu, Alpha. Bonne journée.
Scott inclina la tête puis disparut. Anise se tourna vers Liam.
— Vous avez déjeuné ? demanda-t-elle.
— Pas encore, mais je vous assure que vous n'avez aucune envie de manger en compagnie d'un loup.
— Et pourquoi ? sourit la jeune femme.
Liam baissa le nez sans répondre. Anise n'insiste pas et haussa les épaules avant de quitter la savonnerie à son tour. Alors qu'elle grimpait dans sa voiture, elle sentit une présence et bondit en reconnaissant Derek à travers son pare-brise.
— Je ne voulais pas vous faire peur, sourit le loup. Vous allez déjeuner ?
— Oui, ça vous dit ?
— Stiles et Jared sont rentrés, alors oui, pourquoi pas ?
Anise sourit et Derek s'installa côté passager.
— Vous avez une bien drôle de famille, vous savez, Monsieur Hale. Un compagnon humain agent d'une branche spéciale du gouvernement américain chargé de protéger les créatures surnaturelles ; et un meilleur ami, presque un frère, qui n'est pas un loup, mais une panthère ! Avouez que ce n'est pas banal.
Derek rigola doucement.
— Et vous ne savez pas tout ! Mon oncle est un loup-garou, mais sa fille est un coyote, et il ne l'a connue qu'il y a moins de dix ans. Depuis, ils sont inséparables et cela a même brisé le couple qu'elle formait avec Scott.
Anise plissa les yeux. La voiture quitta le parking de l'entrepôt et Derek entreprit de raconter l'histoire de Malia et Scott en épargnant à la jeune femme les détails insignifiants.
Alors que la voiture s'engageait sur le carrefour proche, Derek se tut brusquement et tourna la tête sur la droite. Nanti de ses réflexes de loup, il saisit le volant d'une main et le tourna violemment vers lui. Anise poussa un cri de surprise avant qu'une grosse moto ne passe près de la voiture en arrachant le rétroviseur gauche et en rayant la portière. Le deux-roues perdit aussitôt le contrôle et se coucha sur le côté avant d'aller s'encastrer sous la haie bordant le carrefour.
— Seigneur tout puissant ! s'exclama Anise. Il faut aller l'aider, vous avez rien ?
— Non, et vous ?
— Non, je ne crois pas, je... Ça ira.
Soudain, une odeur d'essence fit éternuer Derek et il jaillit hors de la voiture pour se ruer sur le motard coincé sur sa monture en flammes. Une traînée de carburant s'étirait sur plusieurs mètres et Anise poussa un hurlement quand la moto explosa, provoquant une boule de feu qui enveloppa Derek et le motard.
— Derek ! hurla-t-elle en jaillissant de la voiture. Derek !
— Non ! s'exclama un homme en la saisissant par le bras. N'y allez pas, c'est trop tard !
— Non, non ! C'est Derek Hale ! répliqua la jeune femme. C'est...
Elle tomba soudain sur les genoux et le camion des pompiers se fit entendre au bout de la rue.
— C'est Derek Hale, c'est l'Alpha Supérieur, il...
— Tenez, dit alors l'homme en lui tendant une bouteille d'eau. Derek Hale, vous dites ?
— Oui, c'est...
La jeune femme se tut alors et sentit un frisson la parcourir. Elle tourna la tête et exhala en découvrant un énorme loup noir qui sortait des fumées noires dégagées par la moto en flammes. Elle remarqua alors sur son dos une forme humaine inconsciente et, prenant son courage à deux mains, Anise se remit sur ses pieds et tituba jusqu'à Derek qui s'écroula sur le ventre. Le motard roula un peu loin et demeura immobile.
— De l'aide ! De l'aide par ici ! s'écria alors l'homme en s'approchant du motard.
— Non ! s'exclama Anise. Ne le touchez pas, ne lui retirez surtout pas son casque, s'il a les cervicales brisées, c'est tout de qui l'empêche d'être paralysé !
— D'accord, je... Très bien. Et lui, le... loup ?
Anise se tourna vers Derek qui était allongé sur le flanc. Elle prit la bouteille, l'ouvrit et versa l'eau sur la truffe noire. Derek sursauta et une langue rose jaillit pour laper l'eau. Il se mit ensuite sur le ventre et Anise fit couler un filet d'eau pour qu'il boive.
— Ça va aller ? demanda-t-elle. Vous pouvez revenir ?
Derek secoua la tête. Il tenta de se remettre sur ses pattes, mais tituba et retomba. L'explosion avait été violente, il avait sans doute été projeté quelque part et devait avoir mal partout.
— Faut appeler un veto ? demanda l'homme.
— Deaton va arriver, assura Anise. Il sait.
L'homme haussa les sourcils sans répondre. Le camion des pompiers s'arrêta soudain près d'eux en hurlant et quatre hommes en sortirent pour aller éteindre l'incendie avec des extincteurs spéciaux pour les feux de carburants.
— Mademoiselle, tout va bien ? demanda l'un d'eux en s'approchant. C'est votre chien ?
— C'est un loup, répondit l'homme près du motard. C'est Derek Hale...
Le pompier haussa les sourcils puis s'empara de la radio à son épaule.
— Dispatch, ici le Capitaine Moreno de la caserne de pompiers sept, on a un loup blessé dans un accident de moto. Envoyez-nous l'adjoint du Shérif.
— Qui est ce loup ? répondit une femme dans la radio.
— Derek Hale.
— Parrish est parti. Ne le touchez surtout pas.
— Entendu, terminé.
— Mon... Mon téléphone, dit alors Anise. Scott, je dois prévenir...
Le rugissement de loup qui résonna la seconde suivante figea toute la scène et ce qui se déroula ensuite fut presque irréel. Le feu était maîtrisé et des médecins s'occupaient du motard, les curieux étaient massés sur les trottoirs. Quand ils se fendirent pour laisser passer des hommes et des femmes aux yeux luisants, le silence était pesant sur le petit carrefour.
— Nom de Dieu... jura le pompier près d'Anise. Je ne sais pas si je m'y ferais un jour... Venez mademoiselle, ne restez pas dans leur chemin.
Anise voulut protester, mais le pompier la prit par les épaules et l'éloigna. Une dizaine de loups entoura alors Derek, formant un mur de personnes faisant face à la foule.
— C'est... irréel... souffla quelqu'un derrière Anise. Ils... Ils le protègent...
Un SUV noir s'arrêta soudain dans un crissement et Scott en descendit. Le chef des pompiers se redressa en le reconnaissant et inclina brièvement la tête quand il passa devant lui. Scott s'approcha ensuite du mur de loups et entra dans le cercle. Le mur se referma derrière lui. Dans un silence pesant, Derek redevient alors humain et le craquement de ses os fit grimacer plus d'une personne...
Sans un mot, les loups-garous formant le mur se séparèrent alors et Scott et Derek apparurent. Anise ne réfléchit pas une seule seconde et se rua sur Derek.
— Seigneur merci, vous n'avez rien !
— J'aurai quelques bleus demain, mais...
— Abruti ! hurla soudain la jeune femme en lui frappant le torse. Qu'est-ce qui vous a pris de vous jeter comme ça sur une moto en flammes ! Pour sauver un humain avec ça ! Crétin !
— Anise, doucement, intervint Scott. Ça va aller, il n'a rien...
La jeune femme serra les poings et Derek l'entoura alors de ses bras en soupirant.
— Elle est sous le choc, dit-il comme Scott le regardait de travers. Elle aurait pu mourir si je n'avais pas vu arriver cette moto avant même qu'elle ne sache qu'il y en avait une... Nous serions morts tous les deux.
Scott pinça la bouche. Parrish apparut alors et s'approcha vivement, suivi de plusieurs policiers que le jeune Alpha reconnut comme étant les anciens militaires de la Zone 51.
— Personne de blessé ici ? demanda l'adjoint du Shérif. Ça a l'air...
— Ouais, on a eu de la chance, répondit Derek.
— Et elle ?
— C'est Anise, elle travaille pour moi et elle est en état de choc, répondit Scott.
— Conduis-la à l'ambulance, laisse les médecins s'en occuper et renvoie tes loups. Ils stressent les pompiers.
Scott opina. Derek entraîna Anise jusqu'à une ambulance et tandis qu'une infirmière s'occupait d'elle, il se laissa ausculter par une autre d'entre elles.
.
— C'est un banal accident, tu es sûr ?
— Oui, je te l'ai dit, on partait de l'entrepôt pour aller déjeuner, on discutait et la moto a grillé le feu rouge...
Scott soupira. Derek était assis à l'arrière de l'ambulance. Parrish avait raccompagné Anise à son hôtel et la dépanneuse venait d'emporter ce qui restait de la moto calcinée.
— Le motard ? demanda alors Derek.
Scott secoua la tête.
— Tu lui a sans doute sauvé la vie, mais s'il survit à ses blessures, alors il aura beaucoup de chance.
— L'ambulance est déjà partie ?
— Non, Derek, je sais ce que tu veux faire et c'est non.
— Dans ce cas, faisons un deal. Si c'était vraiment un accident, que le mec survit et que ses blessures sont incurables, tu me laisse lui proposer la morsure. Si on découvre que c'était une attaque déguisée pour s'en prendre à moi, je le tue s'il survit à ses blessures.
Scott serra les mâchoires. Un médecin à bord de l'ambulance croisa son regard, mais ne releva pas. Il y avait une règle inflexible à Beacon Hills : ne jamais se mettre en travers des discussions entre des membres de la meute, même s'ils prévoyaient de tuer quelqu'un...
— Bon, rentre te reposer, je dirai ça à Liam et...
— Stiles va s'en occuper. Il a plus de contacts que toi ou tes lieutenants.
— Comme tu voudras. Tu m'appelles s'il y a quelque chose. Liam va veiller sur Anise dans ce cas.
— Merci, Scott.
— De rien, vieux.
Scott se détourna ensuite et s'éloigna. L'ambulance remua alors et le médecin s'accroupit derrière Derek.
— Dites, vous venez réellement de passer un marché avec McCall pour...
— Tuer un homme ? S'il s'avère qu'il a été payé pour me tuer, alors oui, il y a de grandes chances. Sinon, si c'est un regrettable accident de la route et que le gars se retrouve paralysé ou dans l'incapacité de reprendre sa vie, alors je lui ferais don de la morsure.
— Concrètement, ça changera quoi à sa vie ?
— S'il est paralysé, il pourra remarcher, difficilement et avec beaucoup de travail, mais il ne sera pas condamné à un fauteuil roulant pour le reste de sa vie.
— C'est très généreux...
— Je ne suis pas généreux, je sais juste récompenser quand c'est nécessaire.
— Je ne suis pas certains que le mot récompense soit le plus adapté, mais j'ai compris le principe, répondit le médecin. Allez, débarrassez mon ambulance maintenant, je voudrais rentrer.
Derek opina. Il n'avait rien de grave que son loup ne pourrait guérir, il remercia l'homme pour ses soins puis s'éloigna en marchant, les mains dans les poches.
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