Chapitre 23
De retour à l'hôtel, le quatuor était épuisé. Jared abandonna bientôt ses amis pour aller se coucher et Lena, Derek et Stiles restèrent dans le salon pour discuter un peu de la journée.
— J'ai sous-entendu une invitation à la tanière pour le Procureur, dit soudain Stiles. Je pense qu'une bonne visite est bien mieux qu'une longue explication.
— Tu crois que cela l'aiderait à gérer les panthères de sa ville ?
— Ce serait un plus s'il savait un peu comment les garous fonctionnent même si l'on ne sait pas grande chose sur les panthères.
Lena hocha la tête. Elle bâilla soudain et se frotta le visage.
— Allez, bonne nuit les garçons, annonça-t-elle alors en se levant. Toutes ces émotions, je suis vidée.
— Moi aussi, admit Derek. Je suis bien plus sensible que vous et l'inquiétude de Jared était difficilement supportable.
Lena esquissa un sourire puis quitta la chambre d'hôtel en disant qu'elle les accompagnerait à l'aéroport le lendemain.
— Allez, allons dormir, nous aussi,, dit Derek en se levant, une fois la porte refermée.
— Je n'ai pas envie de dormir...
— Et je n'ai pas envie de câlins.
Stiles roula des yeux avec un sourire.
— Je ne pensais pas à ça, je n'ai vraiment pas envie de dormir pour le moment alors je vais travailler un peu. Il n'est que vingt-deux heures, je suis épuisé, mais je sais que je ne pourrais pas dormir.
Derek sembla pensif un moment puis opina et embrassa son compagnon une très longue seconde. Quand il recula, il posa son front conte le sien.
— Je n'avais pas idée à quel point tu m'avais manqué, dit-il. Je suis désolé que tu aies souffert à cause de moi pendant tout ce temps.
— Je n'en savais rien... répondit Stiles en se levant. Tu n'as pas d'excuses à fournir, tu ne savais pas non plus. Je n'ai compris que je me voilais la face qu'en te voyant suspendu dans ce labo, à moitié mort. Quelque chose en moi s'est brisé et j'ai compris que j'avais perdu cinq ans.
Derek esquissa un sourire et l'embrassa de nouveau. Soudain, Stiles se fit plus entreprenant et le loup grogna. Il le saisit par la taille et le serra contre lui un moment avant de le repousser.
— Pas ce soir, dit-il.
Stiles opina, un peu frustré, et observa son compagnon s'éloigner en direction des deux chambres de la suite. Quand la porte se ferma, Stiles soupira puis retourna à son ordinateur. Il se fit du café au passage et s'installa dans le canapé pour travailler un peu.
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À Beacon Hills, pendant ce temps, Anise passait du temps avec Liam. Comme la raison première de sa venue en Californie était dans le but d'aider le jeune homme à canaliser sa colère, elle voulait le connaître et savoir d'où lui venait son problème avec ses sentiments.
— Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu des sautes de colère, mes parents avaient tout le mal du monde à les maîtriser, j'ai subi des séances chez le psy, des traitements tous plus ou moins longs et efficaces... La médecine alternative n'a rien donné et a même empiré les choses à un moment donné. Franchement, je ne sais plus quoi faire.
— Je vais être honnête avec vous, Liam, répondit Anise. Je n'ai sûrement rien pour vous soulager. Cependant, il se peut aussi que je parvienne à mettre au point un traitement calmant que vous prendriez quand vous sentez une colère monter.
— Il me faudra une dose de cheval alors, parce que je suis capable du pire quand je suis dans cet état...
Anisa sembla pensive un moment.
— Dites-moi, l'Agent Stilinski m'a dit que votre Alpha était le seul à avoir un effet apaisant sur vous. Est-ce sa présence qui vous apaise ou son odeur ?
Liam haussa les sourcils.
— Je n'en sais rien, je n'y ai jamais réfléchi, pourquoi ?
— C'est quand la prochaine pleine lune ?
— Dans trois semaines.
Anise hocha la tête. Liam secoua la sienne, perdu. Ils continuèrent de marcher un moment et quand le téléphone du jeune homme sonna, il s'excusa et laissa la laborantine seule avec ses pensées.
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À Oshawa, Stiles ne dormait toujours pas. Il était bientôt une heure du matin et il s'était abîmé dans les mails et les dossiers du DPCS. Toujours en convalescence, il avait le droit de travailler depuis chez lui pendant quelques heures par jour, du moment qu'il ne bravait pas son arrêt de travail. Il évitait cependant de passer plusieurs heures assis, comme ce soir, car il savait qu'il allait le payer...
Un bruit dans son dos lui fit tourner la tête et Derek apparut dans les ombres du couloir, en boxer. Il contourna le canapé et Stiles le suivit du regard.
— Tu n'exagères pas un peu ? dit alors le loup. Il est plus d'une heure du matin, Stiles, tu as passé quatre heures sur ton ordinateur et tu as dépassé le nombre autorisé par ton arrêt...
— Je sais, mais j'étais dans le travail, je n'ai pas vu l'heure passer et...
Derek souffla. Stiles observa son écran puis le rabattit et voulut se lever, mais ses côtes le firent souffrir. Il tendit alors la main à son compagnon qui grimaça et l'aida à se mettre debout.
— Tu es infernal... Regarde, tu peux à peine te déplier...
Stiles, le nez baissé, contourna le canapé en se tenant les côtes. Il s'éloigna jusqu'au couloir et s'appuya contre le mur, le souffle court. Ses côtés brisées lui faisaient l'effet d'un poignard dans le flanc, mais il avait bien l'intention d'assumer sa bêtise et d'aller se coucher sans l'aide de son compagnon.
— Stiles... tenta celui-ci. Laisse-moi t'aider.
Il lui prit le bras et le soutint. Ils se rendirent ensuite dans la chambre et Stiles s'assit au bord du lit sans un mot. Derek l'aida à se déshabiller puis à se coucher, non sans remarquer l'ecchymose violacée qui lui dévorait le flanc droit...
Sans un mot, Derek se coucha près de son compagnon et quand il voulut l'entourer de son bras, Stiles grogna et se tourna dos à lui. Il avait un peu honte d'être resté aussi longtemps assis, surtout après la journée éprouvante qu'ils avaient passée, mais il n'avait pas vu le temps passer...
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Les trois garçons se levèrent tard. Stiles fut le dernier à s'extraire de son lit et il trouva Derek et Jared en train de petit-déjeuner devant la télévision, qui avec un bol de céréales sur le ventre, qui avec une grande tasse de café.
— Le café doit être encore chaud, informa Derek.
— Merci...
Jared, une bouchée de céréales tout juste enfournée, regarda son meilleur ami de travers en mâchonnant. Il avala ensuite et se pencha vers lui.
— Vous vous êtes disputés ?
— Non, Stiles a juste abusé hier soir en restant assis pendant plusieurs heures au lieu d'aller se coucher. Ce matin il a mal et il sait pourquoi.
Dans la cuisine, le concerné grogna et annonça qu'il allait prendre une douche. Jared soupira.
— Et ben moi, je suis bien tout seul, dis voir ! s'exclama-t-il de son rude accent canadien.
— Il suffit juste que tu trouves la bonne personne, sourit Derek, amusé.
— Stiles est ta bonne personne, je suppose ?
— Ouais, et depuis longtemps, mais à l'époque, je ne le savais pas encore...
Jared serra les lèvres et souffla par le nez. Il reprit ensuite son petit-déjeuner et Derek l'observa un moment avant de quitter le salon. Il s'approcha de la chambre qu'il avait partagée avec Stiles et le trouva torse nu devant le miroir. Une large ecchymose s'étalait sur ses côtes brisées.
— Faut t'aider ? demanda alors le loup.
— Je n'ai pas mal, j'ai juste un peu de peine à respirer... Écoute, je sais que j'aurais du aller dormir hier soir, mais je n'avais pas sommeil et je me suis perdu dans les mails du service et...
— Je sais, et je ne te reproche pas d'avoir travaillé, juste d'être resté assis pendant quatre heures sur une chaise en bois, c'est tout. Surtout que tu sais que le médecin a dit qu'il fallait l'éviter...
Stiles baissa le nez. Derek le rejoignit alors et le prit dans ses bras, dos à lui. Stiles s'appuya contre lui et se laissa étreindre un moment avant de se retourner pour embrasser solidement le loup qui lui rendit son baiser. Stiles le repoussa ensuite sur le lit et Derek l'observa.
— Tu veux vraiment que l'on fasse ça avec Jared dans la pièce d'à côté ? demanda-t-il.
— Non, je veux juste que tu me pardonnes d'être un idiot.
Derek pencha la tête. Stiles s'allongea alors sur lui et le loup l'entoura de ses bras avec un soupir. Il lui caressa le dos un moment en observant le plafond. Ce fut un coup contre la porte de la suite qui les obligea à mettre fin au câlin. Ils ne bougèrent pas et Jared annonça aller ouvrir.
— Les mecs... Amenez-vous... entendit alors le couple. On a un problème.
Un feulement peu rassurant retentit et Derek bondit aussitôt du lit et jaillit dans la pièce principale de la chambre. Sans chercher plus loin, il repoussa Jared vers la cuisine et se posa entre lui et les trois créatures aux yeux jaunes plantées sur le palier.
— On n'a aucune envie de nous battre contre toi à nouveau, dit alors l'une des panthères. On le veut lui.
— Hors de question, gronda Derek. J'ai dû le tuer à cause de vos conneries !
La panthère, un jeune homme d'une vingtaine d'années, regarda ses amis avec surprise.
— Le tuer ? Notre morsure ne tue pas ! La preuve, il est là et c'est l'un des nôtres !
— Je ne vous appartiens pas, répondit Jared. J'ai prêté allégeance à un loup Alpha.
— Traître ! Tu n'avais pas le droit ! siffla une des autres panthères. Tu es à nous, tu...
— Jared est à moi et vous n'êtes pas une option, répondit Derek.
Ayant prudemment battu en retraite jusqu'au couloir, caché derrière Stiles qui avait son arme à la main, Jared n'en menait pas large. En découvrant les trois jeunes hommes dans le couloir, il n'avait pas tout de suite réagi, puis il avait senti leur odeur et vu leurs yeux jaunes fendus. Une peur indescriptible lui avait alors saisi les entrailles et il avait reculé...
— Si vous approchez plus, je vous tue, prévint alors Derek. Jared est à moi et à personne d'autre.
— Et quoi ! C'est ton amant, peut-être ? s'esclaffa la troisième panthère.
— Précisément.
Le rire mourut aussitôt sans sa gorge. Dans le couloir, Jared posa une main dans le dos de Stiles qui tourna les yeux vers lui et opina discrètement. Bien sûr qu'il savait que c'était un mensonge, il ne s'en faisait pas pour ça.
— Tu nous l'as volé ! siffla soudain la première panthère. Tu nous as volé notre frère en en faisant ta pute, sale loup !
— Ça suffit ! intervint soudain Jared en sortant du couloir. Qu'est-ce que ça peut vous faire que j'aie prêté allégeance à un Alpha, hein ? Vous n'êtes pas une meute, vous êtes égoïstes et ne pensez qu'à vous-mêmes ! Je ne veux pas de ça, moi je veux une famille, je veux que les garous avec qui je vis puissent tout abandonner et traverser le pays pour me sauver la vie ! Qui de vous trois m'a mordu ?
— Moi, répondit la première panthère. Mes frères étaient sur le loup et moi, je t'ai mordu. Mais qu'est-ce que ça change que tu sois en meute ou pas, hein ? Les panthères ne vivent pas en meute, de toute manière !
— Mais moi si, j'ai besoin d'une famille, j'ai besoin d'avoir des gens sur qui je peux compter ! J'ai déposé ma vie entre les mains de Scott McCall, je suis certain que vous savez qui c'est.
L'effet du nom du jeune Alpha fut immédiat sur les trois panthères. Deux reculèrent et la troisième, le chef, blêmit.
— Le Vrai Alpha... souffla-t-il. Il est là ? Je veux dire, il est dans cet hôtel ?
— Non. Il est à Beacon Hills. Nous repartons demain, répondit Jared. Vous n'êtes rien pour moi, vous m'avez volé ma vie, vous avez contraint Derek à me tuer pour abréger mes souffrances !
— T'avais qu'à le mordre... marmonna la seconde Panthère, boudeuse. Ton venin est bien plus puissant que le nôtre, tu l'aurais transformé en loup-garou sans aucun problème.
— Je n'en savais rien, répondit Derek. Je n'avais jamais entendu parler de panthère-garou, je ne savais même pas que vous existiez...
La première panthère déglutit. Il avait brusquement perdu de sa superbe et quand Stiles fit cliqueter son arme pour désengager la balle du canon, la créature le regarda.
— Un humain ?
— Oui, c'est un ami de McCall, répondit Derek. Il est là pour nous surveiller et s'assurer que nous ne faisons rien qui nuirait à sa meute.
— T'en fais partie aussi ?
— Non, je suis un solitaire. Je n'appartiens à personne et à tous en même temps.
— Surtout à lui... grogna la seconde panthère.
Jared baissa le nez. Jamais, en trois ans d'amitié, il n'avait vu Derek autrement que comme un ami, et en aucun cas il ne désirait que cela change, surtout pas pour détruire un peu plus Stiles...
— Partez, dit-il soudain. Quittez cette ville et allez vous cacher quelque part. Le procureur de la couronne sait que vous êtes dans sa ville, il connaît l'existence des créatures surnaturelles dorénavant et il n'a aucune envie de laisser trois crétins comme vous semer la discorde dans sa ville.
— On a fait profil bas depuis que je t'ai mordu, protesta la première panthère. On t'a cherché partout, tu sais ?
— Non, je ne savais rien, mais je m'en fiche. Je ne vous dois rien, vous m'avez mordu pour déstabiliser Derek et avoir le dessus, tout ça parce que vous étiez défoncés et que vous vouliez vous amuser, résultat, il m'a brisé la nuque pour abréger mes souffrances, moi, son meilleur ami !
Les trois panthères se regardèrent.
— À ce sujet, si tu es mort, alors pourquoi... ?
— Nous pensons à un créature magique incorporelle, répondit Stiles. Il a besoin d'un hôte pour vivre. Il s'est installé dans le corps encore chaud de Jared, il a réparé ses cervicales puis il a attendu que Derek s'en aille pour partir lui aussi. Il a marché jusqu'à Beacon Hills et s'est ensuite emparé de mon père qui avait été mordu par un loup-garou Oméga. Mon père a failli mourir et quand la chose l'a abandonné, il est resté plusieurs jours dans le coma.
La panthère demeura silencieuse un moment avant de tourner les talons.
— On se casse, lâcha-t-il. On n'a plus rien à faire ici, quittons cette ville, elle me gonfle.
Il disparut dans le couloir de l'hôtel sans plus de mots et ses deux compagnons hésitèrent un moment avant de le suivre, non sans jeter un coup d'œil déçu à Jared. Derek referma alors brutalement la porte et grogna.
— J'envoie un message à Scott pour lui dire qu'on part ce soir, annonça Stiles. Faites vos bagages. On rentre à la maison.
Derek se contenta d'un reniflement et Jared opina, encore secoué. Il s'écroula dans le canapé et soupira profondément.
À dix heures le soir même, ils étaient tous trois dans l'avion pour Fresno et Lena, elle, dans celui pour Washington D.C...
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