Chapitre 1
En posant le pied dans sa ville, après avoir passé six heures dans l'avion entre Washington et Fresno, puis cinq heures de train jusqu'à Beacon Hills, la première chose que fit Stiles Stilinski fut de se rendre chez son père. Inutile de prendre une chambre d'hôtel, il savait qu'il avait toujours sa chambre, même si son père en avait fait un débarras avec les années et suite à son remariage.
Un tour de clef dans la serrure et il poussa la porte.
— Beth ?
Il y eut un bruit sourd dans la maison et une femme apparut, l'air affolé.
— Stiles !! hurla-t-elle en se jetant sur lui. Oh mon grand, mais t'es arrivée quand ?
— Il y a vingt minutes, sourit le jeune homme. Je suis éclaté...
Elisabeth Moore Stilinski, veuve militaire, avait épousé le Shérif quatre ans plus tôt et ses deux filles de quatre et six ans avaient été aussitôt adoptées par le Shérif qui avait toujours rêvé d'avoir des filles. La plus jeune n'avait que trois mois quand son père avait été tué au combat et Elisabeth avait été dévastée. Trouver Noah lui avait fait un bien fou.
— Marian, Emma, Stiles est arrivé !
Du bruit retentit à nouveau dans la maison et deux fillettes, âgée de huit et dix ans maintenant, jaillirent dans l'entrée et se ruèrent sur Stiles en hurlant de joie. Le jeune homme de vingt-quatre ans hissa aussitôt Marian dans ses bras tandis que Emma s'agrippait à son torse.
— Des nouvelles de papa ? demanda alors Stiles.
— Non, chéri, répondit Beth en secouant la tête. Si tu es là, peut-être que les loups sont impliqués ?
— Les nôtres ?
Beth secoua la tête et renvoya ses filles dans leurs chambres en demandant à Stiles s'il avait faim. Il lui répondit que oui et la suivit dans la cuisine.
— Scott écume la région depuis une semaine, mais il n'y a aucune trace de Noah nulle part.
— Argent ? Les Hale ?
— On n'a pas revu les Hale depuis deux ans, répondit Beth. Quant à Chris Argent, il va et vient, mais depuis la mort d'Allison, il n'est plus le même.
— Je croyais qu'il avait épousé Melissa...
— Oui, mais on ne se remet jamais de la perte d'un enfant.
Beth haussa une épaule puis soupira. Elle réchauffa rapidement les restes du dîner de la veille et entreprit ensuite de relater à son fils adoptif les dernières avancées des policiers de Beacon Hills.
— J'irais chez les McCall demain matin, dit Stiles au bout d'un moment.
— Scott sait que tu viens ?
— Je n'ai pas pu le joindre dans l'avion, ni dans le train, donc je ne sais pas. Il a peut-être eu mes messages, mais...
Stiles soupira et Beth lui prit la main.
— J'ai débarrassé ta chambre, dit-elle alors en se détournant.
— Merci, maman.
Beth rigola en secouant la tête. Stiles n'avait jamais appelé personne d'autre de la sorte depuis la mort de sa mère, puisque son père ne s'était jamais remarié, mais lorsque Beth était entrée dans sa vie, meurtrie par la mort de son mari au front, Stiles avait éprouvé l'irrépressible besoin d'avoir une nouvelle maman. De plus, avec les deux filles de Beth, il n'avait pas eu le choix. Il l'appelait aussi par son prénom, le plus souvent, du reste.
.
Allongé dans son lit, Stiles observait la chambre. C'était devenu une chambre d'amis/débarras au fil des années, et quand quelqu'un en avait besoin, elle était rapidement déblayée, mais les murs avaient toujours cette tapisserie bleue hideuse et déchirée par endroit, là où l'adolescent de l'époque avait punaisé de nombreux posters de ses idoles du moment.
Se tournant sur le flanc, Stiles se laissa envahir par les souvenirs. Rien que de voir la gare de Beacon Hills avait déjà ouvert un peu les vannes, mais là, d'être dans sa chambre d'adolescent, de retrouver, dans la salle de bains, les affaires de son père comme si elles n'avaient pas bougé depuis cinq ans, c'était presque trop.
Rallumant la lumière, Stiles s'assit au bord du lit et se frotta le visage. Si cela ne tenait qu'à lui, il rejoindrait Scott et sa meute, mais il n'avait aucune idée de l'endroit où ils se trouvaient tous et même s'il était désormais un agent du FBI surentraîné et plutôt habile au tir, il ne faisait pas le poids face à des loups.
Balayant la chambre du regard, Stiles fronça les sourcils et quitta le lit. Dans un grand carton de vêtements où on avait écrit en gros « À donner », il tira un t-shirt à rayures orange et bleu et fronça aussitôt les sourcils comme un violent souvenir remontait. Une triskèle tatouée sur un large dos lui sauta derrière les paupières et il serra les mains sur le t-shirt. Il rouvrit ensuite les yeux et haleta. Les Hale ont disparu depuis deux ans... entendit-il dans sa tête. Quand il avait quitté Beacon Hills pour commencer sa carrière d'agent du FBI, il savait que Derek était parti quelque part et que Malia avait préféré suivre son père, Peter, à travers le monde, pour se reconnecter avec lui. Une vidéo montrant Derek courir dans les bois, poursuivi, avait été montrée pendant un cours aux jeunes agents et Stiles en avait craché son eau de surprise... Ce moment gênant extrême lui était encore rappelé parfois...
Avec un soupir, Stiles retourna dans son lit, non sans lâcher le t-shirt rayé. Il ne savait pas pourquoi il le gardait, du reste, mais les années avaient passé et pour le moment, c'était la seule chose qui le reliait encore à ses anciens amis.
Le matin trouva Stiles déjà debout. Quand Beth se leva à son tour, elle fut surprise de le trouver sur l'ordinateur.
— Tu as dormi, quand même ? demanda-t-elle.
— Oui, ne t'en fais pas.
— Tu fais quoi là ?
— Je suis connecté au FBI, j'essaie de savoir si on a vu un Hale quelque part ces derniers temps.
— Un Hale ? Tu penses qu'ils se sont séparés ?
— Sans aucun doute. Derek d'un côté, Malia et Peter de l'autre.
— Si tu découvres où ils sont, tu penses pouvoir les faire revenir ?
— Pour ?
— Aider la meute à retrouver ton père ?
Stiles pinça la bouche et opina lentement.
— Je fais faire de mon mieux.
L'ordinateur émit soudain un son et le jeune homme fronça les sourcils.
— En voilà un, dit-il en tournant l'ordinateur.
— Déjà ? Oh...
Stiles grimaça. Sur l'écran s'affichait un avis de recherche lié avec Interpol, donc mondial, pour Derek Hale, soupçonné d'avoir assassiné un jeune homme, six mois plus tôt, dans l'Ontario, au Canada.
— Assassiné ? souffla Beth.
— Non, pas Derek, répondit Stiles. Je le connais, il est incapable de tuer froidement. Ça doit être un accident ou une transformation échouée.
— S'il a tenté de mordre quelqu'un, alors il est redevenu un Alpha... grimaça Beth. S'il revient, Scott et lui...
— Maman, les Alphas sont tout à fait capables de s'entendre, tu sais ?
Beth haussa un sourcil puis se détourna pour aller préparer le petit-déjeuner. Stiles annonça alors qu'il prendrait un truc sur la route et quitta la maison pour se rendre chez les McCall.
.
— Chris, debout, il est sept heures.
— Je suis réveillé... grogna une voix pâteuse.
Melissa s'éloigna dans le couloir et jeta un œil dans les chambres vide de Scott et Isaac. Désireux de protéger sa famille, Scott vivait toujours chez sa mère malgré ses vingt-quatre ans et sa position d'Alpha Suprême de la région. Isaac, son Bêta, vivait ici lui aussi, même s'il était parti pour Paris pendant quelque temps, dévasté par la mort d'Allison, avant de revenir pour ne plus jamais repartir.
— Timy ? Réveille-toi mon bébé, il est l'heure.
Dans la quatrième chambre de la maison, autrefois un débarras, un enfant de quatre ans remua sous ses couvertures. La surprise avait été de taille quand, seulement deux mois après son mariage avec Chris Argent, Melissa s'était retrouvée enceinte. Elle avait espéré une fille, mais un petit garçon avait vu le jour huit mois plus tard et Scott était le plus heureux des grands frères.
Un bruit au rez-de-chaussée attira soudain Melissa dans les escaliers et elle posa une main prudente sur la batte de base-ball en acier, signée, qui ornait le mur de l'escalier.
— C'est nous, dit une voix grave. Maman ?
Melissa soupira et descendit en resserrant sa robe de chambre.
— Seigneur, vous m'avez fait peur...
Elle embrassa Isaac sur la joue, puis Scott, et ils s'installèrent au comptoir en soupirant. Scott se frotta le visage en grommelant.
— Toujours rien ? demanda la femme.
— Rien de rien, on dirait qu'il s'est envolé, en plus, avec la pluie qu'on a eue, les odeurs sont quasiment introuvables.
— Plus ça va et plus je me dis qu'il a été enlevé par des Chasseurs, dit soudain Isaac.
— Tu crois ? s'étonna Melissa. Pourtant, Chris a interrogé tout le monde et...
— Les chasseurs, c'est comme les loups, chérie, il y a des traîtres aussi, répondit une voix.
Christopher Argent, ancien chasseur de loups-garous, apparut dans la cuisine et donna une tape amicale à ceux qu'il considérait comme ses fils.
— On mange un bout, on dort une heure et on repart, dit alors Scott.
La porte d'entrée sonna soudain et les deux loups firent volte-face en faisant sursauter Chris et Melissa.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda Melissa, sa poêle à la main, prête à s'en servir.
Scott et Isaac se regardèrent puis se sourirent largement avant de bondir en direction de la porte. De l'autre côté, Stiles n'eut aucune chance de leur échapper et poussa un cri de surprise quand les deux garçons lui tombèrent dessus. Tout le monde s'écroula dans la pelouse mouillée de rosée en rigolant et Melissa apparut sur le perron en souriant.
— Stiles... dit-elle.
— Bonjour, M'dame ! Ravi de vous revoir ! s'exclama celui-ci.
Scott et Isaac l'étreignirent à tour de rôle puis ils se relevèrent et Scott secoua son ami.
— Mais bon sang, pourquoi tu n'as pas dit que tu venais ?
— Je t'ai appelé au moins trente fois et je t'ai envoyé vingt textos, répondit Stiles.
Scott soupira.
— Mon téléphone est mort, dit-il. Je l'ai fait tomber dans l'eau en cherchant ton père et... Viens, ne reste pas dehors ! Maman, petit-déj !
Melissa se mit à rire puis les trois garçons rentrèrent dans la maison et Stiles eut droit à une franche poignée de main de la part de Chris.
— Ta venue n'est pas pour le plaisir, on s'en doute bien, dit-il.
— J'aurais aimé, mais non. Mon chef ne voulait pas que je vienne, sous prétexte qu'on cherche mon père, mais je suis officiellement en congés et je ne suis pas en mission, mais je vais quand même faire tout ce que je peux pour aider. Beth m'a dit que vous n'aviez rien ?
Scott secoua la tête.
— Rien de rien, ça fait trois nuits qu'on passe dehors à renifler partout, mais on n'a rien.
— Où est Liam ?
— On l'a laissé devant chez lui en rentrant, il va être content de te revoir, sourit Isaac.
Stiles sourit et inspira.
— Maman m'a dit que vous n'aviez plus de nouvelles de Derek, Peter et Malia depuis deux ans ? demanda-t-il ensuite.
— Ouais, ils sont partis du jour au lendemain, répondit Scott en secouant la tête. J'ai rien pu faire pour retenir Malia, elle voulait être avec son père ; quant à Derek... Tu le connais suffisamment pour savoir qu'il n'aime pas obéir aux ordres de quelqu'un.
Stiles serra les lèvres et sortit alors de sa poche une feuille de papier pliée en quatre qu'il déposa sur l'îlot.
— J'ai trouvé un truc sur lui, mais ça va pas vous plaire, dit-il, soudain sombre.
— Ce n'est pas vrai... soupira Chris. Assassinat ?
— Il n'a assassiné personne, j'en suis sûr, répondit Stiles en secouant la tête. Le garçon mort, c'est sans doute une morsure ratée.
— Tu peux savoir où il a été vu pour la dernière fois ? demanda Scott.
— Sans doute, mais je ne vais pas pouvoir participer aux recherches tout de suite...
— Pas de soucis, on ne trouve rien de toute manière... Ton père s'est comme... volatilisé.
Stiles se mordit la lèvre, une idée venait de lui traverser l'esprit et il croisa le regard de Chris qui secoua la tête.
— Je le saurais, dit-il.
— De quoi ? demanda Scott. De quoi vous parlez, tous les deux ?
— Scott... Vous avez pensé à la possibilité que mon père ait été mordu ?
Un silence de plomb tomba sur la cuisine. Melissa se retourna lentement.
— M-Mordu... Mais...
— Stiles... Je suis le seul à avoir le droit de mordre quelqu'un dans toute la région, dit alors Scott en secouant la tête, choqué. S'il y avait eu un autre Alpha, je l'aurais senti et...
Isaac baissa la tête et Scott se tourna vers lui.
— Quoi ? demanda-t-il.
— Il y a eu un autre Alpha dans la région, avoua alors le Bêta.
— Quoi ? Mais quand ?! répliqua Scott en bondissant du tabouret.
— Quand... Il y a un mois, quand tu es parti pour Boston...
— Mais pourquoi tu n'as rien dit ?!
— Je... Il n'est pas resté, ils se sont juste approchés des frontières, ils nous ont senti et ils sont partis, mais...
— Un mois, c'est trop loin, coupa soudain Chris en secouant la tête. Noah a disparu depuis quatre jours, s'il a été mordu, c'est depuis moins d'une semaine, deux, grand max.
— Beth me l'aurait dit, répondit Stiles. C'est sa femme, s'il avait été mordu quelque part, elle l'aurait vu. Mais comme vous dites qu'il n'y a aucune trace de lui, alors...
Stiles se mordit la joue. Son regard se posa sur l'avis de recherche de Derek et il regarda ensuite Scott.
— Cherchez de ce côté-là quand même, on ne doit rien laisser au hasard, dit-il. Moi, je me renseigne sur Derek et j'essaie de le retrouver. Plus il y aura de truffes pour chercher mon père, mieux ce sera.
Scott esquissa un sourire en haussant un sourcil.
— Stiles, tu n'es pas peut-être au courant, vieux, mais ma meute a plutôt bien grandi ces dernières années, tu sais ?
— Combien ?
— Cette année, onze loups ont été transformés volontairement, répondit Isaac en comptant rapidement dans sa tête. L'année dernière, six, et l'année d'avant, six de plus.
— Vingt-trois Bêtas donc. Plus toi, Isaac, répondit Stiles. Pas mal du tout...
— N'oublie pas Liam, et les jumeaux aussi.
— Ils sont revenus ? Et Jackson ?
— Ethan et Jackson se sont séparés il y a deux ans, et Ethan est revenu vivre avec son frère. Ils ont rejoint la meute en volontaires.
— Donc au total, ça nous fait une meute de...
— Presque trente loups. Ce n'est pas suffisant pour couvrir toute la région, mais on y travaille, sourit Scott.
Impressionné, Stiles opina. Il récupéra ensuite l'avis de recherche en annonçant qu'il s'y mettait et Scott lui promit de le tenir au courant concernant son père. Cette nouvelle piste n'avait pas encore été creusée, ni flairée, personne ne s'était imaginé que le Shérif Stilinski aurait pu être mordu contre sa volonté et de ce fait, être en très grand danger sans personne pour le rassurer. De plus, transformer un homme déjà âgé en loup était très risqué, voire inconcevable.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro