Clyde

On n'avait mis que cinq minutes avant de mettre la main sur Cabel. Un vampire, mais aussi un tueur à gages. C'est lui qui avait attaqué Amélia lors de sa sortie improvisée avec Joséphine. Il était habillé en bleu, tournant au violet. Des couleurs que nous ne mettons jamais, sauf pour un enterrement. C'était de la provocation pure et son sourire ne m'indiquer rien de bon qui vaille. Il attendait patiemment que l'un de nous l'attaque. C'est ce qu'il voulait et par conséquence, nous ne le faisons pas.

Il glisse sa main dans sa poche arrière, sortant un revolver couleur argent. Il tire une fois en l'air puis le dirige vers nous tout en s'approchant.

"-Ce qui me dérange, c'est que nous sommes obligés de faire des pieds et des mains pour pouvoir tuer cette fille." Dit-il en soupirant et continue: "Ça ne me dérange pas spécialement à vrai dire. Je gagne du fric dans cette histoire, mais cette fois-ci, c'est divisé par deux."

Diable. Mon cerveau se met à bouillir et je regrette instantanément d'avoir laissée Amélia seule avec Jos. Elle nous avait pourtant dit qu'elle sentait une odeur d'un homme et dès que j'ai vu Cabel, j'ai été aveuglée par ma colère oubliant cette information pourtant cruciale. Les vampires ne dégagent pas d'odeur.

Ils étaient deux cette fois-ci.

Elles sont en danger.

Hugo me dévisage, comprenant à son tour ce qu'il se passait. Caleb, lui, nous soupçonne de vouloir prendre nos jambes à nos cous ceux par quoi il répond en nous tirant a quelques centimètres de nos pieds. Les balles, au vu de l'odeur, sont sûrement imbibées d'ail. Nous n'en avons pas spécialement peur, mais il contient de l'agoene, une molécule dangereuse pour nous. Rien que de la sentir, ça me pique les narines et me brûle les poumons.

Nous avons été bêtes, dictée par notre instinct et cela allait peut-être leur coûter leurs vies. Sa vie. Je ne pourrais jamais me le pardonner.

Hugo se jette sur lui à une vitesse que je ne lui connaissais même pas me laissant une ouverture pour rejoindre la maison. Je lance un regard vers la fenêtre de ma chambre, qui se brise, laissant passer le corps d'Amélia. Il n'y avait qu'un étage et pourtant, pour une humaine, trois ou quatre mètres de hauteur pouvait s'avérer fatale.

J'ai toujours vécu dans un courant d'air. Je ne m'étais jamais arrêté de courir. C'est ainsi que nous sommes, nous nous arrêtons jamais. Nous ne mourrons pas de vieillesse, seulement par la main de nos ennemies. La vie des autres défilés toujours devant moi et cela n'avait aucune importance, ils étaient à mes yeux un grain de poussière derrière un meuble, mais elle, elle n'avait pas ce rôle à mes yeux. Elle n'était pas juste une poussière que je pouvais balayer d'une main. Et à force de courir à mon allure, on prend l'habitude de la vitesse, mais ce qu'il se passait sous mes yeux n'allait pas juste vite.

On dit que lors de moment important, ceux qui bouleversent toute une vie, cela se déroule d'une lenteur terrifiante, mais ce n'était pas mon cas et j'avais beau courir plus vite que n'importe qui, j'avais l'impression de ne pas pouvoir arrivée à temps. De la laissée tomber sans rien pouvoir faire. De regarder son corps chuter comme si j'étais un spectateur. Je pouvais entendre son cœur battre, ralentir à l'approche de cette fatalité, comme s'il se préparait déjà à la mort.

J'arrive à sa hauteur, pousse sur mes jambes pour me propulser. J'attrape son corps et le serre aussi fort que je le peux en atterrissant.

Je pousse un profond soupir de soulagement en la déposant à terre. Celle-ci me regarde avec les yeux de biche que je connais si bien. Les larmes aux yeux, elle s'écroule contre ma poitrine.

"-Clyde!"