Amélia

Tout le long du chemin, après avoir fait le mur, nous n'avions cessé de rire, comme deux filles complétement bourrées sortant d'un bar. Il n'y avait pas vraiment de raison à notre fou rire, mais je pense que tout ce que nous avions accumulé ces quelques jours ressortaient maintenant en rire incontrôlable, mais au bout de, peut-être, une dizaine de minutes, on était à bout de souffle.

Joséphine m'avait prévenu, qu'il y avait bien deux heures de marche humaine pour arrivée jusqu'au village. J'étais plutôt confiante au début, jusqu'à ce que l'on commence à monter une pente pendant une vingtaine de minutes, alors fatiguée, je l'arrête net par le bras :

"-Dit moi qu'il y a un autre moyen s'il te plaît. J'arrive à bout de force là."

Elle rigole, absolument pas fatiguée contrairement à moi.

"-Oui. Je pourrais me transformer et te porter sur mon dos ?"

Je me bloque quelques secondes, pas sûr d'être encore à l'aise de ce côté-là. Joséphine ne me faisait pas peur, peu importe la forme qu'elle pourrait prendre. À dire vrai, ce qui me terrifiait, c'était de devoir accepter que tout ce que je vivais fût réel. En soient, cela ne me dérangeait pas spécialement, c'est ce qui était derrière qui m'inquiétait. Si les loups et les vampires existaient, alors ils devaient sûrement exister des centaines d'autres races, peut-être plus gentils, ou plus méchants qu'eux, moins évoluées. S'ils existaient, même nos pires cauchemars pourraient être réels.

"-Je suis désolée. Si tu ne veux pas, on peut faire demi-tour et je pourrais essayer de convaincre un de mes frères.."

"-Non. Non. Joséphine. Ce n'est pas ça. C'est juste que je crois que j'ai un peu peur d'accepter la réalité." Dis-je dans un sourire triste.

Elle baisse la tête, sûrement un peu honteuse d'avoir demandé cela ce qui me fait malgré tout de la peine, alors c'est dans un courage immense que je m'exclame :

"-Oh et puis tu sais quoi? Faisons-le! Montre-moi et allons au village ! Et puis c'est comme monter à cheval non? Un rêve de gosse qui se réalise !"

Elle éclate de rire et secoue vigoureusement de la tête avant de reculer. Elle me fit un signe de tête, attendant mon approbation que je lui donna aussitôt. Le spectacle qui se déroulait devant moins était encore plus irréel que le cadavre prenant feu.

En l'espace de quelques secondes, son corps, c'était allongé, ses mains et ses pieds se transformant laissant place à des pattes, son visage lui aussi s'agrandissais pour me laisser apercevoir une tête-de-loup grisée, mais ce qui m'étonnait encore plus ce n'était pas son corps qui changeait, ou bien les craquements de ses os. C'était sa grandeur. Elle était immense. Faisant presque la taille de ma propre voiture. Pauvre Senic..

Lorsqu'elle me disait qu'ils étaient des loups, j'imaginais les loups de forêt, proche des chiens. La taille d'un husky. Même dans mon imagination la plus folle, je n'aurais pu y penser.

Elle se coucha au sol pour me laisser monter sur son dos, mais encore sous le choc, je manquai de tomber à plusieurs reprises, elle m'aida alors avec son museau. Une fois sur elle, je me courba légèrement pour agripper son cou, trop terrifié à l'idée de tombée.

C'était magique et à la fois dingue. Comment pourrais-je revenir dans mon monde, comme si de rien était, après avoir découvert tout cela ? Et d'un seul coup, ça me frappa de pleine tête: si des personnes aussi connu comme les deux V se déplacent, ce n'était pas pour Joséphine, mais pour moi. J'étais une simple humaine, ayant découvert leurs secrets, qui menaçait leurs paix et leurs bien-être. J'étais devenue un danger pour tous et si même moi, je me demandais comment je pouvais revenir dans mon monde, eux, aussi doivent se le demander.

Bien que je passerais sûrement pour une folle en racontant tout ce que j'ai vécu ces derniers jours, j'étais, invraisemblablement, devenue une menace.