Te iubesc
Amélia
Les lèvres tremblantes, je ressens une douleur, plutôt une brûlure indescriptible dans le ventre. C'est comme si ma chair se déchirait et ma respiration devenait de plus en plus douloureuse. Mon regard se plonge dans celui de Julien, qui venait de m'enfoncer le couteau dans l'abdomen. Mon cerveau bouillonnait jusqu'à présent de tout ce qui m'avait été révélé quelques secondes plus tôt et me voici maintenant en train d'essayer de trouver une solution pour survivre à tout cela.
Je n'arrivais pas à me résoudre que Julien était le méchant de l'histoire, celui qui m'avait trahi, qui ne m'avait pas seulement planté un couteau dans le dos, mais aussi, littéralement, un couteau dans le ventre.
Jamais, au grand jamais, je n'aurais cru mourir ainsi et lorsque je pensais à la mort. Je m'imaginais partir dans un lit à cause de la vieillesse, et pourtant me voilà tombant à genoux. Déclarant le drapeau blanc en m'écroulant sur le sol froid. Je pensais voir un voile pâle et clair, comme celui que l'on peut apercevoir dans les films qui nous laissent imaginer que c'est l'entrée du paradis, mais la seule chose que je vois, c'est le plafond vitreux de, maintenant, j'en suis sûr, une église.
J'aurais cru que lorsque la faucheuse s'approche de nous, elle nous présente la série de toute notre vie, ce que nous avons pu faire de bien ou de mal, nos moments inoubliables, nos moments de doute et de rire ; mais la seule chose que j'arrive à imaginer malgré la douleur qui aurait normalement dû me faire hurler, c'est le visage de Clyde et de Joséphine. Les larmes de Jos qui coulerait en apprenant mon décès, qui serait rongée par la culpabilité, la haine et la tristesse, bien que je sache qu'elle ne mettrait pas longtemps à s'en remettre, peut-être un ou deux ans. Clyde, lui, je ne peux imaginer, même si j'avais encore du mal à concevoir cette histoire de flamme jumelle, j'arrivais à me mettre à sa place. Ce que je pouvais ressentir en imaginant sa mort est sûrement similaire à ce qu'il ressentira lorsqu'il retrouvera mon corps calciné dans les flammes.
La vie était-elle si cruelle ? Avait-elle besoin de l'être ?
Oui, je pense. Parce que si le malheur n'existait pas, le bonheur n'aurait plus la même valeur. Tout comme le bien et le mal, auraient-ils les mêmes valeurs si l'un n'existait pas ? Je pense que chaque synonyme a besoin de son antonyme.
Je sens une larme salée couler le long de ma joue lorsque mon regard se pose sur Julien. Il semble si tourmenté. Qu'avait-il réellement bien pu faire pour être rejeté ainsi par sa propre mère ? Mes yeux se posent sur la mienne, sur cette jeune femme rousse qui disait m'avoir mise au monde. Je n'avais pourtant rien fait et elle aussi me rejetait. Je vois soudainement la bague que Clyde m'avait offert au sol, elle avait sûrement dû tomber lorsque l'on m'a poussé. J'observe l'écriture qui était cachée à l'intérieur de l'anneau : "Te iubesc".
Je ferme les yeux lorsque je sens des bras me soulever. La mort était étrange, je sentais la douleur, je souffrais, mais pour autant, c'est comme si elle ne m'appartenait pas. Je me sentais tomber dans les bras de Morphée, pour autant, une force me retenait de partir.
La chaleur du feu se fait de plus en plus proche, m'attendant au pire, je me laisse partir. Mes forces me quittent peu à peu et je me sens soudainement enveloppée dans un nuage. Me sentant apaisée, en sécurité, je me laisse aller dans un sommeil profond. Lorsque soudainement, je me sens expulsée. Je retombe durement sur le ventre, le couteau s'enfonçant ainsi un peu plus profondément, ce qui me réveille instantanément, me faisant aussi hurler de douleur.
La douleur était comme si on m'assenait plusieurs milliers de coups de pied, au même endroit à chaque fois. Comme si on m'arrachait la peau avec une pince à épiler, comme si on me brûlait avec du feu. Elle était indescriptible et intense, que je savais que je ne pouvais pas en guérir. J'étais humaine, et même si on m'emmenait à l'hôpital, ils ne pourraient rien y faire ; tout ce que je voulais, c'était mourir sans souffrance et en paix.
Et ma dernière pensée fut : "J'aurais dû dire à Clyde à quel point je l'aime."
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