Amélia 

Je l'avais blessée. Je le voyais à son regard, à sa mâchoire serrer. Je me sentais honteuse de réagir ainsi et bien que je savais que ma colère n'était pas légitime, je ne pouvais pas la contenir et il était trop tard pour des excuses.

Malgré tout, je savais pourquoi il partait. Il avait obtenu tout ce dont il voulait depuis le début: mon sang et maintenant que c'était fait, il allait m'abandonner. Il ne serait plus là pour me protéger, pour m'observer du coin de l'œil et sourire à mes gestes maladroits. Il ne passera plus ses doigts sur ma peau, ni ses lèvres contre ma nuque. Il ne me fera pas découvrir le sexe, ni l'amour. Il allait partir et me laisser dans un coin comme un vulgaire déchet. Ça me blessait, ça m'attristait et la seule chose que je pouvais faire, c'était de le poignarder à mon tour.

Je sens ses doigts se resserrais un peu plus autour de mon poignet, ses yeux noircir petit à petit.

"-Personne et je dis bien personne ne prendra autant soin de toi que je le ferais. Tu m'appartiens maintenant, Amélia, tu ne peux plus faire marche arrière." Il me tire brusquement sur lui, mon corps se heurte au sien me coupant le souffle. Il se penche légèrement vers moi avant de continuer: "Tu ești flacăra mea. C'est clair ? Tu es à moi."

Je déglutis difficilement et essaye de contrôler les battements de mon cœur qui s'emballe face à cette soudaine proximité, mais rien à faire. Je perdais pied. J'avais envie de lui hurler dessus tout comme j'avais envie de pleurer dans ses bras. Ce que j'avais éprouvé pendant ces derniers jours était intense et dure à vivre, je ne pouvais le partager avec personne mise à part lui et il allait partir.

"-Alors pourquoi tu ne restes pas ?" Chuchotais-je pour essayer de cacher ma voix tremblante.

Son regard s'adoucit soudainement et sa prise se fait moins douloureuse. Son front se colle au mien, je ne sens pas son souffle sur ma peau, en revanche, je le sens tendu contre moi, tout son corps est crispé. Il reprend plus calmement:

"-Je ne peux pas, Amélia. Je ne peux pas. Diable sait que j'aurais aimée resté, mais je ne peux pas" Dit-il les yeux fermés. Sa voix trahit ses émotions. Contrairement à moi qui essayais de cacher ma peine, lui, il me laissait apercevoir sa tristesse et sa douleur. C'était de ma faute, je lui avais dit quelque chose que même moi, je n'aurais pas supporté. Parce que je ne veux personne d'autre que lui à mes côtés, je refuse que ce soit Hugo ou bien Julien qui me rattrape en vol lors d'une chute. Je ne l'accepte pas.

"-Je pourrais accepter chaque caprice de ta part Amélia. Je ferais chacun de tes désirs une priorité. Je pourrais te donner ma vie pour que tu puisses vivre la tienne." Dit-il en ouvrant de nouveau les yeux.

Un regard meurtri. Il était tourmenté par ses désirs et ses obligations. Je le savais et pourtant, je ne pouvais pas m'arrêter d'être égoïste. Je le voulais près de moi pendant chaque seconde du restant de ma vie et j'aurais désiré être né vampire pour ne jamais avoir à être séparée de lui. Il contrôlait chaque émotion, chaque sentiment que je pouvais ressentir. 

Alors que moi, je tournais autour de son monde sans pouvoir m'arrêter, lui était devenu mon monde.

"-Je te laisse partir. Je refuse de t'enlever ta liberté de choix par pur égoïsme de ma part, mais s'il te plaît. Fais vite et reviens moi."

"-Je te le promets."

Je tombais irrémédiablement amoureuse de lui et l'amour ne se résumée pas seulement en un seul sentiment et je ne pouvais pas seulement prendre en compte ce que je ressentais, je devais aussi accepter les siens. Je ne pouvais pas aimer de la même façon que mes parents. Je devais être plus mature qu'eux. Je devais arrêter de courir après mes émotions. Je devais le laisser partir parce que c'est ce qu'il voulait, d'autant plus que je suis certaine qu'il a une bonne raison.. 

Je ne devais pas l'obliger à rester au nom de ce que je ressentais à son égard. 

Je l'aimais et pour cette raison-là, je n'avais pas le droit d'être égoïste.