Amélia

C'était comme; le calme avant la tempête. La seule différence, c'est que je voyais les ouragans se dirigeaient vers nous.

La soirée, après le cadeau de Jos, c'est passé sans encombre, nous avons décidé de jouer à des jeux de sociétés, profitant tous l'un de l'autre, même si nous étions parfois un peu perdus dans nos pensées, chacun, rongé par ses propres inquiétudes.

"-Hugo, on peut aller se coucher? C'est peut-être notre dernière nuit ensemble.." Chuchote Joséphine qui était, jusqu'à présent, sur le canapé, tête posée sur son presque petit ami.

Je déglutis et trouve un soudain intérêt pour mes chaussettes rouge sang. Je me suis assise sur le banc du balcon pour prendre l'air après ma soudaine envie de cigarette. Étant observée par Clyde, même s'il me restait un paquet cacher sous le lit de Julien, je n'en avais rien fait par peur de déclencher une éventuelle dispute. À l'heure actuelle, ce que j'avais peur de déclencher, était un bain de sang et plus les heures passaient, plus je culpabilisais de faire risquer la vie des autres pour la mienne qui n'avait même pas plus de valeur.

Je sens le coussin s'affaisser, ce qui me fait pivotée vers Clyde. Je me rends alors compte que tout le monde, sauf nous deux, étaient partie se coucher.

Mon regard doit en dire long puisque celui qui fait chavirer mon cœur brise le silence pour me réconforter:

"-Tu sais, que s'ils font ça, c'est parce qu'ils t'aiment ?" Dit-il en déposant sa main sur la mienne. J'entrelace nos doigts avec une épine dans le cœur.

"-Je ne veux pas devoir pleurer sur leurs tombes Clyde." Dis-je en relevant les yeux sur le ciel noir, pigmentée par les étoiles.

"-Ils ne veulent pas pleurer sur ta tombe non plus." Me répondit-il en serrant ma main un peu plus fort. 

Les étoiles me semblent plus brillantes que d'habitude. Me donnant ainsi l'impression que même les dieux, peu importe qui ils étaient, sont avec nous. Nous offrant courage et alliance. Malheureusement, la vérité est là: je n'avais jamais pris le temps de les regardaient.

Je me tourne vers Clyde. Il n'a jamais été aussi beau qu'aujourd'hui, pourtant, il n'y a eu aucun changement chez lui. Ses cheveux sont tout aussi sombre, ses iris tout aussi noir, ses dents tout aussi blanche et sa peau toujours éclatante tel du porcelaine. À cet instant précis, passée toute une éternité avec lui, me semble être une idée merveilleuse et envieuse, et même si j'ai encore des centaines de questions à lui poser, une seule me démange :

"-Pourquoi ne souhaites-tu pas, réellement, que je devienne comme toi ?"

Quelques secondes s'écoulent avant qu'il ne me réponde. Son regard plongé dans le mien, je revois ses yeux pétillaient de tristesse.

"-Parce que je ne veux pas t'arracher de ta vie Amélia. Tu n'as peut-être pas l'étérnité devant toi mais tu as le bonheur de ne pas devoir dire adieu à tout ceux que tu aimes. Et si tu regrettais ton choix ? Tu m'en voudras. Je ne pourrais le supporter." Il marque une pause et pose son front contre le mien avant de reprendre: "Que tu me détestes, que tu choisisses une vie où ton cœur bat ou que tu ne fasses pas partie de ma vie est mille fois plus préférable, parce que je ne pourrais pas supporter de vivre en sachant que tu te détestes toi, qui plus est, par ma faute."

Ma vue se brouille légèrement et mon cœur se serre en comprenant qu'il préférait tout risquer, même sa vie et ce qu'il avait pu construire pour que je puisse vivre la mienne dans le confort, sans que je n'ai à regretter quoi que ce soit.

"-Clyde. Si jamais je devais faire un choix, je ne le regretterais pas. Tout simplement parce que j'y aurais réfléchi. Ce que je regrette actuellement, c'est de ne pas avoir plus de temps à passer à tes côtés. Nous ne cessons pas de courir, d'être sur nos gardes. Je rêve de pouvoir passer des jours à tes côtés sans avoir à m'inquiéter et de profiter pleinement de ce qui s'offre à moi."

Une larme s'échappe malgré moi et il l'essuie avec son pouce dès qu'il la voit couler. Avec lui, mes barrières ne cessent de tomber, les unes après les autres. Alors que, devant tout le monde, j'essayais de garder la face, de garder espoir, face à lui, mes émotions prennent le dessus, le laissant ainsi voir mes faiblesses et mes peurs.