Éveille
Amélia
Tout me semblait différent. Je voyais mieux, j'entendais mieux, je sentais mieux. Les couleurs qui s'offraient à moi avaient toutes une pigmentation différente. Elles étaient plus vives, plus brillantes pour certaines.
La douleur s'était envolée. Je ne ressentais plus ma chair se déchirer en deux, ni les picotements dans mon ventre, je me sentais revivre d'une façon étrange et pourtant si satisfaisante.
Le visage de Clyde paraissait moins pâle, ses iris moins sombres, ses cheveux moins noirs. Je voyais dans chaque teinte une nouvelle pigmentation. Mes doigts glisseraient d'eux-mêmes sur sa peau de porcelaine. Au vu de leurs regards à tous, j'étais morte. Mon cœur avait cessé de battre, cependant, je me sentais en pleine forme. Je venais de mourir, mais c'était comme si on m'offrait une seconde chance. Mon regard se dirigea vers la paume de sa main, encore rouge et ensanglantée, puis sur le couteau qui avait été enduit d'ail, puis d'instinct, je parcourais ma main sur la sienne et sa plaie se refermera aussitôt. C'était comme une évidence.
"-Tu n'es pas qu'un simple mélange, Amélia. Tu as un don de guérison. C'est incroyable." Dit-il, les sourcils froncés, surpris.
J'entends Joséphine éclater en sanglot telle une enfant à qui on venait de retirer son jouet bruyant, elle vient se jeter dans mes bras, bousculant Clyde qui était encore sûr moi. Mon regarde s'attarde sur chaque détaille de la pièce, cherchant les doyens, mais je ne vois personne mis à part Hugo qui tenait fermement Julien.
"-Ils se sont enfuis, pas vrai ?" Demandais-je en me redressant après l'embrassade. Mon amie me répond d'un hochement de tête.
J'avais encore du mal à assimiler ce qu'il venait de se passer. Je ne m'étais jamais sentie réellement à ma place nulle part, dans aucun monde et me voilà, entre les deux. J'étais un mélange que l'on pouvait croire impossible à l'époque. J'étais l'originel. Ils pensaient que j'étais un danger, puis le temps s'est écoulé, laissant d'autres vampires ou humains donner naissance à des mélanges, comme Clyde. Après tout, il était aussi issu d'une union interdite.
"-Ils ne sont pas aussi vieux qu'ils prétendent l'être." Dis-je en me relevant avec une petite grimace. Je n'avais mal nulle part, mais le monde tournait autour de moi à une vitesse folle. Je me tenais instinctivement à Clyde.
"-Rentrons d'abord, on pourra parler de tout cela une fois rentrés" Propose Jos. Hugo l'interrompt en poussant violemment Julien au sol, face à nous. Je ressens soudainement une culpabilité, une petite pincette d'amertume et un peu de compassion. Après tout, même si sa mère le rejetait, il ne pouvait pas l'ignorer et la laisser mourir. Aurais-je fait pareil ? Je ne pouvais pas savoir. En revanche, je ne pouvais pas croire qu'il m'aurait laissé mourir ainsi.
"-Amélia. C'est lui qui nous a dit où vous vous trouviez.." Me dit Joséphine, aidant son frère à se relever. Je le savais. Tout ce temps passé ensemble, ces nombreux fous rires n'étaient pas des mensonges. Nous avions appris à nous apprécier, malheureusement, je ne pense plus jamais pouvoir lui faire confiance. Je ne pense pas oublier cette colère qui bouillonne en moi. Il m'avait planté un couteau dans le ventre.
"-Je sais seulement, je ne veux plus jamais le revoir." Dis-je en essayant de garder le contrôle sur ma voix qui commençait à trembler. Mon amie ne dit pas un mot, quant au traitre, il baisse la tête, honteux. Je ne pourrais sûrement jamais le pardonner.
L'amour que j'éprouvais à son égard restera à jamais intact, mais tout le reste était brisé à jamais.
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