Ses doigts étaient des griffes qui profitèrent de mon égarement pour me griffer au bras droit. Le coup avait été si violent que je tombais à la renverse. Je tremblais, les battements de mon cœur s'accéléraient. La créature était au-dessus de moi, je faisais une proie facile pour cette chose. Je tentais vainement de me dégager de la mais je glissais sur mon propre sang. Je vis mes derniers instants arrivés. Au moment où elle plongea pour m'assener un nouveau coup, elle ne se méfia pas de ses arrières, le coup de katana partit je n'avais entendu que le bruit de la lame sortant du fourreau. Ce monstre s'écroula sur moi, coupé en deux. Je fus recouverte d'une substance visqueuse. Anna me précisa alors :

"C'est de la matière ectoplasmique ça disparaît tout seul." 

May et Dorian échangèrent un regard. Il lui dit alors :

"Fonce je m'occupe d'elle ne t'inquiète pas." 

May sortit en trombe accompagnée de Marie. J'étais sous le choc des événements, la panique et la peur se lisaient sur mon visage. Je perdais énormément de sang dans lequel je barbotais. Je questionnai alors Dorian  qui avait ôté sa chemise pour me faire un garrot :

"C'était quoi cette chose?"

J'étais tremblante et salement amochée. Alexandre était à mes côtés, il me tenait la main pour me rassurer. Dorian me répondit :

"Une âme damnée. Ne bouge pas je vais te soigner, tu vas aller beaucoup mieux dans pas longtemps." 

J'entendais à peine le son de sa voix et celles de mes amis, mon champ de vision s'obscurcit, j'étais sur le point de perdre connaissance quand Alexandre me secoua et prit le relais de l'interrogatoire sur un ton inquiet et énervé :

"D'où elle sort ?" 

Dorian nous expliqua calmement :

"Ce sont des âmes qui croupissent en enfer où elles reçoivent leur sentence pour l'éternité. 

Je le coupa en murmurant dans mon état comateux :

"Ouais et elles sont sacrément atroces. Les catacombes était une fête foraine à côté." 

Il ne s'attarda pas sur mon intervention et continua :

Cependant, elles peuvent être invoquées par des médiums corrompus pour effectuer une basse besogne."

Dorian avait fini de me transmettre son énergie pour me soigner. A la fin de son explication ma blessure avait intégralement disparu. Je restais au sol, le regard fixé dans le vide apeuré et en colère je lui demanda :

" Donc il est ici. C'est bien ça ? "

Il me fit un signe affirmatif de la tête en ajoutant :

"Enzo est ici, May et Marie sont à sa poursuite." 

Après une bonne heure à tourner en rond et à faire les cent pas, elles revinrent. Dorian les accueilla en leur demandant :

"Vous l'avez eu?"

May lui répondit sur un ton trahissant son énervement :

"Non il nous a échappé. Tu lui as appris quoi au juste à ce gamin." 

Il réagit tout penaud :

"Moi rien c'est mon hôte qui lui a tout enseigné avant mon arrivée."

Il murmura :

"Tu vas bien, c'est l'essentiel." 

Marie le regarda de la tête au pied en lui demandant :

"Pendant ce temps t'as fait quoi pour être dans cet accoutrement ? Tu nous fais un cosplay d'un husbando ou quoi." 

May me dit directement :

Tu restes ici ce soir, nous n'allons pas au lycée. Lloyd va les prévenir. "

Alexandre et Anna imposèrent tous les deux leurs avis en s'écriant :

"On reste aussi." 

May leur dit à bout de nerf :

"Non nous ne pouvons pas assurer la sécurité de Stéphanie s'il y a autant de monde dans ce manoir et notamment trois personnes sans faculté spirituelle. Ça serait une boucherie. Marie accompagne-les chez eux. S'il te plaît." 

Tout le monde s'exécuta sur le champ Alexandre m'embrassant puis disparu derrière l'imposante porte d'entrée du manoir. Dorian toujours torse nu se dirigea vers le salon. Je le suivis encore un peu chamboulée, ces cheveux long couvraient son dos mais je vis au travers son tatouage. Je m'exclama:

"Stop ! Tu bouges plus c'est quoi ce tatouage que tu as dans le dos ! May vient voir vite ! " 

Elle se positionna à côté de moi en me répondant :

"Quoi ! Qu'est ce qui t'arrive à hurler ainsi alors que je suis derrière toi." 

Je poussai les cheveux de Dorian pour laisser apparaître son tatouage. C'était des ailes magnifiques. Un surprenant mélange d'ailes d'ange avec des plumes magnifiques et de démon avec ces griffes et de serres acérés.

Je m'émerveillais devant ce tatouage en cherchant l'approbation de May je lui dis :

"Mon père a aussi des tatouages mais j'en ai jamais vu un aussi beau que celui-là, tu trouves pas?"

Face à son absence de réponse, je me tournai vers cette dernière. Elle se tenait la tête à deux mains. Je lui demandais innocemment :

"Ça va ?" 

Elle semblait souffrir atrocement malgré tout elle fit quelques pas vers Dorian en tentant sa main pour toucher son dos. Elle saignait légèrement du nez. Dorian se tourna alors que May arriva enfin à le toucher elle lui murmura :

"Sébastian" 

Puis elle s'effondra au sol à genou en hurlant. Dorian m'ordonna de me mettre à l'abri dans le salon avec lui. Elle lâcha une vague d'énergie spirituelle qui souffla l'intégralité des vitres des fenêtres du hall et endommagea les escaliers ainsi que toute la boiserie de cette pièce. Puis elle tomba inerte au sol. Je courus la rejoindre mais fût prise de cours par Dorian qui la prit dans ses bras. 

Il me dit en la serrant contre lui avec tellement de tendresse qu'il trahit ses réels sentiments envers May :

"Elle va bien ne t'inquiète pas je vais m'occuper de tout remettre en état mais avant je l'amène dans sa chambre."

Sur ces mots il déploya ses ailes, qui n'étaient pas celle de son tatouage. Puis il s'éleva pour s'engouffrer dans le couloir de l'étage. Je me demandai alors à qui appartenaient-elles ? 

Lloyd arriva dans le hall pour constater les dégâts de cette déflagration. Il examina les lieux avec dépit, ses épaules tombèrent. Il me regarda sans parler je compris son étonnement et son agacement. Je ne pu que lui répondre :

"C'est vraiment une sacrée soirée." 

Je le laissai là à ses pensées pour me diriger vers le salon. Je fus rapidement rejointe par Dorian qui m'ordonna de le suivre. Nous avions monté les marches de l'escalier dans un silence de mort. Il avait l'air si sérieux. Je constatai alors que les dégâts du hall avait été réparés, nul n'aurait pu imaginer que plus tôt un tsunami d'énergie spirituelle avait eu lieu. Je ne fus pas vraiment étonnée après tout je venais d'être soigné par un démon. 

Il me guida auprès de May qui était encore inconsciente allongée dans un lit baldaquin de style gothique il était en bois noir et très imposant. Je devinais que nous étions dans la chambre de cette dernière car le dressing étant légèrement ouvert laissait apparaître des vêtements féminins, déduction logique d'une fashion victime. 

La chambre avait une décoration identique au reste du manoir boiserie et tenture rouge au motif doré. Il y avait un dressing et une salle de bain attenante à cette pièce. 

Il m'expliqua calmement en s'asseyant à côté de May :

"Tu vas dormir ici cette nuit ainsi je pourrais plus facilement veiller sur vous deux." 

Il ne l'avait pas quitté du regard, je lui répondis :

"OK donc je dors avec May dans cet immense lit." 

Il me fit un signe affirmatif de la tête sans me regarder, délicatement il poussa une mèche de cheveux de May qui avait eu l'audace de se mettre sur son visage. Je lui demandai alors :

"Quand as-tu succombé à son charme?"

Il me regarda avec des gros yeux étonnés. Je ricanai légèrement puis je continuai:

"Ça crève les yeux ta façon de la regarder et là tu es aux petits soins pour elle. C'est évident. Je ne savais pas que les démons pouvaient éprouver ce type de sentiments."

Il soupira en baissant les épaules. Je m'attendais à sa confession ou à une réplique bien cinglante digne de ces deux là. Le sommeil de May devint très agité. 

Dorian m'oublia complètement et se concentra sur elle. Il lui prit la main afin de l'apaiser mais elle se réveilla brusquement en se redressant. Elle était totalement déboussolée, son regard empli de panique. Il la prit dans ses bras en lui murmurant tendrement :

"Doucement tout va bien." 

Elle lui demanda en se blottissant contre lui à la recherche d'une chaleur humaine pour se réconforter :

"Qu'est-ce-qui s'est passé ? J'ai fait un drôle de rêve mais j'ai l'impression que s'en était pas un." 

Il lui répondit en la serrant contre lui :

"Tu dois te reposer, tu as perdu beaucoup d'énergie spirituelle." 

Elle reprenait assez vite possession de ces moyens quand elle réalisa qu'elle était dans ces bras, elle se crispa puis s'en dégagea rapidement en lui disant :

"Tu sais des choses toi ?" 

Il essaya de changer le sujet de la discussion en la tirant vers lui, mais elle résista puis du coin de l'œil elle m'avait aperçu. Elle regarda dans ma direction à deux reprises comme pour confirmer l'information que son champ visuel lui avait transmis, elle marmonna :

"Ah oui c'est vrai, je vais te donner une de mes nuisettes nous devons faire la même taille." 

Elle se leva sans prêter attention à Dorian qui se poussa en lui disant :

"Vas-y doucement tu n'as pas beaucoup de force." 

Cette précision n'était pas vaine, ses jambes ne l'avaient pas soutenu. Dorian la rattrapa de justesse. Elle s'asseya sur le lit en soupirant. Je lui suggérai une idée qui mis en ébullition mon instinct de fashionista:

"Dis-moi où elle se trouve et j'irai la chercher." 

Je n'attendais pas sa réponse, je me dirigeais déjà vers le dressing. En entrant dans cette pièce sacrée j'avais des étoiles plein les yeux, j'étais aux anges, elle était immense et remplie de vêtements de très haute qualité dont la couleur dominante était le noir. Je m'imaginais avec Tim et Anna en train de faire nos défilés du samedi soir. Elle m'avait sorti de ma rêverie en m'indiquant de prendre la nuisette qui me plaisait le plus dans la commode à côté de la porte. Je pris une nuisette noir bien évidemment en satin toute simple. Je m'étais changé dans la salle de bain avant de me glisser dans les draps. 

May peina de nouveau à se lever. Dorian dans un élan de bonté, faussement intéressé, lui proposa de l'aide. Étant contrainte de se déplacer pour revêtir une tenue adéquate et propice au sommeil, elle accepta, il lui tendit son bras qu'elle agrippa. Ils se dirigèrent vers la salle de bain. Je me fis la réflexion intérieure "quel joli couple." À cette pensée un petit ricanement m'échappa. Ils ne le remarquèrent pas. Leur destination atteinte May fit remarquer à Dorian sur un ton plus calme et apaisé que d'habitude :

"Merci tu peux sortir ça va aller." 

Il sortit de la pièce en refermant la porte et fit les cent pas devant avec un air inquiet figé sur son visage. Je lui glissa à voix basse:

"Détends toi, elle va bien. Si elle a besoin elle appellera." 

Il stoppa ces allers venus frénétiques et s'asseya sur une chaise proche de l'entrée du dressing. Je le regardai d'un air amusé en lui demandant :

"Alors depuis quand ? Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure." 

Il me regarda avec une froideur en me répondant brièvement sur un ton glacial :

"Cela ne te regarde pas." 

La porte de la salle de bain s'ouvrit, Dorian se leva d'un bond de sa chaise pour prêter assistance à May. Elle déclina gentillement sa proposition, elle avait repris suffisamment de force pour se mouvoir seule, au grand désespoir de notre démon. Elle se coucha à son tour, Dorian déclara :

"Je vais rester avec vous, je monte la garde." 

May s'exclama :

"Non tu vas dans ta chambre" 

Elle se leva pour le tirer par le bras vers la sortie. 

Il rétorqua :

"Tu as besoin de te reposer, si nous subissons une autre attaque je serai plus réactif en étant avec vous." 

Elle le regarda droit dans les yeux en lui affirmant :

"Je vais mieux avec une ou deux heures de repos je serai en pleine forme ne t'inquiète pas." 

Il n'opposa plus aucune résistance, il savait qu'il ne pourrait pas la convaincre. Il sortit de la pièce en claquant la porte. Elle s'installa dans le lit en me prévenant :

"C'est pas une soirée fille ou pyjama à la con OK donc tu dors point." 

Cependant, je ne pu me retenir de lui demander :

"C'est qui Sébastian." 

Elle haussa les épaules et me répondit :

"Tu parles de quoi j'en sais rien moi, dors." 

Je n'avais pas réussi à trouver le sommeil, ce que je craignais le plus s'était confirmé, Enzo était là. Je n'étais plus en sécurité nulle part. Je ne pouvais pas rester ainsi sans réagir et sans défense. J'étais assise dans le lit à réfléchir, à essayer de me rassurer seule en trouvant un moyen de le contrer. C'est alors que May se réveilla à son tour. Elle bondit hors du lit en murmurant :

"J'ai faim." 

Elle avait une forme olympique, elle donnait l'impression d'avoir dormi une semaine complète comment faisait elle pour récupérer aussi vite. Elle se tourna vers moi en me demandant :

"Je t'ai réveillé?"

Je lui répondis avec un ton inquiet et soucieux :

"Non" 

Elle cerna immédiatement mon état d'esprit. Elle alluma la lumière en me disant :

"Viens avec moi on va papoter à la cuisine. J'ai une faim d'un autre monde." 

Avant d'ouvrir la porte elle me précisa:

"Le but est d'être hyper discrète pour éviter que Dorian nous repère. Cela fera un très bon entraînement." 

Je lui répondis :

"Tu sais plus je le côtoie, plus je le trouve sympa et plus je pense qu'il t'aime vraiment. Il était au petit soin pour toi, on ne pouvait pas t'approcher. Et son inquiétude était immense. Je te jure, tu es sûre que tu ne le connais pas." 

Elle me regarda avec des yeux rond étonnés puis elle lâcha sur un ton amusé :

"C'est vrai ? Bof peut-être qu'il veut juste jouer avec moi pour ensuite dévorer mon âme. Ne t'attarde pas sur ça, ok. On y va." 

Elle entrouvrit la porte pour vérifier si Dorian était présent dans le couloir. Elle me fit signe de la main de la suivre. Nous marchions très discrètement. J'observais May qui semblait prendre notre balade nocturne comme un jeu. Nous descendîmes les escaliers sur la pointe des pieds. Elle se rapprocha de moi pour me murmurer :

"On y est presque." 

Elle m'indiqua du doigt la porte de la cuisine. Cependant, au plus nous nous approchions de cette pièce, plus des odeurs culinaires se faisaient sentir. May n'y prêta pas attention, elle se réjouissait d'avoir pu éviter Dorian. Je la tira par la manche de son kimono avant qu'elle ouvrit la porte en lui disant :

"Il y a quelqu'un qui cuisine."

Elle me chuchota :

"C'est Lloyd." 

Elle entra dans la pièce pour se jeter sur le frigo mais nous trouvâmes Dorian qui cuisinait tranquillement, il nous accueilla en déclarant :

"Pile au bon moment, c'est prêt les filles. Je me doutais que May allait avoir une faim d'ogre au réveil." 

Les épaules de May s'affaissèrent, elle se traîna vers Dorian puis regarda ce qu'il avait concocté, elle s'était approchait de lui sans un bruit, il n'avait pas senti sa présence si près de lui, elle me déclara alors :

"Stéphanie je vais t'expliquer ce qui vient de se produire, Dorian à masquer son énergie spirituelle ce qui le rend invisible pour nous et toutes autres créatures." 

Dorian sursauta à son tour, il se tourna brusquement vers elle. May me regarda en continuant de m'expliquer :

"C'est ce que je viens de faire aussi sauf que pour vraiment le surprendre j’ai chargé la poignée de la porte de mon énergie. Ainsi Dorian m’a ressenti mais bien plus loin. C’est la principale technique de défense que nous avons. Je m’en suis servi dans les catacombes pour traquer notre chef cuisto."

Dorian prit les assiettes pour dresser les mets fraîchement préparés. Il ajouta : 

"Je peux te dire que tu as une professeure experte en la matière." 

May apporta les deux assiettes à table avec les couverts. Elle me regarda : 

"Cette technique combinée à une bonne stratégie de combat devient un atout incroyable. Stéphanie c’est ta prochaine leçon ainsi tu arrêteras de te stresser. Avant ça nous devons finir d'apprendre la détection des auras spirituelles que nous reprendrons après notre repas."

Je répliqua :

"à trois heures du matin tu veux qu'on s'entraîne."

Elle me répondit avec un regard mutin :

"C'est la meilleure heure pour cela."