Chapitre 23 : Des Débuts Difficiles
Au niveau émotionnel, je prenais vraiment cher dans ma petite face de jeune fille bien naïve. Entre les révélations de Dorian que je peinais encore à digérer (oui j'ai osé). Il fallait maintenant encaisser que ce Mal était ici, dans les rues et lieux que j'affectionnaient tant, là tapi dans l'ombre pourrissant et gangrénant tout ce qu'il touchait avec l'unique but de pervertir mon havre de paix. Et oui cher lecteur, le père de Marie nous avait mis sur une piste, et pas des moindres, une des prétendues familles était en ville. Il avait fait le lien entre les événements qui s'étaient déroulés durant la fugue d'Alexandre et certains témoignages de sans-abris.
Une pensée ne quittait plus mon esprit de jour comme de nuit :
Etait-il là lui aussi ? Celui qui m'avait pris mon amie et arraché mon innocence. Celui sans qui je serais restée une ado timide et complexée, oui mais une adolescente normale.
Je pouvais toujours compter sur mon incroyable optimisme légendaire pour me faire relativiser. En effet, tout ceci m'avait rapproché d'Alexandre mais en même temps je me sentais coupable car le déclencheur de toute cette sordide histoire était le fait que je souhaitais l'oublier car j'estimais qu'il ne s'intéresserait jamais à moi. C'était un monumental bordel dans ma tête.
Néanmoins, il fallait que je sois forte et courageuse pour faire face aux futurs événements et protéger ceux qui m'étaient chers. Nous étions retournés à l'usine désaffectée où j'avais mené ce combat épique pour ramener Alexandre. Mais oui parce qu'il va toujours y avoir un mais, le maire de notre adorable petit lieu de vie avait fait démolir l'usine. Il nous était impossible d'accéder à la trappe. Elle avait disparu sous une montagne de gravats. Nous ne pouvions pas inspecter leur repère comme nous l'avions fait au camping pour ainsi nettoyer les lieux de leur nauséabonde présence.
Ce constat ne nous laissait que peu de marge de manœuvre, il fallait s'infiltrer dans leur rang. Pour Dorian il n'y avait pas de doute, le lycée était un de leur lieu de recrutement, le père de Marie le rejoigna rapidement sur ce point.
Notre plan était simple: l'équipe du jour constituée de Anna, Tim, Mon Alexandre et moi-même, avions pour but de laisser traîner une oreille sur les ragots et potins du moment. May et Dorian avaient aussi intégré le lycée en tant que surveillant ou pion c'est comme vous voulez, c'était l'équipe de la nuit ils investiguaient le soir dans les méandres méconnus et obscures de l'internat.
Cependant, après une semaine cela ne donnait rien les potins tournés autour de May et Dorian qui avaient une sacrée côté de popularité au lycée. Ils avaient même éclipsé les potins sur Alexandre et moi.
Ce soir-là au manoir nous étions tous réunis pour partager notre collecte d'informations. May fit un récapitulatif de nos informations :
"Nous savons qu'un de leur lieu de recrutement est le lycée. Ils enrôlent des personnes en détresse. Les potins du lycée ne mentionnent pas cette secte. Nous sommes dans une impasse."
Dorian souffla est pris à son tour la parole pour corriger May:
"C'est pas une secte."
May lui répondit sur un ton énervé en le regardant de haut :
"On s'en fout de ça. Ça ne fait pas avancer notre enquête si on les appelle secte ou famille."
Il ne supporta pas son ton et ses manières il lui rétorqua avec un air hautain et narquois :
"C'est vrai… MA BELLE"
May ne resta pas insensible à ces deux derniers mots. Elle s'énerva encore plus, elle s'approcha de lui en lui disant tout en le pointant du doigt :
"Je t'ai interdit de me parler comme ça sale démon."
Il lui répondit du tac au tac en approchant son visage du sien:
"Quand tu arrêteras de les appeler une secte."
J'avais dû m'interposer pour calmer ce début de dispute en hurlant :
"Ça suffit maintenant, vous êtes chiant ! À chaque fois c'est pareil et on n'avance pas. On doit s'entraider, on est une équipe."
May souffla en baissant la tête, dans un murmure elle lâcha :
"C'est vrai tu as raison, nous sommes tous sur les nerfs."
Elle regarda furtivement Dorian en glissant rapidement :
"Désolée."
Il lui répondit par un signe de la tête. Alexandre reprit en déclarant :
"Nous n'avons pas la bonne stratégie c'est tout."
Dorian rebondit sur sa phrase en se moquant :
"Merci Sherlock, nous n'avions pas remarqué."
May et Dorian se rapprochèrent de nous. Nous étions autour d'une table, Alexandre continua:
"Il n'y aura pas de piste à travers les ragots car les personnes qui sont approchées ne les colportent pas. Ils recrutent des gens fragiles et isolés donc ils visent ceux qui sont ignorés par tous. Je pense aussi que "la famille" ne va pas se payer le luxe d'une pub directe comme ça donc ils leur demandent de garder le silence. Enfin il n'est pas exclu que le lycée ne soit pas visé non plus. Dorian est-il possible que les différents groupes communiquent entre eux ?"
Dorian était songeur en répondant :
"Effectivement il n'est pas à exclure que le groupe que nous traquons soit au courant de votre escapade au camping. Soit par une chaîne interne de communication, soit par…"
Il marqua un silence puis repris en me regardant :
"Soit par Enzo."
May prit la parole à son tour :
"Donc si je comprends bien où tu veux en venir : il faut que nous cherchions à nous rapprocher des personnes mises de côté, les ignorés voir ceux qui sont harcelés. Dorian et moi nous pouvons obtenir le nom des élèves qui sont harcelés à la vie scolaire dans le registre des sanctions et à l'infirmerie."
Alexandre reprit:
"Vous nous transmettez ces informations et nous nous rapprochons d'eux. Vous avez tout compris, là nous aurons des résultats plus probants."
J'étais surprise qu'Alexandre en un rien de temps avait trouvé un nouveau plan et fait collaborer nos deux ennemis jurés . J'étais épatée, Tim me voyant zieuter Alexandre avec mon air étonné de débile me dit :
"Tu as devant toi le capitaine de l'équipe de basketball. Notre meilleur stratège."
Alexandre se retourna vers moi, je me colla à lui en lui glissant à l'oreille :
"Tu es trop fort."
Il rigola et me fit un baiser.
May profita de ce moment pour déclarer et faire voler en éclat cet instant de tendresse et de partage, qu'est ce qu'elle peut-être insensible celle-là :
"Il y a autre chose qui peut nous faire gagner du temps. Stéphanie tu vas être une pièce maîtresse de cette recherche."
Je la regarda en bégayant :
"Co… Comment ça ?"
Elle ria puis me dit:
Tu vas passer au peigne fin l'énergie de tous tes camarades de lycée. La plus sombre ou désemparée sera la bonne. Tu commenceras dès demain."
Je lui répondis en me levant :
"Il y en a énormément et je ne sais pas faire ça moi."
Elle me répondit en partant dans le hall :
"Suis moi vite nous n'avons pas de temps à perdre. Je vais te l'enseigner."
Dorian continua:
"Elle est où l'autre gamine fantomatique bizarroïde."
May rebondit sur les dires de Dorian en échangeant un regard avec lui :
"Et ben si même un démon la trouve bizarre c'est qu'elle est vraiment insupportable. Elle pourrait nous être utile pour une fois."
Je leur répondis direct :
"Je ne sais pas où elle est."
Soudain sans prévenir une tornade débarqua en hurlant:
"Hou hou hou"
C'était Marie qui nous fit une entrée digne d'une comédie pour enfants sur les fantômes. Je lui demanda :
"Tu t'entraînes pour Halloween ?"
Elle alla voir May pour lui murmurer à l'oreille en lui donnant un coup de coude :
"Alors la cohabitation ça se passe comment ?"
May leva les yeux au ciel en lui répondant:
"Tu es une grande dégénérée."
Elle alla saluer Dorian et mes amis en leur attribuant une petite phrase qui les mirent tous sur la défensive.
May lui demanda sur un ton faussement calme:
"Est-ce que tu peux nous rejoindre dans le hall ? On a pas de temps à perdre."
Marie vint à nous en répondant :
"Bien sûr il suffit de demander. C'est pour quoi ?"
May lui expliqua notre plan en détail. Dorian nous avait rejoints, il avait le dos et un pied appuyé contre le mur.
A la fin des explications Marie répondit :
"Je comprends, contrairement à Stéphanie je ne serais pas coincée en cours je pourrais continuer de les analyser."
Elle se tourna vers Dorian en lui demandant :
"Et toi tu vas nous apprendre quelque chose ou tu restes juste là à faire le beau gosse contre ton mur."
Dorian ricana puis lui répondit :
"Je suis juste là au cas où si ça dérape je pourrais aider May."
May confirma:
"Son soutien ne sera pas de trop, vous êtes quand même deux boulets les filles surtout toi Marie tu es ingérable en ce moment."
Dorian rebondit sur les dires de May :
"Boulet le mot est faible."
Marie rétorqua:
"Comme ils sont mignons, est-ce le début d'une romance digne d'un feuilleton tv ?"
May et Dorian n'avaient pas répondu aux insinuations de Marie. Cependant, May l'obligea à redevenir sérieuse en nous indiquant la méthode à suivre pour réussir le prodige de lire les auras des gens:
"Stéphanie comment es tu arrivée ici l'autre jour ? En te concentrant sur mon énergie spirituelle. Tu as cherché à la ressentir."
Marie intervient dans la tentative d'explication de May :
"En même temps c'est pas difficile, ton énergie est si imposante qu'on la sent à des kilomètres."
Dorian n'avait pas pu retenir un ricanement qui lui valu d'avoir le regard révolver de May braqué droit sur lui. Elle continua son explication :
"Il te suffit de faire la même chose. Évidemment tu ne pourra pas utiliser tes yeux juste ton ressenti. Faisons un test, essaye de ressentir l'énergie de tes amis."
Je lui fis un signe de la tête. Je pris une profonde inspiration puis je plongeai dans une grande concentration. Marie n'avait pas tort, l'énergie de May était très présente. Je fis abstraction de cette dernière tant bien que mal. Je lui tournai le dos pour m'approcher légèrement du salon où ils discutaient encore. Je ne m'attardais pas sur leur échange. J'y étais presque il me fallait encore un peu de concentration pour voir leur énergie apparaître devant mes yeux. C'était magnifique, cela ressemblait à une flamme qui les englobait. Elles étaient blanches, une aura réconfortante et douce émanait d'eux, cela me rappela l'entité qui m'avait guidé dans les catacombes de la cathédrale.
Je voulais voir quelle forme pourrait prendre celle de May ou de Dorian. Cependant, au moment de me retourner Dorian hurla :
"Ne bouge pas !"
Je n'avais pas eu le temps de stopper mon mouvement que je me trouvais face à une créature hideuse. Elle était grande et mince, sa peau noircit paraissait brûlée en lambeau. Ces yeux n'étaient plus présents dans ces orbites qui étaient deux trous sans fond dans lesquels j'avais plongé malgré moi mon regard. L'effet fût immédiat, je fus assaillie d'images atroces de tortures.
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