Chapitre 5.2 : chasser sa proie.
Dorian sommeillait à moitié sur son fauteuil en cuir. La saison devenait de plus en plus difficile au fur et à mesure que les jours avançaient. Les premières neiges avaient privées les bas-quartiers d'électricité et de chauffage pendant deux semaines – le gouvernement humain n'était sans doute pas insensible à cela : les clans mineurs prenaient d'assaut les clans majeurs pour essayer d'avoir un refuge au moins sec, ce qui l'arrangeait bien. La situation devenait presque incontrôlable.
À chaque fois qu'un métamorphe ou qu'un humain venait toquer à sa porte, que ça soit avec des armes ou des supplices, Dorian exigeait qu'on l'abatte. Certains autres chefs de clans comme Zaëlan préféraient les accueillir dans leur structure si on lui jurait allégeance, mais le clan de Dorian n'était pas charitable, et il n'avait pas le temps de former d'autres soldats. Au contraire de ces ennemis, il n'allait pas attendre que les gens viennent à eux : chaque jour, une patrouille d'éclaireur partait en chasse dans les rues blanches et glaciales pour débusquer les prédateurs les plus résistant au froid. Eux étaient assez solides pour éviter de mendier, et leur animal était généralement assez fort pour que les clans mineurs leur fiche la paix. Arrivant à la saison froide, ils n'avaient pas d'autre choix que de chercher une tanière chaude pour passer les nuits et Dorian comptait sur cet instinct de survie pour les débusquer.
Jusqu'à présent, quinze métamorphes solides étaient venus grossir ses rangs, alors qu'une vingtaine mourrait dans les locaux de Zaëlan à cause de la sous-alimentation, transit de froid ou pourris jusqu'à la moelle par des maladies hivernales. Dorian lâcha un rire en voyant les rapports qu'il avait sous les yeux : la bonté de Haltz serait sa perte. Lui n'était pas si miséricordieux et ses métamorphes ne s'en portaient que mieux.
Quant aux humains, plus les jours passaient, plus Dorian les haïssait. Les prédateurs qui avaient l'idée stupide de venir dans les rues de la Ville pour profiter de la chaleur des lampadaire étaient capturés par des fourgons, drogués et partaient toujours ne savait-il où. Cette constatation faisait briller ses yeux à chaque fois qu'il tombait dessus et il ne parvenait pas à trouver le sommeil avec cette image en tête.
Encore une fois, il cru qu'il n'allait pas réussir à s'endormir avant de longues heures à cause de ces monstres d'humains qui prenaient ses comparses pour des animaux de laboratoire. Seulement, en prenant le dernier rapport sur sa pile, ses yeux vers arrêtèrent de luire de colère pour briller de curiosité.
Kateryna Riwald, l'humaine qui intéressait d'un peu trop près le clan ennemi. Ses espions avaient réussis à trouver quelques informations depuis les semaines qui s'étaient écoulées. Il avait hâte de savoir ce qu'avait découvert ses métamorphes.
« Kateryna Riwald : surveillée de près par le clan de Zaëlan Haltz. Se rend environ une fois par semaine à l'hôpital de Grinnhouse. »
Dorian grogna. Ce n'était presque rien. Il fallait encore une fois qu'il fasse tout le travail tout seul. Il réfléchit quelques minutes, puis replongea son nez dans les rapports qu'il venait de lire à moitié ensommeillé.
« Bagarres près de Wallstreet des métamorphes de Haltz. »
« Panneau d'électricité de secours posé dans la rue de Wallstreet. »
Ces deux phrases lui avaient paru anodines la première fois qu'il les avait lues. Mais maintenant, elles prenaient un autre sens. Dorian était persuadé que Zaëlan était derrière ces quelques informations. Il essayait d'un côté d'éviter les bains de sang en proposant à des métamorphes de venir dans son clan, mais de l'autre, il défendait vigoureusement la limite entre la Ville et les bas-quartiers. Nowan était à peu près certain qu'il y avait un rapport avec la jeune femme. Autre hypothèse, il empêchait le gouvernement de capturer les prédateur en les dissuadant de passer la frontière.
-Ou les deux, réfléchit à voix haute Dorian.
Quoi qu'il en soit, cette humaine intéressait Zaëlan. Il n'y avait aucun doute possible. En plus du fait qu'elle était régulièrement vue à Grinnhouse. Peut-être avait-elle des informations confidentielles qui permettait à Zaëlan de peaufiner son plan pour détruire le gouvernement humain ?
Qu'importe ce que c'était : il fallait qu'il sache. Il fallait qu'il la trouve et qu'il l'interroge.
-Edwige ! gronda-t-il.
La métamorphe à la peau mate entra après quelques minutes dans le bureau de son maître. Elle lui sourit, manifestement pas pressée ou inquiète de ce qu'il pourrait dire, posa ses mains à plat sur le bureau noir et lui offrit un sourire éclatant.
-Oui, maître ?
-J'ai une mission pour toi.
-Sublime !
-Une mission n'entraînant la mort de personne.
-Alors je n'en veux pas.
Dorian la fusilla du regard. Edwige sentit les poils de son corps se hérisser. Elle déglutit.
-D'accord, j'en veux un petit peu. En quoi ça consiste ?
-Tu vas me surveiller cette humaine.
Il lança le dossier de Kateryna Riwald sur la table. L'espionne haussa un sourcil, remettant ses cheveux gris derrière son oreille, pour observer la photo de la jeune femme sur le rapport.
-Euh... une humaine ? Pourquoi ?
Dorian se plaça devant la fenêtre de son bureau et croisa les bras, admirant le paysage blanc, noir et parfois tâché de rouge qui s'étendait sous lui.
-Parce que j'ai l'intuition qu'elle pourrait nous servir pour détruire Grinnhouse.
Edwige sentit un frisson d'excitation monter le long de son dos. Un sourire étira ses lèvres. Avant qu'elle ne prononce un mot, Dorian ruina ses espoirs à néant.
-Je ne veux pas que tu la captures et que tu la tortures, Edwige. Pour l'instant, raconte-moi ce qu'elle fait. On verra la suite plus tard.
Edwige grommela des paroles incompréhensibles, mais en voyant le regard de son maître se porter sur elle, se dépêcha de s'incliner et de sortir de la pièce pour s'atteler à sa nouvelle mission. Avec un peu de chance, Dorian lui permettrait de la malmener un peu, si elle faisait bien son travail.
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Bizur les Métafous ! Comment allez-vous ? Vous avez aimé ce petit chapitre de 991 mots ? J'espère, en tout cas.
- vous la sentez comment cette rencontre entre Edwige et Kate ?
J'ai pas plus que questions que ça, je vous dit à dimanche pour un nouveau chapitre.
Auvouar !
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