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59e Bougie : Juste une prière

           Sébastien fixait Yann en silence. Il l'avait appelé « Aloé » cette âme jumelle que Lola recherchait depuis des mois. Lui ? Cela paraissait incroyable. D'un geste las, l'ancien agent passa une main dans ses cheveux, le temps de réfléchir. Il remarqua alors un regard lourd de sens, échangé entre le père et le gamin mystérieux ; ils se connaissaient, plus aucun doute possible. Son instinct d'enquêteur reprit aussitôt du service.

– Vous n'êtes pas ici par hasard, en vérité, l'accusa Sébastien d'un murmure.
– Qu'est-ce qui vous fait croire cela ? s'étonna Yann, un sourcil levé.
– Lui.

           Son doigt désigna le sale mioche qui esquivait les questions comme une anguille. Ses deux interlocuteurs réagirent d'une même expression ébahie. Ils ne devaient pas s'attendre à le voir toucher juste ! Le cerveau d'Oster travaillait soudain à pleine régime, comme si cette révélation imprévue lui ouvrait des horizons insoupçonnés.

– Nous sommes coincés là, c'est ça ? Oh non... Vous avez besoin de moi, termina-t-il dans un souffle face à sa conclusion.

          L'approbation silencieuse du père de Lola serra son coeur un peu plus. Il ne comprenait pas encore quel rôle il allait bien pouvoir jouer, mais il anticipait déjà les ennuis à venir. Comme depuis des années, il parvenait à entrevoir l'avenir par sensations... L'origine de son don devenait évidente.

– Que dois-je faire ? demanda-t-il d'un air abattu.

          Une fois encore, Sébastien capta le coup d'oeil de l'enfant à l'adulte, sans toutefois en comprendre la portée. Comme si... Mais pourquoi monsieur Becquerel obéirait-il à un gamin ? A moins que...

– Il faudrait que vous deveniez Gardien du Temps, monsieur Oster, articula doucement Yann, comme pour ne pas l'effrayer.

          Il venait à peine d'apprendre que Lola était Gardienne du Destin et lui devait s'occuper du Temps ? Il se pinça l'arrête de son nez. Il ne comprenait rien à la situation...

– Oui, oui, oui... C'est d'une logique sans doute imparable, seulement vous m'autorisez à n'y rien comprendre, n'est-ce pas ? répliqua l'intéressé, un brin caustique.

          Yann hocha la tête de gauche à droite, pensif, non sans regarder à de nombreuses reprises l'enfant à ses côtés qui haussa juste les épaules. Sébastien ne possédait plus aucun doute sur leur relation... ni sur l'âge du « gamin ».

– Et je paris c'que vous voulez que lui, là, est plus âgé que n'importe qui sur Terre. Monsieur Becquerel, je n'ai aucune idée de votre rôle, à présent que vous êtes... mort... Néanmoins, sachez que je me méfie généralement de tout et de tout le monde. Sans une explication claire et précise, oubliez moi.

          Très fier de son discours qui posait ses revendications, il croisa les bras pour mieux attendre leurs explications. Oui, mais voilà... Il n'avait pas compté sur Lola qui s'effondra entre les bras de son père, soudain livide. Ni ce dernier qui le foudroya d'un regard peu amène, tout à coup.

– Il faut nous dépêcher, monsieur Oster ! Vous êtes l'unique personne à qui je peux demander de l'aide. Ecoutez... Lola essaye de courber la trame de l'univers, et vous avez déjà été témoin de cela, une fois. Seulement c'est différent, là. Nous ne parlons pas simplement de quelques tonnes de béton, mais de plaques terrestres qui glissent l'une contre l'autre ! Même moi je n'oserais jamais m'attaquer à une entreprise pareille ! Et croyez-moi si je vous affirme que je suis puissant. Vous commencez à comprendre ?

          Oui. Depuis longtemps, il le savait. Depuis le début, en vérité. Sébastien serra ses poings, sa mâchoire et ses sourcils. Elle méritait pire qu'une punition... Et... Il refusait de la perdre. Ses pensées se mélangèrent en vrac dans sa tête entre celles qui voulaient des informations et celles qui désiraient sauver la jeune fille.

– Elle va... mourir, c'est ça ? balbutia-t-il, la gorge serrée.

          Le père de Lola plongea son regard bleu dans le sien et ils échangèrent un dialogue silencieux. Sébastien comprit en quelques secondes que même lui ignorait tout de l'avenir, mais qu'il espérait la sauver. Ils possédaient le même objectif... Oster sentit toutes ses résolutions flancher d'un coup et sa tête se mit à tourner. Ses yeux cherchèrent les raisons à son malaise pour tomber sur l'enfant, soudain à ses côtés, qui lui tenait la main. Que...

– Vos vies sont liées, Aloé, révéla l'énigmatique petit personnage de son regard dur.
– Que dois-je faire ?

          Tant pis pour les explications. Il se sentait partir. Il ne voulait pas la perdre. Il n'avait aucune intention de...

          Un voile de lumière blanche éclatante interrompit ses pensées.

           John Smith raccrocha d'un geste sec. Affalé dans un fauteuil, il prit la peine de se lever pour se chercher un peu d'eau. Les cheveux en pétard, la barbe de cinq jours et le costume fripé trahissaient son laisser-aller évident du moment. Mais pour lui, le monde s'était soudain arrêté de tourner et retenait son souffle. Ses pas vers la fontaine à eau le firent passer devant de grandes fenêtres qui surplombaient un parking. Là, sous son regard fatigué, des centaines de bougies dansaient dans la nuit au rythme des cantiques et des prières. Certaines personnes s'étaient déplacées de très loin pour venir ici, juste pour espérer...

          Le miracle ne venait pas. Messiah et Sébastien, stabilisés, avaient échoué ici, en France, maintenus en vie artificiellement. Pour certains médecins, il s'agissait d'un profond coma, d'autres de mort cérébrale, les derniers ne comprenaient pas.

« God save Messiah » hurlait l'une des banderoles accrochée à une voiture.

          Le bruit caractéristique de la démarche d'Ayoub, dans son dos, l'avertit qu'il n'était plus seul. Le médecin veillait sur Oster tandis que Mei s'occupait de Messiah. Quant à Smith, il essayait surtout de faire comprendre au monde qu'il n'y avait plus d'espoir ; sans succès.

– Toujours rien, soupira le nouveau venu.

          Il préféra se taire. Dans l'avion, déjà, ils s'étaient disputés sur la meilleur décision à prendre. Et avec la conversation qu'il venait d'avoir...

– Je vais aller prier, moi aussi, reprit Ayoub, le regard brillant face à la dévotion de la foule au dehors.
– Ouais. Moi je descends, j'attends du monde...

          Les questions de religion, il préférait les laisser aux croyants. D'un soupir, il réfléchissait déjà à autre chose. Il n'avait jamais rencontré les proches de Messiah, mais face à la situation, il avait pris contact avec sa seule parente ; sa mère. Cette dernière était déjà en route pour l'hôpital lorsqu'il avait réussi à la joindre. Grâce aux journaux de télévision qui diffusaient en boucle toute l'affaire, il n'avait pas eu besoin de lui annoncer l'état catastrophique de sa fille.

          John Smith ne croyait pas en Dieu, mais il avait vu Messiah. Difficile de ne pas croire en elle, à défaut d'une entité omnipotente. Mais, pour la première fois de sa vie, il se montrait curieux. Sa mère ne s'appelait pas Marie, mais Juliette. Et son père biologique, s'il s'agissait de son vrai père, avait disparu dans des circonstances suspectes trois ans auparavant. Une famille « normale »...

          Lorsque l'ascenseur le mena au rez-de-chaussée, l'éclairage de l'accueil et la foule qui se pressait là l'agressèrent. Des journalistes se mêlaient aux curieux, aux bénévoles et aux agents de sécurité demandés par Smith. Son regard las surplomba la foule hurlante et plusieurs caméras se dressaient déjà dans sa direction. Il avisa rapidement la présence d'un grand type en costume et se rapprocha de lui en vitesse.

– Monsieur Wilkes ? Vous ne pourriez pas faire sortir tout ce monde ?
– Non, monsieur Smith. Ils reviennent à chaque fois et crient à la liberté de la presse... Une conférence ne serait pas du luxe, si vous voulez mon avis. Comment va-t-elle ?

          Mike ressemblait plus qu'à son ombre. Comme tous les proches de Lola, il avait suivi son passage aux Etats-Unis... Et les médias avait retransmis son rapatriement pour la France avec une précision et un intérêt certain. Son cœur brisé était à l'image de toute les personnes qui avaient un jour côtoyé Messiah. Smith ne savait plus comment annoncer les mauvaises nouvelles, alors il préférait ne rien dire. Son silence et son regard désolé suffisaient, à présent. Le chef de la sécurité se referma comme une huître et dissimula sa tristesse comme il put.

          La marée de journaliste s'ouvrit soudain comme la mer rouge devant Moïse et un groupe d'agents qu'il ne connaissait pas aida plusieurs personnes à entrer plus avant, dont une femme qu'il reconnut aussitôt : Juliette Becquerel. Smith reprit sa respiration comme un plongeur avant une descente vers les abysses et s'approcha d'elle.

– Bonsoir madame, je suis John Smith, que vous avez eu au téléphone.

          Il sentit les yeux bruns de cette femme le scruter avec une certaine hostilité. Elle dédaigna sa main tendue et répondit d'une voix sèche qu'il commençait à bien connaître.

– Bonsoir. Ces messieurs m'ont accompagnée. Hubert Markford, Pierre Markford et leur avocat, Maître Marcus. Montrez-moi sa chambre, je vous prie.

          Smith salua ses messieurs d'un signe de tête avant d'obéir en silence. Messiah aurait donc conserver des liens étroits avec les Markford... Cette nouvelle ne l'enthousiasmait pas. Car il connaissait très bien Stuart Marcus. Un virtuose du barreau, capable de s'attaquer à n'importe qui, à condition d'être payé. Or les Markford possédaient assez d'argent pour accuser la Terre entière, s'ils le désiraient.

– Vous m'avez dis au téléphone que les médecins n'avaient plus aucun espoir de les voir se réveiller ?

          Tandis qu'ils montaient vers les chambres, la question de Juliette brisa la tension palpable qui s'installait peu à peu entre eux. Smith sentait le regard des trois hommes dans son dos et il aurait échangé sa place avec Oster, s'il avait pu.

– En effet. Ils ne sont pas d'accord sur tout, mais pour eux, c'est...
– Peuh ! Chiffe molle, cracha la voix d'Hubert.

          Le tintement de l'ascenseur qui annonçait leur étage évita à Smith le ridicule de devoir se justifier. Il préféra reprendre sa route jusque devant les deux chambres privatisées. Dans le couloir devant elles, Ayoub priait sur son tapis, dans une dévotion saisissante qui immobilisa tout le petit groupe. Les yeux fermés, un chapelet entre ses mains, il murmurait avec une telle intensité qu'il n'avait pas du les entendre s'approcher. Le toussotement de l'avocat, que Smith supposa volontaire, réveilla le médecin anglais qui pivota son regard étonné vers eux.

– Pardon ! Je faisais juste une prière... Pour eux... Pour elle... Pour ce monde fou, un peu... La pauvre ! Elle a risqué sa vie pour des milliers d'inconnus et qu'obtient-elle comme remerciement ? leur demanda-t-il d'un hochement de tête désolé. Heureusement qu'il reste des gens pour croire en elle, pour croire en ce qu'elle représente !

          Seul un profond silence lui répondit, jusqu'à être brisé par Juliette, pâle, qui prit la parole de sa voix brisée :

– Et... Que représente-t-elle, pour vous ?

          À cette question, le visage grave d'Ayoub s'éclaira d'un grand sourire heureux. Il paraissait soudain transfiguré de bonheur. Il se releva avant de répondre, de sorte qu'il ne regardait plus les nouveaux venus d'en bas, mais d'en haut.

– La foi, madame. Lorsque j'ai rencontré Messiah, dans l'ombre du monde, je craignais pour ma vie tous les jours. Et elle s'est mise à briller, à voler devant moi, à s'échapper, à partir... À ses côtés, je me sentais soudain libre, vivant et confiant. Elle m'a fait retrouver la confiance en moi que j'avais perdu depuis bien longtemps. Messiah nous offre la foi en nous-mêmes... Et cela peut faire peur, comme exalter.

          Son auditoire demeura coi. Juliette sentait des larmes aux bords des yeux menacer de tomber, pareil pour les hommes Markford. Seuls Smith et Stuart demeuraient à l'écart, à se lancer des regards en biais.

– Pardon, je me suis laissé emporter, s'excusa-t-il presque aussitôt.
– Non, je vous en prie. Je suis heureuse d'entendre que ma fille a pu vous aider !

          Cette fois, ce fut au tour d'Ayoub de demeurer interdit à cette nouvelle. Puis ses sourcils se froncèrent et il désigna Smith d'un doigt accusateur.

– Aidez-moi, madame. Cet homme veut débrancher votre fille et l'autre homme, il les considère déjà morts !
– Mais... Bon dieu, Ayoub, vous êtes médecin, vous aussi, ou pas ? s'énerva immédiatement l'interpelé sous tous les regards accusateurs.

          Markford père ouvrit la bouche avec l'intention de rabattre le caquet à cet homme, lorsque l'une des portes s'ouvrit sur le visage rond et adorable d'une jeune fille à l'allure gracieuse, un grand sourire aux lèvres qui s'exclama dès qu'elle les vit :

– Vie ! Li Jie réveillé ! Venir, venir !

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