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56e Bougie : Cette toute petite lueur d'Espoir...

          Les premières secousses avaient été ressenties sur toute la côte ouest de Californie. Et le premier tremblement avait commencé à morceler Los Angeles. Pourtant, il ne s'agissait pas encore du « Big One », d'après les spécialistes. De ce fait, des fils interminables de voitures, cars, camions, bus, scooters, mobylettes, vélos, se dirigeaient dans un chaos absolu de klaxons, sonneries, sonnettes, cris, hurlements, pleurs, à travers les rues en partie défoncées. Tous fuyaient les répliques. Tous voulaient s'échapper... ou presque tous.

« Vous êtes sûre de vouloir faire ça ? » demanda dans la radio de l'hélicoptère le jeune pompier.

          Assise à l'arrière, Lola observait, le cœur serré, la population évacuer la ville en catastrophe, le cœur serré d'angoisse. Sa décision avait été prise dès que ses yeux s'étaient posés sur les informations, dans l'avion. Malgré les gémissements d'Ayoub, les maracas de Smith avec ses genoux et le silence accusateur de Sébastien. Dès qu'ils avaient atterri, elle avait exposé sa demande au gouverneur Newsom. Ce dernier l'avait sans doute considérée comme une folle quelques instants, avant d'approuver sa décision sans trop savoir s'il pouvait se permettre de refuser. Lui, comme tous les autres autour, étaient perdus, sinon terrifiés.

« Oui. Qu'ils se focalisent sur l'évacuation, je n'ai aucune idée si mon idée va fonctionner. » répliqua-t-elle plus sèchement que prévu.

          La jeune femme commençait à ne plus supporter devoir se répéter. Voilà bien la centième fois durant la dernière heure qu'elle remâchait à un inconnu. Elle n'en pouvait plus. Et cette fois, ni Smith ni Sébastien ni Ayoub ne l'aideraient. Ils la suivaient malgré tout, mais essayaient par tous les moyens de la dissuader « d'une telle folie ». Comme si elle avait le choix du contraire !

« Mais... Vous pourriez... »

          Le lieutenant de police fit signe au pompier de se taire. Lola le remercia d'un regard reconnaissant avant de reporter son attention vers les bâtiments détruits en contrebas. Ils arrivaient près de l'épicentre, là où Los Angeles ne ressemblait déjà plus qu'à un tas de cailloux. Des équipes de secours continuaient de se démener afin de sauver le plus de personnes, malgré le danger de plus en plus imminent sous leurs pieds.

« Nous arrivons ! » déclara soudain le pilote dans la radio.

          Sitôt l'appareil posé, Lola en descendit sans attendre les cinq personnes qui l'accompagnaient. Là, plusieurs chefs d'équipe l'attendaient et commencèrent à parler tous en même temps. Encore une fois, ce fut l'agent de police qui fut le plus efficace : il siffla entre ses doigts, réclama le silence et s'occupa de collecter les informations. Du peu qu'elle avait compris, il vivait en France avant son remariage avec une artiste américaine. Il parlait donc bien mieux anglais qu'elle. Elle le laissa donc gérer cette partie de son plan et s'éloigna de leur discussion animée.

          Sous ses pieds, le sol craquelé de bitume lui rappelait qu'elle n'était pas ici pour les aider. Elle le ferait, bien sûr, mais uniquement s'ils n'avaient pas le choix. Sa seule et unique préoccupation, pour le moment, relevait de géologie. Lola comptait envoyer ses forces assez loin et profondément dans la croûte terrestre afin de déterminer le temps qu'il restait avant le prochain tremblement de terre.

          Et l'empêcher.
          Peut-être.
          Essayer.
          Le tout pour le tout, comme on dit.

– Lola...

          Un chuchotement presque imperceptible l'incita à relever sa tête. Ses yeux inquiets tombèrent aussitôt sur Sébastien, la mine basse et le visage bourrelé de remords. Il ressemblait de plus en plus à un chiot avec cette tête d'idiot... Devait-elle rire ou pleurer ?

– Je suppose que quoi que j'en dise, vous n'en ferez qu'à votre idée, hein ?
– Tu supposes bien. Tout comme tu n'en fais qu'à la tienne ! Tu vois, nous sommes bien assortis, non ?

          Sa réponse, plus sèche et désagréable qu'elle ne l'aurait désiré, ne fit que courber un peu plus les épaules de cet imbécile. Il soupira.

– Lola... Je... Enfin...
– Stop, l'interrompit-elle sans ménagement. Pas d'excuses. Pas de remords. Pas de regrets.

          Les grands yeux vert un peu humides posés sur elle s'écarquillèrent de surprise. Elle venait de poser son index sur ses lèvres afin de l'empêcher de parler. Ils se regardèrent un long moment en silence. Là, Lola émit un sourire indescriptible, mélange de tendresse, de larmes, de joie, de courage et... d'autre chose.

– J'incarne l'Espoir, Sébastien.

          Sa main retomba sans un mot de plus tandis que le policier se rapprochait d'elle, accompagné des chefs d'équipe, les mines soucieuses fixées sur elle.

– La majorité n'a que peu d'espoir de retrouver des survivants, mais l'un d'eux m'a informé que la brigade canine auraient senti quelque chose dans un immeuble. Voulez-vous aller voir chaque point avant de...
– Non. Je n'ai pas le temps.

          Elle s'exprimait en anglais, nettement amélioré depuis ses années de lycéennes, même s'il demeurait pas terrible à ses yeux. Fort heureusement, personne ne s'en formalisait et son auditoire l'écouta exposer ses projets dans un silence pesant.

– Je vais aller sonder les décombres où vous avez vraisemblablement trouvé des rescapés, mais je dois ensuite me préparer pour la suite. La dernière fois que j'ai sondé la terre, j'ai du effectuer des traits de cent mètres au pire des cas, là, il va me falloir atteindre les quatre kilomètres au grand minimum... Je serai sans doute incapable de vous aider après cela... Donc...

          Malgré le stress qui faisait battre son cœur assez fort pour diminuer son audition, elle les entendit clairement murmurer leur perplexité face à ce qu'elle venait de suggérer. Même s'ils ne comprenaient pas exactement ce qu'elle comptait faire, ils saisissaient l'idée générale. Et rien que cela, cela les effrayait. Ils n'étaient sans doute pas les seuls, d'ailleurs, car Sébastien se rapprocha d'elle en silence. Elle les ignora tous et continua.

– Que l'on soit bien clair, messieurs... Personne, et je dis bien « personne », ne me dérange avant que j'en donne l'ordre ou que je m'effondre sur place, est-ce que c'est bien compris ?

          La jeune femme leva sa main pour arrêter le concert de plainte qui allait se déchaîner à ses côtés et reporta son attention sur le policier qui les avait accompagné jusqu'ici.

– Allons nous occuper de cet immeuble, d'abord, lieutenant Murphy.
– Messiah ! s'insurgèrent ses trois compagnons d'aventure dans un bel ensemble.
– Venez, vous allez m'aider !

          A leur grande surprise, sans doute, ils entreprirent de la suivre. Ils se tassèrent dans une jeep jusqu'à un quartier encore plus ravagé que les autres. Durant le trajet, le chef d'équipe en treillis vert entreprit de se présenter et de l'informer de l'état des lieux. 

– Je me permets de me présenter, Mike Hughes, colonel du second bataillon du génie militaire des States. Mon équipe commençait à relever les pans de mur, lorsque l'un des chiens sur place a détecté une forme de vie, plus profondément enfouis. Nous avons demandé à un autre chien de confirmer l'info et il semblerait qu'il y ait bien quelqu'un d'encore vivant sous ces tonnes de béton...

          Lola l'avait salué de la tête, incapable d'en placer une. Elle ne comprenait qu'un mot sur trois - ou quatre - mais Murphy lui traduisait, par automatisme. Lorsqu'ils arrivèrent sur les lieux, toutes les équipes de secours, que ce soit la recherche, les soins, la sécurité ou la géologie, s'activaient comme autant de fourmis. Malgré l'absence des habitants, l'endroit n'avait jamais été aussi bruyant. Le colonel reprit alors la parole, un air désolé et fataliste sur la figure :

– C'était y'a plus de douze heures, m'd'ame. Et mon équipe a pas chômé, mais il reste des mètres avant d'atteindre la poche d'air et nous n'avons plus de réponse des chiens, donc...

          L'approche du crépuscule empêchait une bonne visibilité, mais malgré cela, elle comprit immédiatement le problème : il s'agissait d'un immeuble de plusieurs dizaines d'étages qui s'était effondré sur lui-même, sans doute fragilisé d'avant la catastrophe.

– M'd'ame ?
– Oui, pardon.

          La jeune femme pâlissait de minute en minute. De loin, les hommes qui s'activaient à sauver les rescapés ressemblaient à des fourmis. De près, l'odeur nauséabonde, la poussière, les cris, les traits marqués de fatigue et d'inquiétude, rendaient le spectacle face à elle terrifiant et morbide. L'un des hommes lui tendit un masque qu'elle plaça sur son nez, d'une main glacée, sans même s'en rendre compte. Un autre alluma d'énormes projecteurs qui éclairèrent les gravats encore en place, malgré deux immenses bras mécaniques qui soulevaient péniblement d'énormes portions de béton. Ils devaient au moins être une cinquantaine sur place, à travailler, qui avec une brouette, qui avec les instructions aux grutiers, qui avec la logistique, qui avec des rations pour ne pas perdre une seconde... Le cœur et l'estomac de Lola se soulevèrent en même temps. Elle s'empêcha tellement de vomir que des larmes lui montèrent aux yeux.

– Ca va aller ? demanda le colonel.
– Oui, oui, souffla-t-elle pour seule réponse.

          Ils approchèrent et entrèrent dans le champ de vision des hommes trop fatigués pour les remarquer avant. Un souffle unanime de soulagement s'éleva et un silence absolu s'abattit sur toute l'équipe. Dans un bel ensemble, les machines s'arrêtèrent, les secouristes s'immobilisèrent, les chiens dressèrent leurs oreilles et Lola retint sa respiration.

– Messiah ! chuchotèrent plusieurs voix.

          Un sentiment de panique étreignit la jeune femme : et si elle n'était pas à la hauteur ? Et si elle ne pouvait rien faire ? Et si...

          Une main s'accrocha à la sienne : Sébastien. Lui aussi portait un masque. Lui aussi avait les yeux humides. Il regardait face à lui, de ce regard déterminé qu'elle connaissait bien. Il avait compris son message, plus tôt, et il la soutenait.

          Elle resserra ses doigts sur les siens en un remerciement silencieux. Il fit pareil.

– M'd'ame ? Je vous présente le doc' Carter, il devait estimer la quantité d'oxygène qui restait à la victime...
– Je suis désolé que vous vous soyez déplacée pour rien, mais nous sommes bien au-delà du temps imparti... 

          Tous les visages s'assombrirent. Tout le monde le savait déjà, mais personne ne désirait regarder la vérité en face. Le colonel Hughes hocha la tête, contempla ses hommes un à un et décida d'être le méchant dans l'affaire. 

– Si vous voulez laisser tomber, mes hommes et moi, on comprendrait...  

– Reculez tous, répliqua Lola, les sourcils froncés.

          La jeune femme avait clairement vu qu'aucun ne désirait vraiment perdre espoir. Même s'il était infime, ils conservaient l'envie d'y croire. Que tout n'était pas que mort et désolation autour d'eux. Ils avaient besoin de cette toute petite lueur d'espoir...

– Merci, m'd'ame, chuchota le colonel avant de se tourner vers ses hommes et beugler. Tout le monde met dix bons mètres de distance avec la cible, exécution !

          Elle sentit la main de Sébastien se relâcher, mais elle la retint quelques secondes supplémentaires.

– Je dois savoir avant de commencer, Seb. Tu as retrouvé toute ta mémoire ?

          Un instant de flottement suivi, il parut durer une éternité. Peut-être car elle ne respirait plus ?

– Depuis que je vous ai retrouvé, elle m'est revenue par à-coups à chaque seconde qui défilait. Je pense tout avoir récupéré, ou presque. C'est pourquoi, je...
– Non. Ne dis rien. Ce n'est pas le moment. Recule, toi aussi.

          Ce n'était pas le moment de lui révéler la vérité. De devoir lui dire qu'ils étaient liés et qu'elle avait sans doute risqué sa vie en Chine et qu'elle allait sans doute recommencer, ici. Mieux valait régler cela un peu plus tard. Si possible, lorsqu'elle aurait réussi à faire le point sur ses propres sentiments aussi ambiguë que contradictoires. Elle ne pouvait pas vivre sans lui, mais donnerait tout pour l'éloigner d'elle. Il avait joué le rôle de son père adoptif des mois avant de devenir son meilleur ami, puis son majordome à tout faire. Une seconde elle l'aimait, l'instant d'après elle avait des envies de meurtre... Non. C'était bien trop le foutoir, même dans sa tête.

          Lola s'était rapprochée des premiers débris tandis qu'elle réfléchissait à Sébastien. Elle posa ses mains sur une grande plaque de béton, encore enfouie sous une bonne tonne d'autres, mais qui ressortait de l'ensemble. Réussir à cartographier avec précision la maison où elle avait été enfermé à Nanning lui avait au moins appris à maîtriser ses pouvoirs avec plus de précision. D'ailleurs, elle n'avait pas de « pouvoirs », mais réellement une « énergie » qui ne dépendait pas de ses cinq sens, au final, mais plutôt de sa conscience. Elle pourrait parfaitement ressentir toutes les personnes autour d'elle sur plusieurs mètres sans avoir besoin de toucher, en théorie, du moins. En pratique, cela demandait une telle quantité de force qu'elle préférait l'utiliser pour des choses plus utiles, comme sauver des vies... ou empêcher un tremblement de terre. Quoi que cette dernière hypothèse aussi, c'était de la pure théorie.

– Je l'ai trouvé. Un enfant, je dirais, inconscient et en hypoxie.

          Plusieurs voix fusèrent : des questions, des inquiétudes, des demandes pour reprendre le déblaiement... Certains s'élançaient déjà à l'assaut des gravats lorsqu'ils s'arrêtèrent tous d'un coup. Encore une fois, elle leur imposa le silence ; un pan de mur, encore enfoui jusque là, commençait à se soulever seul devant leurs yeux ébahis. Bien évidemment, ils avaient entendu parler des guérisons « miraculeuses » et de l'hôpital qu'elle avait fait tenir debout pendant plusieurs heures, mais être témoin, de visu, c'était autre chose.

– Messiah ? questionna Sébastien, l'un des rares à ne pas contempler, ébahis et admiratif.
– On a plus le temps ! Il doit être sorti maintenant ou il mourra ! Et je dois me dépêcher, moi aussi ! cria-t-elle de rage.

          Elle sentit des regards interrogatifs derrière elle.

– Je n'aurai pas besoin d'aller plus loin ou plus profond pour savoir quand aura lieu le prochain tremblement de terre ! Nous sommes pile au-dessus du prochain épicentre !

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