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44e Bougie : Le monde est petit

            L'immense salle de réception bruissait de conversations, de vêtements clinquants et d'éclairage artificiel. Une foule impressionnante s'était rassemblée ce soir et souriait d'un plaisir plus ou moins partagé. Des politiciens côtoyaient des banquiers, des acteurs, des mannequins, des sportifs de renom et même des personnalités moins connues. Toutes les personnes présentes possédaient soit un nom, soit une fortune, soit les deux.

           Il n'existait qu'une seule exception à cette règle : plusieurs figures religieuses occupaient quelques canapés dans un coin, en grande conversation théologique. Ils ne s'intéressaient à aucune autre personne dans la salle sinon celles autour d'eux. En même temps, ils étaient tous aussi rouge les uns que les autres, preuve que leur discussion devait plus ressembler à une dispute qu'autre chose.

           Mike Wilkes émit un léger sourire amusé face à cette découverte. Les responsables religieux avaient beau affirmer que Messiah n'était qu'une usurpatrice ou un faux messie, aucun ne se serait éloigné d'elle. Bien au contraire ! Tous essayaient tant bien que mal d'obtenir des réponses de sa part sur sa réelle nature, comme des assoiffés en plein désert...

« Hey Mike, arrête de rêver ! » retentit une voix dans son oreillette.

          Le responsable de la sécurité se redressa d'un coup et rechercha d'instinct Sébastien qui venait d'apparaître en haut des escaliers d'apparat. Il lui répondit que tout allait bien d'un ton contrit.

« Qu'est-ce qui occupait ton esprit pour te déconcentrer à ce point ? »

          Sébastien s'accouda à la rambarde en marbre et regarda dans la direction que lui désigna Mike d'un signe discret du menton. L'imam risquait à tout instant de tirer les favoris du rabbin qui l'ignorait au profit d'un pasteur, lui-même assailli par un prêtre. Aucun ne s'intéressait au reste de la salle qui les ignoraient tout autant.

– Toujours dans les pieds, ceux-là, murmura Oster, pensif.

          Un homme un peu engoncé dans son costume, d'une quarantaine d'année, châtain délavé aux yeux marrons, s'approcha soudain de lui, tout sourire, les yeux brillants de plaisir.

– Sébastien ! Alors, est-ce que notre invitée d'honneur est prête ?

          Il se força d'un sourire et prit la main tendue vers lui de la sienne. Son instinct l'averti qu'une somme conséquente de regards venaient de se braquer dans leur direction.

– Elle ne devrait plus tarder, monsieur Höherwert*.

          Responsable d'une marque de luxe connue dans le monde entier, Alain Höherwert désirait une « petite soirée informelle entre amis » avant d'avoir été rattrapé par les événements. Dès qu'il avait obtenu la confirmation de la présence de Lola, un nombre incroyable « d'amis » avaient demandé à venir. Le bouche à oreille avait fait le reste. Sa « petite soirée » s'était transformée en moins d'une semaine en réception fastueuse, grands discours et présence quasi obligatoire du gratin parisien.

– J'en suis heureux. Beaucoup ne sont venus ici que pour elle, après tout ! Ha ha !

          Loin du multimillionnaire coincé, Alain prenait toute l'affaire avec bonhomie et pragmatisme. Face à l'engouement général pour sa réception, il avait transformé l'ensemble en soirée caritative au profit de plusieurs associations diverses et variées. Le billet d'entrée pour apparaître ce soir se définissait à coup de milliers d'euros et devenait un acte charitable. Même si la vérité était plus noire et égoïste, au moins profiterait-elle à d'autres.

– Ne soyez pas si modeste, monsieur, votre renom à lui seul...
– Oh non ! N'agissez pas comme tous ces bonimenteurs, Oster ! Par pitié ! Nous devions n'être qu'une cinquantaine au grand maximum et beaucoup n'avaient pas confirmé leur présence... Regardez ! Une salle comble, ici ! Encore une dizaine et nous aurions terminé par nous marcher dessus comme un ban de sardines ! Ridicule...

          Un léger toussotement derrière lui le fit sursauter et se retourner du même élan. Lola venait d'arriver de la suite réservée à son attention pour se changer. Alain et Sébastien restèrent sans voix quelques secondes avant que l'hôte de cette soirée ne vînt se rapprocher d'elle, tous sourire.

– Messiah, quel plaisir ! Je suis fier et honoré que vous ayez accepté d'endosser ce chef d'œuvre !

          Monsieur Höherwert avait fait travailler ses créateurs d'arrache-pied afin de proposer plusieurs idées de robes pour elle, ce soir. Il désirait l'utiliser comme modèle pour sa marque... Sébastien avait incité Lola à accepter, non sans un gros chèque en échange, afin de compenser les charges diverses de leur quartier général. Habituée par Markford à ne porter presque que des robes en public, Lola s'était pliée de bonne grâce. Et ce soir, elle resplendissait dans cette création unique de rouge et d'or qui rehaussait son teint et captait tous les regards.

– Tout le plaisir est pour moi, monsieur Höherwert ! Cette robe est magnifique et je suis enchantée d'avoir le plaisir de la porter.

          Lola esquissa un sourire aussi confiant que possible. Seul Sébastien sentit son malaise latent. Les mondanités n'avaient jamais été « son truc » et elle venait de passer deux semaines à apprendre des pas de danse, quitte à y passer des nuits blanches. Il avait bien essayé de la restreindre, mais il devait s'avouer vaincu d'avance. Retrouver l'usage de ses jambes et apprendre qu'elle allait parader en robe de haute-couture avaient suffi à la transformer en furie. Non pas que cette soirée l'enchantât particulièrement, mais risquer de faire honte à toutes les personnes qui croyaient en elle la rendait malade.

– Nous feriez-vous l'honneur d'un discours, très chère ?

          Le richissime quadragénaire se pencha sur la main de Lola pour y déposer ses lèvres avec un plaisir évident. Oster remâcha sa colère et détourna les yeux pour mieux supporter l'état actuel des choses. Alain Höherwert n'était, ni le premier, ni le dernier, à succomber au charme de sa protégée. Encore moins à désirer séduire la seule personne sur terre capable de lui assurer une longue vie dénuée de soucis de santé...

– Oh, si vous le désirez, monsieur Höherwert, mais...
– Appelez-moi donc Alain, en privé, ma chère. Tant de formalité entre nous... Nous sommes associés, n'est-il pas ?

          Lola sentit son sourire se crisper sur son visage et sa gorge s'assécher, alors elle approuva d'un simple hochement de tête, non sans lancer un regard vers Sébastien. Elle espérait autant une réaction de sa part que l'inverse. Ce paradoxe l'empêcha de parler durant un moment. Fort heureusement, son interlocuteur ne sembla pas ému par son silence et se redressa, très fier de lui.

– Parfait ! Allons vous présenter à tous nos invités ! Ils sont tous tellement impatients de vous être présenté !

          Dans son coin, Sébastien remâcha une fois encore une réflexion désagréable et se recula dans l'ombre de la jeune fille. De là, il allait observer la suite de la soirée sans jamais la lâcher d'une semelle. Monsieur Höherwert avait approuvé quand il lui en avait parlé, sans même chercher à remettre en cause sa décision. Comme s'il se fichait de sa présence ou non. Certes, cela arrangeait Oster, mais il s'était senti vexé malgré lui. Aux yeux du grand public, il n'était rien d'autre qu'un pion...

         Alain entoura la taille de Lola d'une main comme pour l'inciter à avancer. Elle s'exécuta, non sans lancer vers Sébastien un regard implorant. Désirait-elle son aide ? Ou ses pensées personnelles venaient-elles de lui échapper ? Son chevalier servant soupira, incapable de statuer et décida de ne rien faire. Malgré l'attitude de leur mécène, ils avaient bien trop besoin de son argent pour faire de caprice. Néanmoins, il se jura en son for intérieur de trouver d'autres sources de revenus dans le futur, afin de lui épargner encore ce genre de scène.

« Quel vieux beau ! T'as eu raison de m'interdire de venir, j'ai envie de lui fracasser le nez, tu ne peux pas savoir ! »

          La voix de Gaël dans son oreillette le renfrogna. Son regard chercha la caméra de sécurité la plus proche pour la fusiller de son œil noir. Un rire enfantin résonna alors et la voix reprit :

« Oh, ça va ! Ose-me dire que t'as pas envie de lui refaire son portrait, toi aussi ! Plus le temps passe et plus il ignore les personnes autour de Lola. Ce ne serait pas étonnant que d'ici la fin de la soirée il lui fasse une demande officielle de mariage, tien... »

          Les poings de Sébastien se serrèrent. Au bord du balcon, Alain Höherwert parlait à une foule silencieuse aux côtés de Messiah tout sourire, mais crispée. Elle essayait d'esquiver le contact de la main passée dans son dos, sans succès. Pire, les doigts de l'homme s'amusaient à bouger et se serrer par moment, comme pour jouer avec elle...

« Bordel Seb, si tu n'fais rien je viens ! »

          Mais jusqu'à quel point pouvait-il remettre leur mécène à sa place avant de craindre l'incident diplomatique ? Il décida d'attendre, au moins, le discours de Lola qu'elle avait répété inlassablement depuis une semaine. Dès qu'elle prit la parole, Sébastien se rapprocha du faux blond et lui tordit la main jusqu'à son propre dos, sans perdre son flegme.

– Mais... Bordel, que faites-vous, Oster ? baragouina dans un souffle Alain.

          Et tandis qu'il essayait de conserver son sourire de circonstance, il sentit le souffle chaud de Sébastien lui raser le cou tandis que l'agent lui offrait, à lui aussi, un petit speech de circonstance.

– Au cas où vous ne soyez pas informé, Messiah est sous ma protection et c'est à moi de juger ce qui est, ou ce qui n'est pas, autorisé vis à vis d'elle. En l'occurrence, à moins de son aval, vous serez prié de conserver vos mains loin de sa personne, au risque d'y perdre un doigt. Vous n'êtes pas le premier à vouloir vous rapprocher d'elle, mais vous devrez le faire suivant ses règles ou accepter votre défaite. N'oubliez pas que ma présence dans son ombre n'est pas anodine. Je garde à l'œil tout le monde. Et pour votre information, pour mes agents et moi-même, seule Messiah compte. Manquez-lui de respect encore une fois et vous devrez gérer un scandale people au lieu de voir vos profits augmenter. C'est vous qui avez besoin d'elle, pas l'inverse. Me suis-je bien fais comprendre ?

          Le bon vieux bluff.

– Lâchez moi ! siffla Höherwert.

          Sébastien se recula de nouveau alors que Lola terminait son éloge à leur hôte dans un tonnerre d'applaudissement. Il venait de parier gros sur ce coup-là, mais à sa grande surprise, le visage pâle d'Alain lui confirma qu'il venait de réussir. Leur hôte proposa son bras avec courtoisie à la jeune fille qui accepta d'un léger soupir discret. Ils descendirent les marches ensemble, suivis de près par un chevalier servant très fier de lui.

« Joli, professeur X ! Si tu te la joues vilain flic, est-ce que je peux faire l'hackeur fou qui affiche les dossiers coquins de ce type sur le grand écran ? »

          D'une toux, Sébastien dissimula son rire avant de répondre à Gaël, tout aussi hilare.

– Pas encore, Altab. Mais gardes les sous le coude. Je pourrais toujours le menacer avec ça, s'il recommence à faire l'imbécile.

          Durant les deux heures qui suivirent, Alain Höherwert déploya des trésors de sourire et de formulations fleuries afin d'accompagner Lola à travers sa horde d'invités. Il n'offrit aucune opportunité aux agents qui le surveillait de près, presque au désespoir de Sébastien, mais surtout Gaël. Tous les deux rêvaient de planter la soirée là et retourner à l'immeuble. Le premier car il n'avait jamais supporté les mondanités, le second pour espérer obtenir un câlin de Lola, loin du regard de Sébastien, de préférence...

          De son côté, Messiah essayait tant bien que mal de garder en mémoire les noms des personnes qui lui avaient été présentées ce soir, sans grand succès. Elle enregistrait « les plus importants » dans son cellulaire, sur le conseil de son hôte, mais avait la sensation nette d'être noyée sous la masse. Fort heureusement, Alain Höherwert avait arrêté de la coller d'aussi près, sans doute grâce à l'intervention de Sébastien plus tôt.

          Au moment où elle espérait pouvoir respirer seule quelques minutes, un autre quadragénaire tout sourire et bien habillé se rapprocha soudain d'elle, à distance respectueuse.

– Bonjour, Messiah. Laissez-moi me présenter dans les formes, je m'appelle Vladimir Kunzthaler, expert-comptable et président directeur général de Konpta, une entreprise spécialisée dans la gestion des biens d'entreprise. Et je suis particulièrement enchanté de vous rencontrer enfin !

Publié le 09/05/18

*Comme pour Markford, j'ai préféré ne pas utiliser un vrai nom, mais ici aussi, je me suis inspirée d'une personnelle réelle.

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