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32e Bougie : L'inconnu fait peur

Pour ce chapitre, il est fortement recommandé d'avoir lu Le Passeur de Mondes avant.

– Avez-vous conscience que vous pourriez être désignée comme Al-Dajjâl ? L'Imposteur.
– Le terme même de « Mashia'h » signifie en hébreu « onction d'un homme dans de l'huile d'olive », le saviez-vous ?
– Le réel messie est le roi oint.
– Nous attendons un Messie, un roi, un libérateur. Le Christianisme attend le retour de Jésus. Et vous... Vous êtes...
– Que cherchez-vous à accomplir ?
– Une femme qui se prétend messagère divine...
– Vous n'êtes encore qu'une enfant.
– Une gamine.
Rien.

          Lola sursauta et bondit sur son céans, la respiration saccadée, le regard affolé, couverte de transpiration. Ses yeux révulsés fixaient ses jambes tremblantes alors que les paroles des hommes de foi dansaient dans son esprit. Seuls certaines phrases, certains mots, certaines réactions lui revenaient encore en mémoire.

– Lola ?

          Des larmes effleurèrent à ses yeux aussitôt. Cette voix ! Elle la reconnaîtrait entre mille ! C'était lui ! C'était...

– Papa !

          Elle bondit de la plate-forme blanche où elle était allongée et fonça vers le fond de la pièce où la forme sombre de son père se tenait. Un reflet de lumière éclaira son visage qui souriait avec bonheur, alors qu'il écartait ses bras pour serrer sa fille à l'intérieur, lui aussi en pleurs. Ils restèrent enlacés plusieurs minutes en silence, sans rien dire. Puis, Yann l'écarta de lui pour la contempler de bas en haut, le regard fier. Un hoquet de surprise ébranla alors Lola qui examina la pièce avec étonnement : un endroit d'une blancheur immaculée, avec une seule ouverture sur l'espace... et son père ! La jeune fille reporta sur lui son regard affolé.

– Nous ne devrions pas pouvoir nous parler... Et tu... Ton apparence...

          Un doigt de son père posé sur ses lèvres la fit taire immédiatement. Il continuait juste de sourire avec tendresse. Leurs cœurs serrés, mais liés de la joie de se retrouver, même une brève seconde de plus...

– Une partie de moi désirait te revoir et j'ai senti ton appel. Tu sembles de mieux en mieux t'habituer à tes capacités, je suis fier de toi...
– Appelé ? Mais ça fait plus d'un an que je pleure après toi ! Pourquoi maintenant ? Pour...

          Lola s'interrompit. Elle repensa à son passage dans l'Emeth et aux derniers événements. Yann approuva d'un signe de tête, comme s'il venait de lire dans ses pensées, ce qu'elle soupçonnait fort possible, compte tenu de sa nouvelle position dans l'univers.

– Ta faculté à me parler peut disparaître d'une seconde à l'autre, ma chérie, je serai bref : bats-toi. Les réponses et les solutions sont rarement celles que tout le monde espère, car elles sont là pour obliger à changer, s'améliorer, grandir et se remettre en question. Et je suis bien placé pour savoir que le changement peut effrayer... Mais tu es forte, Lola. Montre-leur à quel point tu es forte et tout ira bien.
– Mais...

           Elle attrapa sa main qu'il venait de déposer sur sa joue. Et ses lèvres remuèrent à nouveau, sans qu'aucun son n'en sortît...

          Une forte lumière l'éblouit et tout disparut...

– Lola ? Vous m'entendez ?
– Papa...

          Ses paupières papillonnèrent et ses yeux sombres se fixèrent sur l'ombre masculine à son chevet. Le décor habituel de sa chambre de la demeure Markford l'éclaboussa et une puissante sensation d'abandon lui fit refermer ses paupières.

– Vous n'êtes pas mon père, murmura sa voix éraillée.
– J'en suis désolé, Lola, chuchota Sébastien d'un ton angoissé.

          La main fraîche de l'homme passait sur son front avec régularité ; il la caressait avec douceur et gentillesse. Elle daigna rouvrir ses yeux et les fixer sur lui, mais n'y découvrit que deux abîmes de souffrance contenue.

– Je suis restée inconsciente longtemps ?

          Il sembla hésiter un instant avant de répondre, mais les larmes qu'il retenait le trahissaient.

– Assez, oui.

          La jeune femme lui offrit un léger sourire tendre. Il s'inquiétait tellement pour elle et son visage ravagé par l'inquiétude ressemblait à un fleuve après la mousson. Pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré, elle le trouva « mignon ». Pas de quoi fouetter un chat, pauvre bête, mais assez pour l'attendrir. Une autre vérité lui éclaboussa la figure juste après : elle ne le détestait plus et lui faisait entièrement confiance.

          De son côté, Sébastien n'osait plus parler. Elle délirait depuis trois jours et il s'était senti devenir fou peu à peu. Personne n'avait réussi à le faire quitter son chevet plus de dix minutes consécutives. En trente-six heures, il avait appris qu'elle représentait le centre de son univers et qu'un lien les unissait. Il n'avait juste pas encore déterminé lequel. Il pensait juste à la sermonner à son réveil, puis à lui faire jurer d'arrêter de l'inquiéter, avant de prier tous les Dieux qu'il connaissait pour la faire guérir rapidement, qu'importait le reste.

– Je crois que j'ai revu papa, souffla sa petite voix faiblarde par la fièvre.

          Père disparu, jamais revu, corps non retrouvé. Un mort enterré. Donc elle parvenait à voir les gens décédés ? Un frisson parcourut son échine alors qu'il décida de répondre le plus évasif possible.

– Ah ?
– Nous n'avons pas réussi à parler longtemps... Je ne suis d'ailleurs pas bien sûr de moi... Je délirais peut-être... Mais ça semblait si réel...
– Vous n'avez pas quitté ce lit depuis...
– Je sais, le coupa-t-elle. Sébastien... Le monde est un mille-feuille géant à côté d'autres mille-feuilles identiques dans une belle boulangerie.
– Hein ?

          Elle venait de le perdre en quelques mots. Il sentit bien qu'elle essayait de lui expliquer une notion importante, alors il se pencha un peu plus vers elle pour mieux l'écouter. Mais son esprit avait du mal à la suivre.

– Nous vivons dans une couche de ce mille-feuille que nous appelons « réalité », mais en vérité, il en existe d'autres... Différentes, grandioses, angoissantes, étranges... Et à côté de nous, d'autres encore, presque identiques à la notre, mais légèrement différentes. Tout cela contenu dans un univers qui n'est rien d'autre qu'une partie de tous ceux existants.

          Lola marqua une pause durant laquelle elle reprit sa respiration. Sébastien fit de même. Il avait l'impression de se noyer.

– Sébastien... Il existe un endroit qui représente l'origine de tous les univers. J'étais là-bas durant quelques instants. Mon père s'y trouvait et m'attendait. Je l'aurais appelé et j'aurais réussi à y aller... Je n'ai pas envie d'avoir rêvé, tu comprends ?

          La main fraîche de l'homme se remit à caresser son front, tandis qu'il retrouvait un léger sourire. Il avait peur de comprendre le reste, mais le besoin de Lola de revoir son père, cela, il pouvait le concevoir.

– Oui. Et qu'est-ce qu'il vous a dit, votre père ?

          Elle avait refermé ses paupières et semblait s'endormir, mais elle lui répondit malgré tout, d'un ton grave.

– De me battre. Que les réponses et les solutions apportaient toujours du changement et qu'elles effrayaient tout le monde... Alors je dois commencer par vaincre ma peur... et puis ensuite, je, marmonna-t-elle tandis qu'elle sombrait à nouveau dans un sommeil réparateur, cette fois.

          Sébastien ricana. Même malade, elle continuait de le surprendre. Il se pencha sur elle pour l'embrasser sur son front et constata que sa fièvre venait de baisser sensiblement. Le médecin dépêché en urgence avait conclu à une fièvre nerveuse, mais lui, il avait déjà vu Lola dans cet état. Juste avant qu'elle veuille tant passer son bac...

– Je suis désolé de vous avoir lancée dans le grand bain si vite. J'ai été nul... Nous parlerons lorsque vous serez réveillée, demain. Dormez, maintenant. Je vous protège...

          Habillée d'une jolie robe en coton qui devait sans doute coûter les yeux de la tête, Lola fixait tous les hommes face à elle tandis qu'elle mangeait son premier repas depuis trois jours. Réveillée le matin même en pleine forme et de bonne humeur, elle avait laissé Sébastien dormir à moitié dans son lit avant de descendre prendre l'air dans les jardins. À cinq heures, elle ne pensait pas y trouver un attroupement armé digne d'un Quatorze Juillet sous plan Vigipirate*. Des agents de protection rapprochée, des mercenaires à la solde de Markford et des agents du gouvernement faisaient le planton non sans s'observer en chiens de faïence.

          Trois heures et demie plus tard, elle avait avisé tout le monde qu'elle désirait parler aux responsables de tout ce déploiement de force autour d'un bon repas. Elle se retrouvait donc la seule femme face à Markford père et fils, le capitaine Virro, le responsable des agents de sécurité un certain Bernard Martin, un parfait inconnu du gouvernement, Sébastien et Mike ainsi que Stuart qui traînait derrière.

– Maggy a tellement raison, marmonna-t-elle en mâchant sa brioche tartinée de confiture.

          Sauf Hubert qui déjeunait avec elle, tous les autres assistaient au repas dans un silence religieux. Lola eut l'impression durant quelques minutes d'être une reine entourée de sa cour venue attendre la sainte parole. Ridicule.

– Donc vous êtes...

          Son regard se tourna vers le seul homme présent que personne ne connaissait. Il comprit le sous-entendu et remonta ses lunettes sur son nez avant de répondre d'une voix professionnelle et calme. Son ton froid donna la chair de poule à Lola.

– John Smith, responsable du lien entre vous et le gouvernement.
– Je suppose que vous avez conscience que personne ici ne croira sincèrement qu'il s'agit de votre vrai nom... Ou alors je m'appelle Pocahontas et personne ne m'avait prévenu ?

          L'accent humoristique qu'elle utilisa à dessein ne fut d'aucun effet. Seul Mike lui offrit un beau sourire. Elle le remercia d'un autre en retour. L'agent Smith conservait un sérieux papal.

– Lorsque vous aurez terminé avec mon nom, je vous informerai des décisions qui ont été prises à votre encontre.

          Lola se renfrogna face à son manque d'humour qu'elle jugeait presque grossier. Elle détestait les gens qui prenaient tout au sérieux, ils étaient ridicules. Même Sébastien était moins coincé que ce type ! Tiens, en parlant de lui, il venait de bondir de sa chaise et criait contre « Smith ». Ce dernier faisait mine de l'ignorer.

– Messiah est la responsable de son entreprise qui est parfaitement légale, vous n'avez aucun droit de la contraindre d'aucune façon ! Et elle ne quittera jamais cette demeure sans que je sache exactement qui vous êtes, « John Smith » !

          L'agent, impassible, fixait toujours Lola qui finit par le regarder en retour. Sébastien continua de lui asséner quelques vérités jusqu'à tomber à court d'argumentation. L'autre n'avait pas bronché, les mains croisées sur la table, ses yeux sombres vrillés sur elle. Lorsqu'il reprit la parole, toujours de son ton glacial, il jeta littéralement un froid.

– Sébastien Oster, ancien agent du bureau d'enquête interne du gouvernement pour les affaires spéciales, vous avez changé aux côtés de cette demoiselle. Après la réussite de l'opération Faucon Noir, je vous jugeais comme un maillon aussi insensible que d'une solidité à toute épreuve. Il faut croire que même le métal le plus solide finit par s'éroder...

          Smith continuait de fixer Lola. Il enchaîna, toujours pareil à lui-même.

– Vous n'avez pas à connaître mon vrai nom. Tout comme Messiah n'a pas à dévoiler le sien au monde entier. S'il vous faut une échelle de jugement, sachez que je suis le chef du chef de votre ancien chef. Et si je m'appelle John Smith sur cette mission, c'est pour une bonne raison.

          Il se redressa un peu, rajusta encore une fois ses lunettes carrées avant de reprendre, ses iris assez ancrés en Lola pour qu'elle remarquât enfin leur couleur gris foncé. Elle déglutit.

– Que l'on soit bien clair. Depuis que vous êtes devenu une personnalité médiatique officielle et que l'OMS ainsi que la majorité du corps médical aient reconnu vos capacités curatives, votre vie déjà menacée par certaines têtes internes devient la priorité numéro un de notre gouvernement. Nous aimerions une coopération pleine et entière entre nous, afin de faciliter la suite des événements... Et afin de régler ces divers détails et aplanir les difficultés, le président en personne m'a demandé de me charger de tous les détails.

          Pour la première fois depuis qu'elle l'avait rencontré, Lola vit le visage de cet homme se dérider pour un rictus aussi amusé qu'ironique. Elle s'attendit au pire pour la fin de son petit monologue...

– Pour résumer la situation, je suis John Smith, le médiateur entre l'ancien et le Nouveau Monde, mademoiselle Pocahontas.

Publié le 20/12/17

*Le plan Vigipirate en France est un dispositif du gouvernement pour lutter contre le terrorisme. Il augmente la vigilance, la prévention et la protection et cela se traduit par un accroissement du nombre de troupe qui circulent dans les lieux publiques afin de renforcer la sécurité des civils, entre autres.

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