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31e Bougie : Invités indésirables

          Jean-Jacques Morel replia son journal d'un geste sec non sans grogner en lui-même contre ce qu'il venait de lire. Cette « Messiah » faisait la une de tous les quotidiens français et devait apparaître même dans des journaux européens, voire même encore plus loin. Elle faisait le buzz pour deux raisons majeures : ce qu'elle prétendait être et ce qu'elle représentait possiblement. Le chef du bureau d'enquête interne du gouvernement pour les affaires spéciales ricana en lui-même contre cette mioche. Cet imbécile d'Oster venait de faire une belle erreur à l'avoir envoyée parler en public. Son refus de communiquer sur ses pouvoirs et leurs origines, sa volonté de rester neutre côté religion malgré son pseudo ridicule et ses réponses naïves face à la caméra partageait ses détracteurs entre ceux qui riaient d'elle et les derniers qui la prenaient pour une illuminée.

– Si seulement les résultats médicaux démentaient ses dons...

          L'homme connaissait assez l'étonnante faculté du gouvernement à endormir les consciences collectives. Le peuple ne représentait qu'un amas de moutons bêlants incapables de voir en face le berger près à les tondre à la première occasion. Cette gamine pouvait les aider à se réveiller, elle était dangereuse. Ses premiers essais pour s'en débarrasser n'avaient été que des désastres, mais avec de la chance, elle coulerait toute seule. Il suffisait de manipuler les médias afin de la montrer la plus folle et incapable possible. Un jeu d'enfant après l'émission de la veille...

– Patron ? Un certain agent Smith demande à vous voir, chantonna la voix de sa secrétaire dans l'interphone.
– Laissez entrer, Caroline.

          Smith ? Il ne connaissait personne à ce nom... Morel délaissa définitivement son journal et leva sa lourde carcasse afin de saluer le nouveau venu d'une poignée de main molle. L'agent ressemblait à un vieil aventurier blond et sans son costume trois pièces, il aurait pu passer inaperçu partout.

– Agent John Smith, je viens chercher le dossier que vous possédez sur « Messiah », monsieur Morel.
– « John Smith » ? Sérieusement ? ricana le chef du bureau.

          Contre toute attente, le visage avenant de l'inconnu se durcit assez pour laisser entrevoir une lueur presque malsaine dans son regard marron. Ses épaules carrées et ses mains qui rajustaient ses manchettes n'aidèrent pas Morel à se détendre. Le message paraissait assez clair : monsieur John Smith n'existait pas, il s'agissait d'un pseudonyme.

– Caroline ? Dites à Tréménec de ramener le dossier numérique de « Messiah », je vous prie, demanda-t-il via l'interphone. Je suppose que compte tenu de votre présence ici, vous possédez toutes les dérogations nécessaires pour obtenir ce dossier, mais me permettrez-vous de connaître votre affiliation ? demanda-t-il ensuite d'un sourire encourageant.

          Sa tentative de séduction laissa son interlocuteur plus froid qu'un glacier. « John Smith » se rapprocha de lui de son expression glaciale et lui répondit d'un ton qui n'admettait aucune réaction.

– Si vous désirez conserver votre poste, monsieur Morel, je vous conseille vivement d'arrêter de poser des questions à mon propos. Considérez d'ailleurs que vous ne m'avez jamais vu ici. Et ne vous occupez plus de « Messiah », me suis-je bien fait comprendre ?
– Vous débarquez ici sous un faux nom, me demandez le dossier de l'individu le plus étonnant que j'ai pu étudier de ma carrière et vous exigez que j'ignore et l'un et l'autre ? Savez-vous au moins à qui vous avez affaire, monsieur « Smith » ? râla Morel de sa grosse voix de basse.
– Et vous, monsieur Morel ? répliqua John de sa voix douce, le visage fermé.

          Ils se défiaient du regard lorsqu'un coup bref avertit le chef du bureau que Tréménec arrivait. Gaël pénétra dans la pièce un large sourire joyeux aux lèvres, ses écouteurs encore sur les épaules et plusieurs fils qui sortaient de ses poches. Son supérieur soupira intérieurement face à son allure débraillée d'adolescent en jeans t-shirt. Sans ses capacités en informatique essentielles à son service, il n'aurait pas supporté longtemps cet idiot.

          Face aux visages fermés et aux regards sombres des deux hommes à l'intérieur, Gaël déglutit non sans prier une seconde pour sa survie. Son chef semblait passer une journée exécrable et dans ce genre de situation, il en subissait les contrecoups. Quant à l'autre, il paraissait encore plus désagréable encore... Le bureau devenait une vraie chambre froide.

– Voilà le dossier que vous m'avez demandé, chef. Je peux faire autre chose pour vous ? s'enquit-il d'un air aussi motivé que possible.

          Morel allait répondre sèchement lorsque son invité lui coupa la parole sans remords.

– Vous êtes « Gaël Tréménec » ?
– Oui...

          Les deux agents du bureau en furent pour leurs frais, car John Smith laissa là leur conversation, récupéra des mains de Morel la clef USB et s'en retourna aussi vite et en silence que possible. Le visage déjà rouge de Morel devint cramoisi et Gaël préféra s'enfuir avant de finir en charpies à cause de ce grand type bizarre. Il préféra foncer vers son bureau et récupéra son portable pour y chercher un contact bien particulier : « Professeur X ».

          Le plafond blanc de sa chambre l'apaisait, mais ne l'aidait en rien à réfléchir. Sébastien se remémorait l'émission télé en boucle sans parvenir à l'oublier. Il s'en voulait de plus en plus de n'avoir pas réglé les questions théologiques avec Lola avant... À cause de sa bêtise, les deux hommes de foi s'étaient fait un plaisir de la malmener jusqu'à la faire craquer. Ils n'avaient été d'aucune douceur avec elle. Ils la détestaient sans même la connaître. Lola les terrifiait. Il avait senti leur peur malgré l'écran et la distance.

          Un bref coup à sa porte retentit dans toute la pièce comme un coup de fouet. D'un bond il se redressa sur son lit avant de se lever encore plus vite. Il se refusait à apparaître faible ou désemparé depuis...

– Je me permets d'entrer sans t'attendre, j'espère pour toi que t'es pas à poil ! lança la voix sarcastique de Margareth.

          Sébastien grimaça avant de soupirer de toutes ses forces. Voilà bien la dernière personne qu'il désirait voir... Elle comprit d'ailleurs parfaitement le message et gloussa puis referma la porte sans s'en soucier.

– Laisse-moi deviner, tu chouinais sur ton lit avant que j'arrive ?
– Qu'est-ce que tu m'veux, Margareth ? répliqua-t-il du tac-o-tac.
– Maggy, le reprit-elle automatiquement. Et je viens te remonter le moral, abruti.

          Sébastien passa une main dans ses cheveux d'un air las face à ses manières aussi contradictoires qu'étonnantes.

– Ce serait bien la première fois que tu ferais ça, tiens, grogna-t-il.
– T'en fais pas, c'est pas pour toi ou moi que j'prends cette peine. Mais pour la pauvre gosse que t'as laissé monter à l'échafaud médiatique !
– Mag...
– M'interromps pas, tu veux ? T'es aussi coupable que ces deux grenouilles de bénitier ! Markford a raison, tu n'aurais jamais du tolérer qu'elle y aille. Alors oui, tu veux te la jouer éducateur à la laisser faire ses choix histoire de grandir plus vite, mais t'oublies, pépère, que tu ne pourras jamais aller plus vite que la musique !
– Bordel, je sais tout ça, Maggy ! Je m'en veux assez, c'est bon !
– Non, c'est pas bon, triple andouille ! le coupa-t-elle non sans se rapprocher de lui. Faut que t'arrêtes de vouloir anticiper le futur ! Tu vas la blesser plus qu'autre chose et tu finiras à chaque fois par t'en vouloir comme le sombre idiot que tu es... Seulement je te connais... Oh oui, je te connais ! Tu t'es jamais excusé pour notre mariage avorté, la cérémonie annulée, nos amis rassemblés et le restes ! Ja-mais. Mais là il va falloir que tu te sortes les doigts du cul et que t'ailles faire amende honorable à cette mioche, Seb' ! Car si tu ne le fais pas, je le jure sur ta tête qu'elle va rouler ! Je n'aurai aucune pitié pour toi, cette fois ! Pigé ?

          Un silence de mort s'abattit dans la chambre. Margareth foudroyait Sébastien de ses yeux sombres de colère et lui se sentit rapetisser à mesure que les secondes s'égrainaient. Voilà bien la première fois depuis dix ans qu'ils reparlaient dans ce jour maudit... Il se rapprocha d'elle assez pour caresser sa joue de sa main, une expression désolée affichée sur son visage aussi pâle qu'un fantôme.

– Excuse-moi, Maggy... Je sais que ma décision ce jour-là, tu ne l'as jamais comprise... et que tu m'en veux encore. Je...

          Elle lui claqua la main avant de lui tirer l'oreille sans ménagement.

– Je me fiche de tes remords et du reste ! Pour ma part, ça fait belle lurette que je n'attends plus rien de toi, oublie-moi ! Aujourd'hui, ce n'est pas à moi que tu dois des excuses ! Va donc te vautrer aux pieds de cette pauvre gamine comme un homme qui a fauté et qui l'assume !

          D'un geste ample, elle le tira vers la porte avant de lui offrir un large coup dans le dos de la main, histoire de l'inciter à aller de l'avant sans l'attendre. Il essaya bien de se retourner pour lui répondre, mais un pincement imprévu sur ses fesses le força à revoir sa décision. Sébastien fonça donc vers la sortie sans plus attendre. Une fois à moitié dans le couloir, il se permit toutefois un coup d'œil rapide vers Margareth : le visage de trois quarts, elle semblait retenir ses larmes.

– Même si tu t'en fiches, je te demande pardon. Et merci...

          Par peur d'elle et pour ne pas la voir craquer, il referma sa porte dans la foulée. Il se savait lâche, mais imaginer cette femme forte s'effondrer l'angoissait au possible. Il soupira une fois dehors avant de sentir son cœur s'emballer. Sa confrontation avec Lola l'inquiétait presque autant, voilà bien une nouveauté.

          Et son téléphone sonna...

          Lola gémissait dans son lit. Son mal de tête ne cessait d'augmenter à force de ressasser ses déboires. Son sentiment d'avoir échoué ne cessait d'augmenter. Pourtant, elle était restée parfaitement honnête tout du long, elle n'avait fait qu'omettre certains détails. Mais rien à faire, le sentiment d'avoir été piégée, utilisée et rabaissée continuait de se répandre en elle. L'impression d'avoir fait face à une bande de chacals assoiffés de sang passait dans son esprit. Tant d'hypocrisie et de suspicion lui faisaient tellement mal au cœur...

          Quelqu'un toqua à sa porte avec douceur ou bien espérait ne pas être entendu. Pour éviter de parler et d'accroître la douleur, Lola préféra se lever non sans chanceler un peu dès que le sang pulsa plus fort. Une envie sourde de vomir la tenailla jusqu'à ce qu'elle ouvrît à un Sébastien aussi perplexe et étonné qu'elle. Il devait espérer qu'elle dormait, quant à elle, le voir lui renvoyait sa promesse de plein fouet au visage. Il venait pour lui faire la leçon et cette seule idée accrut encore sa migraine.

– Seb' je...
– Je dois vous parler.

          Ils venaient de s'exprimer en même temps. Et si Lola espérait pouvoir échapper au sermon, ses espoirs venaient de se briser en mille morceaux. De son côté, Sébastien réfléchissait bien trop aux formulations qu'il emploierait pour s'excuser pour remarquer dans quel état se trouvait sa protégée. En silence, elle l'invita à entrer dans sa chambre plongée dans la pénombre. Au prix d'efforts insoutenables, elle avait fini par se décider à tirer ses rideaux pour soulager ses yeux et espérer ainsi baisser son mal de tête ; sans succès.

– Je suis désolé si je vous dérange pendant votre sieste, mais c'est important, commença-t-il, mal à l'aise.

          Il ne la regardait pas en face, par crainte de se perdre dans ce qu'il devait lui dire. Mais à éviter son regard, il ne faisait que la conforter qu'elle allait s'en prendre plein la tête. Son anxiété croissait donc chaque seconde, avec sa douleur incessante et il ne lui fallut pas bien longtemps avant d'avoir l'impression de se tenir sur le ponton d'un vaisseau en pleine tempête.

– Seb'...
– Ces derniers temps, je vous ai volontairement laissé prendre des initiatives et...
– Seb', essaya-t-elle encore.

          Lola tentait presque désespérément d'attirer son attention, sans succès. Elle l'entendit partir dans un monologue sans parvenir à comprendre un traître mot, tant son sang pulsait derrière ses oreilles, doublé d'acouphènes ignobles.

– Seb'...

          Elle étendit sa main vers lui et se sentit partir vers l'avant aussitôt. Deux mains fermes s'agrippèrent alors à ses épaules et sa tête se laissa retomber en arrière. Deux bras prirent alors le relais et la seconde d'après, elle volait dans les airs avant d'être portée jusqu'à son lit comme une princesse. L'image la fit sourire malgré elle, car même si Sébastien avait des mœurs d'un autre temps, il passerait plus facilement pour le dragon qui la gardait prisonnière que le preux chevalier qui viendrait la délivrer.

          Lola sombra à cette pensée, tandis que Sébastien se retrouvait à veiller sur elle en attendant son réveil. L'univers semblait avoir décidé de le punir pour avoir tant tardé à venir la voir...

Publié le 15/12/17

Désolée du retard, une grippe a décidé de venir perturber ma semaine...

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