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30e Bougie : Clair-obscur

          Le rire tonitruant d'Hubert Markford résonna dans toute la pièce. Guéri la veille par Lola, il reprenait déjà des forces et retrouvait la joie de vivre. Une remarque taciturne de Sébastien venait de lui fournir une excuse toute trouvée pour profiter de ses pleines facultés pulmonaires. Depuis son réveil ce matin, plus personne ne pouvait d'ailleurs l'arrêter. Il essayait de marcher à la première occasion, riait aux éclats et parlait aussi fort que possible, quitte à fatiguer tout son personnel. Mais malgré tout cela, chacun souriait, heureux. Tous paraissaient ravis de revoir leur employeur en si bonne santé.

– Père, vous fatiguez tout le monde avec vos pitreries, le tança son fils d'un air faussement sévère.
– Toi, mon garçon, n'essayes pas de me faire de leçon, tu es trop jeune pour ça !

          Bien trop heureux, Hubert fit rouler son fauteuil à la poursuite d'un Sébastien bien décidé à le fuir comme la peste. Resté seul dans le salon, Pierre esquissa un sourire désabusé avant de reporter son attention sur la terrasse, où les deux hommes se chamaillaient – ou plus précisément, où Hubert harcelait Sébastien de questions. Un bref coup contre la porte et le visage sombre de Mike Wilkes pointa à l'ouverture.

– Seb' n'est plus là ?
– Dehors, il essaye de fuir mon père, sans succès. Que se passe-t-il ?

           Ils se regardèrent en silence, indécis tous les deux. Au final, Mike prit la décision de l'informer, bien conscient qu'il finirait par le savoir tôt ou tard.

– Un appel de l'Élysée... Ils ont décidé de mettre Messiah sous protection du gouvernement français... Ils envoient des agents dans l'après-midi...
– Comment ? C'est hors de question !
– J'ai bien essayé de leur dire, mais...
– Suivez-moi !

          Sans plus attendre d'explications de sa part, Pierre tira le chef de la sécurité de Lola par le bras jusqu'à trouver Hubert et Sébastien qui continuaient de se chamailler. Leur dispute risquait de dégénérer avec cette nouvelle...

– Père, Sébastien, vous allez devoir prendre une décision plus vite que prévu ! Mike, dis-leur !

          Poussé à parler par deux paires d'yeux inquiets, ce dernier répéta ce qu'il venait de dire au fils, sous les jurons de plus en plus répétés de son auditoire.

– Vous voyez ce qui arrive ! Vous n'auriez jamais dû la laisser aller à cette émission de télé pourrie ! gronda Hubert.
– Je ne suis plus sa nounou ! Elle doit faire ses propres choix, apprendre de ses erreurs et, commença de se défendre Sébastien.
– Et vous êtes aussi là pour la protéger d'elle-même, bougre d'âne ! tonitrua le premier.
– Je fais comment si elle insiste ? Elle voulait y aller à tout prix ! ronchonna l'ancien agent.
– Vous l'enfermez dans sa chambre ! C'est pourtant pas bien compliqué ! renchérit leur hôte avec un aplomb incroyable.

          Pierre lança un coup d'œil vers Mike qui haussa les épaules d'impuissance. Il allait essayer de calmer son père, quand son regard rencontra celui de Lola, debout derrière la fenêtre de sa chambre, qui les observait sans doute depuis un moment. Et difficile d'ignorer les hurlements des deux hommes qui ne faisaient que de se disputer du matin au soir.

– Elle vous écoute là...

          Un silence tombal s'abattit dans les jardins. Sébastien soupira avant de partir en tirant Mike à sa suite, ce dernier encore une fois impuissant se laissa faire, bien conscient qu'il ne pouvait pas aider dans une telle situation. Hubert leva ses yeux vers la chambre de la jeune fille, mais elle venait juste de se détourner.

          Personne ne vit ses larmes...

          Maria venait de partir de sa chambre avec son sourire et sa joie de vivre habituelle. La brave femme l'avait bien trouvée bizarre, mais Lola lui avait prétexté un mal de tête et le besoin de se reposer. Trop maternelle pour ne pas la choyer, elle lui avait préparé une tisane, lui avait proposé un médicament, avant de s'en aller pour la laisser au calme.

          Seule, Lola songeait. Les cris lointains d'Hubert la faisaient sourire en demi-teinte, heureuse de le découvrir en forme. Mais son état de santé, ainsi que celui de tous les autres malades qu'elle avait aidé, ne faisait que renforcer son malaise intérieur.

          Lola avait été éduquée entre un père athée matérialiste et une mère chrétienne progressiste. L'idée de divin lui avait toujours paru être plus une idée sacrée pour aider les âmes et les morales à progresser dans le bon sens. Rencontrer ces deux hommes religieux durant cette émission de télévision lui avait fait découvrir un univers qu'elle ne maîtrisait pas : la foi aveugle. Ils croyaient tous les deux en cet être supérieur capable de tout voir, entendre, savoir et réagir en fonction. Or, depuis qu'elle se savait être Eola* et qu'elle avait obtenu ses pouvoirs, la jeune femme connaissait une vérité bien dérangeante pour ces personnes. Et la vérité dérangera toujours. L'éveil des consciences, à travers l'Histoire, n'était qu'un assemblage douloureux de guerres, révolutions, carnages, décapitations et charniers en tous genres.

          Elle venait de prendre conscience qu'elle représentait le brandon enflammé de la révolte. Lola avait peur. Elle était terrifiée.

« Promettez-moi une chose, Lola. Soyez toujours digne de votre pouvoir, du titre que je vais vous forger et de l'image que nous allons vous créer. Vous devez représenter la force autant que la douceur, l'asile dans la tourmente, la réponse à toutes les questions, le remède universel. Devenez l'Espoir, non, incarnez-le. Et surtout, ne le regrettez jamais, Lola ! Vous ne pourrez plus faire machine arrière une fois que nous aurons scellé cette promesse, d'accord ? »

– La réponse à toutes les questions, murmura-t-elle pensivement.

          Devait-elle vraiment tout révéler au monde ? Les croyants ne l'aimeront pas, les athées non plus, les scientifiques la détesteront, la majorité la haïra... Comment incarner l'Espoir quand la plupart la verront tel le diable venu propager son fiel sur le monde ?

          Lola serra sa main qu'elle fixait depuis plusieurs minutes sans ciller. Elle leur avait demandé de l'ignorer, qu'elle voulait juste soigner des gens... Mais comment pourraient-ils faire cela ? Sa seule présence sur Terre, devenue mondialement connue, devenait le centre de toutes les discussions. Les croyants attendront des réactions officielles de leurs chefs religieux, les autres voudront des preuves scientifiques, les derniers l'utiliseront comme meme, mais personne ne pourra ignorer sa présence. Personne.

– Vous voyez ce qui arrive ! Vous n'auriez jamais dû la laisser aller à cette émission de télé pourrie !

          Elle sursauta sur son lit et se rapprocha de sa fenêtre. Hubert et Sébastien se disputaient, encore. Ils ne paraissaient pas bien s'entendre, à première vue. Pour Lola, ils désiraient tellement la protéger qu'ils voulaient tous les deux prendre ascendants sur l'autre afin d'avoir le dernier mot sur la manière d'y arriver. La jeune femme posa sa main contre le carreau frais, un air triste au fond de ses yeux fatigués.

– Je suis désolée pour notre promesse, Sébastien... Mais aujourd'hui, laissez-moi n'être que moi...

          Ses yeux croisèrent ceux de Pierre et elle se détourna aussitôt. En silence, elle retourna vers son lit pour s'y allonger, le regard grand ouvert, incapable de dormir. Ses larmes inondaient ses joues et son oreiller.

          Lola avait bien mal à la tête...

          Sébastien se détestait. Il savait que laisser Lola rencontrer les médias aussi tôt ne représentait pas une bonne opportunité. Pire, il savait d'avance qu'il s'agissait d'une catastrophe assurée. Mais il s'était promis d'arrêter de la materner afin de l'aider à prendre ses responsabilités. Sauf qu'il s'agissait d'une grosse erreur, cette fois. Dès son retour du plateau de télévision, il l'avait sentie différente. Elle n'avait quitté sa chambre que pour soigner Hubert, à présent plus insupportable à gérer que la jeune fille. Ce même homme qui lui reprochait de n'avoir pas empêché cette catastrophe ; car il en était question.

          Sébastien se haïssait – viscéralement. Il avait été trop rapide dans sa volonté d'émanciper Lola et en payait le prix aujourd'hui. Il risquait de devoir corriger sa bêtise durant des mois entiers, voire des années. Son don de précognition n'avait été qu'un piège à fou dans toute cette histoire. S'il n'avait pas voulu amener plus vite ce qu'il pressentait arriver, il n'aurait jamais fait une telle bêtise. Seulement voilà, sentir venir une catastrophe ne l'aidait pas à l'éviter... Une fois que Lola s'était habituée à prendre ses décisions seule sans plus le sentir s'interposer, elle n'aurait jamais accepté qu'il fît machine arrière.

– Et merde !

          Il frappa le premier mur que son poing trouva, sous le regard éberlué d'un Mike qui ne comprenait pas grand-chose à la situation.

– Monsieur Markford vous énerve à ce point ?

          Wilkes pensait sans doute qu'il s'énervait encore contre Hubert, ce qui n'était pas totalement faux. Mais Sébastien en avait surtout contre lui-même. Markford ne faisait que lui montrer ses erreurs dans cette décision. Et l'arrivée des autorités françaises dans leur vie n'allait pas aider à simplifier cette situation épouvantable.

          Sans même se rendre compte qu'il n'avait pas répondu à Mike, il se dirigea vers sa chambre, avec l'intention de réfléchir afin de trouver une solution. Il se sentait bien trop minable pour le moment pour faire face à Lola qu'il supposait pourtant au plus mal, par sa faute.

          Il claqua sa porte et cria de rage avant de s'effondrer sur son lit, la tête entre ses mains. Son seul atout qui lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises se retrouvait la cause de ses ennuis actuels. Il se sentait trahi par sa propre force. Pour la première fois de sa vie, il ne savait plus comment réagir.

          Sébastien se sentait perdu dans le noir...

          Resté seul, Mike l'observa s'en aller d'un air rageur non sans se demander comment aider tout le monde. Il sentait bien que quelque chose clochait, sans parvenir à mettre le doigt dessus. Or tout avait commencé depuis cette émission de télévision. Il ne comprenait pas pourquoi, mais elle semblait avoir produit un drôle d'effet sur tous les occupants. Depuis, Lola déambulait tel un fantôme, Sébastien ressemblait à un buisson d'épines, Hubert Markford lui en voulait et Pierre observait l'ensemble de son air triste.

          Mike s'était entraîné pour protéger les gens autour de lui de menaces tangibles, mais il avait toujours eu du mal avec les sentiments. La plupart du temps, il finissait par dire une bêtise ou ne réagissait pas comme la personne en face espérait. Il se savait nul à ce niveau. C'est pourquoi il avait appris à compter sur les gens autour de lui qui savaient toujours comment réagir et quoi dire. Il pensait d'ailleurs que Sébastien en faisait partie... Sauf qu'il le voyait mal se gérer lui-même. Sébastien avait besoin de l'aide d'un ou une experte en conseils avisés.

– Il va me détester pour faire cela, je sens... Désolé, Seb', mais sur ce coup-là, je préfère encore être détesté que te laisser dans cet état.

          D'une démarche déterminée, il prit donc la direction de l'aile réservée aux employés. Il ne connaissait pas très bien l'étage, mais finit par trouver la porte qu'il cherchait, non sans avoir demandé son chemin à un agent de la sécurité qui sortait de chez lui prendre son service. Mike prit une grande respiration et frappa trois coups brefs contre le battant. Une voix féminine l'invita à entrer.

– Ola, Mike ! Je m'attendais à tout sauf à toi, je t'avoue... Que fais-tu ici, dis-moi ?
– Désolé de vous déranger, Maggy, mais j'aurais une faveur à vous demander...

          Le sourire ironique de la belle rousse face à lui l'incita à faire une pause. Il sentait déjà venir les ennuis à des kilomètres, mais pour l'heure, il avait besoin d'elle. Margareth avait bien failli s'appeler « Oster » après tout...

– Si je m'attendais à ce que ce soit toi qui vienne me demander d'aller botter le cul de cet idiot...

          Mike sursauta et lança un regard estomaqué vers elle, ce qui la fit ricaner d'un air presque mauvais.

– Arrête de me regarder ainsi, tu ressembles à un poussin sorti de l'œuf ! Je savais bien qu'il regretterait de l'avoir laissée s'afficher sur le petit écran, sa protégée adorée. La seule chose que j'ignorais, c'était l'identité de celui qui serait assez attaché à lui pour oser venir me parler en premier... Mike... Qu'a fait ce crétin pour toi, afin que tu viennes me voir ? Il t'a sauvé la vie ? T'a prêté de l'argent ? T'a offert un boulot ?

          À mesure que Maggy l'interrogeait, Mike sentit le rouge lui monter aux joues. Sa peau sombre ne l'aiderait pas à dissimuler sa gêne bien longtemps. Il entreprit donc de tousser, détourner le regard et répondre, de sa voix la plus neutre possible.

– J'ai été engagé pour protéger Messiah... or Séb' n'est pas en état de l'aider, donc... Voilà... J'ai pensé que...

          Il s'empêtrait à mesure qu'il parlait, sous le sourire de plus en plus amusé d'une Maggy très étonnée de ce qu'elle découvrait.

– Oh oh... Je vois... Et il le sait que son chef de la sécurité en pince pour lui ? demanda-t-elle non sans s'accouder, la main plaquée sur son visage, l'expression retorse et l'air d'une gamine devant un paquet de bonbons.
– Je vous l'interdis de lui dire ! Bon. Vous allez lui parler ou pas ? s'enflamma un Mike qui ne savait plus où se mettre.

          Maggy continuait de l'observer de son sourire un tantinet sadique avant de répondre, sur un ton dangereusement doucereux :

– À une seule condition, « mon petit » Mike...

*Cf Le Passeur de Mondes

Publié le 06/12/17

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