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2e Bougie : Entre-deux

          Un couloir en L, une foule tétanisée, tremblante et incapable de réfléchir d'un côté, des terroristes lourdement armés de l'autre. Et elle au milieu. L'expression « être pris en sandwich » l'incita à sourire malgré elle. Une réaction automatique de son cerveau surchauffé et déconnecté, qui essayait de lui faire oublier la mare de sang à ses pieds, le cadavre du policier non loin et sa situation désespérée. Certains revivent leurs vies au dernier instant avant de mourir, l'esprit de Lola, quant à lui, tentait vainement de la faire rire. Pitoyable.

          L'un des hommes qui pointaient sa mitraillette sur elle se remit à hurler. Avec une lenteur bien étudiée, la jeune femme leva ses mains de chaque côté de sa tête, en signe de capitulation. Ses doigts tremblaient et tout son corps suivit en quelques secondes. Ils se rapprochèrent encore d'un pas. Un autre.

           Le petit cri perçant d'une dame planquée près des toilettes retentit. Elle avait sans doute aperçu l'ombre d'un terroriste. Elle avait peur.

          Elle venait de déchaîner l'enfer.

           Lola avait fermé les yeux dès qu'elle l'avait entendu. Ses mains s'étaient instinctivement portées en avant, en un essai pitoyable de les empêcher de tirer. Mais ils n'en eurent rien à faire et arrosèrent le couloir de balles.

« Non ! » s'égosilla l'esprit de la jeune femme.

           Pour la première fois de sa vie depuis son réveil dans cette chambre d'hôpital, Lola désirait vivre.

« Je refuse de mourir ainsi ! » pensa-t-elle in petto.


          Le bruit assourdissant de cinq mitraillettes qui tiraient en continu fit fermer les yeux aux désespérés derrière elle. Ils la croyaient sans doute déjà morte. Les terroristes arrêtèrent de faire feu moins de dix secondes plus tard, persuadés de trouver son cadavre.

           Encore une fois, personne ne l'imaginait en vie.


          Lola avait senti le poids de la première balle comme celle d'une pichenette sur son bras. La dixième ressembla plus à une claque sur sa joue. La centième paraissait aussi lourde qu'un vélo. Et quand elle rouvrit les yeux pour découvrir tous les projectiles suspendus en l'air à quelques centimètres de son visage, dans une sorte de halo lumineux, elle avait presque l'impression d'empêcher une petite voiture d'avancer à elle seule. Elles vibraient encore dans le couloir enfumé, toujours en fusion par le frottement dans le canon de l'arme et celui de l'air. La majorité dirigée vers son cœur ou sa tête la narguait de les laisser finir leur travail macabre.

           Les cinq terroristes baissèrent leurs mitraillettes sous la surprise, se regardèrent entre eux une seconde, comme pour se demander sans doute s'ils ne rêvaient pas. L'esprit enfiévré de Lola profita de cette latence pour réfléchir. Toutes ces balles représentaient une force de poussée bien trop importante pour sa volonté fissurée par la peur et l'angoisse. Elle ne tiendrait pas plus de cinq malheureuses secondes supplémentaires. Ou dix, admettons. Que faire de tous ces projectiles ?

          Ce furent ses opposants qui déterminèrent la réponse à cette question. Ils relevèrent leurs armes d'un commun accord, sans doute prêt à la mitrailler jusqu'à la voir se briser en mille morceaux. Lola refusait de devoir supporter encore plus de puissance amalgamée au bout de ses doigts. Et elle n'avait pas la moindre idée de la manière de réaliser ce tour de force !

– Vous tuer ne réglera rien, je le sais bien... Alors j'espère que vous survivrez...

          Une petite voix dans sa tête, toujours la même, lui rappelait qu'une âme se réincarnerait ailleurs, avec le poids de ses actions dans sa précédente vie. Lola repoussa donc les balles de toutes ses forces en hurlant de douleur sous l'effort. Elle visait les canons des armes, les épaules, les jambes... du moins c'était ce qu'elle se disait intérieurement.

           Un voile noir s'abattit sur son esprit dès que la pression des centaines de balles s'évanouit. Lola sombra dans l'inconscience bienheureuse et salvatrice...

          Le son lancinant du « bip », l'odeur aseptisée des hôpitaux, les tuyaux dans le nez, et Lola reprit conscience avec la douloureuse sensation d'avoir rêvé. Elle se trouvait toujours sous rééducation après son réveil du coma et n'avait jamais été au salon du zen, n'avait jamais stoppé des balles à mains nues et venait de cauchemarder comme une cruche. Son corps lourd et impossible à bouger ne faisait que confirmer cette hypothèse désagréable.

« Je suis une idiote... », pensa-t-elle avec un mépris profond d'elle-même.

           Une porte coulissa sur elle-même dans un doux frottement plastique, avant de se refermer une seconde plus tard. Le bruit caractéristique des chaussons d'infirmière l'avertit d'une présence bienveillante dans sa chambre. Et la main ferme qui attrapa la sienne l'instant d'après confirma ses certitudes.

– Mademoiselle Becquerel, vous m'entendez ?

           Lola ouvrit la bouche à demi pour répondre, mais ce simple geste la fit gémir d'une douleur intense dans la mâchoire.

– Où avez-vous mal ?

           Partout. Son corps entier hurlait à la mort comme jamais. Non. Même son coma ne lui avait provoqué une telle douleur ! C'était cent fois pire au moins ! Elle se mit à geindre plus fort, incapable de répondre, de parler, de crier son désespoir. Ses yeux laissèrent échapper des larmes et ses joues furent rapidement noyées. Le « bip » de la machine devint bientôt aussi fou qu'elle.

– Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demanda une voix ferme.
– Elle a mal docteur, mais elle semble incapable de parler.
– Poussez-vous et amenez-moi un chariot d'urgence !

          D'autres personnes s'engouffrèrent dans sa chambre, des sons chaotiques lui vrillèrent les oreilles, ses yeux à demi ouverts virent la lumière s'intensifier et Lola sentit qu'elle partait dans les limbes de l'inconscience.

          Son esprit comprit peu après que cela ne dura qu'un instant éphémère. Une nuée de professionnels de santé s'ébattaient autour de son lit comme un ballet russe, en une chorégraphie impressionnante de matériel et de gestes savamment appris. Trois longues secondes plus tard, Lola constata qu'elle n'avait plus aussi mal, malgré son corps toujours lourd telle une chape de plomb.

– Vous m'entendez ? Comment s'appelle-t-elle ?
– Lola Becquerel.
– Lola, vous m'entendez ? Revenez avec moi !

          Des claques sur ses joues la firent grogner malgré elle. Quelques rires de soulagement fusèrent dans la chambre.

– Je vous interdis de nous refaire peur ! Savez-vous où vous êtes ?

          L'hôpital, elle n'était pas idiote ! Mais sa bouche s'ouvrit dans un effort intense, pour se refermer aussitôt dans un soupir de bien-être extatique.

– Je vois. Faisons autrement. Clignez une fois des yeux pour « oui » et deux fois pour « non », d'accord ?

          La bonne vieille méthode archaïque, mais toujours aussi efficace. Lola en aurait bien ri si elle en avait été capable. Mais au moins cette femme médecin possédait de la suite dans les idées. Elle s'exécuta donc, répondant avec lassitude aux nombreuses questions censées déterminer son état. Rapidement, la doctoresse comprit qu'il était inutile de lister chaque endroit du corps pour savoir si la jeune femme avait mal. Quelle futée !

– Bon. Vous avez été mise sous morphine, nous verrons demain comment vous allez. Je vous garde en soins intensifs encore 24 heures, vous êtes trop fragile pour descendre. Essayez de vous reposer, d'accord ?

          Clignement de paupière. Sommeil bienheureux...

           Lorsqu'elle se réveilla, ce fut pour constater qu'elle se trouvait toujours en soins intensifs, mais qu'il faisait plein jour. Combien de temps avait-elle dormi ? Elle n'en savait rien. La porte de sa chambre coulissa peu après, ce qui annonçait l'arrivée d'une personne capable de l'informer. Ses pensées confuses l'empêchaient de réfléchir plus avant qu'un simple « il fait jour, y'a du soleil ». Il s'agissait d'une infirmière, qui passait sans doute pour une visite de contrôle. Dès que Lola croisa son regard, elle découvrit un homme en tenue verte avec une blouse blanche. Un médecin. Brun, une légère barbe, des yeux bleus magnifiques et un sourire à faire fondre un peu plus la banquise.

– Le Paradis, marmonna la jeune fille.

           Comme s'il lisait dans ses pensées — ou qu'une telle expérience lui était déjà arrivée un nombre incalculable de fois — l'homme émit un sourire encore plus large avant de s'avancer vers son lit, un dossier en main. Il vérifia ses constantes tandis qu'il se mit à lui parler d'un ton velouté qui lui glissa sur sa peau à l'en faire frissonner. Son accent de l'est ne faisait que renforcer un peu plus son allure mannequin d'une touche d'exotisme sensuelle.

– Non, vous êtes bien vivante. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?
– Fatiguée...

          Sa voix de crooner donnerait envie de se moquer à plus d'un, mais ce docteur continuait d'enchaîner les bons points. Son expression sérieuse nuancée d'un air gentil ne changea pas. Il insitait juste à se fondre dans ses bras pour se faire dorloter un peu. Lola émit un rire intérieur ; échevelée, sale et shootée à la morphine, elle devait surtout ressembler à un chaton abandonné dans un carton en pleine rue par temps de pluie, adieu les tentatives de charme !

– Compte tenu de vos résultats d'examens, cela me paraît normal. Vous êtes fortement anémiée et vous semblez sous-alimentée. Vous vivez seule ?

          Les pensées folâtres de la jeune fille se transformèrent en incrédulité. Ses yeux ronds par la surprise se fixèrent sur le visage gêné de son beau médecin et son esprit réfléchissait à toute allure à ce qu'il venait de lui annoncer avec tact.

– Avec ma mère.
– Est-ce que vous vous nourrissez correctement ?
– Bien sûr que oui !

          Est-ce que cet Apollon sur patte sous-entendait que sa mère s'occupait mal d'elle ? Sérieusement ? Lola fronçait de plus en plus les sourcils et son esprit encore cotonneux à cause des doses de morphine commença doucement à reprendre du poil de la bête.

– Dites... Quel jour sommes-nous ?
– Mardi 3 octobre, il est 14 h.

          S'il avait été surpris par la question, il n'en montrait rien. Il semblait par contre décidé à relancer la conversation, quand un bref coup à la porte l'interrompit. Un homme d'un certain âge passa la tête et lui fit signe de sortir. Avec soulagement, Lola se retrouva seule un instant. La date confirmait qu'elle n'avait pas rêvé, à priori. Elle osait à peine réfléchir à son samedi et aux événements qui avaient eu lieu. Déjà qu'elle venait de perdre deux jours de cours, voire la semaine entière vu comment c'était parti...

           La porte s'ouvrit à nouveau et le son de voix masculines qui se disputaient envahit son espace. La seconde d'après, une belle femme pénétrait à son tour, parfaitement habillée d'un tailleur beige. Sa peau mate rehaussait ses cheveux noirs bouclés sagement attachés et ses yeux bruns chauds paraissaient tout comprendre dès l'instant où ils se posaient sur quelqu'un. Lola se sentit à la fois telles une parfaite idiote et la personne la plus précieuse au monde sous le regard attentionné de cette dame. Une montagne russe émotionnelle que son cerveau encore endormit eut un mal fou à gérer.

– Bonjour Lola. Cela ne vous dérange pas si je vous tutoie ?
– Non, non, allez-y. Pourquoi ils se battent dehors ?

          Pour toute réponse, elle vit la femme sourire maternellement et s'asseoir sur l'unique chaise disponible dans la chambre.

– Ne te tracasse pas pour cela. Je m'appelle Marie-Hélène Pasquier. J'aimerais que nous parlions un peu, toi et moi.

          Elle reconnaissait cette méthode d'approche.

– Vous êtes une psychologue ?

          La remarque de la jeune femme n'ébranla pas une seconde madame Pasquier, qui hocha simplement la tête d'un air entendu.

– Sociopsychologue. Donc je suppose que tu connais ma prochaine question ?

          Lola grimaça avec lenteur avant de répliquer, d'une voix pâteuse.

– Si j'ai envie de parler de samedi dernier... Je vais vous répondre « non » et vous allez m'expliquer par a+ b qu'il faudra bien que j'y vienne un jour. Ce à quoi je vais vous rétorquer que je ne me sens vraiment pas prête à replonger dans ces souvenirs. Je vais tenter de vous attendrir sur mon état psychique un peu étrange à cause de la morphine et vous n'en aurez rien à faire. À cet instant, nous serons sans doute interrompues par l'un des messieurs qui haussent encore plus la voix dans le couloir et...

          Avec un timing parfait digne d'un bon film, la porte s'ouvrit sous la poigne ferme d'un nouvel arrivant. Un autre homme brun, plus carré que le beau docteur, l'expression moins avenante et le froncement de sourcils farouche qu'il affichait gâchaient complètement un visage plutôt agréable à regarder. Lola nota qu'il avait des yeux vert assez sombre, qui se fixèrent sur la sociopsychologue d'un air déterminé.

– Laissez-nous, madame.

          Marie-Hélène Pasquier releva sa tête honteusement bien dessinée en un geste de hauteur digne qui fit serrer les poings au nouveau venu. L'esprit fécond et ironique de la jeune fille les imagina immédiatement en plein western prêt à dégainer leurs colts pour tirer sur l'adversaire à tout instant. Même la musique d'Ennio Morricone du film « Le Bon, la Brute et le Truand » résonna dans sa tête, ce qui la fit rire toute seule dans son lit. Et elle fut sans doute responsable de la réaction de la psy qui se détendit avant de répondre, moins sur la défensive, mais d'une voix fraîche.

– Monsieur, qui que vous soyez, cette jeune personne doit être suivie par mon service, c'est la loi. Il faudra vous faire à ma présence.

          Un autre bras de fer oculaire eut lieu, avant que l'inconnu n'émît un sourire digne d'un tigre féroce.

– Madame loin de moi l'envie d'aller contre la loi. Dans ce cas, vous seriez aimable de signer ce papier, afin que je puisse accepter votre présence dans cette chambre durant cet entretien.

          À mesure qu'il parlait sur un ton presque amusé, il sortait une page d'une pochette qu'il tenait jusque là hors du champ de vision de Lola. La psychologue prit la feuille non sans lui jeter un œil comme s'il s'agissait d'un serpent à attraper, avant d'en prendre connaissance. Lola n'avait jamais vu une femme à la peau aussi foncée pâlir autant. Elle rendit presque immédiatement la page à son propriétaire et se leva dans le même mouvement.

– Très bien. Je vous laisse. Lola ? Je reviens demain.
– D'accord...

         Madame Pasquier s'en fut plus vite qu'une arachnophobe face à une veuve noire. Et la curiosité de la jeune fille, piquée au vif, se reporta sur l'inconnu qui se positionna au pied de son lit, stratégique. Il planta son regard dans le sien et elle le soutint sans sourciller. Plusieurs alarmes cérébrales couinaient faiblement qu'il fallait se méfier de lui comme d'un élément chimique incontrôlable.

– Je m'appelle Sébastien Oster, j'appartiens à un bureau d'enquête interne du gouvernement pour les affaires spéciales...

          L'idée d'agent secret effleura l'esprit de Lola. Elle préféra garder cette idée pour elle et le laissa poursuivre.

– ... Vous ne vous doutiez quand même pas que vous pourriez vous en tirer sans quelques explications, si ?

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