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27e Bougie : Seule contre tous

          L'unique pot de miel dans un océan de mouches affamées se sentirait sans doute moins harcelé que Lola. Elle observait la foule agglutinée autour de la limousine avec une crainte mêlée de terreur, alors qu'elle sortait pour la première fois en un mois. L'annonce à la presse du « miraculeux Pierre Markford sauvé de la mort par une mystérieuse jeune fille » avait ressemblé à un tsunami par beau temps. Malgré le soutien du directeur Wang et des divers médecins qu'il avait invité ce jour-là, la France entière se soulevait en camps bien distincts, mais ceux qui en rigolaient remportaient la part du lion.

– Je dois vous informer que certains praticiens étrangers seront présents. Plusieurs Européens, quelques Orientaux, deux sud-américains, trois canadiens et surtout cinq venants des States dont au moins deux de renommée mondiale... Liz Grey et Greg Forest. Autrement dit, vous serez sans aucun doute pressée comme un citron.

          La voix calme et apaisante de l'avocat résonnait dans l'habitacle de la voiture, juste assez fort pour surpasser le bruit extérieur. Ils venaient de parcourir moins de cent mètres malgré les agents qui s'échinaient à repousser les gens déchaînés. Beaucoup brandissaient des pancartes, la grande majorité illisible, les rares exceptions dénonçaient surtout Lola plus qu'elles ne l'encourageaient. Elle avait d'ailleurs entendu plus de vulgarité en quelques minutes que durant toute sa courte vie d'adolescente brimée. À côté, ses camarades de classe ressemblaient à une chorale du dimanche.

– Vous allez bien, mademoiselle ? demanda Sébastien de son air coincé par défaut.

          Depuis l'irruption de Maggy dans son monde, son premier protecteur s'était renfermé telle une huître. Peu à peu, il prenait encore plus de distance avec elle : il ne l'appelait plus jamais par son prénom et préférait les « mademoiselle » au reste, il s'inclinait avant de sortir de la pièce où elle se trouvait et ne rentrait plus jamais dans sa chambre, et comble de tout, il ne lui faisait plus la morale. Pourquoi ce dernier point la peinait plus que le reste ? Elle détestait son ton condescendant et sa façon de lui dicter sa vie ! Pourtant... Oui, voilà. Ce côté paternaliste lui manquait d'autant plus qu'elle regrettait son père crescendo.

– Inutile de vous inquiéter pour moi, ronchonna-t-elle en réponse automatique.

          Stuart ne broncha pas et reprit le résumé de leur journée comme si de rien n'était. Lola appréciait son air détaché et je-m-en-foutiste, il s'agissait de la seule personne à la considérer encore comme quelqu'un de normal. À contrario, tout le reste de la population du manoir commençait à partir en live. Depuis le retour du fils prodigue à la maison, monsieur Markford la déifiait, ainsi que la majorité des employés. L'autre moitié n'osait tout bonnement plus l'approcher pour une raison qu'elle ignorait – et que personne ne se risquait à lui avouer. Même Maggy conservait quelques distances sur demande express de son patron. Donc pour conclure, elle se retrouvait seule. Ou presque.

– Il serait préférable que vous pensiez à autre chose, annonça Sébastien d'un ton bienveillant.

          Malgré le fossé qu'il continuait de creuser tous les jours entre eux, monsieur Oster réussissait toujours à la comprendre mieux que quiconque. Il allait jusqu'à battre Maria d'une bonne longueur à ce petit jeu – au grand damne de cette dernière. Il savait donc qu'elle luttait contre l'isolement intérieur, mais ne faisait rien pour le combler. Et Lola se doutait déjà du « pourquoi » ; il la testait, la poussait à bout. Il voulait l'aider à anticiper l'avenir et l'effroyable solitude qu'elle risquait de devoir subir dans les années à venir.

– D'abord je dois convaincre les meilleurs médecins du monde que je sais guérir, mais demain, qu'est-ce que je serai obligée à faire ? Convaincre les militaires que je sais arrêter des obus en plein vol ? C'est ridicule, grommela-t-elle d'un air renfrogné.
– Mieux vaudrait conserver ce détail-là entre nous... Comme une carte maîtresse.

          Elle haussa les yeux au ciel à cette réponse déjà entendu un millier de fois. Voilà des semaines qu'elle mangeait à nouveau comme quatre, afin de pouvoir guérir Markford-père, et ils avaient tous décidé, dans leur coin, qu'elle devait soigner une tierce personne, choisie par un cercle médical quelconque, afin de prouver ses capacités « au monde entier » ! Comme si les simples gens iraient les croire sous prétexte qu'ils avaient tout vu...

– Va au diable, salope ! hurla une voix juste à côté d'elle.

          Lola sursauta sur son siège et se recula pour aller de l'autre côté de la banquette. L'homme qui venait de se jeter contre la vitre semblait fou furieux, comme possédé. Un agent le repoussa sans ménagement vers l'arrière, mais il était trop tard ; son cœur battait la chamade.

– C'est pour cela qu'il faut le faire, Messiah, murmura Sébastien d'un air compatissant.
– J'suis dans cette voiture, non ? répliqua-t-elle d'une voix revêche.

          Une salle de conférence pleine à craquer de médecins venus du monde entier, face à une jeune fille de dix-huit ans qui prétendait guérir le cancer, la bonne blague ! Greg Forest se renfonça dans son siège non sans sourire, goguenard. L'homme assis à ses côtés le toisa une seconde avant de reprendre leur discussion interrompue.

– Essaye au moins d'écouter plus de cinq minutes avant de vouloir la huer ou lui jeter des tomates...
– Aucun risque, mon cagot n'a pas pu passer la douane ! répliqua Greg, sarcastique.

          Son collègue et ami leva les yeux au ciel avant de récupérer son téléphone portable pour répondre à un appel. Lorsqu'il raccrocha, il reprit comme si leur conversation n'avait jamais cessé depuis leur arrivée ici.

– Tu sais très bien ce que je veux dire ! Laisse-la au moins parler !
– Pour quoi faire ? J'veux pas lui parler, j'veux la voir guérir un cancer... Ou échouer à guérir un cancer, plutôt.
– T'y a pas cru un seul instant, en fait, je l'savais !
– Mais enfin, James, tu m'connais mieux que ça ! T'as vraiment cru le coup de la révélation divine et tout le tralala ? Cette gamine les mène en bateau ! Tu verras que d'ici une semaine, le miraculé du glioblastome va refaire surface et ils seront tous comme des idiots à devoir lui faire refaire une chimio !
– J'en doute. Il a accepté de diffuser ses derniers comptes rendus d'examens au corps médical et j'en ai demandé une copie...
– Et ? Ça prouve rien ! N'importe qui peut échanger des comptes rendus pour mystifier des résultats ! Je l'ai bien fait, moi.

          Will James haussa les yeux au ciel face au scepticisme de son meilleur ami, non sans espérer en son for intérieur qu'il ne s'agissait pas d'un canular. Voir cet athée devoir remettre en doute ses convictions le faisait rire par avance... D'ailleurs, Greg remarqua son air imbécile immédiatement.

– Quoi ? Ne me dis pas que t'y crois, toi ! T'es un cancérologue, tu devrais t'offusquer d'un mensonge pareil ! Le faux espoir c'est le pire remède pour les patients !
– Et depuis quand tu t'intéresses au bien-être des patients, Greg ? Reconnais-le : la simple possibilité que ce soit vrai te dérange !
– Évidemment que ça me dérange ! Parc'que c'est faux ! cria-t-il en insistant sur le dernier mot.

          La rangée de praticiens devant lui se retourna pour lui demander de parler moins fort. La salle venait de voir ses lumières éteintes, sauf celles vers la tribune où un homme se rapprochait du pupitre. Derrière lui, deux personnes aidaient une femme en fauteuil roulant à le rejoindre. De nombreux chuchotements frémirent à travers les allées avant qu'un tapotement du micro ne les fît taire.

– Mesdames, messieurs... Médecins de tous horizons... Bienvenue au CHU de la Pitié Salpêtrière. Si nous sommes réunis aujourd'hui, ce n'est pas pour une conférence, ni même un débat. Vous avez tous été conviés pour assister à un événement que je qualifierais d'historique. Madame Molla ici présente, a été choisie par une session extraordinaire de l'Organisation mondiale de la Santé, afin de servir de cobaye à une expérience jamais vu – ou du moins jamais enregistrée. Madame Molla souffre de paraplégie complète suite à une ablation d'une tumeur entre C7 et C8 alors qu'elle n'avait que douze ans. Elle en a vingt-sept et a accepté de venir aujourd'hui, ainsi que de laisser son dossier médical à la discrétion de tous les médecins qui en feront la demande.

          Le directeur général s'arrêta afin de permettre à son auditoire de discuter un peu de ces informations de dernière minute. Il ne fallut qu'une seconde pour qu'un homme dans les rangs du fond ne se levât difficilement, pour réclamer la parole.

– Pardon de vous interrompre, je suis Greg Forest, USA. Mais nous devions avoir un cas de cancer... Vous êtes en train de nous suggérer que votre gamine de dix-huit ans serait capable de guérir une moelle épinière bousillée depuis quinze ans ? Vous rigolez ?

          Le léger murmure de la salle devint le grondement annonciateur de l'orage. Mieux valait l'étouffer.

– Docteur Forest, l'OMS et tous les médecins qui ont déjà rencontré cette jeune personne ont parfaitement conscience de ce qu'ils lui demandent et pensent qu'elle sera en mesure d'agir. Mais même dans l'éventualité la plus pessimiste, madame Molla a été informée de la probabilité de ne pas retrouver la totalité de ses jambes, mais seulement des sensations partielles et l'a accepté.

          Sa réponse provoqua un tollé général impossible à contenir. Le directeur soupira lorsqu'une main se posa sur son avant-bras. Il tourna la tête pour découvrir le sourire bienveillant d'une jeune femme aux yeux marron. Il lui abandonna le micro de bonne grâce.

– Je suis Messiah.

          Le premier acte de sa tragédie commença ; un silence de plomb s'abattit sur l'assistance. La curiosité de toutes ces personnes surpassait leur colère ou leur cynisme. Ils désiraient le voir de leurs propres yeux : son échec... ou son improbable réussite.

– Alors c'est vous le nouveau Jésus ? Ça ne vous dérange pas d'être la plus grande usurpatrice d'espoir qu'aura connu le monde depuis un schizophrène cloué sur une croix ?

          L'intervention de Greg Forest ralluma la mèche et il se fit huer par la moitié de ses pairs sans merci. Lola émit un sourire plus large. S'efforçait-il réellement de la déstabiliser ou voulait-il la soutenir ? Elle préférait écarter la seconde possibilité, pour éviter toute désillusion.

– Je réfute toute relation avec lui, à moins que vous ayez la preuve du contraire. Je ne prône, d'ailleurs, aucune religion en particulier. Pensez ce que vous désirez. Je ne suis pas ici pour convaincre qui que ce soit, mais pour essayer de guérir Caroline.
– Essayer ? Vous commencez déjà à vous défiler ? Autant avouer immédiatement que vous en êtes incapable, vous nous éviterez de nous faire perdre notre temps ! râla Forest plus fort.
– Docteur Forest... Nous pourrions considérer que vous êtes effectivement en train de perdre votre temps face à une gamine qui prétend guérir les gens... Mais je pourrais aussi considérer que je suis en train de perdre mon temps à devoir prouver à une salle entière de médecins obtus que j'ai déjà soigné deux personnes atteintes de cancer, deux hommes victimes de plaies par balles et deux personnes souffrantes d'allergies chroniques... Tout n'est qu'une question de point de vue, n'est-ce pas ?

           Elle s'éloigna du micro à peine sa tirade terminée, laissant tous ces sceptiques se chamailler entre eux, pour se rapprocher de Caroline Molla, silencieuse depuis le début. Les deux femmes se regardèrent un long moment, indifférentes à la cacophonie alentour qui tendait à se calmer ; encore une fois, leur curiosité semblait la plus forte.

– Vous pouvez vraiment me rendre mes jambes ? chuchota Caroline.
– Je n'ai jamais encore essayé un cas comme le vôtre... Mais je ferai mon possible.

          Si la réponse de Lola ne rassura pas l'handicapée, au moins perçut-elle assez de sincérité pour y croire. Elle se laissa donc approcher et sentit les mains de sa guérisseuse passer dans son dos, jusqu'en bas, là où sombrait sa sensibilité. Plus personne n'osait s'exprimer autour d'elles, comme si la salle entière retenait sa respiration ; ce qui était vrai pour une bonne majorité. Sauf un, au moins.

– C'est ridicule, je perds mon temps, souffla Forest en descendant les marches.

          Il clopinait, appuyé sur sa canne et allait partir lorsqu'un cri de douleur provenant de Caroline le stoppa net dans son cheminement. Son regard acéré se retourna vers les deux femmes enlacées, dont l'une pleurait de souffrance.

– Mais vous lui faites mal, en plus ? Éloignez-vous de cette femme ! Cette comédie n'a que trop duré !

          Greg Forest boita vers l'estrade dans l'idée d'interrompre cette mascarade inepte, lorsque plusieurs hommes en costume s'interposèrent entre lui et son objectif. Celui qui le toisait, un grand brun aux yeux verts, paraissait le plus remonté de tous.

– Laissez Messiah faire son miracle, monsieur. J'en ai rien à faire de votre curriculum, si vous l'approchez sans son accord, pendant qu'elle la guérit, je vous défonce !
– La guérir ? Elle est en train de la tuer, oui !

          Le coup de poing de Sébastien partit tout seul et envoya Forest dans les roses et la cacophonie reprit...

 Publié le 11/10/17

 

 

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