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26e Bougie : Aux Yeux de Tous

          En cercle, chaque médecin contemplait tous les autres d'un visage allongé et d'une expression épuisée. Voilà trois jours qu'ils se relayaient ou ne dormaient pas afin de réaliser des examens médicaux. Pour en arriver à l'amère conclusion qu'ils ne comprenaient toujours rien. Impuissants, idiots ou aveugles. Tous ressentaient ce sentiment d'infériorité avec ce besoin presque tangible de le repousser aussi loin que possible. Sans succès jusqu'à présent.

– Dernier résultat négatif, énonça une voix masculine morose.

          Un énième praticien entra dans la salle de conférence qu'ils utilisaient pour leurs réunions informelles. Il tenait un papier entre ses doigts tremblant qu'il brandit tel un drapeau blanc de reddition consommée. Lui, comme la majorité, sentait l'envie de baisser les bras face à cette énigme vivante.

– Je ne trouve pas quoi faire de plus, nous avons épuisé toutes les pistes, grommela l'un des neurologues présents.
– Le coma qu'elle a subit doit être la clef de ce mystère, relança son confrère.
– Admettons que vous ayez raison... Sommes-nous face à une mutation d'un gène ? Ou bien un échelon de l'évolution humaine ? Son don serait héréditaire ou si exceptionnel que nous ne le reverrons jamais ? s'emporta un autre.
– Peut-être que si... Dans deux mille ans environ, ricana le directeur de la clinique.

          Des dizaines paires d'yeux le fusillèrent du regard en même temps, ce qui l'amusa d'autant plus. Le stade de harassement et de désespoir passé, il en venait à une crise de rire irrépressible face aux visages défaits de ses consœurs et confrères. Il leva ses mains en signe d'apaisement devant leur colère manifeste.

– Une plaisanterie, rien d'autre. Nous sommes devant un mystère scientifique qui rappelle étrangement un élément religieux qui a soulevé plus de questions et de scepticisme que de réponse... Pourtant, nous avons aujourd'hui la preuve que cela peut exister. L'ADN de cette jeune fille a été envoyé pour être séquencé, mais j'ai bien conscience que même cela ne nous offrira sans doute aucun éclaircissement. Nous en savons bien trop peu encore sur notre propre corps pour parvenir à une solution qui satisfasse tout le monde ici. Je vous propose de couper court à nos tergiversations... et de faire un communiqué de presse officiel.
– C'est une plaisanterie, monsieur Wang ? Vous voulez que nous abandonnions un pareil sujet de recherche ? s'exclama l'une des femmes médecins.
– Oui, madame Shabangu. Il est temps d'admettre notre incapacité à comprendre les origines de... son talent si particulier.
– Rien ne nous empêche de la garder ici pour de plus amples examens, suggéra un vieux monsieur aux cheveux blancs.
– Non, j'en suis désolé, mais son protecteur n'acceptera jamais qu'elle restât avec nous des mois afin que vous la décortiquiez, soyez réalistes !
– Peut-être pas des mois, mais...
– Oui, une petite semaine de plus, déjà...

          Chacun recommençait à y aller de sa rengaine, tous préoccupés par la suite de leurs recherches, lorsque le directeur Wang bondit de sa chaise à l'en faire racler le sol dans un grand bruit désagréable ; la pièce entière se tut. Les yeux noirs de l'homme sondèrent chacun des praticiens présents avant de s'exprimer d'un ton qui n'admettait plus aucune réplique.

– Nous en avons terminé. Utilisez les échantillons en votre possession et les résultats des examens que nous avons déjà effectués. Je libère cette demoiselle et je préviens la presse. J'attends deux volontaires pour me soutenir durant cette conférence. Madame Shabangu ?

          La petite dame rajusta ses lunettes sur son nez qui luisait d'énervement. Sa peau sombre se teintait d'ailleurs un peu de rouge avec toute cette colère qu'elle essayait tant bien que mal de contenir. Toute sa vie elle s'était battue afin d'être reconnue à sa juste valeur et voilà qu'elle sentait le soufre de la révolte monter à nouveau dans ses membres fatigués.

– Bien sûr, vous demandez si gentiment, grinça-t-elle d'un ton caustique.

          Un autre directeur se proposa pour être le second et toute la petite foule rassemblée s'envola vers leurs occupations non sans discuter les uns les autres des diverses possibilités qu'il leur restait à explorer. Le camp de l'anomalie génétique se disputait avec violence contre celui de la prochaine étape de l'évolution humaine. Feng Wang se rassit sur son siège dans un soupir qui trahissait toute sa fatigue de ces derniers jours. Devoir pouponner vingt collègues qui ressemblaient à autant d'enfants face à un sapin de Noël surchargé de cadeaux l'avaient épuisé. Mais sa plus terrible tâche restait encore de résumer la situation aux journaux... Comment allait-il présenter cette jeune fille ?

          Lui le médecin sceptique et athée, toujours à la recherche de la vérité scientifique, l'homme cartésien, le terre-à-terre indécrottable qui faisait même pleurer sa femme de foi et d'espérance ; il joignit ses mains et se surprit à lancer une prière vers le ciel.

« Elle a soigné le jeune Markford. Par pitié, fasse que tout cela ne soit pas qu'un rêve... »

          Lola se retourna dans son lit non sans gigoter les jambes de bien-être contre le tissu de la housse. La sensation des draps froissés de la nuit qui sentaient bon la lavande, celle du matelas ferme sous elle, du moelleux de son oreiller et cette odeur manifeste de scones encore chauds qui venait lui chatouiller les narines... Tout cela lui rappelait qu'elle était rentrée chez Markford après trois jours d'hospitalisation forcée. Une batterie de médecins fous dignes de Frankenstein l'avait épuisé de tests et d'examens médicaux pour comprendre l'origine de son pouvoir. Les regarder s'échiner comme des abeilles autour de leur reine l'avaient mise mal à l'aise une seconde, avant de l'inciter à sourire, pour grimacer, au final, durant les deux jours suivants.

– Voûs êtes rrréveillée señorrrita ? Si ?

          La tourbillonnante Maria s'engouffra dans la pièce sans lui permettre de savourer le silence tout relatif de cette matinée d'été. Le chant des oiseaux et les quelques voix des agents de sécurité qui raisonnaient par moment l'auraient rendormi si sa femme de chambre personnelle ne venait pas briser cet instant idyllique.

– Cômment vous allez ? Y'étais ounquiète voûs savez ? Toûs les yourrs, ye demandé à mônsieur Marrkéforrd « Qouand rrentre ma señorrita ? » et toûs les yourrs, il mé rrépondait « Bientôt Marria. » mé voûs né rrévéniez pas. Débout ! Votrré thé rréfrroidi.

          Habituée à cette dame pétillante et maternelle, Lola obéit de bonne grâce et l'embrassa sur la joue avant de s'attabler devant son petit déjeuner. Les repas de la clinique l'avaient bien aidé à tenir, mais son envie de manger plus la tenaillait à nouveau.

– Tu es adorable, Maria. Mais demain, je voudrais bien dormir plus longtemps si, commença-t-elle avant d'être interrompue par une femme au visage bouleversé.
– Yé n'aurrais pas dou vous rréveillé à cétte heurre ? Vous étes trrès fatiguée ? Si ?
– Non non, Maria, tout va bien. J'aimerais juste profiter d'une grasse matinée.
– D'accorrd. Mé si voûs n'allez pas bien, voûs me dites, hein ?
– Bien sûr ! Je ne peux rien te cacher, tu le sais bien !

          Cette réplique rassura la brave femme qui se rengorgea de plaisir. Son besoin obsessionnel de la dorloter lui rappelait sa mère du temps où elle était petite. D'un sourire pour Maria, elle entreprit de manger, tandis que cette dernière s'occupait de refaire le lit en chantant de sa belle voix d'alto une rengaine espagnole de sa connaissance. Bercée par elle, Lola termina son plateau avec l'impression douce d'être rentrée chez elle. Sa pensée fugitive effleura le souvenir de son père et elle se surprit à rêvasser.

– Voûs y'avez fini ? Si ?
– Oui... Je vais m'habiller et...
– Yé vais voûs aidez ! Yé déjà prrréparré vôtrré rrobe !
– Une robe ? Encore ?
– Orrdré dé maîtrré Marrkforrdé, si ?

          La jeune fille soupira, mais acquiesça d'un signe de tête. Elle comptait bien demander à cet homme pourquoi il tenait tant à lui faire porter des robes. Elle n'avait jamais eu l'occasion jusque là, mais il devait bien avoir une raison à cette lubie. Surtout qu'il ne s'agissait pas de prêt-à-porter bas de gamme, mais du sur mesure griffé ! Lola avait presque l'impression d'endosser le rôle de Cendrillon dès qu'elle s'habillait le matin... Ridicule.

– Voûs êtes magnifiqué, señorrita !
– Merci, Maria.

          Ravie du résultat, Maria entreprit de faire boucler un peu ses cheveux avant de l'autoriser enfin à partir. Pas étonnant que Markford s'entendit si bien avec Maria, ils semblaient tous les deux obsédés à la transformer en vraie poupée vivante. Elle laissa sa joyeuse femme de chambre ranger tout le bazar qu'elle avait mis pour la parer et se dirigea vers le rez-de-chaussée. Elle n'avait pas fait un pas au-dehors de ses appartements qu'elle vit le dénommé Sam sur ses talons qui ne la quittait pas d'une semelle.

– Aela ? Vous êtes splendide aujourd'hui !

          La voix forte et autoritaire de Maggy la fit bondir sur place. La rouquine se tenait juste à côté d'elle sans qu'elle n'ait remarqué son arrivée, trop occupée à fixer l'agent derrière elle pour s'intéresser à ce qu'il se passait devant.

– Euh... Merci... Vous...
– Monsieur Markford aimerait vous parler, je venais demander à Maria si vous étiez réveillée... Vous avez assez dormi ?

          Elle grimaça face à une pareille question. L'envie de se reposer deux heures de plus l'avait bien effleurée, mais le cyclone Maria avait tout retourné...

– Je vois, une certaine personne trop enthousiaste de vous retrouver ne vous a pas trop donné le choix, hein ?

          La perspicacité de Maggy fit osciller le cœur de Lola entre un soulagement manifeste et une crainte révérencieuse. Elles se fixèrent dans les yeux quelques secondes avant que la femme agente n'émît un petit rire de gorge amusé. Elle la prit sous le bras et elles se dirigèrent bras dessus bras dessous vers le bureau du maître de maison telles deux copines.

– C'est vous le phénomène de foire, pas moi, ne me regardez pas ainsi ! Va falloir apprendre à dissimuler vos sentiments, ma chérie, si vous espérez survivre avec les médias ! Je serai votre prof, vous allez voir ! Et puis, cela vous aidera aussi à faire marcher Sébastien...
– Vous le détestez à ce point pour lui mener une guérilla pareille ?

          Maggy grimaça, cette fois, avant de répondre d'un ton très dur et cassant.

– Je préfère le considérer comme un mufle... Car si je commence à m'imaginer une bonne raison à son comportement de l'époque, j'ai peur de découvrir bien pire...
– Vous l'aimez encore, en fait, souffla une Lola éberluée.
– Oh tu sais, l'amour et la haine sont deux sentiments très proches, qui sait ce que je ressens pour lui ?

          Elles pénétrèrent dans le bureau sans frapper, ce qui surprit assez Lola pour détourner son attention de la conversation présente. Le vieil homme, toujours dans son fauteuil roulant, fixait l'écran de télévision géant accroché au mur, en compagnie de son avocat et d'un Sébastien plus sombre qu'une nuit sans lune. Leur arrivée les orienta vers elles, non sans quelques sourires las, tandis que Stuart et Sébastien se levaient de leurs chaises.

– Que se passe-t-il ? s'inquiéta Lola immédiatement.

          Ce dernier éteignit le son du poste où elle voyait le directeur de la clinique en train de parler dans un micro, flanqué de deux autres médecins rencontrés là-bas et sous les flashs de dizaines d'appareils photo... Une boule à son estomac se forma et ne voulut plus s'en aller. Maggy la serra un peu plus contre elle, sous l'expression furieuse de Sébastien.

– La presse s'empare de la guérison miraculeuse de mon fils. Votre image médiatique commence à changer, prononça Markford d'un ton aussi neutre que possible.
– D'accord... Mais... Nous avions prévu cette étape, n'est-ce pas ? demanda-t-elle non sans fixer Sébastien dans les yeux.
– Oui. Monsieur Wang a été d'une honnêteté irréprochable et a juste accéléré légèrement le processus, ronchonna-t-il en explication succincte.
– C'est à dire ? chuchota Lola.

          Sébastien les invita à s'assoir puis fit de même, imité par l'avocat. Ce fut le maître de maison qui répondit à sa question, non sans soupirer avant.

– Monsieur Wang est un brave homme qui a pris ma requête au pied de la lettre. Je lui avais demandé de commencer à vous suggérer à la presse, mais il en a décidé autrement et a rendu votre existence publique lui-même. Peut-être lui avez-vous fait une forte impression ? Quoi qu'il en soit, « Messiah » vous voila un personnage médiatique aussi mystérieux que très recherché... Vous risquez de devoir réaliser une conférence vous-mêmes dans un avenir plus proche que prévu...

 Publié le 05/10/17

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