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25e Bougie : Ceux qui observent*

          Un profond silence monopolisait l'habitacle de la voiture depuis plusieurs longues et interminables minutes. Aucun des quatre hommes présents n'osait parler. Le regard noir de Lola sur eux les en empêchait. Elle venait de les traiter de gamins à se chamailler et, bizarrement, ni l'avocat ni Sébastien ne semblaient désireux de relancer le débat. Kiryu pouvait donc se concentrer sur sa conduite, tandis que Mike à ses côtés se focalisait sur les alentours.

          Ils mirent une heure avant d'arriver face à une clinique privée. Les deux véhicules d'escorte et la leur s'immobilisèrent devant le porte principale sous bonne garde. Des dizaines d'agents de Markford se tenaient déjà là, dont « Maggy ». Dès que Lola émergea de la banquette, ils se rapprochèrent d'elle tout autour d'elle pour la protéger ; elle ne percevait que difficilement les quelques curieux qui observaient cet étalage de mesures extrêmes.

          Tout cette foule traversa les portes automatiques le plus vite possible, tandis que certains d'entre eux demeuraient à l'extérieur.

– J'ai l'impression d'être une star en déplacement, murmura Lola à Sébastien.
– Vous l'êtes, répliqua Stuart non loin. Et dès que vous serez connue, il vous faudra sans doute plus du triple de cet effectif...

          La jeune fille émit un petit rire amusé réprimé aussitôt qu'elle remarqua l'expression très sérieuse des deux hommes. Ils ne plaisantaient pas... Une terreur passagère l'engloutit avant qu'une main lui caressât la tête, maternelle. Maggy s'était rapprochée et les fusillait d'un regard assassin.

– Du calme, vous deux. Une chose à la fois, vu ? Lola ? Viens avec moi.

          Sans attendre de réponse des deux autres, elle prit le bras de Lola et l'emmena jusqu'à trois médecins en blouses blanches qui patientaient non loin. Leurs expressions peu amènes ramenèrent Lola sur Terre. Au moins avait-elle l'impression qu'ils réagissaient avec plus de logique que cet étalage de sécurité. Elle leur adressa un sourire lumineux qui n'obtint aucune réciprocité de leur part. Pire, le plus âgé se rembrunit d'autant plus, avant de prendre la parole d'un ton glacial.

– Si nous avons accepté cette ineptie, c'est par respect pour monsieur Markford, mais nous avons refusé de laisser espérer son fils sur une possible guérison. Vous n'êtes pour nous qu'un charlatan qui vit aux crochets d'un homme honorable ! Nous vous gardons à l'œil, vous êtes prévenue.

          Sébastien s'avançait déjà, la mine courroucée, lorsque Maggy l'empêcha de parler d'un regard noir. D'un signe discret, elle lui désigna sa protégée qui continuait de sourire, pas le moins du monde offensée. Lola répondit même d'un ton enjoué qui surprit toutes les personnes présentes.

– En vérité, messieurs, vous m'auriez accueillie autrement, je me serais inquiétée. Votre réaction me rassure, non... Elle me fait plaisir. Je penserais comme vous à votre place ! Et je vous remercie de n'avoir pas entretenu le fils de monsieur Markford dans un espoir illusoire. Ce sera la première fois pour moi que j'essayerais de guérir un cerveau, je n'ai donc aucune idée de la quantité d'énergie qu'il me faudra... Il se peut même que je n'en sois pas capable du tout...

          Le directeur de la clinique qui s'était exprimé au nom de ses collèges ouvrit de grands yeux incrédules. Il s'attendait à de nombreuses réactions, mais pas à celle-là. Ses collègues, perplexes, semblaient perdus. Pour sa part, rien ne changeait. Il hocha la tête dans le calme le plus complet.

– Nous vous emmenons jusqu'à lui ? Accepteriez-vous la présence d'autres médecins ?
– Amenez autant de médecins que vous voudrez, monsieur. Je vous suis, répliqua Lola avec sérénité.

          Derrière elle, Sébastien échangeait avec Maggy quelques coups d'œil dignes d'une conversation silencieuse. Il désirait intervenir, mais son ex-fiancée l'avait convaincu de n'en rien faire. Il l'en remercia peu après. Elle avait raison, Lola devait apprendre à gérer ce genre de situation par elle-même... Mais son besoin compulsif de contrôle l'avait incité à vouloir s'interposer. L'attitude de Lola lui fit plaisir à entendre. Il suivit donc les médecins et sa protégée en silence, avec Maggy et Stuart. L'avocat devait attester de la guérison de Pierre Markford par Lola afin de valider leur contrat.

– Monsieur Markford nous a juste demandé de prévoir une salle assez grande pour que notre présence ne vous dérange pas. Vous n'aurez donc besoin de rien ? questionna le directeur dès qu'il s'arrêta.
– Non, rien. Dois-je attendre l'arrivée de vos autres médecins, monsieur ?
– Ils se trouvent déjà à l'intérieur.

          D'une main ferme, le responsable de la clinique ouvrit la porte blanche face à lui et laissa la jeune fille entrer la première. D'un froncement de sourcils, Sébastien découvrit dans la chambre un troupeau de praticiens ayant, pour la majorité, l'âge de la retraite bien sonnée. Il observa Lola tiquer à leur vue, avant de s'avancer dans un petit soupir qu'il reconnaîtrait entre mille ; elle était soulagée... 

          Il s'amusa en son for intérieur de la situation. La suspicion et l'incrédulité du directeur allaient devenir autant de preuves sur les capacités de la jeune fille. Maggy esquissait un sourire, autant de bonne humeur que lui ; elle en était arrivée à la même conclusion. Seul l'avocat conservait une expression neutre et fermée.

– Mademoiselle, laissez-moi vous présenter quelques amis...

          Le directeur s'empressa de présenter les autres personnes, certains d'entre eux se trouvaient eux-mêmes à la tête d'hôpitaux ou de cliniques privées, quelques uns responsables de services dans des centres publics. Un vrai gratin du milieu médical s'étalait face à eux comme autant de sceptiques qui analysaient Lola comme ce qu'elle paraissait être : une frêle gamine incapable. Sébastien finit par émettre un petit rire sardonique qui lui valut quelques regards curieux et un coup de coude de Maggy, tout aussi hilare que lui.

– Monsieur Pierre Markford se trouve dans la pièce à côté. Nous pourrons observer grâce à cette vitre sans teint, ainsi, nous ne vous dérangerons pas...

          La voix à moitié obséquieuse et ironique du responsable n'échappait à personne, mais Lola continuait de sourire et de se montrer aimable. En réalité, plus il tentait de la rabaisser, plus elle l'appréciait. Sa réaction tellement normale de scientifique sceptique lui faisait un plaisir fou, même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi.

– Désirez-vous quelqu'un à vos côtés ?
– Non, du tout. Merci de votre sollicitude !

          Le visage encore plus rembruni du directeur força Sébastien à tousser pour dissimuler son autre rire imminent. Voir cet homme essayer de piéger Lola l'amusait comme un petit garçon qui cachait une bonne surprise. Il contempla sa protégée entrer dans la chambre de son patient une fierté parentale qu'il ne pensait pas ressentir un jour...

          Elle tremblait de tout son corps. Même si elle était heureuse de voir ce vieux médecin réagir ainsi, elle demeurait incertaine et inquiète. À petits pas, elle se rapprocha du lit de Pierre, le fils de Markford qu'elle avait promis d'essayer de sauver. Son corps maigre sous son pyjama bleu, ses joues creuses et ses grands yeux bruns attachés à elle, lui serrèrent le cœur.

– C'est vous ? Celle qui doit m'aider à aller mieux ? chevrota sa voix cassée.
– Oui, répondit Lola dans un souffle.

          Il poussa un soupir qui le fit grimacer de douleur.

– J'ai dit à père que je voulais mourir... Je ne veux plus d'espoir inutile...

          Lola se rapprocha de quelques pas jusqu'à la chaise à ses côtés. D'instinct elle sentit qu'il lui faudrait d'abord obtenir son accord avant toute chose. Et le voir résigné à en finir ne favorisait pas ses réflexions.

– Je ne vous offre aucun espoir. J'aimerais juste vous ausculter, si vous me le permettez...
– Pour quoi faire ?
– Une expérience.

          Cette fois, il esquissa un sourire et ricana avant de tousser brutalement. Elle se releva pour venir l'aider à se redresser un peu. Une pensée fugitive pour le père de Pierre l'amusa une seconde. Elle était sûre, à présent, que convaincre son fils faisait aussi partie du contrat.

– Les essais expérimentaux sur l'Homme ne sont pas autorisés dans ce pays, si ? reprit Pierre une fois sa toux calmée.
– Non... Sauf s'il s'agit juste de poser ses mains sur la peau de son patient...
– Vous êtes magnétiseur ? C'est une blague ? Vous voulez me voir encore cracher mes poumons, c'est ça ?

         Lola souriait avec gentillesse. Elle commençait à se demander si elle ne vivait pas en plein conte de fées depuis un moment... Seul le lieutenant Parnas avait mal réagi à sa présence, mais pour le reste, elle avait été plutôt gâtée. Rencontrer à nouveau des personnes prêtes à remettre en doute ses capacités lui faisait du bien.

– En vérité, monsieur Markford...
– Pierre, par pitié ! « Monsieur » c'est mon père !
– D'accord, Pierre. Depuis quelques mois, j'ai appris que je savais, entre autres, soigner par apposition des mains. Mais je dois vous avouer n'avoir jamais essayé de guérir un organe aussi important qu'un cerveau... Dans le pire des scénarios, je pourrais bien vous tuer...

          Elle ne s'y attendait pas, mais Pierre se remit à rire, puis à tousser encore plus fort. Cette fois, il lui fallut plus de temps avant de se calmer. Il souriait avec une joie difficilement compréhensible alors qu'il reprenait sa respiration adossée à son oreiller.

– Je sais, je ne suis qu'un charlatan et...
– Qu'est-ce que je dois faire ? l'interrompit l'homme.

          Lola et Pierre se regardèrent un moment en silence.

– Vous me croyez ? s'étonna-t-elle.
– Non, pas le moins du monde. Mais mon père n'a accepté de m'envoyer en Suisse qu'à la condition que je me soumette à votre demande. Et vous, vous m'assurez que vous me soignerez ou vous me tuerez, c'est ça ? Dans un cas sur trois je suis vivant et en pleine santé et dans les deux autres je suis mort. De mon point de vue, que vous échouez ne me dérangera pas. Et si par miracle vous réussissez, j'ai tout à y gagner, non ?
– Eh bien...

          Elle resta pantoise face à sa logique quelques instants, mais comme il continuait de lui sourire sans animosité, elle se sentit apaisée. Quelle ironie ! Alors qu'elle aurait dû être capable de lui remonter le moral, voilà qu'il se passait l'inverse !

– Dans ce cas... Il faudrait que je puisse poser mes mains sur votre tête...

          Il acquiesça avec bonhommie et retira le bonnet de coton qu'il portait, dévoilant son crâne nu toujours couturé des cicatrices d'une opération récente. Son cœur se serra plus fort à cette découverte, tandis qu'il abaissait le haut de son lit via sa télécommande. Lola l'écarta du mur d'un geste ferme et se surprit à rougir quand elle sentit le regard marron de Pierre sur elle, très pensif, cette fois.

– Que dois-je faire ? questionna-t-il dans un murmure.
– Rien. Essayez de vous détendre...

          Elle s'attendait à ce qu'il fermât les yeux, mais il continuait de la fixer, calme. Un peu nerveuse, Lola se frotta les mains pour les réchauffer avant de les poser sur la tête brûlante de son patient. Il semblait avoir de la fièvre. Avec délicatesse, elle déploya son énergie à l'intérieur de son crâne, se demandant un instant s'il ressentirait quelque chose. Mais il ne broncha pas et se laissait faire en silence.

          De son côté, elle se rendait compte de l'étendue du problème qui grandissait à l'intérieur de son cerveau. Une immense masse encrée en profondeur, bien impossible à retirer via les moyens chirurgicaux actuels sans le tuer. Pas étonnant que monsieur Markford semblait si désespéré...

– C'est moche, hein ?
– Je vais essayer...

          Elle étudiait cet organe depuis plus de deux semaines uniquement pour cet instant. Elle abaissa ses paupières et décida de s'attaquer à la partie la moins risquée de ce monstre. Comme pour le cancer de sa mère, elle s'occupa d'abord que d'une cellule à la fois, par toutes petites touches, avant d'augmenter peu à peu le nombre. Encore une fois, elle avait mangé à s'en faire grossir juste pour lui, elle comptait bien perdre tout cela en le soignant ! Pas question de renoncer de si tôt...

– Vous...

          D'un rapide coup d'œil, elle vérifia qu'il ne réagissait pas mal à ce qu'elle faisait, mais il semblait plus étonné qu'autre chose. Elle continua. Longtemps. Elle craignait tant de le blesser ou de le transformer en légume, qu'elle laissa filer les minutes, puis les heures. La nuit s'installait dans la chambre à peine éclairée par elle lorsqu'elle retira ses mains tremblantes de la tête de Pierre. La fraîcheur de l'air sur son crâne nu le réveilla d'un somme bienfaisant, et ils se regardèrent encore une fois un moment dans le plus grand silence.

– Vous me décevez, je ne suis pas mort, déclara-t-il, pince-sans-rire.
– Je suis désolée de vous avoir soigné, répliqua-t-elle, ironique.

          D'une démarche chancelante, Lola retourna s'assoir sur le fauteuil, tandis que Sébastien accourait jusqu'à elle et qu'une foule de médecins estomaqués vînt noyer Pierre Markford de questions. Voulait-il une IRM ? Il ne pouvait pas refuser ! Et il prendrait bien quelques autres examens avec celui-là. Et avec ceci ? Une grande boisson ? Bien sûr...

– Vais-je vous devoir des excuses, mademoiselle ? demanda soudain le directeur à une Lola épuisée.
– Je le crains, monsieur. Mais demain... J'ai besoin de dormir, là. Et vous avez une nuit de travail devant vous...

          Ils échangèrent le premier sourire d'une longue journée. 

Publié le 27/09/17

*Le mot "sceptique" vient du grec "skeptikos" qui veut dire "qui observe"

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