Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

20e Bougie : Manque de confiance

          Assise à la table de jardin de la terrasse du manoir Markford, Lola laissait son regard traîner vers tous les ouvriers venus réparer les dégâts du dernier assaut. Telle une fourmilière géante, tout ce petit monde s'activait du matin au soir afin de combler les trous géants provoqués par les tirs de mortiers. D'autres éléments se retrouvaient améliorés ou renforcés afin de consolider la sécurité des lieux... Tout cela à cause d'elle.

          Un long soupir s'échappa de ses lèvres tandis que d'un geste mou elle piquait un morceau de gaufre sucré d'une petite fourchette à dessert en argent qui termina sa course dans sa bouche. Depuis deux jours, elle passait tout son temps de libre à manger, surveillée comme du lait sur le feu par une batterie de gardes du corps menacés d'une mort certaine par Sébastien s'ils la quittaient des yeux une seconde. Il avait même trouvé la seule femme embauchée par Markford dans la sécurité pour la coller à ses basques en mode « vous la suivez jusqu'aux toilettes ! »...

          Au moins vingt personnes mobilisées pour la regarder s'empiffrer de gros gâteaux... Comment ne pas avoir envie de hurler contre Austère ? Ce type arrogant et borné n'avait rien voulu écouter à ses explications. Il s'était contenté de lui gronder dessus tel un bulldog avant de la museler, l'enchaîner et lui attribuer une panoplie de gardes digne d'un président républicain en fonction. Quoi que même Macron ne devait pas se trimballer avec autant de monde derrière lui ! Tout cela relevait du ridicule.

– C'est si désagréable que cela ? questionna une voix rauque dans un souffle.

          Plongée dans ses pensées, Lola répliqua comme s'il s'agissait d'une question de sa conscience, sans même comprendre qu'elle s'adressait à Hubert Markford à peine arrivé à ses côtés. Ni qu'ils parlaient tous les deux de choses différentes...

– Évidemment ! À croire que je suis un chien !

          Le propriétaire de la maison ouvrit de grands yeux étonnés et s'attabla à son tour non sans requérir son petit-déjeuner d'un signe de la main. À ce moment-là, Lola émergea de ses réflexions et se mit à rougir d'embarras. De quoi parlait-il ? Et grand dieu, pourquoi avait-elle répondu cela ?

– Euh... Pardon, je... En fait, je songeais et... bref... Quelle était votre question déjà ?

          À sa grande surprise, monsieur Markford émit un petit rire amusé qui ne reflétait aucune intention désagréable ou sarcastique. Il avait rapidement saisi ce qui énervait autant la jeune fille, il faudrait être bien idiot pour ignorer qu'avec Oster, ils se comportaient comme chien et chat.

– Vous vous remettez de votre frayeur de l'autre nuit ? demanda-t-il poliment.
– Euh... Oui. Enfin... Je mange bien, alors ça ira pour votre fils, bafouilla-t-elle en réponse.

          Elle piqua un autre fard embarrassé dans son assiette qu'elle termina en trois coups de fourchette bien placés afin de se donner une contenance.

– Je tenais à m'excuser, mademoiselle.

          Un sursaut de surprise fit tressaillir la table en fer forgé sous l'expression amusée du vieux monsieur face à elle. Lola se sentait déjà misérable pour ce début de conversation ratée, encore plus pour sa manière déplorable de s'exprimer, mais si son hôte s'amusait à la surprendre, son cœur ne tiendrait pas !

– Vous... Vous excuser de quoi ? Je ne comprends pas...
– J'avais estimé que vous faisiez partie intégrante d'un coup monté afin d'envahir ma demeure de l'intérieur et obtenir une excuse pour me faire tomber. En un mot, je ne croyais pas une seule seconde les affirmations de Sébastien Oster, mais j'espérais qu'en jouant le jeu, je vous démasquerais plus vite... Mais suite à l'autre nuit...

          Hubert Markord s'interrompit dans un silence gêné. Il plongeait son regard fatigué d'homme malade sur elle, bien conscient qu'il détenait face à lui, un trésor inestimable. De son côté, Lola reprenait lentement contenance non sans réfléchir à sa situation à lui. L'égoïste gamine qu'elle était jusqu'aux douloureux événements qui avaient secoué sa famille* se transformait en une jeune adulte plus préoccupée des autres que d'elle-même. Sa propre mère l'avait incitée, depuis son réveil du coma, à se mettre à la place d'autrui avant de parler. Ce qui représentait avec monsieur Markford un défi.

– Vous n'avez pas à vous excuser. Je comprends parfaitement que ce soit difficile à concevoir... Même moi j'ai du mal à admettre tout ça, par moment. Et... Je commence à peine à évaluer les différentes réactions que mes capacités peuvent provoquer.
– Le fossé entre savoir ce qu'il risque d'advenir et le vivre ? proposa gentiment Hubert.
– Plutôt celui entre se préparer à affronter les réflexions désagréables et finalement se retrouver avec un cas imprévu sur les bras...

          Elle songeait bien sûr à Nick Parnas qui l'accusait d'être un alien d'une autre planète et refusait de la croire humaine. Sébastien l'avait prévenue de réactions extrêmes, désagréables ou terrifiées, mais pas de ce cas de figure. De même que monsieur Markford se comportait assez loin des standards prévus. Il semblait l'approuver, mais ne croyait pas en elle, pour finalement accepter sa nature, mais...

– En vérité, vous ne me laisserez jamais approcher votre fils, n'est-ce pas ? murmura Lola.

          Son hôte sursauta à son tour de surprise. Il ne s'attendait pas à cette question au vu des rougeurs qui coloraient un peu ses pommettes. Vu son teint pâle et son air cadavérique, cela se voyait encore mieux.

– Vous n'êtes pas en état, marmonna le malade, bougon.
– Alors vous me promettez que vous me laisserez tenter ma chance ? Vous me croyez ?

          Elle n'ajouta pas « vous me faites confiance ? », car elle se doutait bien qu'en l'état actuel de la situation, la réponse évidente serait « non » et elle ne lui en voulait pas. Mais tout ce qu'elle demandait, c'était une occasion de prouver qu'elle ne représentait pas un danger ou un quelconque essai de manipulation. Pour une raison que Lola n'expliquait pas, elle avait besoin de prouver sa réelle nature ; comme une plante qui manquait d'eau.

– Très bien, soupira Markford. Vous aurez une chance, mais plus tard. Lorsque je vous connaîtrai mieux et que vous serez en forme.

          La jeune fille bondit de son siège pour le remercier avec effusion, ce qui déstabilisa grandement le vieil homme. Sa joie fut pondérée par l'arrivée du plateau du petit-déjeuner pour Hubert, ainsi que celle de Stuart, qui glissa quelques mots dans le creux de l'oreille de son patron. Ce dernier approuva d'un signe de tête et l'avocat s'éloigna avant de revenir avec un capitaine Viro debout et bien portant qui s'avança jusqu'à la table. Il se positionna au garde-à-vous, non sans effleurer Lola de ses yeux bleus clairs. Cette dernière frissonna d'appréhension.

– Monsieur Markford, le capitaine Alex Viro de l'escouade Alpha vous salue !
– Repos, repos. Je vous laisse discuter, je mange.

          Si le ton était sec, le militaire blond ne s'en formalisa pas et se tourna résolument vers elle. Lola déglutit par anticipation. Après avoir été traitée d'alien par le lieutenant Parnas, elle s'attendait presque à recevoir pire du chef d'escouade. Et comme il continuait de l'observer dans le plus grand silence, elle se mit à s'imaginer des scénarios de pire en pire. Son teint pâle commençait d'ailleurs à concurrencer Hubert lorsque ce dernier prit la parole.

– Est-ce moi qui vous dérange, capitaine ?
– Non, monsieur. Pardon, monsieur. C'est juste que... je suis indécis.
– Compréhensible, ricana monsieur Markford d'un air taquin. Lola ? Allez-vous bien ?

          Face à son angoisse grandissante, elle essayait de se reprendre, en vain. Pourtant, Sébastien lui avait assez rabâché que certains n'accepteraient jamais ses pouvoirs et qu'elle ne pourrait jamais se faire aimer de tout le monde. Mais dans un coin de sa tête, se faire traiter d'alien la minait bien plus qu'être simplement haï.

– Je suis humaine ! J'aurai bientôt dix-neuf ans ! J'ai eu mon baccalauréat cette année et j'ai aussi découvert mes capacités lors d'un attentat où j'ai cru mourir... Mais avant ça, j'ai vécu toute ma vie comme une enfant normale, avec des rêves et des espoirs. Et puis j'ai perdu mon père, je suis restée dans le coma et lorsque je me suis réveillée, j'ai failli perdre ma mère. Si elle est vivante aujourd'hui, c'est grâce à moi, car je l'ai soignée ! Comme je vous ai soigné, monsieur Viro et comme je suis censée vous soigner, monsieur Markford !

          Pourquoi venait-elle de dire tout cela ? Elle avait l'impression d'un bouchon de cocotte minute qui venait de sauter. Ses lèvres bougeaient malgré elle, son corps bondissait de lui-même et son regard fier toisait les deux sceptiques devant elle avec détermination.

– Tant pis si vous ne croyez pas en mes capacités pour soigner, mais vous croyez vos yeux, hein ?

          D'un sourire sarcastique, elle prit sa fourchette à pleine main avant de la balancer vers le capitaine qui réagit au quart de tour. Son mouvement pour dévier l'objet de sa trajectoire était parfait et aurait sans aucun doute fonctionné si... elle ne s'était pas immobilisée en plein vol. Le couvert flottait à mi-chemin entre Lola et Alex, aussi ébahie par ce tour que Markford.

– Aucun trucage, je vous laisse vérifier ?

          Et dans un mouvement de reine outragée, Lola sortit de table avant de s'éloigner vers les jardins où elle serait en paix pour réfléchir. Tenir la fourchette immobile à distance lui demanderait que peu d'énergie et représentait un bon exercice de fond afin d'affiner son contrôle sur ses capacités. Sans compter que le premier venu pouvait très bien l'attraper et la reposer sur la table...

          Seule, juste suivie par une vingtaine d'ombres silencieuses, elle s'en alla jusqu'à son banc favori, sous une rotonde fleurie de jasmin. Face à elle s'étendait une immense fontaine et tout autour de nombreux parterres offraient leurs plus belles floraisons. Lola s'effondra sur le bois tiède et laissa son regard se perdre vers l'eau qui jaillissait en continu. Un bruit de pas et la haute silhouette du capitaine Viro vint troubler son repos. Elle grimaça, mais il prit la parole avant même qu'elle ait le temps de protester.

– Pardon, mademoiselle. Mon attitude a peut-être créé une certaine confusion non désirée. Je ne suis pas indécis à propos de vos pouvoirs, je me savais mort dès l'instant où j'ai constaté l'emplacement des impacts de balle. Je ne sais juste pas comment vous appeler ou quoi vous dire pour vous remercier de m'avoir sauver la vie.

          Le souvenir fugace d'une conversation avec Sébastien lui rappela que seuls Markford et Stuart connaissaient sa réelle identité dans ce manoir. Par mesure de précaution, tout le monde l'appelait soit simplement « mademoiselle » soit « Aela »** ; un prénom qu'elle avait choisi comme surnom. Et depuis peu, ils usaient de son « nom de code », Messiah.

– Ici je m'appelle Aela... ou « Messiah » si vous préférez. Ce sera sans doute mon identité quand je sortirai d'ici...

          Il existait une différence fondamentale entre Lola lorsqu'elle usait de ses pouvoirs et les moments où elle les laissait en veille : la confiance en soi. Elle n'arrivait pas à s'affirmer sauf dans les moments de grand stress quand elle était gorgée de puissance. Totalement pathétique...

– Mademoiselle Aela ?
– Oui, si vous voulez.
– J'aimerais vous remercier de m'avoir sauvé la vie. Qu'aimeriez-vous que je fasse ?

          Une grande perplexité s'abattit sur la jeune fille face à cette question. Elle se voyait mal lui demander de tuer ses gardes du corps afin d'obtenir une heure de liberté avant une énième soufflante d'un Sébastien furibond. Et pour le reste, avait-elle besoin de quoi que ce soit, ici, entourée et choyée ? Lui demander de dire deux mots à son lieutenant Parnas qui la traitait d'alien ? À quoi bon ?

           Face à son mutisme, le capitaine Viro émit un sourire compréhensif. Il avait prévu un cas de figure pareil.

– Dans ce cas, accepteriez-vous que je vous dédie cette seconde vie ? Monsieur Markdord a déjà accepté ma démission, dans le cas où vous soyez d'accord.
– Pardon ? s'exclama Lola.
– Vous aurez besoin de plus qu'un lancé de fourchette olympique et quelques gardes du corps pour vous défendre à l'avenir, si vous voulez mon avis, Messiah. Vu l'attaque qui a bien failli me tuer, vous avez déjà des ennemis et cela m'étonnerait qu'ils aient laissé tomber. Vous avez besoin de protection... Quel est l'abruti qui s'occupe de votre sécurité ?

          Un large sourire ravi étira les lèvres de la jeune fille. Enfin quelqu'un qui pourrait bien ennuyer Sébastien. Elle l'aimait déjà, lui !

Publié le 30/06/17
* cf Le Passeur de Mondes
** cf L'Île de Verre

Désolée pour le retard...

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro