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1ère Bougie : L'Heure du Choix

           La pluie d'octobre battait les volets avec fracas. Rien dans cette journée ne paraissait tourner comme il le fallait. La météo avait annoncé un temps couvert, mais sec, et elle une personne avec qui sortir. Mais la dernière amie qu'il lui restait reposait trois mètres sous terre dans un cimetière communal...

          Lola écrasa la larme qui venait de tomber sur sa joue avant de jaillir de sa chambre. Elle prit la direction de la cuisine à côté, non sans soupirer sur leur ancienne demeure. Du temps où son père était encore vivant, ils habitaient une belle maison avec jardin, mais depuis sa disparition et la déclaration officielle de sa mort, sa mère avait préféré déménager dans un appartement. Plus proche du travail et de son école, il était parfaitement bien situé... mais ce n'était pas chez elle.

           Sa mère partait toujours tôt le matin, depuis son veuvage, elle avait obtenu une promotion et tout son temps se résumait à travailler. Sous-directrice d'une grande boîte pharmaceutique, elle pouvait se targuer d'avoir bien réussi sa vie. Mais pour sa fille, ce n'était qu'une manière d'oublier Yann...

– Bonjour papa...

           Un cadre photo sur la banque de la cuisine représentait un bel homme brun aux yeux bleus et au sourire chaleureux. Depuis son enterrement solennel, Lola se faisait un devoir de le saluer tous les jours. Elle savait qu'il vivait quelque part, à « corriger les mondes » et peut-être qu'il venait parfois lui rendre visite.

– Maman est au travail et moi je vais sortir... Y'a un salon sur le zen, j'ai envie d'y faire un tour.

           Parler à l'image de son père devenait l'un des nombreux rituels depuis son réveil. Juste après celui de ses exercices matinaux de remise en forme. Une sorte de programme routinier, pour lui apprendre à accepter tout ce qui s'était passé, depuis plus d'un an.

– À ce soir, papa.

           Dès son petit déjeuner terminé, elle prit son sac à main et la direction de l'entrée. Là elle s'arrêta et fit face à la glace qui trônait telle une déesse sur le mur à côté de la porte. Son père l'asticotait à chaque sortie pour qu'elle s'habillât correctement, ce simple souvenir l'incita à sourire avec nostalgie. Aujourd'hui, il n'aurait rien à lui reprocher, car elle avait troqué ses habituels jeans baskets pour un pantalon droit et un chemisier qui lui donnait un petit air d'adulte responsable. Ses cheveux sagement attachés et le maquillage léger complétaient son allure digne.

          Lola s'était transformée en femme. Ses souvenirs de l'année passée lui revenaient tous les jours et une boule au ventre lui tordait l'estomac. Plus jamais elle ne serait cette gamine insouciante qui s'habillait n'importe comment, du maquillage plein le visage et qui aguichait les garçons... Comment avait-elle pu être cette fille, d'ailleurs ?

– Secoue-toi, Lola.

          Délaissant son reflet de nouvelle adulte, elle récupéra le parapluie sagement accroché à l'entrée et sortit de chez elle. Ses pensées dérivèrent sur son réveil après son long coma, tandis qu'elle marchait vivement à travers les rues pour rejoindre la station de RER la plus proche. Elle ne répondait plus à aucun prénom, comme si « Lola » lui était étranger. Il avait fallu l'intervention de sa mère pour l'aider à le réintégrer dans sa vie.

           Les quais de ce samedi matin ressemblaient à un désert et elle monta dans son train avec l'impression d'être seule au monde. Cette idée la fit sourire, sous le regard suspicieux d'une grand-mère et bovin d'un homme aux écouteurs dans les oreilles. Il semblait se trémousser sur une musique avec plein de « boom-boom » qui ne disait absolument rien à la jeune fille – mais en un an, combien de choses avait-elle manquées ?

          Le RER s'arrêta pour l'énième fois et elle descendit pour changer de train. La foule apparaissait peu à peu, ce qui la rassura quelque peu, pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas. Elle n'était pas du genre peureuse normalement, mais peut-être regrettait-elle des présences agréables autour d'elle ? Après tout, avant cet accrochage, elle sortait toujours avec ses amies, en groupe. Mégane avait péri dans l'accident et Gabrielle avait disparu peu avant. Lola se retrouvait seule... Et ce n'était pas ses nouvelles collègues d'école qui viendraient, il ne fallait mieux pas compter dessus. Tous les élèves du lycée pensaient qu'elle portait malheur, qu'elle était responsable de la catastrophe et l'évitaient donc comme la peste. Un autre souci à surmonter.

           Elle sortit de la bouche de métro d'un soupir à fendre les pierres. Son objectif restait de profiter de cette journée pour se changer les idées, pas de ressasser ses problèmes ! Ses pas prirent la direction du salon où une foule conséquente se regroupait déjà. Docilement, elle entreprit de faire la queue pour entrer, appréciant son parapluie à sa juste valeur. Dès qu'elle réussit à s'introduire dans la grande salle d'exposition, elle esquissa un sourire de soulagement.

– Profiter de la journée...

           Comme une litanie apaisante, elle se répétait cette phrase en boucle depuis son réveil. Comme si rabâcher une même phrase vide de sens lui permettrait d'oublier l'année délirante qui venait de s'écouler ! D'un mouvement sec, elle secoua sa tête, bien décidée à essayer d'enterrer ses soucis, au moins aujourd'hui... Et l'odeur irrésistible d'huiles de massage, de bougies aromatiques et de gels divers l'incita à mettre de côté tout cela d'un sourire, avant de suivre la foule vers les premiers stands.

          La matinée se déroula avec une lenteur nonchalante très agréable. Lola china d'un vendeur à l'autre, écouta une conférence sur la sophrologie et s'empressa d'aller se documenter auprès du conférencier dès qu'il eut terminé. Aussitôt rassasiée d'informations, elle prit la direction de la seconde partie, dédiée aux stands de présentation d'articles, de techniques et autres pratiques zen. Avec émerveillement, son regard se fixa sur un moine zen, qui expliquait les bases de son art d'un doux sourire amical. Intriguée et fatiguée, la jeune femme prit l'un des tapis de sport dédié aux « élèves » et l'écouta parler un long moment. Son non-enseignement — le zen ne s'apprenait pas, il se vivait — la troubla quelque peu. Des souvenirs parasites lui revenaient parfois en mémoire et elle se demanda à plusieurs reprises où elle avait bien pu entendre déjà tout cela...

– Il est midi, l'atelier reprendra d'ici une heure.

          D'une expression paternelle, il invita les personnes autour de lui à partir se sustenter. En silence, Lola le remercia d'un sourire avant de chercher un coin tranquille où grignoter le sandwich qu'elle avait amené. Toutes les buvettes à l'intérieur du salon vendaient sans doute leur nourriture bien plus cher que la normale. Son regard avisa alors le panneau qui indiquait les toilettes et elle s'engouffra dans le couloir en question. À cette heure de la journée, une foule de femmes attendaient le sacro-saint sésame pour aller se soulager et Lola se planta pour patienter avec un fatalisme d'habituée.

– J'adore ce qu'il fait, toujours à l'écoute, patient, déblatérait une dame à côté.
– Que dirais-tu d'aller faire nos achats après manger ? lui demanda son amie.

          Leurs voix bourdonnaient aux oreilles de Lola qui les utilisa pour se calmer, et laisser s'évader son esprit ailleurs... Dans une forêt aux immenses arbres, par exemple. Avec un homme avec des bois sur la tête, qui la parcourait tranquillement. Cette pensée la rassurait à chaque fois.

– C'est à vous, mademoiselle, l'avertit la dame derrière elle.

          Ramenée dans la réalité, elle sursauta et s'engouffra dans son cabinet. Elle en ressortit rapidement pour ne pas déranger plus que de raison et se dirigeait vers les lavabos, lorsque les premiers sons percèrent ses oreilles. Étonnée, son visage pâle se redressa. Lola entendit un grondement sourd se répercuter partout, tandis que les femmes autour d'elle se mettaient à sortir des toilettes, mues autant par la curiosité que par la peur. Les cris se transformèrent alors en hurlement et les premiers coups de fusil bloquèrent les jambes de Lola.

– Ce n'est pas possible... !

          Un premier groupe paniqué revint soudain dans les sanitaires en bousculades furieuses, dans des explications incompréhensibles, leurs visages défaits. Dans un état second, Lola fut plaquée contre le mur, avant de s'extraire de l'endroit dans un geste désespéré. Le bruit incessant de mitraillettes la percuta de plein fouet, tandis qu'une main ferme la repoussait vers l'arrière.

– Restez dedans ! Ne sortez pas !

          Ses yeux embués par l'incompréhension et la panique générale se levèrent sur le sourire qui se voulait bienveillant d'un homme dans la force de l'âge, à la peau foncée et qui dégageait un sentiment de sécurité. Le regard incrédule de la jeune fille remonta vers ses mains liées autour d'un pistolet noir luisant...

– Je suis de la police ! Restez là, ne bougez pas, d'accord ?

          Il essayait de la convaincre avec espoir, mais elle réfléchissait déjà à toute autre chose.

– Vous voulez affronter des mitraillettes avec votre petit pistolet ? questionna sa petite bouche de sa voix fantomatique.
– Protéger et défendre, c'est mon job, maintenant, reculez !

          À peine venait-il de dire ce qu'il prenait pour une évidence, qu'un groupe de personnes paniquées s'engouffrèrent dans le couloir qui menait aux toilettes. Démentes, elles ne virent pas l'homme et Lola qui discutaient et les bousculèrent en hurlant pour aller s'enfermer dans les cabinets. Le policier repoussa alors Lola avec fermeté, avant de s'avancer vers la sortie, son arme braquée prête à tirer. Elle ouvrit la bouche pour le rappeler, qu'une autre vague de désespérés épars glissait dans le couloir à cause du sang accroché à leurs semelles. Ils l'empêchèrent de suivre des yeux l'homme et la jeune femme se plaqua d'elle-même contre le mur, pour ne pas être piétinée par des personnes hystériques.

« Pourquoi suis-je aussi... calme... ? »

          Non. Calme n'était pas exactement le bon terme. Elle avait plus la sensation d'être déconnectée de la réalité. Comme si son âme regardait la scène d'en haut et pilotait son corps avec une fermeté qu'elle ne ressentait pas. Lola était paniquée, mais se laissait guider par une partie d'elle-même qui paraissait bien plus assurée qu'elle.

          Ses pas suivirent ceux du policier et elle le vit au coin d'un mur non loin, en train de braquer un homme ; ce dernier portait un énorme fusil sombre en bandoulière et tirait des coups beaucoup plus lents qu'elle n'avait entendu jusque là. Terroristes. Attentat. Son cerveau venait d'en déduire les conclusions logiques à tant d'horreur incompréhensible.

           Tout s'accéléra dès que le policier tira sur celui qu'il visait depuis une bonne minute. Il fit mouche et l'autre s'effondra, sous les imprécations de haine de ses « collègues » qui avisèrent aussitôt celui qui venait de faire cela. Ils pointèrent leurs armes en direction du policier figé.

– Non ! hurla Lola, inconsciente.

           L'homme de loi tira sans sommation en même temps que les fous furieux face à lui.
Il s'effondra, sous le coup de dizaines de balles qui le soulevèrent une ultime fois avant de le laisser s'affaisser définitivement.

– Non... !

           Tétanisée, elle contempla le corps de celui qui désirait protéger les survivants de cette boucherie. Pourquoi ? Il ne méritait pas cela ! Une voix hostile lui fit reporter son regard noyé de larmes sur les meurtriers armés pour la guerre. Ils venaient de l'apercevoir et se rapprochaient d'elle avec des grimaces de dégoût mêlées d'une haine viscérale.

« Mais aucune âme n'est bonne ou mauvaise. C'est à chacune d'entre elles de déterminer ce qu'elle veut devenir dans son existence. Les notions de bon ou de mauvais dépendent beaucoup de la vision de chacun. Mais par vos actions, vous déterminez qui vous êtes vraiment : vas-tu accepter ou refuser ? Te battre ou mourir ? Aimer ou détester ? Croire ou renier ? ... Vos vies reflètent vos choix, pas votre bonté. Et ce sont ces choix qui vont dévoiler qui vous êtes réellement au plus profond de vous. »

           Cette voix lointaine, qu'elle n'avait plus entendue depuis qu'elle avait perdu son père... ! Pourquoi ses paroles lui revinrent soudain maintenant ? Les hommes face à elle la visaient en parlant fort, elle ne comprenait rien à ce qu'ils déblatéraient ! Figée sur place, Lola implora ses jambes de réagir, afin de reculer, s'éloigner, partir...

« Je ne veux pas mourir ! » lança son esprit en une prière.

           Révélation.

          Elle qui ne s'expliquait pas pourquoi elle se trouvait toujours vivante... Qui regrettait presque de s'être réveillée. Qui pleurait même, parfois, d'être simplement en vie...

« Protéger et défendre, c'est mon job ! » avait crié le policier.
« Tu peux... tout faire. » murmura la douce voix de son passé.

          Les trois terroristes face à elle continuaient d'avancer en pointant leurs armes sur elle. Pourquoi n'avaient-ils pas encore tiré ? Lola s'écarta légèrement du mur. Elle eut un regard vers la dépouille de l'homme de l'ordre, avant de froncer les sourcils et reporter son attention sur ceux qui se rapprochaient. Ses mains étaient glacées, son cœur finirait par s'arrêter dans sa poitrine tant il battait fort et elle n'entendait plus rien à cause du sang qui pulsait dans ses oreilles... Lola vit les rescapés qui dégorgeaient des toilettes pleurer avec moult gémissements, recroquevillés sur eux-mêmes. Elle recula d'un pas vers eux, que le cri d'un terroriste l'arrêta brutalement.

           Une balle venait de lui frôler la cuisse.

« Et ce sont ces choix qui vont dévoiler qui vous êtes réellement au plus profond de vous. »

           Elle avait choisi de se battre.

          Le tout étant de savoir comment survivre, en premier lieu.

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