Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

14e Bougie : De nouveaux amis

          L'ambulance suivait docilement l'imposante berline noire à travers le chemin de gravier. Pelotonnée dans cette dernière, Lola scrutait les trois hommes dans l'habitacle avec circonspection. Assis à ses côtés, son éternel garde-chiourme conservait les bras croisés et l'air aussi fermé qu'un gardien de prison. Devant elle, l'agent de sécurité qu'elle avait soigné à l'hôtel de ville de Paris lors de l'attentat ; un certain Mike Wilkes, recruté par Sébastien. Enfin le conducteur, présenté juste comme « Kiryu », un métis japonais recommandé par Mike. Ils lui avaient tous montré le plus grand respect et la surprotégeaient comme une poupée en porcelaine, de quoi la rendre folle...

          Comme elle ne voyait Mike qu'à travers le rétroviseur, elle préféra se concentrer sur les deux autres. Ils portaient tous une oreillette, car un quatrième larron avait pris position dans l'ambulance derrière eux, chargée de transporter sa mère. Dès que Sébastien était revenu de sa sortie, une ride creusée au milieu du front, elle avait compris que les ennuis commençaient. Il marmonnait des paroles sans suite, mais le mot « déménager » apparaissait le plus souvent.

– Où sommes-nous ?

           Ils venaient de franchir un portail rutilant et roulaient sur une immense allée blanche qui menait à un vrai manoir. Le visage fermé de Kiryu et l'air désintéressé de Mike l'amenèrent à fixer un Sébastien aussi inexpressif que ses petits camarades. Ils allaient la rendre folle...

– D'accord. Vous avez conscience que je peux vous faire vivre un véritable enfer, n'est-ce pas ?
Lourd silence.
– Mike ! Je t'ai sauvé la vie ! Tu me dois au moins une réponse !

           Le pauvre homme ainsi interpelé s'agita sur son siège, vraiment mal à l'aise. Il jeta un regard vers Sébastien qui serrait sa mâchoire à s'en blanchir les joues.

– Désolé, mademoiselle, nous sommes...
– Tais-toi, Wilkes.

          La voix sèche de Sébastien fit bondir Lola et elle lui aurait sans doute arraché les yeux, si la voiture ne s'était pas arrêtée devant les escaliers du perron. Un homme en costume trois-pièces ouvrit la portière de son côté et s'inclina, une main dans le dos.

– Si mademoiselle veut bien se donner la peine...

           Passablement énervée et impatiente, elle descendit de la berline d'un geste brusque qui trahissait son agacement. Derrière elle, Sébastien lâchait quelques mots à Mike avant de la suivre en silence. Invitée dans la demeure, elle salua distraitement le majordome qui ouvrit la lourde double porte en bois. Cet endroit paraissait aussi sécurisé qu'un coffre-fort et Lola commença à comprendre qu'un élément inquiétait assez Sébastien pour l'amener ici. Or forcer « monsieur Oster » à réagir à ce point trahissait un adversaire déterminé et puissant. Elle se surprit à frissonner quelque peu. Voilà pourquoi il ne tenait pas à l'informer...

– Voici votre suite. Monsieur Oster sera à côté.

           L'agent de sécurité qui la guidait depuis son arrivée s'effaça pour lui permettre d'entrer dans un petit salon décoré avec élégance. Elle qui s'attendait presque à découvrir des meubles Louis XV fut bien étonnée de n'y voir qu'un bel assemblage récent, voire moderne.

– Le repas sera servi dans une heure. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à utiliser la sonnette. Bonne installation.

           L'homme s'inclina une fois encore avant de refermer derrière lui avec style. Lola vrilla son regard dans celui d'un Sébastien aussi calme et impassible que durant tout le trajet. Une joute oculaire sans merci commença alors entre eux, jusqu'à ce qu'il soupirât d'un air désespéré.

– D'accord, d'accord. Asseyez-vous, capitula-t-il.

          D'un sourire ravi, elle avisa un gros pouf dans lequel elle se lova avec un plaisir évident. Il la jaugea un long moment avant de reprendre, d'une voix basse.

– Lorsque vous avez soigné Mike, vous avez attiré l'attention d'un grand nombre de personnes. Hubert Markford fait partie de ces gens. Il s'agit d'un gros entrepreneur et fournisseur pour l'armée... Quand il a entendu parler de toi, il a aussitôt pris contact avec le bureau pour obtenir toutes les informations essentielles. Par un curieux hasard, le chef de service a réussi à lui faire croire que tout cela ne représentait qu'une rumeur infondée.
– Le « chef de service » ?
– Jean-Jacques Morel, le responsable du bureau d'enquête interne pour les affaires spéciales. Disons qu'il s'agit d'un opportuniste sans scrupule qui désirait vous garder comme « arme secrète » ou quelque chose dans ce genre...

          D'un hochement de tête elle l'invita à continuer son explication.

– Lorsque Gaël m'en a parlé, j'ai décidé de prendre contact avec monsieur Markford de mon côté. Nous avons mis en place un système de communication afin que je puisse lui fournir des informations sur l'avancée de vos... capacités. En échange de quoi, Markford s'occupait de faire pression sur le gouvernement pour qu'il vous laisse tranquille...
– Autrement dit, non seulement tu m'as caché que tu savais pour mes « capacités », mais en plus tu as magouillé dans mon dos depuis le début ! soupira Lola, défaitiste.

          Un large sourire ravi éclaira le visage de Sébastien, assez fier de lui. Qu'elle n'ait rien remarqué prouvait qu'il avait correctement accompli son objectif.

– Vous deviez vous concentrer sur vos pouvoirs. N'oubliez pas notre conversation lorsque vous avez accepté notre « petite expérience » : vous devez rester la lumière qui guide le monde. Hors de question de vous laisser vous entacher les mains.

          Lola se redressa dans son pouf avant de se relever, toujours aussi remontée contre lui. Fatiguée, elle se rapprocha de la fenêtre à travers laquelle tout le jardin s'étendait sous ses yeux pensifs. Un véritable château miniature...

– Alors nous sommes chez ce monsieur Markford ?
– Oui.
– Pourquoi ?

          Comme aucune réponse n'arrivait, elle se retourna vers un Sébastien aussi fermé qu'une huître. Il semblerait que cette information fut la raison de leur présence dans cette demeure... Et ce qui parvenait à inquiéter une personne telle que lui...

– Maman et moi serons en sécurité ici, si je comprends bien, résuma-t-elle.
– C'est... cela... oui.

          Il ne semblait vraiment pas disposé à offrir plus de réponses. Elle le détestait pour vouloir garder pour lui tous les problèmes, mais elle devait aussi avouer qu'il avait bien mené la barque jusqu'à présent. De quoi avait-elle dû s'inquiéter ? Sauf d'elle-même, bien sûr. Il la protégeait tellement que le monde entier pouvait s'agiter qu'elle n'en saurait rien. Dans un sens, elle s'en épouvantait un peu. Elle esquissa un léger sourire triste tandis qu'il fronçait les sourcils.

– Vous avez fait les premiers pas sur une route semée d'embûches... Mais je serai là. Toujours.

          Sébastien se leva à son tour et se dirigea vers la porte d'entrée quand il se retourna une dernière fois.

– N'oubliez pas votre promesse.

          Il sortit à ces mots lourds de sens.

          Un grand salon, une chambre immense, une salle de bain énorme et même un petit bureau. Une vraie « suite » ! Lola finissait de visiter les lieux pour se changer les idées, lorsque quelques coups à la porte résonnèrent. La dernière remarque de Sébastien continuait de tournoyer dans sa tête quand elle ouvrit, un sourire engageant affiché sur le visage. Elle se retrouva devant une femme musclée à la peau hâlée qui semblait plus ravie qu'un enfant face au sapin de Noël.

– Señorita ! Yé souis Maria ! Yé vé m'occouper de vous habiller ! Si ?
– Euh...

          Repoussée sur le côté par une poigne énergique, la dénommée Maria siffla entre ses doigts vers l'arrière, ce qui fit arriver comme par magie une douzaine d'hommes en costume qui portaient valises, malles et paquets en tous genres. Ils déposèrent tout cela dans la pièce avant de ressortir avec célérité. Ravie, la nouvelle venue commençait déjà à déballer ce fatras d'affaires que Lola se trouvait encore immobile à la fixer la bouche ouverte et le regard perdu.

– Vous...
– Yé souis votre femme de chambré ! Señor Markford m'a dit de sa belle voix sensouelle « Marria, la péquéñia aura besoin d'oune femme à ses côtés ! Prrends soin d'elle coumme de ta prropre fille ! » Coumment refuser ? Mé voilà !
– Donc...

          Elle ignorait avec superbe les essais de discussion de la jeune fille et l'emmenait déjà vers la salle d'eau, plusieurs affaires sur le bras. En un tour de main, le bain commençait à se remplir, une ribambelle de produits jetés dedans embaumaient l'espace d'une senteur de rose et de lilas et Maria continuait de déblatérer sur les derniers événements avec une joie et un entrain qui laissaient Lola aussi confuse et déboussolée qu'à la première seconde. Sans parler de l'accent de cette femme, son vocabulaire espagnol qui apparaissait par moment et sa volubilité, elle semblait posséder un caractère bien trempé.

– Allez, dans la baignoirre !
– Mais...
– Pas lé temps, mi péquéñia niña ! Señor Markford est oun homme trés pounctuel !

          Lola essaya bien d'expliquer qu'elle désirait surtout rester seule pour se laver, rien n'y fit. Maria s'occupa de la bichonner sans arrêter de discourir sur les habitants de la demeure, ou Hubert Markford qu'elle tenait en très haute estime. Vaincue, la jeune fille se laissa faire de mauvaise grâce et termina engoncée dans une robe en moins d'une heure, prête à descendre dîner.

– Elle est magnifique, mais... pourquoi une robe ?

          Pour une brève seconde où elle pouvait en placer une, elle ne se gêna pas pour s'exprimer. Mais Maria agita sa main devant elle comme pour chasser la question avant de répondre, d'un ton sans réplique.

– Ordré dou señor Markford !

          Autrement dit : accepte et tais-toi. Lola hocha donc la tête ce qui ravit une Maria plus épanouit qu'un tournesol en plein soleil. La seconde suivante, elle se retrouvait sur le pas de sa porte face à un Sébastien aussi éberlué qu'elle. Il portait un costume tiré à quatre épingles qui semblait le serrer un peu aux épaules. Maria s'interposa alors entre eux et le détailla de la tête aux pieds non sans rajuster sa cravate sous l'air consterné de l'homme.

– Euh...
– Yé souis Marria ! Et vous êtes le señor Osterr ?
– Oui, je...
– À présent, yé m'occoupe dé la señorita ! Vous la protéyez, yé la bichonne, si ?
– Euh... Oui...
– Muy bien ! C'est oun accord !

          Voilà bien la première fois que Lola voyait Sébastien à court de voix. Il semblait tout bêtement dépassé par le tempérament de la femme de chambre. Dans un sens, elle ne devait pas souvent être contredite... Et tout cela amusait la jeune fille ! Son rire cristallin s'éleva dans le couloir du second étage et incita les regards de Maria et Sébastien à se poser sur elle.

– Voualà ! Señor Osterr, si la señorita revient en pleurant, ce serra de votre faute ! Si ?
– Mais...
– À ce soir !

          Avant même que Sébastien n'ait le temps de répliquer, Maria retournait dans la suite pour s'y enfermer, sans doute avec l'objectif de ranger toutes les affaires apportées plus tôt. Lola riait encore de la « discussion » entre elle et l'homme face à elle qu'il la bourrait d'un regard noir.

– Je pourrais savoir ce qu'il vous amuse autant ?
– Vous ! C'était trop drôle !

          D'un air renfrogné de petit garçon, il la tira par le bras à sa suite vers la salle à manger non sans marmonner entre ses dents. Son attitude n'aida pas Lola à se calmer, au grand dam de Sébastien qui n'aimait pas composer avec des personnes qu'il ne contrôlait pas. Ce fichu Markford allait en entendre parler !

          À chaque coin de couloir, un agent de sécurité faisait le pied de grue, de quoi impressionner la jeune fille qui commençait à se faire une petite idée de l'inquiétude de Sébastien. Ils arrivèrent devant une double porte qu'un homme en queue de pie ouvrit cérémonieusement. L'intérieur immense rendait la longue table en bois ridicule, tout comme la cheminée du fond, allumée, qui répandait une douce lumière. Mais l'attention de la jeune fille se porta immédiatement sur sa mère, attablée qui souriait à sa vue.

– Maman !

          Elle lâcha le bras de Sébastien et se précipita vers elle. Les deux s'étreignirent en silence sous le regard paisible et heureux de l'homme. Il avait dû se battre pour récupérer madame Becequerel de l'hôpital, mais face au visage souriant de sa protégée, il s'en félicitait.

– Monsieur Oster, merci de nous avoir réunies ! s'exclama une Juliette rayonnante.
– Remercier monsieur Markford, il m'a bien aidé, répliqua Sébastien en prenant place à table.

          Leur hôte choisit d'ailleurs cet instant pour apparaître, son fauteuil roulant poussé par un énième homme en costume aussi stylé que les autres. Dès qu'il vit Lola dans les bras de sa mère, son visage si sévère habituellement s'adoucit et un sourire étira ses lèvres sèches. Puis ses yeux sombres rencontrèrent ceux vert sapin de Sébastien et il retrouva son expression grave.

          Une tension palpable s'installa soudain...

Publié le 17/05/17

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro