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11e Bougie : Sa détermination

          La porte d'entrée avait sonné à sept heures du matin. Mais Sébastien avait anticipé cette arrivée brutale et l'avait forcée à se lever une heure plus tôt. Une certaine surprise s'était peinte sur le visage des trois hommes en costume trois-pièces lorsqu'une Lola fraîche et dispose était venue les accueillir à l'entrée avec un large sourire hypocrite. Pour l'occasion, elle avait même choisi une adorable robe d'été à motifs de fleurs roses délicates et laissé son garde-chiourme lui tresser les cheveux. Enfin, à présent, il représentait plus vraiment un geôlier... plutôt un gardien protecteur ?

           La scène romantique de la veille passait sans arrêt dans ses souvenirs en surchauffe. Sébastien s'était comporté comme un antique chevalier du Moyen-Âge et son esprit oscillait entre le trouver ridicule ou diablement sexy. Mais son attitude de « vieux » n'avait pas varié depuis, donc Lola l'avait classé au final dans la catégorie « antiquité perverse » d'un petit rire amusé. Ce mec ne devait pas avoir plus de vingt-huit ans, mais se comportait comme un homme du XVe siècle. Et avec un sérieux à toute épreuve en plus ! Dès qu'elle avait accepté sa dévotion, il s'était mis à tout gérer pour elle tel un ange gardien inébranlable et indestructible. Si elle avait douté de lui un jour, elle ne pouvait plus, à présent.

– Mademoiselle Becquerel ne travaillera pas pour le bureau, puisqu'elle a été engagée hier soir. Le contrat signé stipulait qu'elle avait le droit de trouver un emploi.

           La voix de Sébastien claqua dans le salon avec une fermeté digne d'un seigneur japonais offensé. Son visage totalement fermé, ses yeux verts qui devenaient sombres, sa mâchoire crispée, tous ces détails Lola les connaissaient bien. Ils signifiaient « je ne changerai pas d'avis, je suis dans mon bon droit, vous n'aurez jamais raison face à ma parole, abandonnez ou mourrez... » quelque chose dans ce genre-là. Dans un petit sourire discret, elle s'amusait intérieurement et remerciait le ciel de l'avoir de son côté. Peut-être qu'au final, son père avait eu une excellente idée de l'inciter à la protéger... ?

– Monsieur Oster, comment pouvez-vous dire cela ? Vous aussi vous...
– Ma lettre de démission est arrivée hier soir. Je suis à présent aux services exclusifs de mademoiselle Becquerel.

          Assis en face de Lola et Sébastien, les trois envoyés du bureau le fixaient de leurs regards interloqués. Ils ne devaient pas être informés de ce léger détail... Celui du milieu qui paraissait représenter la voix des deux autres bondit sur ses pieds et frappa sur la table.

– Sébastien, tu es devenu fou ? Te rends-tu compte de ce que tu as fait ?

          Sans se départir de son calme, ce dernier émit un sourire carnassier digne d'un démon des enfers avant de répondre, son regard de braise enfoncé dans celui qui venait de l'interpeler ainsi.

– En vérité, Marc, laisse-moi dire ce qui vous dérange le plus dans tout cela, le bureau et vous trois. Vous êtes simplement en train de crever de jalousie d'avoir perdu la chance d'être les mentors de cette jeune fille et vous êtes désespérés à devoir admettre votre défaite. Compte tenu de mon départ dans la foulée qui n'arrangera personne, mais que je sois devenu son protecteur vous arrache les yeux, car vous êtes les mieux placés pour connaître mes qualités. Et à l'idée de m'affronter, t'as une trouille bleue, hein, Marc ? Mais je te rassure, Steve et Al à tes côtés n'en mènent pas bien large non plus...

          Les dénommés Steve et Al bondirent à leur tour de leurs chaises et les trois employés du bureau rugirent en chœur. Face à leurs visages déformés par la rage, Lola tressaillit de peur avant de sentir la main de Sébastien se poser sur la sienne sous la table. Il désirait la rassurer ?

– Protestez autant que vous le voulez, vous avez perdu dès l'instant où vous avez haussé le ton. Mais qu'est-ce que le bureau vous a appris, vous trois ? Les jeunes, de nos jours...
– Te fou pas de nous, Oster ! T'es pas plus vieux que moi ! pesta Al, la trentaine passée.
– Oh... ? J'avais presque oublié face à vous... Désolé, j'ai la sensation récurrente de devoir moucher des morveux.
– De quel droit te comportes-tu ainsi ? hurla Steve.

          Ce dernier haussait déjà le poing avec l'idée de frapper Sébastien pour se faire entendre quand la main ferme du dénommé Marc arrêta son bras. Il semblerait que le chef d'équipe ait repris ses esprits entre temps, car il affichait une expression plus douloureuse que colérique.

– Il ne fait plus partie du bureau, Steve... Il n'a plus à se montrer agréable avec nous... En d'autres mots, nous sommes ses ennemis.
– C'est un terme un peu fort, mon cher Marc ! Disons que vous le deviendrez si vous vous en prenez encore une fois à ma maîtresse. Dans le cas contraire, je vous souhaite bon vent et adieu.

          Le sourire hypocrite et poli de Sébastien pour dissimuler sa menace n'échappa à aucun des trois hommes face à lui. Marc se renfrogna avant de tourner son buste et son attention vers une Lola muette et immobile.

– Excusez-nous de vous avoir dérangé d'aussi bon matin... Bon courage dans votre job... et avec « lui » ! J'espère pour vous que vous savez ce que vous faites...
« Moi aussi... » pensa-t-elle in petto.

          Les trois hommes saluèrent d'un signe de tête. Sébastien relâcha la main de Lola et les raccompagna jusqu'à l'entrée. Elle le laissa faire sans ciller sur sa chaise, l'esprit un peu refroidi par cet entretien. Son nouveau garde du corps venait de lui dévoiler une facette de sa personnalité qu'elle n'avait encore jamais vue, juste pressenti. Lorsqu'il revint vers elle, son visage avait repris son impassibilité coutumière et apaisante.

– Je suis désolé si je vous ai fait peur. Mais je devais renvoyer le bureau à la niche, sinon ces imbéciles n'hésiteraient pas à retourner régulièrement à la charge...

          Lola approuva avec douceur, non sans se demander si elle avait bien fait d'en arriver là.

– Et puis...

          Les yeux verts posés sur elle se firent douloureux. Elle pencha un peu la tête, intriguée.

– Et puis ?
– Si je dois devenir votre bouclier, vous deviez voir ce dont j'étais capable... Pour me faire confiance, Lola.
– Tu prends vraiment tout cela au sérieux, n'est-ce pas ? demanda-t-elle d'une petite voix perplexe.

          Sébastien poussa un long soupir avant de retourner s'assoir en face d'elle. Il croisa ses mains sur la table et resta ainsi un moment en silence. Lorsqu'il se remit à parler, sa voix semblait provenir d'une autre époque, car elle raisonnait plus aiguë, telle celle d'un petit garçon.

– Mon père a toujours été quelqu'un de strict à l'attitude militaire et m'a élevé afin que je devienne un homme fort, capable de protéger ses convictions et les personnes autour de lui. Il dominait tout le monde à la maison, mère obéissait comme une femme au foyer sans se poser de question, totalement dépendante à son mari... Volontairement elle a ignoré les signes de sa maladie, car elle avait peur d'être rejetée par celui qu'elle aimait... sans se douter que mon père allait être dévasté à sa mort. Elle aurait pu être sauvée... ainsi que lui. Mais lorsque les médecins se sont penchés sur elle, il était déjà trop tard.

          Un silence macabre venait de s'installer dans le salon. Une fraîcheur imprévue s'abattait sur leurs épaules et Lola se sentit frissonner, alors que la voix blanche de Sébastien continuait son récit d'enfance.

– J'ai assisté à la longue agonie de ma mère sans comprendre, jusqu'à sa fin. J'ai contemplé celui que je considérais comme l'homme le plus fort du monde se déliter sous mes yeux avant de devenir une épave de souffrance. Il est parti en zone de guerre en tant que volontaire et je savais qu'il espérait ne jamais en revenir. Avant son départ, il ne m'a pas dit « à plus tard, mon garçon » comme d'habitude, mais « adieu, mon garçon »... Il est mort en sauvant un petit garçon d'une fusillade... Il a fait bouclier avec son corps.

           Elle n'osait rien dire. Il venait de lui révéler une partie de lui qu'elle n'aurait jamais voulu connaître, en vérité. Sa jeunesse ressemblait à un champ de mines. Lola ne se rendait même pas compte qu'elle pleurait malgré elle. De son côté, Sébastien ne paraissait pas plus en forme, le visage pâle et le regard vitreux perdus dans son passé. Ses mains se détachèrent pour se serrer en deux poings rageurs.

– Vous comprenez, Lola ? Vous incarnez un espoir comme le monde n'en a pas connu depuis des milliers d'années ! Vous pouvez sauver la vie à des mères et des pères, ainsi qu'à des enfants. Vous pouvez empêcher des tueries... Vous n'avez même pas conscience que vous représentez l'idée du messie, hein ?

          Il relevait son regard douloureux brouillé par des larmes. Sébastien pleurait ! Lola se sentit se lever malgré elle et se rapprocha de lui pour le prendre dans ses bras. Les raisons de cet homme pour être aussi sérieux devenaient limpides ; il voulait offrir à ceux qui souffraient une chance de sourire à nouveau...

– Je ne suis pas l'envoyée d'un dieu, Sébastien... Il ne s'agit que d'un concours de circonstance et... Je n'arrive pas encore à faire correctement ce que j'aimerais...

          Elle sentit ses bras entourer sa taille et sa tête se poser contre son ventre. Les larges épaules de l'homme qui l'avait tant effrayé plus tôt continuaient d'être secouées par de lourds sanglots. Un sourire amusé étirait ses lèvres quand elle se rendit compte que la veille, leurs positions étaient inversées. Lola lui caressa ses cheveux sombres comme l'aurait fait une mère pour consoler son fils.

– Qu'importe les circonstances... Qu'importe les raisons... Qu'importe les origines... Lola... Devenez notre messie...

          Un accord tacite s'installa entre Lola et Sébastien ; ils n'avaient jamais pleuré dans les bras de l'autre. La vie reprit son cours à partir de cette base erronée et bancale, mais qui leur permit de discuter sans gêne. De même qu'elle ne fit plus jamais mention de ses parents, il n'en parla plus jamais. A contrario, il se mit à s'occuper de Juliette avec un intérêt accru.

– Vous n'arrivez pas à la guérir en une fois, en somme.

          Leur relation avait néanmoins évolué. Lola lui avait tout expliqué à propos de son voyage en Emeth, de l'étrange garçon rencontré là-bas qui prétendait être son subconscient. La seule information qu'elle conservait encore pour elle restait l'identité de son père. Mais comme Sébastien ne lui demanda rien, elle jugea qu'il respectait son silence.

– En fait, si j'ai bien compris, jusqu'à présent j'utilisais mon âme pour activer mes pouvoirs, ce qui n'est pas bon. Alors j'ai essayé d'autres sources d'énergie, comme l'électricité ou la vapeur, sans succès. Jusqu'à ce chien rachitique de la voisine... Tu sais, celle qui te faisait du rentre-dedans éhonté...

          Lola grimaça à cette seule évocation, mais face au visage impassible de Sébastien, elle commença à se demander si ce type possédait un cœur.

– Quoi, t'as pas vu qu'elle rêvait de te mettre dans son lit ?
– Aucune importance. Que s'est-il passé avec le chien ? Il a dormi un sacré moment, j'ai supposé que tu lui avais pris de l'énergie, comme avec moi...

           La jeune fille soupira de désespoir. Peut-être que la voisine ne lui plaisait pas ? Où qu'il trouvait le style provocant vulgaire ? M'enfin, à son âge, rester seul ce n'était pas une bonne idée non plus... Lola l'avait même imaginé être gay, mais quand elle lui avait parlé du « beau petit cul » d'un acteur célèbre, il l'avait regardé bizarrement et claqué un « les hommes ne m'intéressent pas, moi » assez directe et définitif... Elle enverrait un message à Gaël à l'occasion, lui devait savoir pourquoi Sébastien fuyait les relations amoureuses.

– Oui, tu as bien deviné... En vérité, l'énergie ne peut venir que d'un être vivant... Cela fonctionne avec les végétaux, les animaux et les humains... Mais je m'imagine mal faire dormir un hôpital entier dans l'espoir de guérir maman, tu vois...

           Elle l'observa s'assoir sur le canapé et croiser ses jambes, non sans poser une main sur son menton, ce qu'il faisait souvent dès qu'il réfléchissait sérieusement à la question.

– D'après vos analyses, vous ne puisez dans rien de vital. Vous êtes juste un peu anémiée... A moins que vous utilisez une données qui n'est pas intéressante du point de vue médicale mais essentielle pour vous aider à brûler votre énergie...
– Euh... J'ai du mal à te suivre...

           Le regard vert forêt de l'homme se planta dans le sien avec une acuité nouvelle. Au fond d'elle, Lola sentit qu'il venait de mettre le doigt sur quelque chose.

– Vous maigrissez après chaque visite avec votre mère... Je vous aide à vous remplumer chaque semaine. Au début, je croyais que l'inquiétude était la cause, mais aujourd'hui, je me demande si vous n'êtes pas concrètement responsable. Que dites-vous d'une petite expérience ?

Publié le 26/04/17

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