Le tonnerre gronde de plus en plus fort, signe que l'orage s'approche de plus en plus. Les éclairs zébrant le ciel illuminent son chemin, la guidant à travers les petites ruelles de son village, que les éclairages publics ne daignent pas embellir. Écouteurs enfoncer jusqu'aux tympans, les musiques de son groupe britannique de rock préféré résonnant de sa tête jusqu'à son coeur, avant d'ébranler son âme, elle marche avec entrain sous la pluie, ses cheveux lui collant au front, l'eau glissant dans sa nuque dans une course lente semblable à l'écoulement d'une rivière un jour de beau temps.
Elle sort de son village, marchant au rythme de la batterie, et gravit la petite colline, qui domine les alentours. Un sentiment de paix l'envahit, tandis que la guitare électrique s'affole dans ses oreilles, écho hasardeux des éclairs sublimant les cieux.
Un arbre, seul, se dresse là, au sommet de cette colline, régnant sur les villageois aux aboix, les herbes rebelles et les animaux en troupeau. Il veille, surveille et protège les siens de son aura à la fois forestière et impressionnante.
Elle se tient maintenant face à lui, les gouttes d'eau s'écrasant bruyamment au sol, l'orage étant à son apogée. Puis lentement, elle se tourne face au village, face à la plaine, face au monde, accompagné du majestueux saule. Et au rythme de sa musique, elle se met d'abord à fredonner, puis à chanter, et enfin à crier ces paroles si pleines de valeurs.
Plus rien ne vient embrumer ses pensées. Personne ne peut l'arrêter. Seulement quand elle le voudra, seulement quand elle aura hurler au monde sa douleur, sa rage, sa détermination et ses revendications, seulement lorsque la musique se sera tue, alors elle scellera à nouveau ses lèvres.
La batterie martelle ses envies, la guitare scande ses valeurs, le chanteur exclame une liberté. Sa Liberté.

Doucement le vent cesse, l'eau tombe maintenant au sol comme la feuille d'automne le fait lors d'un beau jour d'octobre, le tonnerre s'éloigne, emportant avec lui le message d'une jeune fille à part de ce monde, et tout aussi doucement la musique cesse, concluant cette soirée.
Alors, elle retire ses écouteurs, et redescend énergiquement la colline.
Alors, elle rentre chez elle, trempée et pleine de boue.
Alors, elle s'écroule sur son lit et fixe son plafond.
Alors, le nom d'une autre musique vient s'infiltrer dans sa tête, pour le prochain orage.
Alors, le lendemain, elle s'écrira dans la langue d'un pays de la Révolution.
Alors, elle sera l'image d'une jeunesse qui se lève.
Alors, Liberté sera son drapeau.

𝕊𝕙𝕖 𝕨𝕒𝕤 𝕓𝕖𝕥𝕥𝕖𝕣 𝕥𝕙𝕒𝕟 𝕙𝕒𝕡𝕡𝕪. 𝕊𝕙𝕖 𝕨𝕒𝕤 𝔽ℝ𝔼𝔼
~𝔹.𝔻𝕀𝔸ℤ~

Publié le : 15/01/2022
~G~