À quelques jours de Noël
PDV Noya :
La sonnerie retentit bruyamment dans les couloirs silencieux. Le professeur donna quelques instructions aux élèves avant de leur souhaiter un bon weekend. Ces derniers se levèrent dans un brouhaha assourdissant avant de tous se précipiter vers la porte de sortie. L'une des adolescentes prenait son temps à ranger ses affaires. Elle était de taille moyenne la peau pâle, les cheveux noirs et les yeux bleus.
Je finissais de ranger mes cahiers dans mon sac tandis que tous les autres élèves étaient déjà dehors. Je trouvais leur attitude très déplacé, un vrai manque de respect envers le prof. Mais cela était peut-être dû au fait que je n'ai pas toujours vécu ici. Je suis d'origine japonaise, j'ai vécu dans mon pays natal une bonne partie de ma vie, jusqu'à ce que mes parents décident de venir habiter en France. Je me suis donc retrouvé dans ce nouveau pays dont je parlais assez peu la langue et dont les habitudes me perturbent. Mon uniforme scolaire me manquerais presque. Je ne sais jamais comment m'habiller pour venir au lycée. Les premiers jours j'étais venu dans mon uniforme, espérant m'y sentir plus à l'aise, mais c'est l'inverse qui s'est produit. Tous les regards se tournaient vers moi, j'ai donc vite cessé de le porter et l'ai rangé soigneusement dans mon placard.
Je fis courir la fermeture éclair de mon sac à dos et revêtis ma veste avant de mettre mon sac sur mon dos. Les couloirs étaient déserts, je passai à mon casier pour y récupérer quelques affaires dont j'aurais besoin pour mes devoirs. Je sortis finalement à l'extérieur, lâchant un nuage de vapeur d'eau. Il faisait vraiment froid, mes doigts le ressentaient malgré mes gants blancs en laine. La neige qui descendait doucement en direction du sol me prévenait que la température devait avoisiner les 0°C. Je continuais donc ma marche en direction du portail qui menait à la sortie. J'habite avec mes parents dans un petit appartement en périphérie de Paris, mon établissement est également situé en périphérie pour éviter d'avoir des frais de transports trop importants.
Arrivé au grand parking des bus, je pose mon sac par terre et me mets à chercher une enveloppe qui est dans une des poches de ma veste. Ce soir je ne prendrai pas le bus, ma mère m'avait demandé de faire quelques courses et m'avait donc donné de l'argent qui était dans cette fameuse enveloppe. Je trouvai finalement l'objet en question et le sortais, dans le but de vérifier son contenu et d'en sortir la petite liste que m'avait faite ma mère. Je rangeai l'enveloppe dans ma poche de droite en prenant soin à la refermer, juste au cas où. J'épaulai mon sac et me remis à marcher en lisant les mots inscrits en japonais. Je relevai finalement la tête et me dirigeai vers la supérette la plus proche enfouissant la liste et ma main gauche dans la poche. J'arrivai rapidement à l'endroit souhaité et entrai. Je parcouru les rayons et trouvai tous les ingrédients dont ma mère avait besoin, payais et ressortais un petit sac en plastique recyclable en main. Un frisson me parcouru lorsque je me retrouvai de nouveau dehors. Visiblement le temps ne se réchaufferait pas. Je me mis à marcher d'un pas déterminé ver l'arrêt de bus le plus proche, sachant que le prochain bus qui partait pour chez moi serait là dans moins de dix minutes. Je décidai de prendre un chemin plus rapide en coupant dans une rue adjacente. Il y avait beaucoup de monde, les gens se pressaient, des sacs de toutes sortes dans les mains. Il faut dire que cela doit être normal puisque les fêtes approchent à grand pas. Je me frayai un passage au milieu de ce petit monde et traversai finalement la rue piétonne sans encombre. Je poussai un soupir ennuagé et m'apprêtais à reprendre ma marche quand mon regard croisa celui d'une jeune fille et d'un petit garçon. Le plus petit pleurait alors que la fille tentait de le rassurer. Les voyants seuls, je m'approchai d'eux et leur demandai ce qui n'allait pas en me doutant bien de la réponse. La petite fille me répondit qu'elle avait trouvé ce garçon seul. Celui-ci renchérit en sanglotant expliquant qu'il était avec ses parents avant de les avoir perdu de vus au milieu de la rue. Je compris presque immédiatement malgré ses larmes perpétuelles. Je le pris par les mains en m'accroupissant devant lui et assurai qu'on retrouverait ses parents. Je décidais donc de faire une croix sur mon bus et aidait les pauvres enfants en tentant d'apercevoir un couple aux aires perdu, mais rien. Au bout d'une dizaine de minute, je décidai d'entrer dans une boutique de vêtement aux abords de la rue et aperçu un jeune couple discuter avec le vendeur, l'air inquiet. Je m'approchai donc d'eux et leur demandai si ces enfants étaient les leurs. Ils accueillirent leur fils à bras ouverts et me remercièrent plusieurs fois avant de repartir le sourire aux lèvres.
Finalement je ressorti de la boutique et demandai à la jeune fille pourquoi elle n'était pas accompagné, ce à quoi la petite blonde me répondit d'un simple sourire. Tout ce que je pus comprendre d'elle, c'est qu'elle devait souvent se promener comme cela dehors, qu'elle avait environ 8 ans et qu'elle s'appelait Lys. J'allais lui proposer de la raccompagner chez elle, ne voulant pas la laisser trainer seule par un temps pareil. Mais la jeune fille fût plus rapide et attrapa ma main et se mit à tirer dessus en m'incitant à la suivre de son grand regard bleu. Je décidai donc de la suivre, m'attendant à ce qu'elle m'emmène chez elle.
Nous parcourûmes les rues sans que je ne sache où nous allions. Arrivées dans un coin de la ville assez reculé, la jeune fille ralentit et finit par me lâcher la main. Je lui demande pourquoi elle m'a conduit ici, mais Lys déposa son index sur ses lèvres rosées en signe de discrétion. Sur le coup je ne compris pas et fronçai les sourcils. La petite blonde me fit signe de la suivre, ce que je fis, poussé par la curiosité. Je m'arrêtais net lorsque nous arrivâmes devant une petite ruelle. Je déposais mes mains sur ma bouche et mon nez, les yeux écarquillés par la scène qui s'étalait devant moi. L'odeur de pourriture était insoutenable, je reculais donc et faisais de mon mieux pour ne pas répandre mon déjeuner sur le sol blanc. Je ravalais donc la bile que j'avais dans la gorge et me redressai pour faire face à la vision d'horreur.
Devant moi se tenait trois corps ensanglantés, deux corps d'adultes et un corps plus petit dont Lys en contemplait les traits. Je fis de mon mieux pour rejoindre la jeune fille. Elle ne semblait pas perturbé parce qu'elle voyait. C'est en détaillant les corps que je compris ce qu'il s'était passé. J'en reculai, apeuré. Le petit corps couvert de sang par terre était celui de Lys. Elles portaient les mêmes habits et possédaient la même chevelure. Le regard bleu de la petite se posa sur moi et elle déclara d'une voix à la fois clairvoyante et aiguë qu'ils n'étaient pas censés mourir. Je me rendais compte que tout ce temps passé avec la petite Lys, personne n'avait réellement fait attention à elle. En fait, seul le petit garçon et moi l'avions vu et écouté. Les parents du garçon ne semblaient pas l'avoir vu quand je leur avais rendu leur précieuse progéniture, ni le vendeur qui observait la scène et n'avait transmis un regard à la petite. Ce fut la goutte de trop, je n'en pouvais plus. Je prenais le téléphone portable dans ma poche et appelai les policiers en faisant de mon mieux pour décrire l'endroit où je me trouvais et ce qu'il s'était visiblement passé. Quand je relevai la tête, le fantôme de Lys avait disparu. Je lâchai plusieurs larmes encore sous le choc. J'ignorais pourquoi la mort de la petite fille m'avait autant attristé, mais je ne sais pas trop comment j'aurais pu réagir face à un évènement similaire.
Je prévenais finalement ma mère que je rentrerais plus tard et suivit les policiers au poste où ils m'interrogèrent avant de me demander mes coordonnées pour pouvoir me recontacter. Je rentrai finalement chez moi au milieu de la nuit et racontai tout à mes parents malgré mon choc encore trop récent.
PDV Lys :
Cet après-midi, je jouais dehors dans la neige. L'école avait été annulée en vue de toute la neige qui était tombé la nuit précédente. Mes parents avaient décidés de faire un tour dehors pour se dégourdir un peu les jambes et pour qu'on sorte un peu prendre l'air. J'abandonnai donc mon bonhomme de neige tordu et montai dans la voiture que mon père conduit dans une ville voisine. Nous avions fait le tour des magasins alentours quand 16h approcha. En entendant mon petit ventre gargouiller, ma mère proposa de faire un petit détour dans une crêperie, ce que mon père et moi acceptions avec joie. Après avoir mangé notre crêpe chaude et sucré, nous nous baladâmes dans les rues alentour et trouvâmes un parc où nous nous arrêtâmes. Je me mis presque immédiatement à jouer avec les montures à ressort en prenant plusieurs tons de voix et m'imaginant des histoires de cow-boy. Après plusieurs minutes, je tournai mon regard de cristal vers mes parents, remarquant qu'ils se câlinaient tranquillement sur un banc. Les voir si proche me fis sourire. Sur le moment je m'imaginais plus grande tenant la main d'un garçon du même âge moi, à nous lancer des regards complices et amoureux à la fois. Je voulais vivre la même chose que mes parents, être heureuse comme eux.
Je descendis finalement du zèbre à ressort et me mis à courir vers un parcours avec un petit mur d'escalade. Je commençai à grimper celui-ci et observai les alentours tel un capitaine de navire pouvait le faire. Me prenant totalement au jeu, je fis la loupe avec mes mains et me mis à observer de nouveau les alentours. C'est là que j'aperçu une boule de papier froissé par terre. Je m'empressai de descendre de mon perchoir, piqué par la curiosité. Je saisissais la boulette et la dépliai, découvrant un bout de journal recouvert de quelques coups de marqueurs qui formait un magnifique dessin. Dessin qui visiblement n'avait pas plu à son créateur pour qu'il se retrouve ici. J'observai donc les alentours et m'approchai de la poubelle la plus proche et y jetai le papier. En m'éloignant de la poubelle, je perçu la discussion de deux hommes, seulement quelques bribes qui ne semblaient pas s'assembler dans mon esprit. Mais quand je tournai la tête innocemment dans leur direction, je compris que leurs intentions n'étaient pas bonnes et m'éloignai, rejoignant mes parents par la même occasion. Je lâchai un bâillement, ce à quoi mon père conclut qu'il était temps de rentrer pour se mettre au chaud. Je me frottai un œil quand je remarquai qu'une famille au même nombre que nous arrivait dans le parc d'une démarche pressé. Leurs regards fuyants me laissait penser qu'il y avait un problème, puis mon bon sens me chuchotai que cela devait être mon imagination. Mon père me prit la main gauche tandis que ma mère saisissait ma main droite, puis nous quittâmes le parc. Malgré tout je ne pus m'empêcher de jeter un œil en arrière et de voir que les deux hommes que j'avais croisés plus tôt semblaient curieusement intéressés par la famille apeuré. Durant le trajet j'essayais de me convaincre que ce que j'avais vu n'étais pas important, que cela ne nous concernait pas. Mais au fond de moi, j'avais peur. J'avais l'impression que nous devions courir pour une raison que j'ignorais. Je tentai plusieurs fois de faire comprendre à mes parents que quelque chose n'allait pas et qu'il fallait vite rentrer à la maison, mais il me répondait par des sourires qui se voulaient rassurant et me chuchotaient des mots doux pour tenter de me calmer.
Finalement, nous arrivâmes près de l'endroit où mon père avait garé la voiture, pas loin de la grande rue où nous avions mangé des crêpes et passé une grande partie de notre après-midi. Puis, un bruit retentit. Un tintement que mes parents ne perçurent pas. Un bruit désagréable de chaire déchiré se fit entendre au creux de mes oreilles. En me retournant, je pouvais que constater le spectacle. Mes parents s'écoulaient devant moi, me tâchant de sang. Ils avaient été égorgés. Je reculai de quelques pas, des larmes humidifiant mes joues d'enfant. On m'attrapa violemment par les cheveux et me jeta dans une ruelle pleine de neige. D'un éclair je senti quelque chose me transpercer et atteindre mon cœur. La lame froide avait laissé un liquide chaud et visqueux s'écouler de ma blessure. Je me recroquevillai sur moi-même en priant pour que la douleur s'arrête. Je regardai une dernière fois mes parents et tournait ensuite mon regard azure vers mes agresseurs. L'un d'eux cria quelque chose et le second s'approcha de moi un couteau ensanglanté dans la main.
Fin
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