Elle est assise sur la banquette de velours noir. La scène semble infinie, seulement troublée par un rai de lumière, qui ricoche sur l'instrument, formant de minuscules étoiles. Tout semble figé, même les miniscules poussières apparue dans la lumière. Astrid est là, ses longs cheveux bruns réunis dans un bas chignon, son corps couvert par une longue et légère robe bleue lavande. Elle est si légère et semble si fragile qu'elle paraît flotter dans la pénombre de l'endroit. Ses yeux gris sont baissé sur le clavier. Son visage est calme, tout son être est impassible. Soudain, après cette seconde qui semble des heures, elle tombe. Sa main. Sur la première touche. Puis c'est la valse, qu'elle a apprise par coeur. Elle danse avec le Diable, le tentant à chaque croche, à chaque pauses. Il ne l'attrape jamais. Elle a bien trop souvent joué à ce jeux, elle le connaît. Personne ne lui prendra son moment. Creshendo. Sa main monte, ses sourcils se froncent imperceptiblement. Le moment tant redouter. Le pire du morceau. Elle doit y arriver. Elle pose son index sur la touche décisive. Après celle-ci, tout sera réussi. Elle amorce la descente. Au bout d'un dernier effort, elle plaque ses doigts dans un ultime accord. Elle a réussi. Le Diable ne la tentera plus. La scène, qui paraissait pleine de vie quelques instants plus tôt, redevient mystérieuse, sombre. Mais elle ne le voit pas. Elle ne voit pas non plus les dizaines de spectateurs qui se lèvent et qui l'acclament. Elle entend à peine leur cris, leurs applaudissements. Astrid ne voit que le piano.