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O.S N°1: Marcel-Harry et son "soupirant"




   Je jette un œil sur la liste de noms affichée. Je n'hallucine pas. Je suis bel et bien dans sa classe cette année. Je ne sais pas comment le prendre. Dois-je m'en réjouir ou en être accablé ?

On se connait depuis la maternelle, pourtant nous n'avons jamais été amis. Et cette année, pour le première fois depuis la fin du primaire, je tombe à nouveau dans sa classe.

Louis Tom. C'est "mon amour" depuis que je suis en âge d'avoir un "amour". Et je ne suis même pas certain qu'il connaisse ne serait-ce que mon prénom. 

Il est magnifique, il est tellement parfait. Il est la perfection incarnée. Il est gentil, sociable. Il connait tout le monde, parle à tout le monde. Sauf à moi. Il fait souvent le comique, a toujours le mot ou la répartie pour faire rire. Il n'est pas capable de méchanceté. Même s'il ne fait pas parti du "gang" des sportifs, il est très populaire au lycée. Tout le monde l'adore, le respect. Quand il franchit les portes de l'établissement, tous le saluent. C'est une sorte de roi. Un roi adorable. Un roi souriant et poli. Le mien.

Quant à moi, je ne suis rien, ou plutôt pas grand chose. Je me trouve trop grand, trop gros, même si ma mère prétend que j'ai le poids idéal pour ma taille. Il a des cheveux bien structurés, les miens sont anarchiques avec mes boucles indomptables. Puis lui, quand il marche, il a toujours la tête relevée, il n'a jamais honte de quoi que ce soit, de qui il est, ce qu'il représente. Il ne se cache pas derrière de grosses lunettes, comme moi, en tentant de rester invisible. Quand je souris, j'ai ces deux horribles fossettes qui se dessinent sur mes joues. Je les déteste. Du coup, j'essaie de ne jamais sourire. Mais c'est difficile. Surtout quand Louis Tom entre dans une pièce et que j'ai juste envie de soupirer d'extase. Ou quand il sort une réplique qui amuse tout le monde. Puis ma voix est trop grave et je parle lentement. Je dis deux mots qu'il en aurait placé cent. La sienne est tellement mélodieuse. Je pourrais l'écouter parler une vie durant.

C'est fou le contraste entre nous. Petit/grand, beau/bof, populaire/inexistant, entouré/solitaire, extraverti/timide.

Bref, ici Louis c'est le roi et je suis le dernier de ses sujets.


   Je ne sais pas ce que j'espérais quand on s'est retrouvés dans la même classe. Ça n'a rien changé à notre "relation". Je n'ai juste plus à attendre les inter-cours pour espérer le croiser. Je l'ai sous les yeux à longueur de journée. 

En six mois de cours, on a échangé trois fois, verbalement. Il m'a demandé deux fois une feuille. Et la troisième fois, mon effaceur. Voilà, voilà. Et moi, à part lui sourire stupidement avec mes fossettes horribles, je n'ai rien su ajouter de plus.

Je l'aime d'autant plus qu'il ne s'affiche avec personne. En début d'année, il était avec cette fille qui le collait à longueur de temps. Mais rapidement, elle a disparu et il est resté célibataire. Ou il semble l'être. Ce mec c'est mon bonheur sur terre.



   Certaines classes ont été sélectionnées pour un voyage scolaire à Londres. La notre en fait partie. Patiemment, j'attends que le professeur d'anglais finisse de discuter avec les accompagnants et familles d'accueil à propos de l'organisateur. Le vol m'a épuisé, je ne pense qu'à aller me reposer.

— Silence s'il vous plait, il s'écrie enfin. 

Le brouhaha cesse.

— Nous allons procéder au dispatching. 

Dans les familles d'accueil, nous serons regroupés par deux. Je serai seul.

Le nombre d'élèves et d'accueillants diminue au fur et à mesure des noms appelés. 

Nous ne sommes plus que cinq élèves et deux accueillants. Je fronce les sourcils. Ils ont du m'oublier.

— Tom/Paine. Vos accueillants ont un empêchement. L'un ira avec Boran et Mavik, car leurs accueillants peuvent prendre en charge une personne supplémentaire. L'autre ira avec Stiles. 

C'est moi, "Stiles" : Harold-Marcel Stiles. Mais les gens ne retiennent que Marcel.

— Pourquoi Stiles part pas avec Mavik et Boran, Msieu ? demande Liam Paine. Comme ça je reste avec Louis.

— Pour vous faire parler, Monsieur Paine ! Allez, décidez-vous ou je m'en charge.

— Je te laisse avec Stiles, rit Liam, en se précipitant vers Niall et Zayn. 

Louis en soupire, prit au dépourvu. C'est gentil pour moi.


Le silence est lourd et pesant, entre Louis et moi. On suit sans rechigner la dame qui nous héberge. Elle parle beaucoup, ce qui, heureusement, casse le malaise.

Elle nous fait visiter brièvement sa maison, puis nous conduit jusqu'à une chambre.

— Voilà !

— Prends celle-ci, déclare aimablement Louis. Je prendrai l'autre.

— L'autre ? Il n'y en a pas d'autre. C'est pour cette raison que je n'avais pris qu'un élève, à la base. Le lit est grand, faudra partager, elle rit, amusée par mon regard horrifié. 

Louis soupire bruyamment. 

— Il n'y a vraiment pas d'autre lit ? il tente quand même, désespéré de devoir rester si proche de moi.

— Oui. Le mien. Si vous préférez dormir avec moi, jeune homme... 

— C'est très bien, là, avec Stiles, il ajoute précipitamment, effrayé, en effectuant un pas chassé vers moi. 

La vieille dame, Annie, en rit de plus belle.


Après dix minutes lourdes en émotions, car je me retrouve seul avec lui pour la première fois de ma vie et qu'il y a un lit dans la pièce, je me lance.

— Je suis navré que tu sois séparé de tes potes. 

Il me scrute, étonné.

— Ce n'est pas grave. Ce n'est pas la fin du monde. 

Pour toi ce n'est pas la fin du monde. Pour moi, c'est le commencement du mien.

Comme il n'engage pas plus la discussion, je redeviens muet.

Au souper, Annie est bavarde et parle pour nous trois. Je suis de nature pas très loquace, mais Louis est anormalement silencieux. Je le fais autant chier que ça ? Il fait la gueule de ne pas être avec ses potes ? Il est souffrant ? 


   Face au miroir de la salle de bain, je regrette d'avoir choisi ce pyjama Star Wars. A 18 ans et partageant la même chambre que Louis, ça craint ! Je décide donc de ne porter que le bas, noir, uni, en laissant le haut Dark Vador caché dans mon sac. Je suis bizarrement moins ennuyé à l'idée d'être torse nu qu'avec ce haut Georges Lucas.

A mon retour, il est déjà au lit, côté gauche. Il lève un instant les yeux de son téléphone pour m'étudier, sans rien dire. Je me sens mal à l'aise. 

— Tu vas dormir comme ça ? il demande.

— Quoi ? Pourquoi ?

— Moi, j'ai un bas et, euh, un haut.

— Ah, d'accord, désolé, ça te dérange. Je vais enfiler mon t-shirt d'aujourd'hui. 

Non, non, non, il pue.

— Ou non, je vais plutôt mettre celui de demain.

— Tu vas le froisser, remets celui d'aujourd'hui, il soupire.

— Celui d'aujourd'hui ! Euh, c'était un polo. Et... les boutons au col vont me gêner pour dormir. 

S'il n'y avait que ça pour m'empêcher de dormir...

 Il soupire encore. 

Il ne sait faire que ça en ma présence : "soupirer". Ça me peine.

— Reste comme ça, c'est bon, il renonce.

J'entre délicatement dans le lit, en me collant au maximum au bord. 

Je vais dormir dans le même lit que Louis, ça me semble irréel. Où est la caméra ?

— Tu comptes lire ou faire un truc du genre, ou je peux éteindre, Harold ?

J'en reste estomaqué. Non seulement il connait mon prénom, mais en plus, il connait le vrai, pas le second avec lequel tout le monde m'appelle.

—  Co... Comment tu connais mon prénom ?

— On est dans le même cursus scolaire depuis la maternelle, il soupire. Depuis le temps, je pense que c'est normal que je connaisse ton prénom, non ?

— Harold. Tu connais Harold. Tout le monde m'appelle Marcel, depuis toujours.

— Ouais, et je ne sais pas pourquoi "Marcel" te colle aux baskets. C'est moche. Je préfère Harold. Harold Marcel Stiles. C'est donc Harold ton premier prénom, pas Marcel, que je sache. Je n'ai jamais compris pourquoi ils t'appellent tous "Marcel", il soupire. 

Je ne sais pas quoi répliquer à ça.

— Bon, on peut éteindre ou pas ?

— Ouais c'est bon.


   Au matin, je me réveille car je sens un corps chaud contre le mien. Mes yeux s'élargissent intensément quand le retour à la réalité me fait comprendre qu'il s'agit de Louis. Je ne bouge plus. Mon cerveau ordonne à mon cœur de se calmer, mais il ne veut rien entendre. Il s'affole. Je suis dos à lui et il est contre moi, un bras passé autour de ma hanche. Il dort. Je sens son souffle lent, chaud et régulier chatouiller ma nuque. 

Si c'est un rêve, laissez-moi dedans, par pitié. 

Il remue légèrement. Je crois que je suis en train de perdre un litre de sueur à le sentir aussi proche. Il se colle plus. Je vais m'évanouir, c'est sûr ! 

Ses jambes frôlent les miennes et je sens une petite bosse contre mes fesses. Seigneur ! Je crois que je vais suffoquer. Je suis tellement paniqué, troublé, confus, que je ne pense même pas à en être excité. 

Il gigote encore. Il se réveille car il s'écarte brusquement. Je me sens à la fois mieux et moins bien, de nouveau seul. 

Il se lève. Il pense que je dors toujours et ça me soulage.


Au petit-déjeuner, il murmure simplement un "bonjour" en réponse polie au mien, de "bonjour".

Je ne sais toujours pas si c'est d'être séparé de ses potes, ou de s'être réveillé ainsi contre moi qui le met dans cet état que je ne saurais qualifier, mais il est froid. Je ne comprends pas qu'une personne qui dégage autant de chaleur puisse être à ce point froid avec moi. Je me sens tellement nul. Je suis vraiment un gars nul.

Dès qu'on rejoint le groupe, il retourne avec ses amis et reste avec eux toute la journée. Je n'espérais rien de spécial, je ne m'attendais pas à ce qu'il change ses habitudes ou qu'il m'intègre au groupe par politesse, mais je suis déçu. Je reste seul toute la journée, comme à l'accoutumé. 

J'ai envie de pleurer quand je vois les autres élèves rirent ensemble, s'entendre si bien. Ils s'amusent, plaisantent, sont unis. Je suis seul. Encore et toujours. A midi, on a eu un panier repas. J'ai mangé seul, dans mon coin, sur une marche. Je ne comprends pas pourquoi je suis tout le temps seul. Je ne suis pas méchant, je n'ai jamais fait de mal ou causé de tort à personne. Je suis juste un tantinet timide et silencieux. Je n'ai pas un look à la mode, certes, mais je n'ai pas un look repoussant non plus.


Vers 16 heures, les profs distribuent des paquets de gâteaux et des canettes de sodas. A ma plus grande surprise, Louis s'approche pour me propose, en quelques mots, d'échanger mon ice tea contre son coca. Je préfère l'ice tea, mais j'ai envie de lui faire plaisir. Alors, j'accepte en souriant bêtement, ce qui fait, hélas, encore une fois ressortir mes horribles fossettes. 

Il soupire. 

Tandis qu'il s'éloigne pour rejoindre ses potes, j'ouvre ma canette. Je suis tellement con et naïf. J'aurais du le voir venir, mais venant de Louis je ne me serais jamais douté. J'ai des œillères quand ça le concerne.

Le soda me gicle sur la gueule et partout sur mon haut. Il l'a secoué exprès avant de me le confier. 

Sur le moment, j'ai d'abord préféré croire à un concours de circonstance. Mais en les entendant, hilares, et en comprenant qu'ils n'attendaient que ça, que je l'ouvre, je saisis la supercherie.

J'aurais pu me mettre à rire avec eux, en m'écriant : Très drôle, bien joué. J'aurais ainsi pu rire AVEC eux, les laisser rire AVEC moi, au lieu de les regarder rire DE moi.
Mais je suis tellement fragile et timide. Et je me sens si seul, si gauche, si nul, si mal-aimé. Alors je baisse la tête et tente de m'essuyer maladroitement avec les mains, qui deviennent toutes collantes. Je renifle en grattant mon nez avec mon poignet, mais je ne pleure pas. Je ne suis pas comme ça. Je ne lâcherai pas prise devant eux.

Je suis surtout vexé. Je ne savais pas Louis et sa bande capables de se moquer ainsi des autres. Généralement, ils sont moqueurs, marrants, mais jamais aux dépens de quelqu'un. De moi, en l'occurrence. Je suis peiné. Ils ont peut-être toujours été ainsi. Peut-être que je suis tellement obnubilé par lui que je n'ai jamais été capable de voir son véritable visage.

Une fille de ma classe, aussi réservée et timide que moi, mais qui a des amies, elle, s'approche et me tend un mouchoir. Je trouve ça touchant. Je l'accepte en la remerciant, souriant tant bien que mal.

— Hey Marcel ! crie Zayn. Grâce à nous tu t'es fait une petite copine. 

Ils rient tous. 

Je n'ose pas regarder Louis. Je suis trop déçu et je ne supporterais pas le fait de le voir aussi se foutre de ma gueule. La canette m'a suffit. La fille s'éloigne, rouge de honte, regrettant certainement son geste amical. Déjà que je suis seul, si en plus ils agissent ainsi avec ceux qui m'approchent, je ne suis pas près de trouver un ami. A ce stade, je ne demande même pas un petit ami, je demande juste un ou une ami(e). 

— Merci pour le mouchoir ! je dis un peu fort pour qu'elle m'entende. 

Elle relève à peine les yeux et murmure un :

— De rien.


Le soir, avec Louis, on ne se parle pas. On laisse encore Annie faire un monologue. Ce qui ne change pas de la veille. La différence est que j'ignore totalement Louis, ne lui jetant pas un seul coup d'œil, contrairement à d'habitude. 

Je croyais qu'il était gentil, je me suis trompé. L'image parfaite que je me faisais de lui s'effondre, mon univers s'effondre. Le pire reste pour la fille qu'ils ont mis mal à l'aise. Moi, à la rigueur, je m'en moque.

— Vous n'êtes pas bavards, remarque Annie. 

On ne dit rien. 

— Vous êtes fâchés ?

— On n'est pas amis, à la base, donc on n'est pas fâchés, je lâche, me surprenant tout seul. 

Louis ne rétorque rien. C'est différent quand il n'y a pas les copains avec lui. 



Ce soir, après ma douche, j'enfile mon haut Dark Vador. Je m'en fiche maintenant. 

— Quoi ? je demande froidement, quand ses yeux s'élargissent en le découvrant. 

— Pourquoi tu ne l'as pas porté hier soir ?

— Parce que maintenant je n'en ai plus rien à faire d'avoir l'air ridicule. Je le suis quoi que je fasse. Tu auras un nouveau sujet de moquerie à raconter à tes potes, demain !

Il ne répond rien et soupire. Louis "le soupirant" le retour.

— Ne me dis pas que tu es fâché à cause de cette histoire de canette ? 

Je ne réponds rien et arrange des affaires dans mon sac. 

— Bon, tu es bien fâché pour le coup de la canette. C'était marrant et pas méchant. Tu te vexes pour un rien.

— "Marrant, pas méchant"... Pour ceux qui la font, oui. Pas pour celui qui en est la victime.

— Victime ? Tu exagères. C'était une simple plaisanterie.

— Dans ce cas, il fallait la faire entre vous, entre potes. Pas à moi. Je suis tranquille dans mon coin, et vous, vous m'avez ridiculisé. Je n'ai rien demandé, je ne vous emmerde pas. J'emmerde personne. 

Je suis toujours face à mon sac, n'osant pas le regarder. Si je l'avais fait, je n'aurais pas eu le courage de sortir toutes ces choses.

Waw. Je ne t'avais jamais entendu parler autant. Tu dois vraiment être fâché. Ce n'était pourtant pas méchant.

— Je ne suis pas votre pote, donc oui, c'était méchant. Il y a une différence entre faire une blague à un ami, entre amis, et rire aux dépens d'une personne avec qui on ne parle même pas.

— Je ne savais pas que tu étais autant susceptible.

— Je ne savais pas que tu avais des tendances "connard". 

Je me retourne. Ses yeux sont écarquillés. Je crois qu'il est autant surpris que moi par la violence de mes mots. 

Il soupire.

— Je vais prendre ma douche, c'est mieux. 

Il sort.


Je me couche, les larmes aux yeux. J'ai quasiment traité "mon amour" de connard. Oui, en fait, je l'ai bien traité de connard.

Quand il revient, un long moment après, je suis allongé sur le ventre, yeux fermés. 

 Au bout d'un instant, après s'être installé, il dit :

— Je suis désolé. Le pire, c'est qu'en plus je n'aime pas l'ice tea. 

Il a un rire nerveux.

— Et je n'aime pas le coca. 

Je le sens se retourner.

— Pourquoi tu as accepté d'échanger, alors ? 

Je prends quelques secondes avant de répondre.

— Pour te faire plaisir. 

S'installe un instant de malaise, puis il soupire. 

— Pourquoi tu soupires tout le temps, Louis ?

— Ah bon ? Je ne m'en aperçois pas.

— Et j'ai remarqué que c'est uniquement en ma présence. Je t'énerve ? 

Une sorte de silence lourd s'installe. Puis : 

— Je ne sais pas. Peut-être. 

Je me mords les lèvres, j'ai envie de pleurer. 

— En fait, je n'arrive pas vraiment à te cerner, Harold. Je ne te comprends pas. Tu es tout le temps seul, tu ne parles avec personne, tu n'essaies pas de t'intégrer, tu n'essaies même pas de, je ne sais pas, te mêler aux autres. Tu n'es que silence. 

Je ne réponds pas. 

— Alors ?

— Je suis timide et réservé. 

Il soupire.

— C'est l'excuse la plus nulle que je n'ai jamais entendue.

— C'est la vérité, je murmure. On peut dormir ?

— C'est ce que je disais, tu n'es que silence. 


A mon réveil, je suis déçu de ne pas le sentir contre moi, comme la veille. Il est assis, dos contre la tête de lit, et fixe le mur d'en face. Je l'observe. Il est sublime au réveil, cheveux en pétard, visage gonflé. Même s'il a des cernes énormes. 

Il affiche une drôle de tête. Je fais le rapprochement avec ses cernes.

— Je... je t'ai empêché de dormir ? 

— Oui, il répond.

— Pardon, je bouge beaucoup pendant mon sommeil, il parait.  On... on a qu'à dire qu'on est quitte pour la canette alors ! 

J'ose le regarder. Il me fixe.

— Ce n'est pas ça ! 

Il se met à frapper le matelas, mains à plat, en murmurant "Fais chier, fais chier, fais chier". Je ne comprends pas ce qu'il a. Je ne sais pas comment réagir.

Il se lève et trace jusqu'à la salle de bain en refermant la porte.

Je m'habille. J'attends. Voyant qu'il ne ressort pas et que j'ai besoin de mes affaires de toilette, je cogne doucement la porte.

— Louis. 

Pas de réponse. Je re-tape. 

— Louis ! 

Rien. Je m'inquiète. Je tourne la poignée et pousse la porte non verrouillée.

Il est assis sur le rebord de la baignoire, toujours en pyjama. L'une de ses jambes remue frénétiquement. 

Il redresse la tête, me fixe. 

— Qu'est-ce qu'il a ? je demande en fuyant ses yeux. 

Il soupire. Encore ces soupirs.

Soudain, il se lève et fonce sur moi.

Sur le moment, j'ai un mouvement de recul. Mais sans que je ne comprenne quelque chose, ses mains sont sur mes joues et ses lèvres sur les miennes. 

Il m'embrasse.

Je ne sais pas ce qu'il se passe. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Ses lèvres sont sur ma bouche et je suis dans l'incapacité de réagir.

Brusquement, il s'écarte et retourne dans la chambre. 

Je le suis.

Dos à moi, il se gratte le front, confus.

— Je suis désolé, Harold. On fait comme s'il ne s'était rien passé. D'accord ?

Il ne m'a pas senti réceptif. 

Je m'approche et le contourne. 

Je lui rends doucement un baiser.

D'abord surpris, il y répond ensuite parfaitement.

Ce baiser est lent, doux, timide. C'est un baiser tendre. Un baiser amoureux.

On aurait pu rester ainsi, debout dans cette chambre, à s'embrasser toute la journée, si la voix joyeuse d'Annie ne nous avait pas ramenés sur terre.

— Les garçons, allez, petit-déjeuner !


A table, nous nous lançons des regards discrets sans oser vraiment se regarder. C'est assez étrange comme situation. Mais quand nos yeux se croisent, on se sourit. 

De nouveau seuls, avant de partir rejoindre le groupe, il s'approche, timidement. Au moment où je pense qu'il va parler, il saisit de nouveau mes joues et m'embrasse encore. Je n'en reviens toujours pas. "Mon amour" m'embrasse. Je n'aurais jamais imaginé cela possible. Pour moi, ça a toujours été une idée, un fantasme, une utopie, quelque chose d'irréel, d'irréalisable. Puis non. Il m'embrasse. Et c'est bien réel.

Il me pousse sur le lit pour se positionner à califourchon sur moi. Je trouve notre promiscuité très "promiscuiteuse". Il ne libère pas mes lèvres capturées. Il les grignote, le souffle court. J'aime ça. J'aime qu'il soit ainsi, j'aime être ainsi. 

— Je voudrais rester là avec toi toute la journée, Harold. 

Il embrasse mon cou en respirant fort contre ma peau. 

— En plus, je savais depuis toujours que tu sentais trop bon.

— Quoi ? je marmonne, perdu dans mon bien-être de le sentir toujours ainsi sur moi.

Tu me plais trop depuis la première fois que je t'ai vu, en maternelle, il avoue en soupirant.

— T'es sûr ! Tu ne m'as jamais parlé.

— Je sais, il soupire. Quand j'ai vu ce petit bouclé avec ses grands yeux verts, j'ai de suite été fasciné. Et avec l'âge, c'est devenu plus que de la fascination. Si tu vois où je veux en venir? il se mord les lèvres.

— Pourquoi tu ne m'as jamais parlé, alors ?

— Tu m'intimides. 

Je pouffe.

— Moi, je t'intimide ! Je ne savais pas que quelqu'un pouvait être capable de t'intimider, Louis.

— Toi si. Tu es le seul qui me fait ça, il soupire. C'est pour ça que je soupire tout le temps, en ta présence, je crois. Ça m'exaspère de ressentir ça et de le contenir car tu m'intimides, et qu'en plus ce que je ressens n'est pas réciproque.

— Mais ça l'est. 

Il sourit.

— Quand je t'ai sauté dessus, tout à l'heure, hors de contrôle, je ne pensais pas que tu serais réceptif. J'ai juste eu trop trop envie de le faire, et je me suis dit : "Et puis merde, Louis, fonce !". 

— Je suis amoureux de toi depuis ce jour où tu jouais avec ton ballon de foot. Tu étais tout petit, tout mignon.

— Je suis toujours pas bien grand. 

— C'est vrai.

Il me tape le bras, amusé. 

— Tu as voulu shooter dedans, mais tu as mis le pied dessus et es tombé sur les fesses.  Tu étais si mignon, tout boudeur d'être tombé. Et je suis devenu amoureux d'un garçon.

— Pourquoi n'es-tu jamais venu vers moi ?

— Je pensais que tu me détestais, tu ne me parlais jamais. Et puis, tu m'as tiré les cheveux une fois. 

Je ris. 

Il soupire.

— Je n'ai rien trouvé de mieux comme idée pour les toucher. Tes bouclettes m'ont toujours fasciné et je voulais les toucher. Alors je t'ai tiré les cheveux. J'avais quatre ans, fallait pas m'en demander trop, niveau subtilité. 

Il caresse mes cheveux. Il soupire.

— Arrête de soupirer !

— C'est un soupir d'extase. Depuis le temps que je veux les caresser... Quand je pense que j'aurais pu faire ça depuis longtemps, si on avait été plus doué.

— Tu es sorti avec une fille, toi ?

— Fallait bien que je sois sûr d'être gay ! Et je le suis. C'est entièrement de ta faute Harold. 

Il m'embrasse du bout des lèvres.

— Allez, c'est l'heure ! crie Annie.

Louis râle.

— Je voulais faire des bébés avec toi, c'est râpé. 

Il se lève d'au-dessus de moi, et j'ai le ventre qui se tord à sa dernière réplique.



   La journée se déroule comme celle de la veille. Louis est avec sa bande, je reste seul. J'espérais peut-être qu'il m'intègre discrètement à son groupe, mais non.

Sa dernière phrase tourne en boucle dans ma tête. Je me dis que si ça devient chaud bouillant avec lui, ce soir, il vaudrait mieux être équipé. Durant une pause, j'entre discrètement dans une pharmacie et achète une boite de capotes. Je relâche la pression quand je termine cette opération commando sans me faire surprendre par un prof ou un élève du groupe.

Après cette mission périlleuse, je reste à l'écart des élèves et du groupe de Louis. Louis qui m'ignore malgré mes nombreux regards. A croire que j'ai rêvé la matinée, et que tout ceci ne se soit produit que dans mes fantasmes. J'aurais dû économiser les 10 euro des capotes. Elles ne me serviront jamais.

La fille du mouchoir de la veille approche.

— Salut Marcel. 

Je suis surpris, quelqu'un me parle.

— Euh, salut. 

Elle s'assied à mes côtés. Je ne peux m'empêcher de jeter un œil sur Louis. Il discute avec les autres, sans se soucier de moi.

— J'ai entendu les profs parler du dernier soir du voyage. Il y aura une petite soirée dans un restaurant. Avec de la musique. Ça te dit si on passe la soirée ensemble ? Pour danser. 

Je suis pris au dépourvu. Je ne veux pas, je suis avec Louis. Enfin je crois. 

Je regarde encore dans sa direction. Il ne me calcule toujours pas. 

Je soupire. Ma parole, les rôles s'inversent.

— Oui, pourquoi pas. 

De toute façon, Louis n'ira jamais avec moi, et ne s'affichera sûrement jamais avec moi. Autant me sociabiliser.

— Génial. A plus tard. 

Elle rejoint ses amies qui gloussent à son immense sourire. Je ne peux m'empêcher d'en rire aussi. 

Je regarde Louis pour la millième fois de la journée. Cette fois-ci, il me regarde également, les yeux plissés. 

Je détourne les yeux. Premier signe d'attention de la journée.


— Alors Marcel ! Pas trop fâché depuis hier ? demande Zayn en s'agrippant à mon sac à dos, lors de la descente de bus pour rejoindre les familles d'accueil.

Le sachet de la pharmacie tombe et ma boite devient visible.

J'ai eu beau me dépêcher de la ramasser et la cacher, Zayn l'a vue. 

Il éclate de rire. 

— Hey les mecs, il s'écrie à l'attention de ses potes, et donc de Louis. Marcel a une boite de capotes dans son sac. 

Je deviens rouge écarlate pivoine cramoisi fluorescent. La honte de ma vie. Le moment de solitude ultime. Celui qui te marque à vie, et que dans soixante ans seulement tu en rigoleras. Mais pas avant.  

Mes yeux tombent sur Louis, le seul à ne pas rire. Il a la bouche grande ouverte.

— C'est pour qui ces capotes, Marcel ? Hein.

— Pour... pour personne.

— On n'achète pas des préservatifs pour rien. Tu te fais qui ? Tu caches bien ton jeu. 

Et là, autre moment de solitude et de panique : la fille, Lucie, qui m'a demandé de l'accompagner danser, arrive. Je l'avais oublié celle-là. Je sens le malaise venir quand je devine ce qu'elle comprend, à tort.

— C'est parce que je t'ai proposé de venir danser avec moi ? elle crie, furieuse.

— Non, non, je démens tant bien que mal. Je les avais avant, je t'assure. Je n'ai aucune mauvaise intention envers toi. 

Je ne sais pas si ce n'est pas pire, ce que je viens de dire. 

Et puis, si je les avais avant, c'était pour qui alors ? Réfléchis Harold !

Je n'ai plus envie d'aller à cette soirée avec toi, elle conclut.

— Je comprends, ce n'est pas grave. 

Elle s'en va. Un problème en moins.

— C'est pour qui, alors ? insiste Zayn.

— Lâchez-moi !

Je m'éloigne sous leurs éclats de rire. Annie arrive à point nommé.


Dans sa voiture, je garde la tête obstinément tournée vers l'extérieur. Arrivés, je trace dans la chambre et m'enferme dans la salle de bain. 

J'ai trop honte. Je ne me sens pas d'affronter Louis et son regard accusateur, ou moqueur.

Harold ! il appelle en cognant doucement à la porte. 

Il essaie même d'entrer, mais j'ai verrouillé, contrairement à lui. 

— Harold, sors de là. Je crois qu'on doit discuter de certaines choses.

— Il n'y a rien à dire. Fais-moi plaisir, prends cette boite et jette-là.

— Je ne parle pas de la boite. Je te parle de Lucie. Comment ça, tu as accepté d'aller danser avec elle, pour la dernière soirée ? Je croyais que... Je me suis trompé alors ? 

Je me lève, ouvre la porte et lui fais face.

— Tu croyais quoi ?

— Bien tu sais, qu'on était ensemble.

— Je... et bien... comme tu ne m'as pas calculé, depuis qu'on est avec le groupe, je croyais...

— Que quoi ?

— Que, je ne sais pas... que... je ne sais pas.

— Harold, on ne va pas crier sur tous les toits qu'on est ensemble. Et encore moins devant tous ces imbéciles. Même si je les adore.

— Je ne me sentais pas de me retrouver encore seul à la soirée, donc j'ai accepté quand elle me l'a demandé. Je me suis dit : "Louis va danser avec des filles, moi je ne veux pas rester seul dans mon coin, encore".

— Je ne comptais danser avec personne. Je suis avec toi. Enfin, je crois. 

Je souris.

Je n'étais pas sûr qu'on était vraiment ensemble. C'est tellement précipité. Mais si on est ensemble, ça me va. Très très content. 

Il me sourit. J'ai du mal à le regarder dans les yeux.

Il s'approche et m'embrasse avec douceur.

— J'en ai eu envie toute la journée. J'ai eu beau ne pas te regarder, tes fossettes n'ont pas quitté mes pensées de la journée. 

Il embrasse chacune de mes joues.

— Tu m'as ignoré.

— Je ne t'ai pas ignoré. J'ai évité de fondre et craquer en te regardant, toute la journée. Avant je soupirais, maintenant que j'ai gouté au fruit défendu et tant désiré, j'ai tout le temps envie d'être avec toi. 

Il m'embrasse. 

— Ça a été la journée la plus longue de ma vie, Harry.

— Je... j'ai acheté la boite parce que, je me suis dit, on ne sait jamais, si ça dérape. Et... pourquoi tu n'as pas pris ma défense ?

— Disons que je n'avais pas envie qu'il fasse le rapprochement. Je te rappelle qu'on dort ensemble et qu'on est que deux, chez Annie. 

Ça me vexe un peu, mais il a raison. Je sens qu'il n'est pas prêt à nous assumer, à s'assumer. Je sens que cette relation ne va pas être simple. Moi, je pourrais crier à travers le pays, la planète, que je l'aime et que je suis avec lui. Mais lui apparement pas. Tant pis ! Ça m'attriste mais tant pis ! 

Il me pousse, je me retrouve allongé comme ce matin. Il grimpe sur moi, à califourchon, comme ce matin.

—  On en était où?  il demande.

Et comme je l'avais prédis, ça dérape.

On a découvert et exploré nos corps toute la nuit.


   Le lendemain matin, on se sépare. Lui vers son groupe, moi vers ma solitude, avec regrets.

Je suis loin de lui depuis moins d'une heure, et il me manque atrocement. J'ai besoin de le sentir, le toucher. J'en suis amoureux, et en plus, maintenant, j'en suis accro. Ça a été une nuit magnifique.

On se lance des regards discrets. Je crois que je l'ai mis dans le même état qu'il m'a mis.

— Alors Marcel, crie Zayn. Tu as utilisé ta boite, ou elle est toujours sous blister? 

Je baisse la tête, honteux.

J'ai fait l'amour avec Louis, cette nuit, et j'ai l'impression qu'ils salissent ça en se moquant de moi.

— Il a des cernes et les yeux brillants. Tu as fait quoi, Marcel, cette nuit ? demande Liam. 

Il me pousse légèrement, espérant me mettre en colère pour me faire cracher le morceau.

— Puis, t'es branché mecs ou filles ? demande Niall, curieux.

— Laissez-moi tranquille, je réponds calmement, tête toujours baissée.

— Dis, Louis, toi qui partages la même chambre que lui, il a fait quoi ? Il est sorti en douce ? Il est rentré à quelle heure ? Il boitait ? s'esclaffe Liam.

Je suis vexé que ça ne leur vienne même pas à l'esprit que ce gars pourrait être Louis.

Louis qui me regarde dans les yeux. 

J'ai peur. Je tremble de ce qu'il va répondre. 

J'ai peur qu'il dise n'importe quoi pour amuser la galerie, à mes dépends. 

J'ai peur de regretter ma première fois, avec lui. Même si je l'aime comme un malade.

— Il y a ce bar gay, dans le coin, reprend Zayn. Tant il est allé là-bas. Tant il s'est fait défoncé le derrière là-bas. C'est ça Marcel ? Tu en penses quoi Louis?

Tout le monde me regarde. Je me sens perdu. Je ne sais pas quoi leur répondre.

— Laissez-moi tranquille. 

J'ai les larmes aux yeux car je me sens ridiculisé devant Louis. Je repense à tous nos baisers, à cette magnifique nuit, et j'ai besoin qu'il me prenne dans ses bras. 

J'ai besoin qu'il me protège, me rassure. Me défende.

— Oui, il est rentré vers cinq heures du matin, alcoolisé. Et il boitait légèrement. 

C'est la voix de mon Louis. 

Je pince mes lèvres entre elles pour m'empêcher de pleurer. Je me détourne du groupe et surtout de lui. Je veux qu'ils me laissent tranquille. Je veux qu'IL me laisse tranquille. 

J'ai fait une connerie, hier, en couchant avec ce connard. 

Mais alors que j'effectue quelques pas, je me ravise.

— Oui, je suis gay, je crie. Et alors ! Ça gêne quelqu'un, ici ? J'ai un copain. 

Louis blêmit en pensant que je vais parler de lui.

— Il s'appelle Elliot. 

Louis en blêmit encore plus. 

— Et hier soir, j'ai fait une connerie monumentale, je l'ai trompé. Ça vous va ? Foutez-moi la paix maintenant.

Je m'éloigne. Plus personne ne me dit rien de la journée. 

J'ai ignoré Louis. J'ai eu mal au coeur de son comportement et de son attitude, toute la journée. J'en ai pleuré pendant la pause repas, quand on a eu une heure de libre. Je me suis enfermé dans le toilettes d'un bar. Il a d'ailleurs essayé de me suivre, mais je l'ai semé.

Le soir, quand Annie nous récupère, je fonce dans la chambre et récupère mes affaires. Je fourre tout dans mon sac.

— Qu'est ce que tu fais ? demande Louis.

— Le con, tu ne vois pas ! je rétorque méchamment. 

J'essaie de passer devant lui, mais il me retient par le bras.

— Où tu vas ?

— Loin de toi. J'irai finir le séjour sur le canapé.

— Tu voulais que je leur dise quoi ?

"Foutez-lui la paix !". Ce n'était pas difficile à prononcer ! 

Il resserre mon bras.

— C'est qui Elliot ?

— Un gars qui n'existe pas. Et tu pourras le crier sur tous les toits demain. 

Je m'arrache de son emprise. 

— Plus jamais tu me parles, plus jamais tu me touches, Louis. 

Je sors.

Annie ne pose pas de questions en me voyant m'installer sur le canapé pour dormir. 


   Au lever, je suis fatigué. Je n'ai pas tellement dormi. Voir, je n'ai pas dormi du tout. J'ai pensé à Louis. Ça fait mal. La veille j'ai passé la meilleure nuit de ma vie grâce à lui, et cette nuit, j'ai passé la pire, à cause de lui.

Au petit-déjeuner, je l'ignore et ne lui adresse plus la parole. Quand il essaie de me parler, je fais comme si j'étais devenu sourd à sa voix. 

Il n'existe plus, à mes yeux.



— Hey, le petit gay, m'interpelle Zayn. Tu as une sale tête ce matin. 

Je ne relève pas. 

— Tu as mal dormi ?

— Il a dû retourner au bar, rit Liam. 

Quand je pense que j'idolâtrais ces gars, avant.

— Tu me trouves comment physiquement ? demande Niall. 

Je lève les yeux au ciel.

— Foutez-lui la paix ! 

C'est Louis. Mais c'est trop tard. Il aurait du leur dire ça hier.

J'avais passé la nuit dans ses bras, et il m'a sali, nous a salis, en disant cela, hier.

— Ça va, Louis, on plaisante. Il fait ce qu'il veut de son corps. 


Dans mon coin, dans ce parc, j'étudie la vue, seul, misérable, triste. J'ai encore envie de pleurer. Je me retiens.

Il se met à pleuvoir. Tout le monde se réfugie sous un abri. Il est petit. Je ne veux pas être autant collé au groupe, me mêler à eux. Alors, je préfère rester assis sur ce banc, à me mouiller. 

Il pleut de plus en plus fort. Ma veste est imperméabilisée, mais pas mon jean. Je commence à le sentir me coller. Je ne rejoindrai pas les autres pour autant. Je réajuste simplement ma capuche. 

Je sens la présence de quelqu'un à côté de moi.

— Harry, viens au sec. Tu es trempé. 

Il s'agit de Louis, je l'ignore. 

 — S'il te plait, tu vas attraper froid, il insiste en posant sa main sur mon bras. 

Je la regarde quelques instants. Cette main m'a caressé, touché, aimé. J'en connais sa texture, sa douceur et son attention. 

Je retire mon bras de cette main.

— Dégage !

— Non.

— Fais comme tu veux.

— Je ne te laisse pas. 

Je pouffe.

— Tu n'as pas peur de ce que les autres vont dire, si tu restes avec le gay ? Tu vas leur répondre quoi, quand ils vont te vanner ? Tu vas dire que je t'ai dragué, que t'as dû me maîtriser, ou que je t'ai raconté en détail comment j'en suis venu à boiter après mon soi-disant retour du club gay ?

— Je ne te savais pas autant sarcastique et bavard.

— Je ne te savais pas lâche et pourri au point de m'enfoncer pour marquer bien devant tes potes! On se découvre. C'est bien, ça t'a fait chuter du piédestal où je t'avais placé. 

Il soupire. 

— Tu t'es bien foutu de ma gueule en fait, Louis. Je me dégoûte d'avoir couché avec toi.

— Je t'interdis de dire ça ! C'était important.

— Ouais tellement !

— Arrête le sarcasme !

— Alors dégage et laisse-moi enfin tranquille.

— On est toujours ensemble, quand même ? 

J'éclate de rire.

— Pas du tout. Et je ne vois pas ce qui t'as laissé croire qu'on l'était encore ?

— On a couché ensemble, c'est important.

— Ne me rappelle pas cette connerie. J'ai pensé que c'était réciproque, je me suis trompé. On n'en parle plus, on fait comme avant tout ça : on s'ignore. 

— Je suis amoureux de toi depuis toujours Harry !

— C'est ça, oui. Allez ! Dégage. 

Je me surprends d'autant de mots et fermeté.

Il s'en va.

Le soir, il y a la fameuse soirée. Je reste chez Annie.


   Quand il rentre, je suis sur le canapé à faire semblant de dormir.

Il s'approche et s'assoit sur le rebord.

— Harry... Tu ne peux pas me faire ça. Je suis accro à toi. 

Je garde les yeux fermés.

— Dégage, Louis ! Je rentre du fameux bar gay, j'ai bu, et j'ai mal au cul. Tu te rappelles ? 

Il soupire et s'en va.


   Deux jours après, nous sommes de retour en cours, au lycée. 

La veille, c'était Dimanche, et j'ai pensé à Louis et à ma déception toute la journée. J'aurais aimé n'avoir jamais fait ce voyage. Il m'a brisé. J'ai perdu deux choses : Louis et ma première fois. Je ne compte pas le fait que bientôt tout le lycée saura que je suis gay. J'en ai pas fini.

La preuve : j'entre en cours, je me dirige vers ma place, et Liam m'interpelle.

— Hey Marcel, t'as vu le nouveau qui est arrivé aujourd'hui ?  Il est canon ! Hein ?

— Ravi de savoir qu'il est à ton goût, Liam. Je te le laisse. 

Je lui adresse un clin d'œil et il en reste sans voix. 

Je suis content. Ma colère l'emporte sur ma timidité. 

J'entends quelqu'un rire. C'est Louis. Il se moque ouvertement de Liam. Je lui en veux tellement que je lui lance un regard sombre. Alors il se tait, ne rit plus, et me regarde intensément, comme il l'a fait depuis le début des cours aujourd'hui. 

Il secoue la tête, comme s'il livrait un combat intérieur.

— Écoutez. 

Je le vois grimper sur son siège alors que tout le monde se tait. Je m'attends au pire. 

— C'était faux quand j'ai dit que Marcel, Harold, était sorti au bar gay et qu'il était rentré saoul et... voilà. 

Boiteux, boiteux ! Tu as dit boiteux ! 

Il respire fort. 

— La seule personne avec qui il a été ce soir-là, c'est avec moi. Voilà. Et vous avez bien compris, oui, Harry et moi on... on... il soupire. J'aimerais dire qu'on est ensemble, mais il m'a quitté car je me suis comporté comme une merde. 

Il redescend du siège. 

Je le regarde. 

Personne ne dit rien.

 Aucun mot, aucune moquerie.

 Il s'avance vers moi et murmure. 

— J'ai trop perdu de temps. J'ai passé la plus belle nuit de ma vie avec toi et je crois... non, je suis sûr... que je t'aime comme un fou. Je ne peux plus me passer de toi. 

Il a du mal à me regarder dans les yeux. 

— Avant, je pensais toujours à toi, mais de loin, et vaguement, car je n'espérais rien. Mais depuis notre soir... je ne pense qu'à tes yeux, ton sourire, ses mots que tu as dis. Tes fossettes qui n'arrêtaient pas de sublimer ton sourire. 

Il sourit en y repensant et se mordille la lèvre. 

— Ton corps parfait et merveilleux qui répondait parfaitement au mien et qui faisait parfaitement réagir le mien. Toi qui fais perdre la tête à mon cœur. Je ne veux pas te perdre Harry. 

Il repose son front contre mon torse.

Je l'enferme dans mes bras. 

Il relève la tête, et je l'embrasse, là, devant tout le monde. 

— Ok, je réponds simplement.

— Tu me pardonnes ?

— Comment t'en vouloir après ça ! 

Louis m'aime. Louis a osé le montrer à tous. Il s'est racheté une conduite, payé un pardon.

J'éternue.

— Je t'avais dit de te mettre à l'abri ! 

On se retourne face aux autres. 

Zayn, Liam et Niall nous regardent, en riant.

— Un problème ? menace Louis. Le premier qui nous emmerde je le démonte.

— Oh non ! Depuis le temps qu'on attendait ça. Tu crois que tu as atterri seul avec Marcel par l'opération du Saint Esprit ? 

Ils rient encore. 

— Depuis le temps que vous vous matez outrageusement, on désespérait. On a dû y aller fort pour vous pousser. Désolés, continue Zayn. Tu as merdé, d'ailleurs, avec le coup du bar. On a eu peur, mais tu t'es bien rattrapé. 

Il pouffe. 

— On va enfin avoir ton attention quand Marcel est dans les parages. Parce que jusqu'à présent, dès qu'il apparaissait au loin, tu ne nous écoutais plus. T'étais ailleurs.

Louis se retourne vers moi. Il n'écoute plus le monologue de Zayn. Il m'embrasse amoureusement. 

J'y réponds, parfaitement heureux.

Faut croire qu'il ne nous écoutera pas plus et qu'on aura encore moins son attention qu'avant, soupire Niall.

— On a pas fini de les voir se baver sur la gueule, en plus ! soupire Zayn.

— Tant qu'ils ne se tripotent pas ! ajoute Liam.

En réponse, je caresse les fesses de mon soupirant et les pince. Je l'entends rire sur ma bouche. Depuis le temps que j'en rêvais !

— Bien faut croire que non.......

Fin

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