49 : ça va aller
Je me réveille en sursaut. Des éclats de voix et des cris me proviennent du salon, à l'étage inférieur. Je tente de faire abstraction de ces plaintes et de me rendormir, en vain.
Dans ma chambre, située sur une mezzanine, un petit trou permet de voir le salon. Je me lève et m'allonge sur le sol, près de la cavité. J'en approche mon oeil et tente de voir ce qu'il se passe en bas. Mais j'aurais préféré rester couchée.
Ma mère est allongée au sol, du liquide pourpre coulant de sa lèvre. Mon père, le poing rougit et sûrement ensanglanté, se tient devant elle, prêt à lui asséner un autre coup. Je détourne le regard, mais cela ne m'empêche pas d'entendre le cri de douleur de ma mère.
Je me relève en titubant, tentant de chasser ces images de mon esprit. Je réfléchis quelques minutes et prends ma décision. Je dois partir, ou il s'en prendra à moi.
Je sors un sac de mon placard et y fourre quelques bricoles. Vêtements, téléphone, et même un paquet de biscuits qui trainait dans un tiroir. Lorsque je suis prête, j'enfile ma veste - que j'avais par chance laissée dans ma chambre - et me dirige vers la salle de bain, qui possède une fenêtre donnant au jardin. Je l'ouvre, tâchant d'être la plus silencieuse possible, puis parviens tant bien que mal à atterrir dans l'herbe humide de rosée.
La pluie tombe, l'air est glacé. Il doit être 23h.
Je marche quelques minutes, mon souffle formant un nuage blanchâtre devant ma bouche. Lorsque j'arrive sur une route, je m'engage sur le trottoir, les voitures défilant devant mes yeux. J'ai la boule au ventre. Quelques instants plus tard, je vomis dans un buisson. L'image de mon père frappant ma mère me hante et me donne la nausée. Il ne s'était jamais montré agressif envers quiconque.
Je m'engage dans une rue que je connais très bien. C'est au fond de celle-ci que vis ma tante, je me refugierai chez elle.
Lorsque j'arrive devant la maison, quelques fenêtres sont encore illuminées.
Je toque à la porte, la respiration saccadée.
Je l'entends arriver, enlever le verrou et activer la poignée de la porte en bois. Son expression, lorsqu'elle me reconnaît, est indescriptible.
"Flore ?! Mais...Mais que fais tu là ?"
Mon coeur bat la chamade.
"C'est papa...Il...Il frappe maman...J'ai eu tellement peur que je suis partie...J'ai besoin de toi !"
J'éclate en sanglots et l'entoure de mes bras. Sa chaleur est si réconfortante...
Je sens sa main se poser sur mon crâne.
"Chut...Chut...Ça va aller. D'accord ? Allez viens. Rentre. Ça va aller."
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro