On ne peut jamais se prémunir totalement des émotions négatives. Et probablement que tu seras déçu si un bonheur que tu avais eu l'espoir d'avoir ne vient pas. Même si tu arrives à te rappeler que tu n'as pas besoin de ça et que feras très bien sans, tu te sentiras probablement triste. Et tu en auras parfaitement le droit.

Des émotions négatives arriveront de toute façon, parce qu'elles font partie de la vie. Alors accepte les, vis-les, puis passe à autre chose. Ne diabolise pas les émotions négatives et n'aie pas honte d'elles, mais ne te laisse jamais tenter par l'idée de les aimer.

Il paraît aussi qu'on est plus capable d'apprécier les émotions positives quand on connaît les négatives : probablement que c'est vrai, mais je ne sais pas si ça vaut le coût. Je ne te dirais pas de t'assoiffer pendant une journée pour connaître le plaisir intense de boire de l'eau à la fin. Parce que c'est juste n'importe quoi. Parce qu'il y a bien assez de bonheur à trouver sans avoir à payer le prix du malheur, bien assez de plaisir à trouver sans avoir à payer le prix du déplaisir.

Ne recherche jamais les émotions négatives, mais si elles arrivent trouve le positif qu'il peut y avoir à trouver dans le fait qu'elles soient là. Ne recherche jamais les émotions négatives, mais ne crois pas non plus qu'elles sont insurmontables. Je crois qu'on doit éviter les émotions négatives dès que possible, mais que l'on ne doit surtout pas avoir peur d'elles au point de s'enlever des chances de créer des émotions positives.

C'est juste une question d'équilibre sur le risque que l'on est prêt à prendre. Ce sera à toi de choisir l'équilibre qui te conviendra. Calcule tes risques. Mais surtout calcule-les à long terme. Plus tu grandiras et plus ça deviendra facile.

Au début tu verras ce qui est devant toi et pas ce qui vient après. Tu verras cette glace qui te fait de l'œil dans la vitrine alors que tu viens de finir ton repas, et tu ne verras pas le mal de ventre qui viendrais après si tu la mangeais. Tu verras l'envie de regarder ce dessin-animé le soir, et tu ne verras pas la fatigue du réveil le lendemain matin. La capacité à prévoir l'avenir se développe en grandissant ; c'est pour ça que les parents sont là en attendant.

Au début tu seras prisonnier de ton propre point de vue : tu verras que tu veux ce ballon, et peu t'importera qu'il soit à un autre enfant et que cet autre enfant veuille le garder aussi. Un jour tu auras assez grandi et prendre un ballon à un autre enfant te causera plus de peine que d'avoir le ballon ne t'apportera de plaisir. Et un jour tu auras assez grandi pour avoir conscience de ça avant même de prendre le ballon à cet enfant.

Tu grandiras et tu seras capable d'anticiper. Instinctivement, tu seras avant de faire une action si le compte final aura plus de positif ou de négatif. Parfois tu te tromperas dans tes calculs et parfois le hasard des choses fera que tes actions auront des conséquences qui étaient imprévisibles. Mais ce n'est pas parce qu'on ne peut pas prévoir l'avenir à la perfection que chercher à l'anticiper est inutile. Anticiper ne fonctionne pas toujours parfaitement, mais fonctionne quand même assez bien.

N'oublie jamais de penser à long terme : tout le bonheur de maintenant ne vaut pas le coût s'il t'apporte du malheur demain. Et ce jour là, si on t'a assez frustré quand tu étais enfant, tu deviendras capable de te frustrer toi-même, de te refuser ce petit bonheur immédiat. Parce que tu sauras que ce bonheur est un malheur déguisé, et tu seras capable de te le refuser en vue de ton bonheur futur.