2.8. Caprices
Tu seras un enfant, et tu pleureras quand on dira non à la glace que tu auras vue en passant devant la vitrine au supermarché, non au ballon que tu auras voulu prendre à un autre gamin, non au dessin animé que tu auras voulu regarder à l'heure de dormir. Tu grandiras, et tu pleureras parce que tu n'auras pas eu la console que tu voulais à noël.
Tu grandiras encore, et tu pleureras pour des déceptions sentimentales, des échecs scolaires, des rejets dans tes recherches d'emploi, des promotions non obtenues. Probablement que tu ne pleureras pas, extérieurement du moins. Probablement que tu pleureras juste intérieurement. Mais ça ne change rien : même si tu ne pleures pas, même si tu ne te roules pas par terre, même si ces choses te semblent infiniment plus importantes que celles pour lesquelles tu pleurais enfant.
Au final ça ne change rien : ces déceptions ne seront pas si différentes de tes caprices d'enfant. Parce que tu n'as pas plus besoin de cette promotion que tu n'avais besoin de cette glace, de ce ballon ou de ce dessin animé. Ça semble difficile à croire et pourtant c'est vrai.
Ce ne sera pas un caprice parce que probablement que tu seras confronté à de l'injustice, et que ton patron n'aura pas d'aussi bonnes raisons de te refuser cette promotion que ta maman ou moi en auront eu de te refuser cette glace. Mais il faudra te souvenir que toi, à ce moment, tu as besoin de la promotion autant que de la glace par le passé.
Peut-être que plus tard tu pourras avoir cette promotion, ou une autre. Peut-être que la promotion est plus épanouissante qu'une glace, je te l'accorde ; mais pas à échelle d'enfant. Elle est plus importante qu'une glace te semble être importante maintenant, mais peut-être pas plus importante qu'une glace te semblait être importante à quatre ans.
Et quelques années plus tard, tu seras capable de le réaliser. Ta déception te semblera peut-être aussi insignifiante que celle de la glace te semblait. Ou en tout cas tu seras capable de réaliser qu'elle n'était pas nécessaire. Rien n'est nécessaire.
Pleure de l'injustice si tu veux. Mais ne pleure pas du manque car il n'y a pas de manque ; le manque n'est pas réel. Tu pourras vouloir toujours plus et je t'encouragerais à vouloir toujours plus. Mais ne crois jamais que tu as besoin de plus ; parce que ce n'est pas le cas et le croire ce serait juste te faire du mal pour rien.
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