1.9. Ouvrir les yeux
Et à un moment, j'ai été sauvée par l'une des nombreuses failles du système. Système cherchant à détruire la réflexion et la pensée personnelle, mais ayant quand même besoin pour fonctionner d'individus possédant ces qualités.
Heureusement, l'esprit critique existe toujours : parce qu'il est nécessaire au monde et le sera toujours. Et quand j'ai avancé dans mes études, il s'est offert à moi. L'éducation est devenue plus que ce qu'elle avait été jusqu'au lycée. L'éducation est enfin devenue ce qu'elle aurait toujours dû être. J'ai développé mon esprit, je suis devenue capable de regarder les choses avec du recul, de me décentrer de mon propre point de vue, et de me poser de vraies questions.
Alors, j'ai réalisé à quel point le système était injuste. La société est pourrie : tu apprends ça dans la littérature et dans les films, parce là bas les esprits éveillés ne sont pas si rares que ça. Échantillon non représentatif de la société. Tu lis, tu regardes des films, et tu comprends que la société est pourrie. Tu feras cette expérience là toi aussi. Fais moi confiance pour m'assurer que les bonnes œuvres de fiction atterrissent devant toi avant que tu n'aie terminé le lycée.
La fiction m'a exposée à ces autres points de vue, qui ne m'avaient été présentés ni à l'école ni par mes parents. La fiction m'a ouvert les yeux sur le caractère insatisfaisant du monde dans lequel l'on vit. Parfois volontairement, parfois involontairement, mais elle l'a fait. Voilà pourquoi elle est si importante. Voilà ce à quoi je voulais participer, en en créant moi aussi.
La fiction m'a ouvert les yeux. C'était déjà un premier pas, mais pas encore suffisant. Quelque part, je gardais l'impression que rien de tout ça ne me concernait vraiment, moi. Je savais que ces fictions disaient quelque chose du monde réel et que ces réflexions étaient valables bien plus loin que simplement dans l'univers fictionnel. Mais le monde réel n'était pas vraiment mon monde à moi.
Je pouvais en parler avec conviction et faire de beaux discours révoltés. Mais ma vie était rose. Je pouvais faire des discours plein d'exaspération mais néanmoins j'étais parfaitement satisfaite de mon existence dans ce monde. Non, les idées n'était pas suffisantes pour vraiment ouvrir les yeux.
Savoir que le monde est pourri ne suffit pas à inciter un mécontentement réel tant que l'on n'y est pas confronté soi-même. Je ne sais pas pourquoi on fonctionne comme ça; surement un mécanisme de protection de l'être humain. Sélectionné par l'évolution à tous les coups, ça semble logique même si c'est égoïste. Peut-être tant mieux pour nous, et peut-être dommage. J'aurais tendance à dire dommage.
Oui, c'est dommage. Tu sais que le monde est pourri mais ce n'est pas ton monde. Le système est une entité abstraite dont tu ne te considères pas faire partie, dont tu ne te sens pas prisonnier. Tant que tout va bien pour toi.
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