Je déteste les   étiquettes. Parce que même si tu les choisis toi-même, même si tu les   écris toi-même, les étiquettes te réduisent et t'enferment. Bien sûr je   ne déteste pas tant que ça les étiquettes. Les mots et les concepts  sont  utiles, pour comprendre et raisonner aussi bien que pour  communiquer.

Mais un être humain sera toujours plus qu'une étiquette, et même toujours  plus qu'un lot  d'étiquettes. Tu trahiras tes  étiquettes sans cesse  et tant mieux. Mon bébé, tu pourras te définir  exactement de la façon  dont tu voudras, mais tu seras toujours bien  plus que cette définition.

Et surtout n'oublie jamais que tu pourras  changer ta définition de toi à  chaque instant, ou déborder de la  définition. Les étiquettes sont  faites pour être décollées aussi bien  que collées. Ne laisse jamais ta  personnalité se figer. Ne laisse  jamais quelqu'un d'autre que toi te  dire qui tu es ou qui tu dois être.  La plupart de ce que tu es pourra  changer, selon les périodes ou selon  les circonstances. Ne laisse rien t'enfermer.

Mais il y a  aussi des  choix qui guideront ton existence de façon définitive, des  moments où  tu choisiras entre plusieurs chemins.

Il y a des étiquettes  que tu fais  la promesse de ne jamais décoller. Comme celle qui venait  avec la  bague que ton papa m'a donnée il y a quelques années. Et il y a des  étiquettes  qui par nature ne pourront jamais se décoller. Comme celle  qu'il m'a  proposée il y a quelques mois.

Je venais de me réveiller et il  est  arrivé en m'apportant du café. Il m'a demandé « Qu'est-ce que tu   penserais de cette étiquette là ? » J'ai regardé l'étiquette, et on en a parlé. Longtemps, très longtemps, plusieurs mois. On en avait déjà parlé avant   aussi, bien sûr.

Il y a des étiquettes comme ça que tu ne peux pas   coller sur ton front immédiatement, que tu ne peux pas coller juste pour essayer. Je ne l'ai pas   collée sur mon front de toute façon, ça aurait été un peu dérangeant   dans la vie de tous les jours une étiquette sur le front. Je l'ai  collée  au dessus de ma tête de lit. Dessus, il était écrit "Maman".

Maman