1.25. Chercher l'amour
J'ai grandi en croyant ce qu'ils me disaient, en croyant ce que je voyais autour de moi. J'ai grandi en croyant que la recette du bonheur était universelle.
Je croyais que si je travaillais bien à l'école je pourrais avoir ensuite un emploi que me plairait ; et je savais que c'était important. Mais quand j'imaginais mon avenir je me voyais avant tout rentrer à la maison le soir et retrouver mon mari et mes enfants. Je voyais chaque jour mes parents si heureux ensemble, la jolie famille qu'on était, et je voulais naturellement la même chose qu'eux. Je croyais que c'était la seule façon d'être heureux.
Et jamais je ne nierais que l'amour et la famille t'apportent du bonheur, parce qu'ils m'en apportent tellement ; peut-être même plus que tout le reste. Mais ne crois pas le système quand il essayera de te dire que tu ne peux pas être heureux sans ça, que ta vie commence seulement à ce moment là, que ton existence n'a pas de valeur avant, et que tu n'as pas de valeur si ce moment n'arrive pas. Ne le crois pas.
Je voudrais pouvoir te dire que tu as forcément une âme-sœur sur cette planète et que le destin vous réunira. Mais les choses ne fonctionnent pas comme ça. Dans la vraie vie, c'est beaucoup plus compliqué que ça.
Dans ta vie tu rencontreras des gens, et, avec un peu de chance, parmi ces gens il y en aura qui susciteront en toi ces émotions, ces différentes formes d'attirance. Lesquelles ressentiras-tu ? Aucune idée, ça dépend des gens, ça dépend de la personne en face d'eux, ça dépend des circonstances. Est-ce que ça arrivera souvent ? Ça dépend des gens. Est-ce que je peux te garantir que ça arrivera ? Non. C'est toi qui choisira ce que l'amour sera à tes yeux, quelles émotions il doit recouvrir, quels espoirs il doit pouvoir inclure. C'est toi qui choisira ce que tu souhaiteras.
Et dès qu'il y aura une personne qui répondra à ta définition, il faudra encore avoir la chance que tu répondras à la sienne. Et même avec toute cette chance là, rien ne garantira que les choses fonctionneront. Peut-être que ça au moins ce n'est pas de la faute du système ; peut-être que ce dysfonctionnement là est inscrit dans la nature de l'humanité.
L'amour, c'est une loterie géante. C'est malheureux mais ça ne nous condamne pas au malheur. Du moins, ça ne nous condamnerait pas au malheur si le système ne traitait pas cette question n'importe comment, en inscrivant l'amour sur la liste des prérequis au bonheur. Comme s'il disait à chaque personne qu'elle ne sera heureuse que le jour où elle aura décroché le jackpot au loto.
C'est un peu plus compliqué que ça bien sûr : que ta relation fonctionne ou pas, ce n'est pas seulement la faute du hasard, loin de là. Mais il y a tellement de hasard qui rentre dans cette histoire ; surtout au départ.
En primaire j'étais une petite fille qui rêvait au prince charmant. J'attendais le moment où un garçon entrerait dans ma vie et où en le voyant je saurais immédiatement. Ce moment n'est pas arrivé.
Au collège j'étais convaincue que l'univers était si bien fait que quand tu aimais une personne elle t'aimait aussi. Chaque année il y avait un garçon que j'aimais beaucoup, dont je me rapprochais mais pas assez, et qui finissais par sortir avec une autre fille avant que je ne trouve le courage de lui avouer mes sentiments. Ça a un peu mis à mal mes théories sur l'amour.
Au lycée j'ai rencontré mon premier copain. Il s'est assis à côté de moi le premier jour de cours, le troisième il m'a invitée au cinéma, et on a été heureux. Je pensais avoir trouvé l'amour, je pensais que l'univers était bien fait après tout. Et deux ans plus tard il a déménagé. Il est parti et on a choisi de se séparer. Je lui parle encore parfois. C'est un garçon formidable mais les âmes-sœurs n'existent pas ; et si elles existent alors lui et moi n'en sommes pas. Ce n'était pas écrit dans les étoiles, même si à une époque ça semblait comme si.
Un peu plus tard je suis tombée amoureuse de l'ami qui m'a consolée pendant cette période là. Il m'a convaincue que l'amour pouvait ressembler à autre chose qu'au coup de foudre, que ce que l'on avait lui et moi était réel. Et au bout de deux mois il m'a quittée pour une autre fille. Pourtant je crois toujours que ce que l'on avait était réel, et que notre relation était quelque chose d'extrêmement beau. Mais lui ne le croyait pas, pas vraiment.
Après le lycée je ne voulais plus laisser mon cœur se briser. J'ai arrêté de croire à ces histoires de destin et d'âme-sœur que m'avaient vendues les médias. J'ai arrêté de laisser ces garçons avoir du pouvoir sur moi. J'ai décidé de laisser une chance à ceux qui me plaisaient mais de ne jamais leur accorder vraiment d'importance, de toujours me dire que si ça finissait là ce n'était pas grave. J'ai encore eu plusieurs histoires, plutôt courtes, et qui n'ont pas fonctionné : à cause de leur personnalité, à cause de la mienne, à cause des circonstances, parce qu'on voulait des choses différentes, ou à cause de malentendus.
Et à aucune de ces ruptures je n'ai pleuré en me disant que j'avais perdu l'amour de ma vie et que je serais éternellement malheureuse. Et à toutes ces ruptures j'ai pleuré de crainte de ne jamais trouver l'amour de ma vie et d'être éternellement seule et malheureuse.
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