Mais le système éducatif    n'a pas réussi à m'achever,  parce qu'il  n'a pas suffi à me retirer    l'envie d'apprendre.  L'éducation est une chance incroyable et peut représenter un immense plaisir : je le crois toujours.

Quand tu sais ça,  ça   va. Le système  éducatif tu y  prends ce que tu peux y prendre parce  que   malgré tout il  a des  choses à t'apporter et si tu rejettes tout  en  bloc  tu passeras à  côté  de beaucoup. Tu prends ce qu'il a à  t'apporter.  Tu  apprends tout,  tu  joues selon leurs règles. Et tu  oublies beaucoup   après ; tu gardes   ce qui t'auras intéressé.

Tu sais que  tu n'as pas perdu   ton temps, que   les efforts n'ont pas été complètement vains. Tu  ne retiens pas   énormément au final, tu sais qu'au bout du compte tu auras oublié la plus grande partie de ce que tu as passé tant de temps et d'efforts à apprendre. Mais au   moins tu sais que tu as développé  ta capacité à   penser, à  réfléchir, à  traiter des problèmes complexes,  à raisonner. Et   tu  sais que rien ne  vaut autant que ça.

Peut-être  que c'est ça le plus    important et pas les  connaissances. Les  connaissances tu gardes ce qui   t'a  vraiment  intéressé. Tu gardes  beaucoup moins que ce qui  aurait  pu   potentiellement t'intéresser,  s'ils avaient un peu essayé  de    t'intéresser.

Tu pioches dans le  système. Ton apprentissage est  ton    souci et pas le leur. C'est  mieux que rien. Mais ce n'est pas de  la    pédagogie. Ce n'est pas ce  que l'école devrait être.

Dernièrement   je  me  suis  passionnée pour l'Histoire. Je travaille sur une  série-télé  où   chaque  épisode retrace la vie d'une certaine Maëva,  et ce  qu'elle   aurait  été selon l'époque où elle serait née.

La  personnalité  de  Maëva  est  toujours la même, et à vrai dire je  trouve ça assez   absurde parce  qu'en  vrai le contexte dans lequel tu  grandis affecte   forcément ta   personnalité. L'histoire d'amour  qu'elle vit est toujours   la même, et à   vrai dire je trouve ça assez  absurde parce que ce  n'est  pas comme si le   destin existait et que  l'amour n'était pas un  choix  comme tout le  reste.  Maëva meurt  toujours au même âge mais  chaque  fois pour des  raisons  différentes,  comme si ça aussi c'était  écrit mais allez savoir pourquoi pour le coup seulement à moitié. Je  ne sais pas  pourquoi le  concept  d'une essence immuable de  chacun et  du destin, que  tout est  écrit à  l'avance et la vie  inévitable, est  aussi prisé par les écrivains et attrayant  pour le  public.  Personnellement, je  trouve ce   concept plus effrayant  que plaisant.

Mais aussi absurde que  le  concept  de la série soit en  tant qu'étude de  l'existence humaine, le   côté  découverte des époques  est fascinant. A  quoi ressemblait la vie   des gens  à chaque époque ?  Je ne crois pas  m'être une seule fois  posé  la  question en cours  d'Histoire. Succession  de grands  évènements et de  dates à  apprendre bêtement mais jamais l'on ne se  projette.  Jamais l'on ne se  demande comment toute  cette  succession d'évènements  nous a  emmené là où  l'on est  aujourd'hui.  Jamais l'on ne nous fait sentir  que ça  nous  concerne, que  l'Histoire  parle de l'humanité. Ça manque de  liens, de saveur ;  ça  manque de tout.

Depuis que je travaille sur  cette   série je me suis  prise  de passion pour l'Histoire. J'ai tout  réappris  et  bon sang je  suis  quasiment sûre que tout ce que je vois a fait   partie de mon   programme d'Histoire à l'école. Pourtant je ne  me   souvenais que  d'une  partie vraiment infime et j'ai eu l'impression de    découvrir  l'Histoire  pour la première fois. Je ne peux qu'en conclure que si je ne l'ai pas retenu   à   l'école ce n'est  pas parce que je n'avais pas en moi d'intérêt  pour    l'Histoire. Vu  qu'aujourd'hui je découvre en moi cet intérêt, et sais que potentiellement à cette époque là il était déjà là. C'est forcément de leur faute à eux.