Résumé des chapitres précédents :

Merlin a été gâté pour noël et ses pères lui ont même offert des cours de kite. Il va faire du repérage sur la plage et rencontre Stave un professeur et son chien Timber, surtout il percute un garçon, un surfeur doué qui lui a tapé dans l'œil. Cette rencontre remet en cause toute ses croyances, parce que finalement, lui qui se croyait hétéros, contrairement à ses pères, et bien il se demande si ...

Personnages principaux :

Merlin Dambreville

Le surfeur à la voile noire

Personnages secondaires :

Gaspard et Nine Dambreville, ses pères vétérinaires

Son grand père Anatole. Son oncle Charles

Mariam, l'aide soignante

Stave le prof de kitesurf

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C'est la rentrée des classes pour moi, je suis crevé car je dors mal depuis quelques nuits. Comme un fait exprès, ce matin je dormais profondément quand ce foutu réveil a sonné. Je ne la sens pas cette fin d'année de terminale, pas du tout ! Mon orgueil, ma fierté sont piétinés de devoir m'acclimater.

Le proviseur nous a convoqués, mes pères et moi, à l'heure de début des cours, donc je ne pourrais même pas me faufiler dans la classe, en mode incognito-discrétos.

Il nous fait un speech sur l'éducation en nous regardant de travers ! Il a la confirmation que j'ai été élevé par des gays. Il avait un doute, cependant, ils se tiennent par la main. Si on était dans un dessin animé, je pense que ses oreilles fumeraient. Il doit se rappeler avec nostalgie qu'il y a trente ans de ça, l'homosexualité était un crime pénal et regretter le bon vieux temps.

Petit, il y a eu un moment où j'ai découvert que deux hommes amoureux n'étaient pas la norme, des bonnes âmes charitables m'ont expliqué qu'ils auraient pu être tués pour leur amour dans certains pays. J'en ai fait des cauchemars plusieurs semaines, papa se réveillait fâché, se demandant quel film défendu j'avais regardé en douce. Je n'ai jamais eu le courage de lui avouer que c'était la fragilité de notre situation familiale qui m'inquiétait. J'étais terrifié à l'idée de les perdre.

Nine a compris et m'a promis que rien ne nous arriverait. Nous avons décidé de ne pas en parler à papa, redoutant qu'il aille taper un scandale dans les familles des copains qui m'avaient fait peur. Je réalise maintenant, que Nine a forcément dû lui en parler.

Le proviseur me détaille agacé, visiblement mon allure l'achève. Ben quoi ! J'aime bien les couleurs ! L'homme parcourt mon dossier scolaire trop longtemps.

─ Tes résultats sont impressionnants, ici c'est tolérance zéro pour la triche !

Ah ok, c'est ça qu'il cherchait.

Mon père met un coup de pied dans ma chaise, qui veut sans doute dire : 'ne réponds pas'. Je lui balance un coup dans la sienne en retour, c'est ma réponse qui veut dire : 'je gère'. Nous finissons en bataille de regards, devant le proviseur qui se demande ce qu'il se passe et un Nine agacé.

Je fais les gros yeux à Gaspard, les siens étincellent en retour.

Je suis préoccupé et j'écoute à peine ce que me dit cet idiot sur les valeurs de son école, parce que j'ai éjaculé en me masturbant, jusque-là rien de nouveau ! Sauf qu'au lieu d'une silhouette indéfinie féminine, c'est le superbe surfeur de la plage qui me caressait et m'embrassait. Est-ce parce qu'il était torse-nu et que je l'ai cogné ? parce qu'il se débrouille comme un dieu dans l'eau ?

Le proviseur essaye de me convaincre de rejoindre les clubs de science, ce sera sans moi. Je refuse de rejoindre son club de dessin, il insiste puisqu'il a vu que j'ai remporté un premier prix au conservatoire des beaux-arts de Dijon. Je compte passer le moins de temps possible dans son affreux lycée, je ne le lui dis pas, bien sûr.

Je suis donc affecté en terminale six. Je pourrais demander pourquoi celle-là et peut-être obtenir les emplois du temps de toutes les classes, pour choisir celle qui a le plus de grasses matinées. Je ne m'y risque pas ! Mes pères qui tentent de se renseigner sur le niveau des professeurs, se font envoyer bouler.

─ Le niveau est très bon ! dans toutes les classes, assène t'il super sec.

Il va être temps de dire au revoir à vos parents, jeune homme. Messieurs si vous voulez nous laisser ?

J'ai vérifié rapidement pour les grasses matinées, je commence à dix heures le jeudi, tous les autres matins à huit heures. Par contre, je termine bien à midi le mercredi, c'est bon, je pourrais m'inscrire au cours de Stave de treize heures pour apprendre le kite surf avec les enfants de douze ans.

Le proviseur doit se sentir tout fier d'avoir accueilli son premier couple gay.

Alors que nous sommes seuls, il me glisse qu'ici il y a de l'aide psychologique, si je suis victime de quoi que ce soit et je serais épaulé en cas de dénonciation.

Il croit quoi ? Que mes pères font des tournantes avec moi ?

Ils font des tournantes a deux les coquins et n'ont pas besoin de leur fiston !

Et ce bon proviseur ignore le plus croustillant sur Nine.

Je ne compte pas le dire, enfin, pas pour l'instant ! Plus tard, si je m'ennuie, on ne sait jamais !

À cause de ce croustillant, Je ne suis pas sur les réseaux, ce que mes pères ignorent d'ailleurs. J'ai eu le malheur d'afficher une photo de nous trois, alors que je m'étais inscrit sur un site pour faite comme mes copains. Un taré a reconnu Nine et il m'a menacé. J'ai donc supprimé mes comptes et je ne publie jamais rien.

Dans les couloirs de l'école, l'adjoint du proviseur m'accompagne dans ma nouvelle classe. Il est silencieux, morne comme tout ici. Je n'aime pas le bâtiment plat blanc qui évoque les vacances et le bord de mer, c'est trompeur ! Je regrette mon lycée de Sens, avec sa majesté venant de Buffon.

Nous déambulons sur les grands carreaux en damier noir et blanc au sol. Le hall d'entrée est décoré sur le même thème avec des casiers blanc et noir. Une vitrine remplie de trophées et des photos diverses meublent le mur opposé.

Je n'ai pas peur, alors pourquoi j'ai les mains moites ? Les sons sont brouillés comme si nous étions dans un avion en train d'atterrir.

Je suis ridicule !

En plus, ce matin, mon père m'a stressé, en me demandant si je m'habillais vraiment comme ça ? J'ai toujours eu le même style ! Mais j'ai l'impression que ma baraka légendaire s'est envolée. J'en suis sûr. Je suis Dead.

J'ai mis mon survêtement vert, je l'ai acheté avec mes copains le printemps dernier, ma doudoune est rouge. Comme ça caille, j'ai un bonnet bleu ciel, Il est super classe ce bonnet, je n'arrive pas à l'enlever d'ailleurs. J'ai mis mes chaussures bleues et j'ai un pull jaune et vert. Bon je suis un peu coloré, cependant mes copains m'ont toujours accepté ainsi ! Le noir et le gris ce n'est pas moi.

Bon, j'admets que le beau surfeur avec sa voile sombre, m'aurait bien converti à la couleur noire. D'ailleurs, je ne suis pas retourné sur la plage, déterminé à lutter contre cette étrange attraction.

Mon accompagnateur frappe à la porte d'une classe et l'ouvre sans attendre de réponse. Il me pousse à l'intérieur ou trente pairs de yeux et un prof me regardent avec des yeux ronds J'aurais peut-être dû... envisager une couleur neutre pour une fois. Une tenue qui n'aurait pas été moi. Je détonne comme si j'étais un extraterrestre, face à une mer grise devant moi. Je vérifie rapidement que je n'ai pas oublié quelque chose comme un pantalon, mais tout est bien là.

Je balaie du regard les élèves, quand mon souffle se bloque.

Je le repère sans y croire ! Parmi un groupe de garçons, le long des fenêtres : Le surfeur.

Je suis mal ! Doublement mal !

─ M'sieur Raberton, voici un nouvel élève qui vous rejoint pour la fin de l'année, 'ils'appelleMerlinDambreville', débite l'adjoint sans respirer, il repart déjà en me laissant seul dans la fosse aux lions.

Le professeur me propose de me présenter, mais je fais un signe négatif de la tête. Je n'ai rien à dire, je ne vise pas le show-biz comme métier et nous ne sommes pas dans une série américaine.