3-La rencontre
Résumé des chapitres précédents :
L'arrivée dans la maison familiale de Marrans ne se fait pas sans mal. Les deux pères croulent sous les soucis. L'oncle Charles ne s'est pas réveillé de son coma et son entreprise a été mise en liquidation. Le grand père Anatole perd la tête et la maison tombe en ruine. Merlin ne s'habitue pas à l'idée de vivre ici, l'endroit ne lui plait pas et ses copains lui manquent.
***
Début janvier déjà et je me réveille sous un soleil éclatant. Serions nous passer en été durant la nuit ? Je délire, amusé à l'idée d'avoir court-circuité la période qui me stresse tant : la reprise des cours et tant qu'on y est le bac. Cependant en prenant mon portable, je grimace devant le retour brutal à la réalité : les cours reprennent dans trois jours. La maison est vide, ils sont partis acheter un lave-linge et un sèche-linge, Nine a eu gain de cause. Ils ont emmené mon grand-père et passeront à l'hôpital ensuite. Papa rouspète que nous allons finir fauchés car les fuites dans les toits ne s'arrangent pas.
Désœuvré, empli vaguement des résolutions de nouvelle année, je me décide à aller faire du repérage pour utiliser mon bon cadeau, les cours de kite-surf. Pour cela direction les plages. J'ai emprunté le cadeau que se sont offert mes pères : des vélos électriques.
C'est la même chose, à chaque fois que nous venons ici en vacances, mes pères m'incitent à aller trainer à la plage et je rechigne, parce que je n'ai pas envie d'y aller seul.
Depuis mon arrivée à Marrans, je ne suis pas beaucoup sorti, si ce n'est pour aller en forêt avec les chiens, dans les magasins de bricolage ou à l'hôpital. Parfois, je me suis demandé où étaient les jeunes du coin, j'avais l'impression qu'il n'y avait que des personnes âgées dans la région, au point d'imaginer un lycée désert. Visiblement, c'était dû aux endroits où je trainais, car j'ai ma réponse en arrivant sur la plage : ils sont là !
L'endroit est envahi d'adolescents éparpillés devant l'océan agité, d'une belle couleur turquoise.
Il y a foule dans l'eau, des surfeurs assis sur des planches attendant les vagues et plus loin des voiles dans le ciel, des kitesurfeurs.
J'en ai fait un peu en Australie, avec Nine quand j'étais petit, mais j'ai tout oublié.
Sur la route qui longe la plage, alors que nous sommes quand même en janvier, des garçons et de filles discutent sur les murets en maillots de bain et en tee-shirts, parfois des combinaisons de plongée. Les filles sont superbes en pull et maillot de bain strings, ultra sexy. Les mecs sont torses nus avec leur combinaison défaites.
Il y a des cahutes avec du matériel entreposé devant, ce sont différents clubs de voiles qui proposent tous les cours possibles. On peut lire en gros les conditions de location du matériel, surf, kitesurf, paddle et catamaran. J'aimerais bien essayer la voile aussi tant qu'à faire.
Je vais discuter avec un gars dans la première cabane qui m'explique que mes coupons sont valables dans toutes et il ne me reste qu'à choisir mon club. Je n'ai aucune idée de comment le choisir, il y a du monde devant toutes les cabanes, dans un secret qu'ils partagent entre eux et dont je ne vois pas la logique.
Pour me donner un peu de temps, j'admire, les surfeurs puis les kitesurfeurs, cela a l'air facile quand on les regarde, je me doute que cela doit être plus compliqué qu'il n'y parait. Au loin, une voile noire avec une croix blanche m'interpelle, car le sportif réalise des sauts magnifiques. D'où je suis, impossible de dire si c'est un gars ou une fille. Ils se débrouillent tous bien et c'est sympa à regarder. Juste, voile noir saute plus haut et plus longtemps. Mon portable en main, je photographie discrètement les nanas, il ne faudrait pas que je me fasse lyncher en passant pour un pervers. Juste, mine de rien, elles se baladent cul nu. Je filme aussi un long moment la voile noire. Je pourrais admirer sa technique à la maison. J'ai envoyé les photos et les vidéos à mes copains à Sens, c'est vrai que nous n'avons pas l'océan.
Mes copains m'envoient des émojis, ils n'ont pas remarqué les exploits sportifs mais me réclament à nouveau des jeunes Charentaises dans leur tenues locales.
Je leur conseille de se repasser les vidéos en boucle, je n'aurais rien de mieux à leur envoyer. Les filles trainent avec des mecs et je n'ai pas envie de me prendre un poing.
Je traine sur la plage, admirant les différents groupes de sportifs en combinaison qui chahutent devant. Nous sommes toujours en janvier, on dirait qu'ils l'ont tous oubliés.
Je vais au bord de l'eau, m'enfonçant dans le sable, pour la tester du bout des doigts. Comme je le pensais, elle est glaciale, six degrés ce n'est pas chaud !
Le sable humide est agréable sous les doigts.
Dans une des cabanes, un homme range des dériveurs et des catamarans, accompagné par un énorme berger allemand. C'est comme un signe pour moi, le petit truc qui me donne envie de m'approcher. Dès que je suis suffisamment près, le chien coure à ma rencontre pour me sauter dessus en me reniflant. Il a l'air intelligent et sait donc parfaitement qu'il fait peur ainsi. Je le repousse pour l'obliger à se comporter correctement. Mon père m'a appris à me décrocher en cas de morsures, ce qui m'est déjà arrivé plusieurs fois.
─ Il n'est pas méchant, commence le propriétaire, bien inutilement.
Je caresse déjà la tête de l'animal malicieux. Celui-ci semble se régaler sous mes mains. Il penche même la tête pour m'indiquer ou le gratter.
─ Tu n'as pas peur des chiens ! admire l'homme qui sourit.
Avec les pères que j'ai eus, pas moyen.
─ Il s'appelle comment ?
─ Timber, c'est un coquin, ce voyou adore sauter sur les gens. Du coup, je perds des clients à cause de lui. Tu es nouveau dans le coin ? En vacances ? me demande l'homme.
Il semble satisfait que je sois amical avec son monstre.
─ Non je vais rester quelques mois, je voulais me renseigner sur les cours de kitesurf pour débutant, j'ai des bons à utiliser, où est ce que je peux m'adresser ?
─ Nous sommes tous alignés pour les prix, explique t'il en me désignant d'un geste de la main les différentes écoles accolées. Il faudra que tu attendes les vacances d'avril, hors saison nous ne donnons des cours que pour les enfants jusqu'à douze ans. Les autres se débrouillent.
─ Ils apprennent si jeune ?
─ Oui et même plus jeune.
─ Peut être que je pourrais aller avec eux ? J'ai fait une initiation de surf en Australie, je ne sais pas si j'ai encore quelques restes. Ou alors je songeais aussi à des cours de voile ?
J'ai parlé sans réfléchir, la truffe de Timber dans ma main m'encourage. Tous ses sportifs dans l'eau m'ont donné envie de me lancer.
─ Et bien dis donc, tu es enthousiaste ! Je ne sais pas, laisse-moi réfléchir. Pour les cours de voile, il nous faut au moins trois élèves.
J'ai une idée formidable de vengeance, je sais qui je vais obliger à en faire avec moi.
─ Si on est trois ?
─ J'ouvre un cours.
─ Stave, tu nous passes les nouvelles planches à tester ?
Je sursaute, surpris par cette voix dans mon dos. En me retournant, je me cogne contre une masse dure et humide. Ce maudit traitre de chien n'a pas moufté. Je le fixe, agacé et il me nargue en tirant la langue, fier de lui.
Je me trouve face à un gars brun ou plutôt je me perds dans l'admiration de ses pectoraux luisants d'eau à hauteur de mon visage, tandis que lui détaille les traits de mon visage. Il est sculptural, horriblement bien foutu, à croire que c'est la spécialité ici. Le haut de sa combinaison pend sur ses hanches, dangereusement basse, elle arrive à la limite des poils de son pubis. Tout y est, les abdos en v, les muscles les tablettes, il est magnifique. Mon torse à moi à ma grande honte n'est pas comme ça.
Je suis foudroyé par une évidence, il me plait vraiment au point que mon cœur a quelques ratés, il ne va pas s'arrêter quand même !
Est-ce que je suis comme mes pères, ... gay ?
J'ai admiré les filles super sexy, que j'ai croisé plus tôt. Elles sont belles, mais je n'ai pas été attiré comme je le suis, là. Je quitte du regard ce corps tentateur en levant a tête sur un visage anguleux. Je pense qu'il doit avoir mon âge ou à peine plus vieux.
Je me suis transformé en carpe, il est parfait, beau, masculin avec des yeux sombres brun foncé. Il a une mâchoire carrée, des lèvres minces. Je distingue tout parfaitement, puisque nous sommes beaucoup trop près. Ses yeux s'arrêtent sur moi agacé, comme s'il avait deviné mon émoi.
Je ne comprends pas d'où vient cette attirance immédiate, qui me noue la gorge. J'ai noué mes poings, rêvant de le toucher, parce que je suis attiré comme un aimant.
Avec deux pères qui s'aiment, je n'ignore rien de l'amour homosexuel, je pensais même en être dégouté. Ce gars vient de me ramener dans la course, à la vitesse d'un regard.
Le contraste entre nous deux est saisissant, puisque lui est torse nu, alors que moi j'ai une doudoune et un bonnet. Je m'efforce de me ressaisir et réussi à m'éloigner de son chemin en caressant mon copain-traitre Timber. Pendant ce temps, Stave sort de la réserve les planches réclamées par mon bel inconnu.
Le surfeur s'éloigne après un dernier regard sur moi. Ça voulait dire quoi ça ? J'ai chaud, tout à coup, malgré mes pieds glacés. Il m'a regardé, genre petit a, enfin tu as compris que tu gênais espèce d'abruti de merde, ou genre petit b, je serais bien resté bavardé avec toi, mais le devoir m'appelle, promis ce n'est que partie remise.
Mon sexe est tendu dans mon pantalon, pourvu que ce soit le petit b.
Il n'est pas question que j'interroge Stave sur l'apollon.
Plus loin au bord de l'eau, entouré de ses potes, il enfile à nouveau sa combinaison en me dévisageant à nouveau. J'ai un coup au cœur, quand je découvre qu'il est le propriétaire de la voile noire et blanche, c'est lui qui faisait les super sauts. Je souris car j'ai des vidéos et des photos de lui, génial ! Si ce n'est pas le destin ça !
J'ai posé ma question avant même de le réaliser :
─ Je l'ai vu sauter, il se débrouille super bien, non ?
Me voilà à interroger Stave, alors que je m'étais pourtant promis de ne pas le faire.
─ C'est normal, il vise les championnats du monde et il a été classé l'an dernier au championnat de France. Je l'ai formé ce merdeux. J'ai réfléchi, après tout tu n'es pas très grand. Si tu veux viens au cours des jeunes, les dix-douze ans. C'est le mercredi en débuts d'après-midi à treize heures, si tu es intéressé ?
J'ai grimacé en effet, je n'ai atteint qu'un mètre soixante-dix difficilement, je suis dans le genre 'twink' alors que le surfeur-champion est dans la catégorie balaise.
Parfois cela me sert et je suis résigné, il y aura des gamins de douze ans plus grands que moi.
Je hoche la tête, plutôt content. Il ne me reste plus qu'à espérer que mon emploi du temps convienne.
J'admire voile noire, tel un stalker. L'idée que je puisse réalises ses prouesses un jour me semble de la science-fiction. Une fille arrive pour prendre du matériel et Timber lui saute dessus, la faisant hurler, avant que je ne le rattrape.
─ Bon sang Anna ! Depuis le temps tu devrais être habituée à Timber, râle Stave.
Elle rouspète contre le sale cabot et m'ordonne de le tenir, alors qu'elle va se changer dans les cabines plus loin.
Stave m'a sorti une fiche d'inscription et il me précise qu'il me fournit la combinaison et les gants, mais il me faut acheter des chaussons de caoutchouc et une cagoule, sinon je risque de tomber malade et je ne tiendrais pas le coup. Nous échangeons nos numéros de portable. Je dois le tenir informé dès que j'ai mon emploi du temps.
─ Essaye et tu ne regretteras pas, ajoute t'il.
Je hoche la tête, de toute façon, j'ai mon cadeau à utiliser et ça y est j'ai choisi l'endroit où le dépenser, grâce à Timber et à un mec sexy.
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