27-Timber
Résumé des chapitres précédents :
Merlin et Laurie ont passé le concours de l'école véto. Ils ne leur restent plus qu'à attendre les résultats.
Stan se confie enfin à Merlin, il avoue qu'il était sous l'emprise de Malo dont il était fou amoureux. C'est Malo qui l'a convaincu de faire les photos, par contre Stan ignore qui les a diffusés.
Lancelot a passé ses sélections de championnat et il a fait son coming-out à sa famille. Comme il le pensait ça ne s'est pas bien passé et il s'est enfui de chez lui.
Personnages principaux :
Merlin Dambreville,
Lancelot
Stanislas
Personnages secondaires :
Gaspard et Nine Dambreville ses pères vétérinaires
Son grand père Anatole. Son oncle Charles, Mariam.
Léa la cousine
Les profs : Raberton,
Les élèves : Sandy, Alexandre, Romain, Laurie Rosier
Titouan Staub le cousin de Lucas
Stave le prof de kite surf
Malo Vanier et Lucas Leoni les deux garçons qui ont disparu
Arnaud Vanier victime d'un grave accident de moto il y a cinq années.
Xavier Vanier le cousin décédé en mer de l'âge d'Arnaud
***
Lancelot
Je découvre les joies des responsabilités, avec des trucs dont je n'avais jamais entendu parler : carte de sécu, mutuelles, déclaration fiscale.
Je suis aussi occupé à changer mon nom de famille, aidé par Stave.
C'est la fin de Lancelot Joubert et je vais devenir Lancelot Harrigton. J'ai l'impression de mieux respirer. Mon père m'a envoyé un message lapidaire disant qu' il n'avait plus de fils : ça tombe bien nous sommes d'accord.
Deux sponsors vont me payer mes frais pour les championnats. En échange, je dois faire des photos et utiliser leurs marques. C'est cool, je suis lié à un professionnel du matériel de surf et à des vêtements de sports que j'aime bien.
Nous sortons de l'agence de pub où je viens de faire des photos. L'après-midi a été longue ! Je ne suis vraiment pas doué pour poser et ce boulot est plus compliqué que je ne l'imaginais.
Les choses ont été très vite ensuite, Timber est sorti en courant du bâtiment, il avait besoin de se dégourdir les pattes. La camionnette a freiné, mais n'a pas pu l'éviter. Timber gémit au sol blessé et sans hésiter, parce que je pense tout le temps à lui, j'ai indiqué l'adresse de la clinique Rosier. Je la connais car mon père et moi avions été invité à l'inauguration. Nous installons le chien à l'arrière de la voiture de Stave.
Quelques minutes plus tard, le véhicule se met en double file devant l'entrée. Il va falloir plaider ma cause, mais mon stress s'envole quand je reconnais Laurie et Merlin. Il m'a donné un coup au cœur avec sa blouse assorti à ses yeux.
Laurie appelle son père, pour qu'il dépanne et elle installe Stave et Timber dans une pièce qui doit être un bloc opératoire.
Je découvre les pères de Merlin. L'un est une bombe, un brun mignon, genre mannequin. Le deuxième père est petit, enrobé, c'est de lui qu'il tient sa couleur de cheveux. Il accompagne vers la sortie un gars qui tient un serpent, tu parles d'un métier ! Il prend la mesure de la crise dans la salle d'attente.
Son mari lui explique que c'est une urgence et que Rosier s'en charge.
Il approuve d'un hochement de tête avant d'appeler son client et l'animal suivant.
Une veille femme et son caniche le suive. Pendant ce temps, l'autre appelle une famille avec des hamsters.
Merlin n'arrête pas, je le vois faire des enregistrements aller porter des dossiers. Plus tard, nous apprenons que l'opération s'est bien passée.
La salle d'attente s'est enfin vidée.
─ Vous êtes copain ? demande le petit gros.
─ Non, a répondu Merlin.
─ Oui, j'ai répondu en même temps.
L'homme n'insiste pas.
Les vétos rassurent Stave et le renvoie chez lui. Ils vont garder Timber à la clinique quelques jours. Merlin sort et je le suis, ne sachant que faire de ma carcasse.
─ Tu aurais pu ne pas tout balancer à tes pères.
─ Je n'ai rien balancé. Il n'y a rien à dire !
Je suis parti furieux et comme il repart peu après en scooter, je tente ma chance.
─ Tu m'emmènes chez toi ?
Il ne répond pas, me fixe un moment avant de hocher la tête.
─ Je ... je suppose que tu es en état de choc.
Voilà comment je me suis retrouvé sur son porte bagage, prêt à découvrir son univers.
Une tortue vient à sa rencontre, qu'il embrasse,
─ Voila Caroline. Elle est super intelligente.
Mon soulagement est immédiat, la jalousie que j'ai ressentie quand il a parlé de sa chérie s'est envolée. Très vite, c'est une foule d'animaux qui l'entourent, je n'avais jamais vu ça. Les ânes me font rire, puis il m'entraine dans la maison et me prépare un gouter, comme si ma présence n'était pas un anachronisme. Je n'ose rien dire, redoutant qu'il réalise.
La tortue mange avec nous sur la table. Les chiens et les chats nous collent.
─ Caroline ne me quitte jamais et elle va sur la table, c'est non négociable !
On dirait qu'il m'avertit de quelque chose, mais de quoi ?
─ Merlin, je peux rester un peu ?
─ Tu es gonflé ! Tu oublies qu'on est ennemi ! râle t'il.
Pourtant il s'est levé a embarqué sa tortue et m'entraine dans les couloirs vieillots. Je découvre son univers, si différent du mien. Il y a de la moquette au sol, ce qui ferait hurler mon père. Des tableaux anciens sur les murs.
Sa chambre est sympa et inédites, un lit avec une tête de lit de velours bordeaux. Les murs sont décorés avec un papier peint suranné de médaillons. Des tableaux de marine au mur et son bureau avec l'ordinateur, la vue sur les toits.
─ Moderne ta chambre !
Il s'allonge sur son lit, inconscient du trouble qu'il me cause.
Je vais m'assoir sur sa chaise de bureau, la queue douloureuse.
Il a sa tortue sur son torse qui monte sur son visage comme pour l'embrasser.
─ Tu vas me pardonner quand ?
─ Je ne sais pas.
─ Tu révises pour le bac ?
Il sourit malicieux, je me doute qu'il n'en a pas besoin.
─ Tu veux qu'on révise un truc ensemble ?
─ Non tu vas croire que je t'utilise ! Je me débrouille seul de toute façon je m'en fous de ne pas l'avoir.
─ On va réviser les fonctions en math, le prof a dit que ça allait tomber.
Il prend un bloc qui devait être sous le coté de son lit et me fait signe d'approcher.
Caroline s'installe entre nous deux. Elle manifeste clairement ce qu'elle veut et me pousse avec sa patte car je suis trop près.
Je caresse sa bestiole qu'il aime tant.
Nous bossons une bonne heure, c'est tout bête, mais cela me fait plaisir et me rassure de voir que je ne suis pas complétement à la ramasse alors que le bac est le cadet de mes soucis.
Je me suis rapproché de lui pour lire les exercices, et nous sommes joue contre joue, j'adore.
─ Il parait que tu vis seul ?
Je hoche la tête.
─ Oui j'ai pu être courageux, enfin ! J'ai avoué à ma famille que j'étais gay. Mon père ne l'a pas bien pris.
Il se penche et m'embrasse. Nous en avions envie tous les deux et c'est une évidence. Je me régale à savourer ses lèvres. Il est frémissant contre moi agréablement tendre ; C'est l'extase.
Nous restons un long moment à nous câliner je ne voulais que ça.
─ On était destiné l'un à l'autre, tu crois ?
Je le regarde avec des yeux ronds et il murmure : nos prénoms.
─ Disons que oui.
C'est mon père qui l'a choisi et je le détestais. Plus maintenant.
─ Je n'aime pas mon père et nous avions cela de commun avec Malo, il n'aimait pas ses parents. Je n'imaginais pas que la vie pouvait être si fragile. Nous avions la vie devant nous et le lendemain mes amis n'étaient plus là.
La porte de sa chambre s'ouvre brusquement.
─ Bon sang Merlin !
C'est son père.
─ Ne fait pas attention et il ne respecte jamais mon intimité.
Le père repart en grommelant.
─ Pourquoi déteste-tu tant Stan ? demande Merlin.
Dans son lit, contre lui, je veux bien faire le point sur cette histoire. Sur tous mes regrets.
─ Je crois que je lui ai reproché tout ce que je me reproche.
─ Tu te reproches quoi ?
─ De ne pas avoir su l'aider.
─ Qui a diffusé les photos ? C'est toi ? Tu sais qui l'a fait ?
Je secoue la tête. Je bécote ses lèvres avant de lui avouer mon secret.
Il ne va pas apprécier.
─ Stan est reparti en mer le jour de la mort de Malo. J'en suis sûr, parce que nous avons accès aux bateaux de l'école de voile. Il y en a un que Stan et moi utilisions en priorité. J'ai navigué deux jours avant noël. Le jour où on a su pour la disparition je suis retourné au bateau, Il avait bougé. Ce n'était pas le même nœud.
─ Ce n'est pas forcément lui, peut être quelqu'un d'autre ?
─ Juste Stan.
─ Tu es assez fort pour reconnaitre les nœuds ?
─ C'est une évidence, quand on est habitué. Je l'ai confronté et il n'a rien voulu dire. Je n'en ai pas parlé à la police, à quoi bon ? il a bougé ce bateau le jour de la disparition de Malo. Il a un truc à cacher. Après l'enterrement je l'ai vu se disputer avec Lucas, si ça ce n'est pas une preuve ? Je vais y aller désoler pour ton père.
─ Ne te fâche pas ! Pour mon paternel, il se fait un film sur moi ! Genre il croit que tous ceux qui vont dans ma chambre ...
─ Carrément ?
─ Je te raccompagne. Au fait j'ai encore une question, tu connais Arnaud Vanier ?
─ Le frère de Malo ? Oui, bien sûr.
─ Pourquoi personne ne va le voir ?
─ Qu'est-ce que tu racontes ?
─ Ben personne ne va le voir à la maison de rééducation.
─ Il est mort dans un accident de scooter.
Le chagrin de ce triste souvenir m'assaille. Pourquoi Merlin fait ressortir tous mes secrets noirs.
Je pars comme un fou en le bousculant, conscient de tout gâcher. Nos câlins n'auront duré que le temps d'une soirée.
***
Merlin
Pourquoi Stan aurait emprunté un bateau le jour du drame ? Jamais les Vanier n'auraient couvert l'assassin de leur fils ? Le meurtrier de leur fils ? Stan travaillait à la pharmacie ce jour-là. Ça n'a pas de sens !
Mon enquête ne mène nulle part et sentimentalement, c'est la débandade. Lancelot est à nouveau fâché après moi, tout ça car j'ai osé évoquer le cas d'Arnaud. Son indifférence après ses baisers, est un nouveau coup de poignard.
Ils vont me rendre cinglés ! tous autant qu'ils sont !
Les épreuves du bac commencent demain par les oraux. Stan ne vient plus en cours, depuis que je me suis rapproché d'Alexandre, c'est comme s'il avait perdu le peu de motivation qu'il lui restait. Il a dû replonger encore dans la drogue. Il promet d'arrêter et recommence à chaque fois, usant ma patience.
Sandy en souffre aussi, elle a l'impression de ne pas pouvoir échapper à ce fléau.
Son dealer de frère, vient d'être arrêté et il risque une peine de prison cette fois. Le problème, c'est qu'elle va se retrouver seule. Elle rêve de partir loin, très loin et sur ce coup-là, je peux sans doute l'aider.
Le midi, je me suis décidé sur un coup de tête. Il est temps d'aller à la rencontre de celui qui m'obsède.
Je découvre un mausolée avec une colombe et un bateau, des dates gravées dans le marbre, bien trop brèves.
Malo Vanier et en écho, Xavier Vanier.
Je frissonne, fixant au large des nuages noirs, un orage en mer qui ne va pas tarder à gagner les côtes. Le vent claque déjà et les arbres bruissent violemment.
Malgré moi, j'adresse une prière à ce gars.
Malo s'il te plait, putain ! ça craint ici. Stan va si mal et je ne sais pas comment l'aider.
Une trouée ensoleillée éclaire sa tombe. Un hasard météorologique qui ressemble à un signe. J'éclate d'un bref rire sans joie.
Je vais tout tenter pour lui, mais je veux bien un peu d'aide. Au passage, on n'a rien en commun !
L'orage a gagné la terre ferme. La pluie battante m'ensevelit alors que je continue de discourir à cet inconnu absent. J'insiste sur nos différences, sur le fait que je suis puceau, pas forcément près à franchir le pas. Sur la drogue qui emporte Stan, chaque jour un peu plus.
Ma montre qui bipe interrompt mon bavardage et me rappelle qu'il est l'heure d'aller en cours. Je regarde mes baskets trempés alors que de l'eau coule de mon jeans. Je voulais un signe, je l'ai, il n'est pas question d'aller au lycée dans cet état.
J'ai quitté le cimetière et je sonne chez Stan. Il ouvre les yeux rouges, la tête explosée. La drogue fait des dégâts.
─ Je suis encore sous amphète, marmonne t'il.
─ C'est Malo qui a voulu commencer ?
Il hoche la tête.
─ Il veut que tu arrêtes, je rétorque sec.
C'est, comme si ce n'est pas moi qui avait parlé. Stan a dû le sentir aussi, car il me regarde avec des yeux ronds.
Les arbres tanguent dangereusement derrière moi.
─ Tu me laisses rentrer ? Là, je soupçonne ce trouduc de Malo d'avoir parlé avec mon corps.
─ Genre tu es hanté ?
Stan rigole.
Je soupire et le sert dans mes bras, je n'ai plus d'idées. Tant pis pour lui si je suis trempé.
─ Reste avec moi, et j'arriverais peut-être à ne pas craquer.
Il m'a indiqué la salle de bain, me prête un de ses survêts dix fois trop grand.
Pour le distraire, je lui apprends la langue des signes. Avant je lui ai proposé de réviser pour les oraux du lendemain, mais il a refusé. Jamais vu un élève aussi déterminé à foirer son bac.
Je ne pense pas que ce soit le moment de lui parler d'Arnaud ou de l'interroger sur ce que m'a confié Lancelot.
Mon père appelle déjà.
─ Tu es où ?
─ Une urgence !
Je sens qu'il se retient de s'énerver, mais il n'y a pas qu'eux dans la vie, moi je la découvre et c'est plutôt douloureux. Je veille mon copain qui s'est endormi.
Sa mère rentre alors que je prépare le repas et me salue intimidée, comme si j'étais plus à ma place qu'elle.
─ Je m'appelle Merlin, je suis un ami de Stan. On est en cours ensemble. Je lui prépare des pâtes.
Elle se sert un verre d'eau dans la cuisine.
─ C'est gentil de ta part, mais ne me parle pas, il va te le reprocher. Je suis contente de te rencontrer pourtant. ...Il m'a toujours tout reproché. Notre relation avec les Vanier, le fait que je sois seule. ...Je ne sais même plus, marmonne t'elle.
Je la découvre bavarde, elle a envie de se confier alors je la laisse vider son sac.
─ J'ai été chercher du sucre et du chocolat pour le ..
─ Pour le sevrer, mais ça doit venir de lui, sinon tu vas t'user la santé pour rien.
─ Tiens c'est quoi ça ?
─ J'ai pris aussi de la tisane, du miel et du lait c'est réconfortant. Vous voulez que je vous prépare quelque chose ?
─ Tu es si différent de Malo, bien meilleur pour Stan. Tu sais, je me suis retrouvée enceinte alors que j'étais étudiante et à la rue. Les Vanier m'ont sauvé. Comment ne pas leur en être reconnaissante ?
Stan ne s'est pas réveillé, je lui ai déposé un plateau près de son lit et je lui ai écrit un mot sur une feuille qui trainait. J'ai fait bref :
Arrête tes conneries, Malo ne supporte pas de te voir flinguer ta vie.
Je suis sorti marcher parmi les bateaux, dans la nuit noire. La pluie a cessé, mais le vent souffle faisant hurler les voiles.
Sa mère a raison, s'il ne veut pas s'en sortir, je ne pourrais rien y faire et je risque de plonger avec lui.
Comme je le craignais, chez moi, mes pères font la gueule, et j'ai préféré monter sans manger, aucune envie de leur parler du merdier qu'est ma vie.
Ils n'avaient qu'à pas venir ici ! C'est eux qui ont voulu quitter Sens et plonger dans cette ville ou les histoires sont délirantes.
Je n'ai pas dormi de la nuit, j'ai même marché sur la pâte de Quick qui a couiné, vexé alors que je me répands en excuse et le couvre de baiser.
Je me couche par terre au milieu des chiens, cherchant du réconfort.
─ Bon sang Merlin, rouspète papa mais qu'est-ce qu'il t'arrive encore ?
─ Rien, je suis triste j'ai le droit non ?
Ils ne me rappellent pas que l'épreuve des oraux d'anglais est aujourd'hui, ils sont morts de trouille. C'est eux qui vont finir par se shooter. Il est sous-entendu que je dois mettre le paquet pour avoir mon bac car ce serait ballot de réussir le concours de véto et de louper le bac. Ils n'ont pas besoin de me le dire, je le sais bien.
Devant le lycée, je retrouve Stan aussi explosé que moi.
─ Merci pour ton mot, je me suis ressaisi mais c'est horrible...
Il s'est arrêté de parler.
─ Qu'est ce qui est horrible Stan ?
─ J'ai l'impression de réaliser la mort de Malo.
─ Pourquoi maintenant ?
─ C'est comme si tu appuyais sur la plaie pour la faire cicatriser. Il le faut, mais c'est douloureux.
─ Concentre toi, on a des épreuves du bac.
Il rigole.
Stan est serré contre moi et un gars ricane en disant que nous allons faire un bébé dans la cour de l'école.
Du coup, un pion nous met un mot dans nos carnets :
Comportement incorrect dans la cour de l'école, fait des câlins a un garçon
Ok quand mes pères vont signer ils vont avoir un arrêt cardiaque.
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