Résumé des chapitres précédents :

Merlin en allant voir son oncle, en maison de rééducation, découvre le frère de Malo, Arnaud Vanier. Il y est depuis cinq années, gravement blessé suite à un accident de scooter.

Merlin n'en a pas parlé à Stan qui va de plus en plus mal et a replongé dans la drogue.

Merlin et Laurie décide d'enquêter et mettent en commun leurs informations.

Laurie a vu Titouan, le cousin de Lucas, collé l'affiche les accusant tous d'être coupable. Merlin et Laurie vont l'interroger. Lucas savait quelque chose qui l'a rendu malheureux. Merlin a récupéré les photos qui ont été prises sur le bateau

Personnages principaux :

Merlin Dambreville,

Lancelot

Stanislas

Personnages secondaires :

Gaspard et Nine Dambreville ses pères vétérinaires

Son grand père Anatole. Son oncle Charles, Mariam.

Léa la cousine

Les profs : Raberton,

Les élèves : Sandy, Alexandre, Romain, Laurie Rosier

Titouan Staub le cousin de Lucas

Stave le prof de kite surf

Malo Vanier et Lucas Leoni les deux garçons qui ont disparu

Arnaud Vanier victime d'un grave accident de moto il y a cinq années.

***

Merlin

Nous y sommes ! Le jour du concours pour intégrer l'école véto est arrivé. Les épreuves communes ont lieu à Lyon cette année. J'avais déjà réservé une chambre d'hôtel en face de la salle des examens, c'était une des dernières disponibles avec deux lits. Laurie n'avait rien prévue, alors elle en profitera. Au moins nous serons ensemble.

Nous ressemblons à un couple de petit vieux écrasés par le poids des années. Concentré sur notre objectif. Incapable de faire comme si cela n'avait pas d'importance. Ça compte trop !

La semaine prochaine nous passerons les concours des prépas, notre plan B.

J'avoue que j'ai complétement laissé tomber l'histoire de Malo et Lucas, confiant Stan à Sandy et Clarisse.

Il a reconnu avoir piqué les médocs à sa mère et il a promis de ne plus recommencer.

A la fin de la première journée, je pense avoir réussi. Les dés sont jetés et je suis au moins soulagé que l'épreuve soit derrière moi. La soirée est studieuse, nous préparons l'oral du lendemain. Je n'ai pas appelé mes pères, j'ai même refusé qu'ils nous emmènent en voiture. J'ai besoin d'être un peu seul avec moi, je ne tolère que Laurie, ma soeur d'arme.

Nous nous sommes couchés tôt, puis notre réveil a sonné pour la seconde journée, les oraux. Il faudra convaincre. C'est inquiétant pour moi qui n'est même pas réussi à devenir ami avec des lycéens.

Un énorme doute m'assaille à ce sujet, que je confie à Laurie.

Elle m'engueule, m'ordonne de me ressaisir et de ne pas penser de conneries. Super autoritaire, limite elle me foutrait la trouille, au moins elle m'a aidé.

Je suis dans le jury 750 et elle 780. Plus tard, nous sortons de l'école main dans la main. Elle a les mains fraiches et les miennes sont moites. Elle me presse les doigts.

─ J'ai tout donné. Et toi ça a été ? Tu n'as pas parlé de conneries sur le fait que tout le monde te déteste ? demande t'elle.

Je hoche la tête. Les questions étaient pratiques et j'ai normalement plutôt bien répondu. L'examinateur a admis que j'étais motivé. En espérant que c'était un compliment et pas une insulte sur le fait que je sois ultra préparé. Il a tilté sur mon nom de famille, il doit donc connaitre mon père. Laurie a eu le droit à la même remarque.

─ J'espère qu'ils ne savent pas que mon père a fait un burn-out et une tentative de suicide. J'ai eu peur que cela ne m'aide pas pour l'admission.

Son père est sorti de l'hôpital la semaine dernière et il s'est installé au-dessus de la clinique vétérinaire. Il n'a pas le droit de travailler encore, mais passe discuter avec ses anciens clients et mes pères. Ils s'entendent bien tous les trois.

Nous allions nous diriger vers l'hôtel pour récupérer nos affaires. Il ne nous reste plus qu'à rentrer chez nous.

Soudain je reconnais Alex, qui nous attend devant le bâtiment des examens, il tient des fleurs.

Ok il a réfléchi et veut récupérer sa chérie. Il en a mis du temps.

Laurie va le rejoindre, émue.

─ C'est pour toi, explique t'il en regardant nos mains jointes.

─ Laurie et moi on est comme frère et soeur, nous partageons le même rêve, j'interviens pour lui enlever tout doute nous concernant.

Laurie me lâche et prend les fleurs. Elle se presse contre lui.

─ C'était si dur. Je suis encore morte de trouille.

Il rigole, l'enlace.

─ Je suis sûr que vous allez y arriver tous les deux. Je vous ramène ? Je suis en voiture.

Nous devions rentrer en train. Un premier pour Paris, puis un autre pour La Rochelle.

─ je vais y aller, vous avez des choses à vous dire.

Je suppose qu'ils veulent rester tous les deux.

─ Reste avec nous ! On a vécu cette épreuve ensemble, on rentre ensemble rétorque Laurie.

Alex semble d'accord, alors je monte dans la grosse Berline après avoir chargé nos affaires dans le coffre.

─ Chouette bagnole !

─ C'est celle de mon père. Tu as ton permis ?

Je secoue la tête, un peu envieux. Non la conduite n'a jamais été ma priorité.

─ Enfin un truc ou tu te débrouilles moins bien que moi !

─ Rassure toi ! Il y en a pleins !

Laurie et Alex sont devant et rattrape le temps perdu. Elle lui parle de nos révisions, de son père qui va mieux. Elle compte s'installer au-dessus de la clinique dès son retour.

Je parle peu, les laissant se réconcilier et regarde le paysage, regrettant que Lancelot ne soit pas venu me chercher.

─ Il a le permis Lancelot ? je demande malgré moi.

─ Il l'a, mais il n'a pas le droit de conduire seul, il n'est pas majeur encore, il ne le sera qu'à la fin du mois et toi ?

─ Mon anniversaire est le vingt juillet. Pas très pratique pour les fêtes avec les copains.

J'ai prévenu Stan et Sandy que nous rentrerons plus tôt.

Quand j'arrive, Stan est là avec Mariam, il fait la gueule en découvrant Alexandre, j'avais omis ce petit détail.

Je récupère Caroline qui m'a repéré et vient me voir en courant.

Pour couper court à toute discussion, je vais me jeter dans ses bras, soulagés de le revoir et il a l'air clean.

Je le serre fort, redoutant qu'il parte.

─ Vous êtes ensemble ? s'étonne Alex, perdu devant notre comportement.

─ Nous sommes amis ducon, rigole Stan.

Je le serre dans mes bras et l'entraine vers les ânes. Laurie de son côté fait la morale à Alex.

Contraints et forcés, sur notre insistance, Stan et Alex se sont réconciliés du bout des lèvres.

Plus tard, je monte dans ma chambre avec Stan. Nous laissons de la place aux amoureux et je suis vanné de ces deux jours, je ne rêve que de mon lit. Je m'y écroule et il vient me rejoindre pour se serrer contre moi.

Pour moi il n'est qu'un ami, j'espère que c'est la même chose pour lui, je n'ose rien dire.

─ J'aimais Malo plus que tout, commece t'il.

Il parle enfin.

─ Je crois que j'avais compris. Vous étiez ensemble ?

─ Oui. Personne ne savait. Malo était têtu dans son genre et il aimait notre secret. Il... Il était le fils des patrons.

Il a dit la fin sur le ton de la plaisanterie, mais je ne suis pas sur qu'il plaisante tant que cela !

Il me semble que j'avais deviné cette aspect de leur relation.

Je tente un truc :

─ C'est lui qui t'a demandé de faire les photos ?

Il hoche la tête. S'appuie contre moi gêné.

─ Je ne l'avais jamais dit à personne. Merci d'avoir compris. Notre relation était étrange. Un amour maudit je dirais, comme si nous étions ensemble malgré nos volontés. Je le connaissais depuis toujours, parce que ...ma mère travaillait pour sa famille. Elle est l'âme damnée de ces deux cons, chargé de toutes leurs basses besognes. Lui était le fils des patrons avec un grand frère et un cousin.

Je lui caresse les cheveux hésitant à interrompre ses confidences.

─ Ce n'est pas toi...hum... qui as balancées les clichés compromettants ?

─ Non et aucune idée de qui l'a fait. Je suppose qu'il me trompait, en même temps il ne m'avait pas juré fidélité. Je ne devais pas être le seul, pour moi il était unique et il me manque tellement.

─ J'ai trouvé un mot de Malo, pour toi, dans son cuir, tu l'avais vu ?

─ Non ! Non ! S'il y avait un message je l'aurais trouvé ! Qu'est-ce que tu racontes ?

Il s'est redressé d'un bond.

Je me fais l'effet d'un imbécile de ne pas lui en avoir parlé plus tôt.

─ Il a dû tomber dans la doublure, il y avait un petit trou dans le fond.

Je me lève et vais chercher le message conservé dans une enveloppe dans mon bureau.

Il prend le minuscule papier recouvert d'une écriture pate de mouche. Le fixe un moment incrédule, avant de pleurer. Sa détresse est si profonde. Il s'est rallongé dans le lit et je le serre dans mes bras.

─ Il t'aimait Stan, il t'aimait, je murmure ne sachant que dire d'autres.

─ Merci Merlin...je...vais...

Mon père arrive, interrompant Stan.

─ Je voulais savoir comment s'est passé le concours ? Un copain vous a ramené en voiture m'a dit Laurie, j'espère qu'il conduisait prudemment ?

─ J'ai tout donné, il ne reste plus qu'à attendre les résultats.

Il nous regarde tous les deux. J'ai conscience que notre allure prête à confusion et il ne peut s'empêcher de faire une réflexion.

─ Bon sang Merlin ! Tu vas au lit avec tout le monde ?

─ Pas de ma faute si tu as l'esprit mal tourné. Et tu pourrais frapper merde !

Stan souris doucement amusé par notre échange. Ce n'est pas lui qui va devoir se taper la discussion familiale.

─ On va devoir parler ! me menace mon père.

Qu'est-ce que je disais ! Je connais par cœur la tirade qu'il me réserve, sur l'amour consenti plus beau que tout, sur le préservatif qui protège des traitements lourds à vie. Ă chaque fois qu'il commence le laïus, je me bouche les oreilles.

─ Plus tard, et si c'est pour le sexe et les préservatifs, j'ai regardé les vidéos de dad, c'est bon je suis paré !

Il était temps de leur avouer que je suis au courant. Aujourd'hui est un bon jour.

─ ... Q...Q...Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?

─ La porte !

Il est reparti, mais ce n'est que partie remise. Je le connais.

Stan grimace gêné. Je l'encercle de mes bras et de mes jambes pour le retenir. En réalité il est bien plus costaud que moi et il pourrait se dégager d'une pichenette.

─ Il va me faire chier dès que tu es parti. La solution, c'est que tu ne pars pas d'ici, je te garde prisonnier.

─ Merci pour le mot que tu as trouvé, j'ai senti que tu venais de la part de Malo, tu es comme un signe.

─ Si je suis un signe de sa part, alors écoute moi : Sois heureux et arrête de prendre cette merde ! Malo t'aime !

─ Tu ne sais pas tout !

─ Et toi non plus ! Je dirais que le pire dans cette affaire ce sont les non-dits.

Il reste songeur contre moi.

─ Tu as raison, je ne savais pas pour ce mot.

Il ne m'en dira pas plus, le temps des confidences est passé et tout ça à cause de mon emmerdeur de père qui est arrivé au mauvais moment.

─ Plus tard il faudra que nous parlions, mais là vas-y. Il va falloir que j'affronte mes vieux.

Nous descendons tous les deux, puis il s'éclipse rapidement, Mes pères sont dans la cuisine, côte à côte, ils préparent le diner.

Ă nous trois !

─ Tu es au courant depuis longtemps ? demande Nine. Je voudrais m'excuser...

Je vais me jeter dans ses bras et l'interrompt.

─ Papa chéri, on s'en fout et je le sais depuis longtemps.

─ Sale gosse, tu n'avais rien dit ! jure Gaspard.

─ Tu es gay ? Tu aimes Stan ? demande Nine.

─ Je n'y comprend rien, je l'ai vu au lit avec Léa et avec Laurie, râle Gaspard.

─Je ne vais rien vous dire, c'est ma vie privée.

Mes pères me chatouillent me faisant rire.

─ Quelle surprise que tu saches. Enfin c'est une épine du pied de retiré, Jusqu'à ce que nous rencontrions un jour une belle famille, murmure Nine.

Houlà il va loin dans ses pensées. Je n'y suis pas encore et de toute façon, ce sera mes vieux et moi, à prendre ou à laisser.

Je ne pensais pas payer si cher mes erreurs de jeunesse, se lamente t'il.

Gaspard le console et je décidé de changer de sujet pour lui faire oublier son passé.

─ J'ai eu si peur à Lyon. Laurie n'était pas mieux que moi et si je n'ai pas réussi le concours, qu'est-ce que je vais devenir ?

Papa doit nous consoler tous les deux, désormais.