Résumé des chapitres précédents :

Merlin a rencontré sa cousine Léa, qui est au lycée avec lui et qui lui explique tout ce qu'elle sait du drame. Malgré les accusations qu'elle porte contre Stan, il n'arrive pas à lui en vouloir.

Les pères de Merlin ont enfin trouvé un remplacement dans un cabinet vétérinaire, même si les choses n'y sont pas simples.

Personnages principaux :

Merlin Dambreville,

Lancelot Joubert

Stan Bervange

Personnages secondaires :

Gaspard et Nine Dambreville ses pères vétérinaires

Son grand père Anatole. Son oncle Charles, Mariam.

Stave le prof de kitesurf

Les profs du lycée : Raberton, le proviseur.

Les élèves du lycée : Romain, Annabelle, Alexandre le meilleur

Sophie Bervange la mère de Stan pharmacienne

David Joubert, Alexandra Joubert la grand-mère de Lancelot et Patricia la nouvelle petite amie de son père

Deux garçons qui ne sont plus là :

Malo s'est suicidé en mer la veille de noël l'an dernier et Lucas a disparu du lycée début janvier.

***

Merlin

Mes pères rentrent crevés tous les soirs. Ils croulent sous le boulot et se font engueuler toute la journée par des clients et les ex-employés. La dernière assistante qu'ils leur restent, menace de se mettre en arrêt maladie. Par chance, les réparations des toits étaient presque terminées et les ouvriers peuvent finir seuls.

Je pense en boucle à ce que m'a raconté Léa, sur la mort de Malo, pile un an avant mon arrivée. Je ne quitte pas mon perfecto.

Pourquoi a-t-il décidé d'en finir ? A-t-il décidé d'en finir d'ailleurs ?Et l'autre Lucas ?

Lucas, Lancelot et Stan. Lequel a convaincu Malo de poser nu ? pour ensuite diffuser les images. C'est si glauque et malveillant ! Ou alors quelqu'un d'autres ? Mais qui ? Comment moi je pourrais démêler ce sac de nœud, alors que personne n'a réussi, pas même la police. D'ailleurs je la pensais plus forte et équipée pour résoudre ce genre d'affaires avec les moyens modernes.

Il faudrait que je prévienne mes pères, mais ils sont débordés et ce n'est pas le moment de les inquiéter. L'annonce de mon petit doute sur l'homosexualité passe aussi à la trappe.

Quelques jours sont encore passés, je comprends mieux désormais le besoin de Stan de fuir la réalité et de se droguer et j'essaye de lutter farouchement. Il semble aller mieux, quand la foudre est tombée au lycée, sous la forme de policiers venus dans les classes pour nous parler. Ils insistent si nous savons quelque chose sur Lucas, la moindre petite chose, il faut les prévenir. N'importe quelle information peut avoir de l'importance. Ils nous ont fait noter dans nos carnets les numéros de téléphone et une adresse ou on peut aller leur parler. Une psychologue sera toujours là pour nous assister et nos parents ne seront pas forcément prévenus. La femme policière nous explique qu'ils ont retrouvé un corps en mer. Elle se dépêche de nous préciser que ce n'est pas un adolescent, mais un homme âgé.

─ Alors pourquoi venir nous voir ? s'étonne Annabelle.

─ L'inconnu portait le sweat de Lucas. Celui qu'il avait sur le dos le jour où il a disparu.

Un silence glacé s'installe, rien ne le trouble, pas un bruit de feuille ou de respiration. Nous sommes pendus aux lèvres des policiers.

─ La presse va l'annoncer demain et nous en avons déjà parlé aux familles concernées. Le corps est celui d'un marginal connu des services de police. Rappelez-vous au moindre doute venez nous voir.

Malgré moi, je me suis tourné vers Lancelot qui est blême. Les autres semblent choqués et le pire c'est Stan, il a un regard étrange, il est tétanisé et ses poings serrés sont blancs.

Un doute affreux m'envahit : et si les coupables n'étaient pas loin ?

Non ce n'est pas possible ? Je pense de la merde.

Le lendemain, une lettre anonyme a été accrochée sur le panneau des associations disant que nous étions tous coupable de la mort de Malo et de Lucas.

Les policiers sont revenus prendre le document, ils nous ont réunis toutes les terminales dans le gymnase et nous ont fait un discours sur les dangers des vidéos et sur le fait qu'il ne faut pas hésiter à aller leur parler.

Nous sommes jeudi soir et quand je rentre papi regarde les jeux télévisés et Mariam lit sur sa tablette. Mes pères ne vont pas rentrer avant un moment, ils ont toutes l'organisation du cabinet vétérinaire à repenser. Cela tombe bien, me souffle ma mauvaise conscience. Je n'ai pas à leur parler des visites de la police.

Je vais aider Mariam qui met la table.

─ Dis, il parait que la police a repêché un corps.

─ Oui cela arrive souvent dans le coin. Des nageurs sont emmenés au large, à cause des baines, ces vagues de fond qui entraine vers le large et on ne les retrouve pas toujours !

Je frissonne en y pensant, c'est un truc qui me débecte. Stave nous en a déjà parlé et l'idée de se retrouver emmener vers le large me fait une peur bleue.

─ Merlin, tu peux enlever Caroline de la table ? On va finir par la manger ta tortue ! Pourquoi elle ne dort pas d'abord ? non d'une pipe !

─ Elle veut aider à mettre la table. Regarde elle bouge les couverts.

─ Elle les lèche, oui ! rouspète Mariam guère admirative de la tortue savante.

Comment tu es au courant, de cette histoire de corps ?

J'ai pris Caroline dans mes bras et je lui fais des bisous.

─ On parle entre jeune que veux-tu ?

J'ai un message de mes géniteurs, de faire mes devoirs et de me coucher pas trop tard. Ils ont du boulot et ne rentrent pas avant un moment.

Le vendredi, le temps est redevenu doux, je vais être pris tout le weekend au cabinet vétérinaire. Ils bossent le dimanche pour tout remettre à flot. Alors ce soir je vais tenter de faire du kite seul. Stave prétend que je suis prêt.

Il m'aide à me préparer et me donne ses derniers conseils en m'aidant à gonfler ma voile.

─ Fais attention car le vent souffle du Sud-ouest, dans le sens de la remontée et les virages sont difficile.

Timber me lèche la main content de me voir.

Je fais des glissades et réussis à me débrouiller, malgré les changements de cap toujours compliqués. J'arrive à sauter, parfois volontairement et d'autres fois non et je me fais des belles sensations. Soudain la voile noire de Lancelot passe juste au-dessus de moi dans un saut magnifique.

C'est la première fois que nous sommes tous les deux dans l'eau et contrairement au lycée, ce ne sera plus moi le patron. Je m'efforce de l'ignorer, comme si nous étions en classe, cependant, difficile de ne pas l'admirer.

Je suis dans l'eau depuis un moment et la fatigue commence à me gagner. J'ai encore bu pas mal la tasse, car quand je prends de la vitesse, ma seule solution est de me jeter à l'eau. Je suis crevé et c'est toujours difficile de regagner la plage, Lancelot sort en même temps que moi, mais lui tranquille en quelques instants et il se paye le luxe d'arriver sur le sable.

Frimeur !

Je fais mine de ne pas le voir.

Après avoir plié rapidement ma voile, je vais me changer pour me réchauffer. J'enfile un survêtement un sweat et un pull. Nous sommes en mars et la température de l'eau doit être monté à quinze. C'est froid quand on y reste un moment. Il va être temps d'aller ranger mon matériel. Lancelot est torse nu sur la plage à discuter, comme par hasard près de ma planche.

─ j'ai eu un doute. Je ne savais pas que tu faisais du kite ?

─ Je suis en train d'apprendre ! Tu n'as pas froid ? C'est n'importe quoi de se balader torse nu.

─ Je n'ai pas froid ! Touche j'ai le corps chaud.

Il a pris ma main et je me dépêche de la retirer. Ses yeux se plissent de colère.

─ Est ce qu'au moins triple idiot, tu as compris que tu sors avec un gars qui a tué son petit ami ?

Il m'énerve déjà.

─ On n'a rien à se dire !

─ Alors va-t'en et arrête de me mater.

Dediou ! Quelle mauvaise foi. Je vais le tuer !

─ Arrête de te balader à poil.

─ Dis Merlin ? Je vais me doucher, tu ne veux pas venir me réchauffer sous la douche ?

─ Pauvre type !

Nous nous disputons tout en nous tournant autour. Il me fascine et me plait. J'ai l'impression de le voir tout le temps, ce qui n'est pas illogique puisque nous sommes dans le même club de voile et dans la même classe.

Je ne sais que penser de lui, étrangement impliqué aussi dans les disparitions de ses copains. Je lui en veux que notre histoire de cœur ait mal démarrée et soit si compliquée.

Stave vient nous interrompre pour lui parler des épreuves qui auront lieu fin avril. Je reste malgré moi pour écouter.