Tâche 10: La fin
La foule est en ébullition. Le public n'attend que nous. Des techniciens nous placent, Shaé fera son entrée en première, puis Anna, Emilyana, Audrey- Anne puis moi.
Caesar nous appelle toutes unes à unes en rappelant nos stupides surnoms des premiers interviews.
"Meredith Narrabeen, la princesse des Neiges!
Je ne salue même pas la foule. J'ai les mains moites. Je n'ai aucunement envie de parler des Jeux, la partie précédente était suffisamment insupportable. On s'assoit toutes les cinq. Caesar commence:
-Bien! Je pense que je parle au nom de tout le Capitole en disant que je suis très fier de vous toutes et très heureux de vous revoir! La foule applaudit. Alors dites moi, comment vous sentez-vous mes chères ?
Personne ne répond, c'est une question stupide. Qui peut sortir des Jeux et bien aller? L'interview vient juste de commencer, et on nous pose déjà des questions auxquelles je n'ai aucune idée de comment répondre. Audrey-Anne finit par répondre de manière très sèche.
Caesar ne se démonte pas et continue:
- Et comment vous sentez vous?
Emilyana prend la parole
- Je suis épuisée et détruite. Mais je crois qu'on est toutes dans le même cas.
-Vous vous êtes toutes battues de manière honorable, c'est tout à fait normal d'être épuisées. Il marque une pause. J'ai une question, je crois que le Capitole se pose la même d'ailleurs; comment supportez-vous les pertes de vos... Camarades?
Je ne sais pas ce qui se passe dans ma tête, je ne contais même pas prendre part au débat, mais les mots s'échappent de ma bouche.
- Est-ce qu'on a l'air de bien aller?, dis-je en articulant de manière bien audible."
Caesar marque une pose, nous fixe toutes les cinq puis cherche un autre sujet de discussion.
Je n'écoute plus. J'ai le regard perdu dans le vide. La fin du monde pourrait arriver, je ne bougerais pas. J'ai juste envie de rentrer chez moi, de reprendre ma vie comme avant. Même si plus rien ne sera jamais comme avant.
L'interview se termine assez rapidement, je crois. Caesar finit par redire nos noms puis on disparait, loin des caméras, pour le moment.
~ ~ ~ ~
On nous conduit sur un grand balcon. Le président Snow est déjà là. Il n'a pas l'air très enchanté de nous voir. Mais il fait tout de même bonne figure pour les caméras. Il prend une couronne et la place sur la tête de Shaé, puis une autre pour Anna. Elle lui répond quelque chose. Elle à l'air plutôt fière d'elle. Le président poursuit en plaçant d'autres couronnes sur les têtes d'Emylana et Audrey-Anne. Puis vient mon tour. Il se place devant moi.
"Félicitations."
Je garde la tête haute et décide de faire comme si rien ne me dérangeait. Mais son haleine m'arrache un grimacement. Le mélange de la rose avec une autre odeur qui m'est familière maintenant est nauséabonde. Le président salue la foule et c'est là que j'identifie l'odeur.
C'est celle du sang.
Je grimace. Du sang s'écoule de ses lèvres. Ses yeux deviennent de plus en plus perçants. Il s'approche en ouvrant sa bouche et dévoile toute ses dents ensanglantées. Il se rapproche de plus en plus. J' hurle.
Deux bras s'enroulent autour de moi et m'attirent contre une source de chaleur.
Une voix rassurante chuchote doucement contre mon oreille.
"Chhuut princesse, c'est finit, tout va bien. Je te le promets."
J'ouvre les yeux. Deux autres yeux brillants me fixent dans l'obscurité. Liam replace une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Il me demande doucement
- C'était quoi cette fois?
J'enfouis ma tête contre son torse. Il ne se passe plus une nuit sans que des cauchemars viennent me hanter. A chaque fois Liam était là, toujours prêt à m'apaiser.
-Le couronnement, je dis d'une voix endormie, Il était là ....et ...
Je n'arrive pas à finir ma phrase. Le couronnement s'était déroulé plus tôt dans la journée, juste quelques heures après l'interview. Tout s'était plus ou moins bien déroulé. Il resserre son emprise autour de moi.
- Tu vas me manquer.
Des larmes coulent sur mes joues, je ne peux même plus les contrôler. Je ne contrôle plus rien du tout d'ailleurs. Demain je rentrerais chez moi, dans le Douze. Liam restera au Capitole. Il a dit qu'il resterai mon coiffeur quoiqu'il arrive. Je le reverrais pour la tournée des vainqueurs et toutes les autre fêtes qui seront organisées.
- Je reviendrais te voir dès que je pourrais.
On sait tout les deux que c'est impossible, qu'on ne peut pas échapper à notre destin. Au destin que le Capitole à choisit pour nous à notre place. Il embrasse mon front.
-Je t'aime princesse.
Je me redresse et le fixe. Personne ne m'avais jamais dit ça comme ça. Je le regarde, puis des mots sortent de ma bouche.
-Moi aussi.
Il sourit et me fait basculer pour inverser nos positions. Je suis allongée sur le dos. Liam se penche sur moi et m'embrasse.
~ ~ ~ ~
Le lendemain matin, je me réveille emprisonnée par une paire de bras. Cette fois ci, c'est la tête de Liam est enfouie dans mon cou. Il dort encore. Je voudrais le réveiller pour qu'on puisse profiter du temps qu'il nous reste ensemble, mais je n'en fais rien. Je place juste mes bras autour des siens.
~ ~ ~ ~
Le voyage en train est insupportable, je suis encore partagée entre l'horrible idée de devoir quitter Liam et la joie de retrouver Chris. Je suis restée dans le fond du train, évitant soigneusement chaque personne présente à l'intérieur.
Après plusieurs heures, le train s'arrête enfin. On nous place sur une scène , pour que les caméras continuent à nous filmer encore. Au loin j'aperçois Chris. Je courre vers lui. Il m'attrape au vol.
Je lui fais remarquer qu'il a perdu beaucoup de poids. Il ne me répond pas.
~ ~ ~ ~
Beaucoup de choses et de personnes ont changées.
Chris.
Notre vie.
Nos habitudes.
Même mes nuits sont toujours hantées par les mêmes démons.
Ou peut-être que je suis la seule à avoir changée.
Ou peut-être que les Jeux m'ont changée.
On dit souvent qu'on doit arriver à surmonter la douleur;
Espérer qu'elle disparaisse,
Espérer que la blessure qui l'a causée se referme.
Mais il n'y a pas de solution, pas de remède miracle,
Il faut respirer à fond, et attendre qu'elle s'estompe.
La plupart du temps, on peut la gérer.
Mais parfois la douleur s'abat sur vous, quand vous vous y attendez le moins.
Elle vous attaque en traître. Et ne vous lâche pas.
Vous devez juste continuer à vous battre,
Parce que de toute façon vous ne pouvez pas l'éviter.
Et la vie en fournit toujours plus.
Peut-être qu'il faut tout changer en fait.
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