Quand Serephina sortit de la salle de potions, elle passa devant Draco, qui lui fourra un objet dans la main. Elle le cacha dans la poche de sa robe de sorcier sans lui adresser un regard. L’Amortentia n’avait pas le droit de porter l’odeur de Draco. Elle ne pouvait pas porter son odeur. Les mains dans les poches, elle suivit Harry, Hermione et Ron jusqu’à la prochaine salle de cours. La brune ralentit le rythme pour se retrouver au même niveau que Serephina et lui parler sans que les garçons ne l’entende.

— Cette nuit, tu as dormi avec Malfoy, non ?

Surprise, Serephina la regarda bouche bée, sans parvenir à cacher sa surprise.

— Pas du tout ! Pourquoi tu dis ça ?

— J’ai frappé à la porte de ta chambre ce matin, pour t’emmener à la Grande Salle parce que je pensais que tu ne connaissais pas le chemin. Comme tu n’as pas répondu, je suis entrée parce que je me disais que tu dormais peut-être encore. Elle était vide et le lit n’était même pas défait.

La fille de Voldemort grimaça. Elle avait sous-estimé l’intelligence de la jeune fille. Elle essaya néanmoins de la contredire.

— J’ai fait mon lit directement après m’être levée et je suis allée voir cet imbécile pour qu’il m’accompagne. C’est un crime ?

— Non, mais Malfoy était dans la salle commune quand je suis allée te voir. Tu mens bien, Serephina. Mais pas assez pour me tromper.

Serephina serra les dents. Là, elle était morte.

— OK, t’as raison, j’ai dormi dans sa chambre. Garde ça pour toi. Tu veux quoi en échange de ton silence ?

— Rien du tout ! s’exclama-t-elle. Je ne dirai absolument rien. Je voulais juste savoir pourquoi tu faisais croire à tout le monde que tu le détestes. Tu n’es arrivée que depuis hier mais j’ai déjà remarqué que vous vous mangiez du regard dès que vous pensiez que personne ne vous regardait. Pourquoi faites-vous semblant de ne pas être ensemble ?

— C’est juste un ami, rien de plus.
Hermione fronça les sourcils.

— Je ne voudrais pas paraître indiscrète, mais je n’ai jamais vu un seul de mes amis me regarder avec un regard de braise comme le fait Malfoy avec toi.

Sur ses belles paroles, elle accéléra le pas pour retourner au niveau de Ron et lui parler.

Serephina resta seule en arrière pour regarder ce que Draco lui avait donné un peu plus tôt. Avec satisfaction, elle reconnut son livre de sorts, miniaturisé grâce à un sortilège. Narcissa avait fait vite. Elle allait pouvoir mettre son plan en place bien plus vite que ce qu’elle espérait, mais avant…

— Les gars, je dois aller aux toilettes, c’est par où ?

Hermione la regarda bizarrement, comme si elle avait compris ce que la rouquine s’apprêtait à faire. 

— Retourne dans le couloir d’où l’on vient et tourne à gauche juste après, normalement il y en aura.

Hochant la tête, Serephina fit demi-tour pendant qu’Harry protestait parce que les plus proches se trouvaient sur le chemin pour se rendre à la salle où ils avaient cours actuellement.

— T’inquiètes, je serai à l’heure, lança-t-elle avant de disparaître.

Le plus dur à faire n’était pas de trouver les toilettes, mais bien de réussir à rejoindre Draco sans se mettre en retard alors qu’elle ne savait ni où il était, ni où il avait cours. Après quelques secondes de réflexion, elle tourna en direction des pièces où les cours d’études des moldus étaient donnés. Elle ne sut pas pourquoi elle y était allée avant d’apercevoir le Serpentard en compagnie de toute sa classe.

— Malfoy ! cria-t-elle pour qu’il l’entende.

Quand il la vit, il la rejoignit directement, sans se poser de questions.

— Personne ne fait attendre Serephina, répondit-il quand Pansy lui demanda pourquoi il accourait toujours vers elle comme un petit chien vers son maître.

Dès qu’il fut vers elle, elle lui attrapa le poignet et le tira hors de la vue de ses camarades. Elle se retrouva collée contre le mur, entre la pierre et le torse du blond. Elle leva la tête pour le regarder dans les yeux quand il commença à avancer ses lèvres vers celles de la rousse. Précipitamment, elle posa ses mains sur son torse pour le repousser. Elle se racla la gorge et se passa la main dans les cheveux, gênée.

— Pourquoi voulais- tu  me voir ? demanda-t-il en rougissant. Je te manque déjà ?

Elle leva les yeux au ciel, sentant elle aussi ses joues rougir.

— Tu rêves. J’ai besoin des labos de potions assez rapidement. T’es préfet en chef, non ? Tu dois faire des rondes ? Quand est-ce que tu en a une à faire au sous-sol ?

— Ce soir, répondit-il. Tu… t’es venu que pour ça ?

Serephina prit une profonde inspiration. Elle n’aimait pas, mais alors pas du tout ce qu’elle s’apprêtait à dire. Elle allait perdre son seul ami, si on pouvait appeler leur relation de l’amitié.

— Non. Je…

Elle ne pouvait pas se permettre de bégayer. Elle ne bégayait jamais. Elle soutient son regard alors que ses mains tremblaient.

— Je veux qu’on arrête de se voir.
Malgré elle, elle observa le regard de Draco se voiler de tristesse et d’incompréhension.

— Comment ça ?

— On ne dort plus ensemble et on ne se parle que quand j’ai besoin de toi pour mettre mon plan en œuvre. C’est assez clair, non ?

Il sembla tellement surpris par sa déclaration soudaine qu’il la replaqua contre le mur pour qu’elle ne puisse pas s’enfuir comme il pensait qu’elle s’apprêtait à faire.

— Pourquoi ? la questionna-t-il en caressant sa joue.

Elle déglutit en le fusillant du regard.

Arrête de compliquer les choses.

— Parce que j’en ai décidé ainsi, rétorqua-t-elle. Maintenant, dégage de mon chemin. J’ai des trucs à faire.

Il ne tenta pas de la retenir quand elle lui mit un coup d’épaule et partit dans la direction opposée.

Il n’avait pas vu la lueur brisée qui brillait dans les prunelles de la jeune fille quand elle était face à lui.

Il ne vit pas non plus les larmes qui coulaient de ses yeux quand elle tourna à l’angle du couloir.

Elle rejoignit Harry et les autres en essayant de se convaincre qu’elle faisait ça pour leur bien à tous les deux.