Chapitre 18
Quand le soir arriva, Serephina était au bord de l’explosion. Rien dans le comportement d’Harry envers elle n’avait changé alors qu’il avait bu le philtre d’amour dans son intégralité. La seule amélioration était qu’il arrivait dorénavant à retenir son prénom. Ses yeux verts prenaient des teintes noires au fur et à mesure que l'énervement montait en elle. Pourquoi est-ce que cela ne marchait pas ? La boisson venait pourtant du même chaudron que celle qu’elle avait donné à Ginny, et cela avait marché à la perfection avec la rouquine. Pour se rassurer, elle se dit qu’il faisait semblant et qu’il attendait d'être seul avec elle pour agir comme il le devrait actuellement.
Même si elle savait que ce n’était pas le cas.
Pour la troisième fois de la journée, elle s’assit dans la Grande Salle pour manger. Luttant de plus en plus mal contre la colère qui la gagnait, elle n'avala rien. L'énervement et la fatigue conjugués lui donnaient la nausée. Du coin de l'œil, elle observait Harry dévisager Ginny, qui elle-même reluquait Blaise sans se cacher. Le brun semblait vraiment mal de voir son ancienne copine ainsi, ce qui réveilla en Serephina deux sentiments contradictoires. La satisfaction et la pitié.
La satisfaction de savoir qu’en deux jours, elle l’avait déjà en partie brisé, et la pitié parce qu'avec la conversation qu’elle avait eu avec Draco la veille, elle pensait savoir ce qu’il ressentait. Et que cela faisait mal.
— Je comprends vraiment pas ce qui lui as pris, dit Harry. Hier encore elle disait qu’elle m’aimait et là, elle sort avec Zabini.
Les jointures des mains de la fille de Voldemort devinrent blanches tellement elle serrait fort sa fourchette.
— J’ai l’impression que le plan d’une certaine sorcière a échoué, ricana Pansy. Sérieusement, Draco, regarde la tête qu’elle fait. On dirait qu’elle va faire une crise de nerfs. Pauvre petite chérie.
Alors qu’il faisait des efforts pour éviter de poser son regard sur la rouquine, il se résigna à le faire pour voir de quoi était en train de parler son amie. Quand il vit les prunelles de Serephina presque noir, il comprit qu’il y avait un problème.
— Ça sent mauvais. Très mauvais, commenta Blaise.
Draco hocha la tête. Lorsqu’il la vit quitter précipitamment la pièce sans n’avoir rien avalé, il déglutit. Elle allait commettre un meurtre.
— Qu’est-ce que tu attends, Draco ? Vas la rejoindre, dit le métisse.
— Hors de question. Pas après ce qu’il s’est passé cette nuit, ajouta-t-il à voix basse pour que seul Blaise puisse l’entendre.
Ce dernier soupira. Si seulement la jeune fille n’était pas aussi têtue, tout cela ne serait jamais arrivé.
— Elle va réduire l’école en cendres. Tu es le seul à pouvoir la calmer depuis des années. Tu le sais très bien.
— C’est bon, c’est bon, j’y vais ! Mais juste pour m’assurer qu’elle ne fasse pas de bêtises.
— Mais oui, bien sûr, marmonna Blaise. J’y croirais quand j’aurais le temps.
Les mains dans les poches, Draco sortit de la Grande Salle, essayant de deviner où pourrait bien se trouver Serephina. Connaissant son sens de l’orientation plus que minable, il pensait qu’il n’y avait qu’un endroit dans lequel elle pourrait se rendre. Tremblant à l’idée de se retrouver de nouveau devant elle en tête à tête après leur conversation de la veille, il arriva devant les appartements des préfets bien trop rapidement à son goût. Un bruit de fracas l'accueillit quand il pénétra à l'intérieur. Ses yeux tombèrent sur Serephina, qui faisait les cent pas dans la pièce en administrant des coups de poing dans le mur de temps en temps.
— Phina ? Mais qu’est-ce que tu fais ? Arrête !
Il se précipita vers elle et prit son poing dans sa main pour l’empêcher de recommencer. Elle essaya de se dégager pendant quelques instants avant de laisser tomber, à bout de force.
— Qu’est-ce qui te prends ? Tu aurais pu te péter le poignet !
— Et qu’est-ce que ça peut te foutre ? Pourquoi tu fais encore semblant de t’intéresser à moi après ce que je t’ai dis hier ?
— Parce que je sais que tu n’en pensais pas un mot.
Il prit sa main intacte dans la sienne et la tira jusque dans sa chambre, où il la fit s’asseoir sur son lit en lui ordonnant de ne pas bouger. De toute façon, elle en serait bien incapable. Elle était épuisée. Cette école allait finir par avoir sa peau. Au bout de plusieurs minutes, le Serpentard revint vers son amie, muni de désinfectant et de compresses.
En silence, il nettoya sa main.
— Je peux le faire toute seule, ça.
— Arrête, tu trembles tellement que tu en mettrais partout.
Comme il n’avait pas tort, il le laissa faire sans plus parler ou protester. Elle avait envie de pleurer. Son seul et unique plan avait échoué, elle ne savait pas comment elle allait faire. Elle ne se rendit pas compte que le blond avait fini de la soigner et qu’il attendait qu’elle prenne la parole.
— Tu peux m’expliquer ce qui ne va pas ? La dernière fois que je t’ai vu comme ça, ton père venait de perdre la guerre.
Je suis nulle, même pas capable d’ensorceler Potter. Pas étonnant que mon père ait caché mon existence et que je le décevais à chaque fois.
— Pourquoi tu ne veux rien me dire ? Tu ne me fais pas confiance ?
— Bien sûr que si !
Elle soupira. Elle était certaine qu’il serait content d’apprendre que son plan de sortir avec Potter était tombé à l’eau. Il était allé la voir pour lui demander de lâcher l’affaire dès qu’il avait su ce qu'elle comptait faire.
— Alors c’est quoi, le problème ? Ton philtre d’amour n’a pas fonctionné, c’est ça ?
Quand il vit qu’elle ne répondait pas, il comprit qu’il avait vu juste. Il s’apprêtait à lui dire que ce n’était pas grave et qu’elle ne pouvait pas toujours tout réussir mais se ravisa. Il allait l’énerver encore plus qu’elle ne l’était déjà.
— Je suis même pas foutue de concocter un philtre d’amour qui fonctionne sur Potter ! s’écria-t-elle.
Avec un sourire compatissant, Draco plaça sa main sous le menton de la jeune fille pour qu’elle arrête de fuir son regard.
— Sérieusement, Phina, ce mec a survécu à un Avada ! Tu t’attendais vraiment à ce qu’une potion ait un quelconque effet sur lui ?
Ses paroles devaient rassurer la Gryffondor, elles eurent l’effet inverse. Des larmes de rage naquirent au coin des yeux de la rouquine et elle les essuya d’un geste brusque avant de se lever. Enfin, elle tenta de se lever, puisqu’elle retomba sur le matelas, prise d’un vertige. Avec une moue désapprobatrice, Draco la prit dans ses bras et la porta jusqu’en haut du lit, la couchant sur l’un des oreillers.
— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en se redressant.
Il s'appuya sur elle pour l’empêcher de s’asseoir et lui sourit d’un air narquois.
— Je te couche, ça ne se voit pas ? Tu dors avec moi cette nuit et c’est pas négociable.
— J’ai même pas de pyjama !
Pour lui montrer que ce n’était pas un problème, il enleva son tee-shirt et lui jeta dessus. Ensuite, il s’installa à côté d’elle et la serra contre lui sans lui laisser le choix.
— Laisse-toi aller, pour une fois.
Il lui donna un bisou sur le front et ferma les yeux. Quelques minutes plus tard, les petits bras frêles de Serephina lui entourèrent la taille et ses lèvres se posèrent sur celle du blond.
— Espèce d’idiot, marmona-t-elle, à moitié endormie.
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