Chapitre 17
Sur le moment, Serephina ne réagit pas. Elle était trop surprise par son geste pour songer à le repousser, et trop préoccupée à s’empêcher de lui rendre son baiser pour bouger. Ce n’est que lorsque Draco s’écarta légèrement de ses lèvres pour prononcer les deux petits mots qu’elle se refusait à entendre qu’elle se rendit compte de ce qu’elle faisait. Les deux mains sur son torse, elle le poussa en arrière.
— À quoi tu joues ? demanda-t-elle. Ça te fais rire ?
Il ne comprit pas de quoi elle parlait jusqu'à ce qu'il voit des larmes naître dans le coin des yeux verts de la jeune fille.
Mais qu'est-ce que j'ai fait ? pensa-t-il.
Il fit un pas vers elle avant de s'abstenir. Il ne se rappelait pas l'avoir déjà vu pleurer pour autre chose que ses cauchemars. Il l'avait déjà entendu, quand il passait dans le couloir et qu'elle sortait d'une séance d'entraînement avec son père. Mais jamais il n'avait vu ses yeux troublés par ses larmes.
Il comprit très vite qu'elle pensait qu'il se fichait d'elle. Après tout, il l'avait déjà fait, une fois, quand ils étaient petits. Un jour, elle l’avait tellement raillé avec le fait qu’il était fiancé depuis sa naissance qu’il en avait eu marre et l’avait embrassée pour la faire taire. C’était ce jour-là qu’il s’était rendu compte qu’il ne ressentait pas que de l’amitié pour elle, et qu’il avait décidé de le garder pour lui à cause du père de la jeune fille.
Aujourd’hui, Serephina devait se dire qu’il ne lui accordait ce baiser que pour se venger de toutes les choses horribles qu’elle lui avait dites ses derniers jours.
— Je ne joue pas, Phina. Je...
— Tais-toi, le coupa-t-elle. Sors de ma chambre.
Sa voix était tremblante. Elle battit rapidement des paupières pour chasser l’eau qui s’y accumulait et croisa les bras sur sa poitrine. Il fit un pas vers elle. Elle recula. Il serra les dents. La rouquine semblait lutter contre elle-même pour ne pas se jeter dans ses bras. Pourquoi ne pouvait-elle simplement pas se laisser aller ?
— Va-t-en. S’il te plait, lui demanda-t-elle.
D’un geste de la tête, il refusa. Peut-être que s’il insistait, il arriverait à la faire renoncer.
— Tu sais pourquoi ça me gêne autant que tu fasses boire un philtre d’amour à Potter et que tu sortes avec ?
Elle s’en doutait. Elle commençait à comprendre qu’il ressentait le sentiment qu’elle refoulait pour leur bien à tous les deux. Elle n’était pas certaine de pouvoir résister encore très longtemps.
— Je veux plus le savoir. Sors.
— Pas tout de suite.
Il continua à s’approcher d’elle alors qu’elle continuait à faire des pas en arrière à chaque fois qu’il en faisait un en avant. Elle se retrouva bientôt plaquée contre le mur, prise en sandwich entre Draco et la pierre.
— Je t’ai dit de sortir.
Au lieu de cela, il posa l’une de ses mains sur sa joue et la caressa avec son pouce. C’était la première fois qu’elle se laissait paraître aussi faible devant lui.
— Laisse tomber l’idée de sortir avec lui, s’il te plait. Je... je crois que je ne le supporterais pas.
— Ce...ce n’est pas mon problème.
— Arrête de jouer à ça avec moi, Phina. On sait tous les deux que tu n’en penses pas un mot.
Elle l’écoutait à peine. Ses yeux étaient rivés sur les lèvres du jeune homme, qu’elle rêvait d’embrasser à nouveau.
—Comment tu peux savoir ça ? dit-elle en bougeant juste assez pour que la main du blond finisse sur le mur.
— Parce que tu n‘aurais pas mit aussi longtemps à me repousser si tu n’en avais rien à faire de moi.
— Je cherchais le meilleur moyen de t’assassiner pour ton geste.
Il leva les yeux au ciel et s’éloigna d’elle.
—Tu me soules, Phina. Tu veux pas arrêter de faire semblant juste cinq minutes ?
— Sors. Je suis fatiguée.
Il s’avoua vaincu. Elle était trop bornée pour admettre qu’il avait raison. Il ravala le peu de fierté qu’il lui restait après un tel rejet et s’approcha de la porte. Avant de l’ouvrir, il se tourna vers elle, des larmes dans les yeux.
— Tu n’es qu’une putain d’égoïste. Ne t’approches plus de moi.
Il s’en alla s’en demander son reste. Quand il entendit un bruit sourd venant de la chambre de la sorcière, il supposa qu’elle venait d’envoyer valser un objet quelconque et sortit des appartements des préfets pour aller prendre l’air. Il ne songea pas que le son qu’il venait d’entendre était Serephina qui s’effondrait par terre, en pleurs.
C’est la dernière fois que tu me voles une personne que j’aime, Potter. Je te le garantie.
***
Lorsque son réveil sonna le lendemain matin, Serephina n’avait toujours pas fermé l'œil. Entre ses cauchemars et sa conversation avec Draco, elle en avait été incapable. En traînant les pieds, elle alla s’affaler sur l’un des canapés de la salle commune en attendant Hermione, vu qu’elle n’arrivait toujours pas à se déplacer seule dans les couloirs sans se perdre. Elle ignora superbement la porte de la chambre de Draco quand elle s’ouvrit, bien que son cœur se mit à battre la chamade quand il passa à côté d’elle pour sortir. Quelques instants plus tard, Hermione émergea de sa chambre en baillant. Elle s’approcha de la jeune fille couchée qui était en train de s’endormir.
— Debout, Serephina. On a cours.
Dans des grognements incompréhensibles, la rouquine se redressa. Son comportement fit rire Hermione, jusqu’à ce qu’elle voit les cernes présentes sous les yeux de Serephina.
— Tu as dormi cette nuit, au moins ?
— Pas plus que d’habitude et j’ai pas eu la force de me maquiller.
Hermione se contenta de cette réponse évasive. Elles quittèrent la salle commune des préfets et se rendirent dans la Grande Salle, où Harry et Ron les attendaient. Le brun avait aussi mauvaise mine que Serephina et gardait les yeux baissés sur son verre de jus de citrouille.
— Salut les filles, les accueillit-il quand il releva la tête parce qu’il les avait entendues arriver.
Serephina lui répondit par un marmonnement aussi incompréhensible que son grognement de tout à l’heure. Cela arracha une esquisse de sourire au brun.
— T’as une sale tête, remarqua-t-il.
— Toi aussi, je te signale.
Sans même le vouloir, elle s’était installée face à la table des Serpentard, ce qui lui donnait sur Draco une vue dont elle se serait bien passée. Elle soupira, une main sous la table, jouant avec sa fiole de philtre d’amour. Elle ne savait pas comment elle allait pouvoir la faire boire à Harry. Elle ne pourrait pas faire comme avec Ginny. Ce type avait la tête trop dure pour pouvoir être assommé.
Une idée lui traversa alors l’esprit.
Discrètement, elle sortit sa baguette de la manche de sa cape de sorcière et lança un sort d’invisibilité au petit bocal de verre. Elle la rangea ensuite et se débrouilla pour tenir la fiole de la manière la plus naturelle possible.
— Et, sans vouloir te vexer…
Elle se redressa par dessus la table et lui donna une pichenette sur le front. Ce faisant, elle versa la potion dans le verre du brun en souriant.
— T’es beaucoup plus moche que moi, finit-elle.
Il fit semblant de se vexer avant de boire la fin de son verre à grandes gorgées.
Serephina sourit. Maintenant, elle n’avait plus qu’à attendre.
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