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Chapitre 7 : Âmes complémentaires

Merde. Merde. Merde.

- C'est pas vrai, je souffle pour moi-même.

Rafaël lève un sourcil. Heureusement qu'il est dos à la porte. Je sens le regard de Julio fixé sur moi.

- Bon, Rafaël, je te recontacte si je décide d'accepter ta proposition. Au revoir.

Il me répond avec un grand sourire et je quitte notre table en laissant quelques pièces dans le petit bol posé à côté de nos tasses de café. J'ai exactement quatre secondes pour trouver un nouveau mensonge à balancer à Julio. Je ne suis pas suicidaire. Je ne dirai jamais à quelqu'un qui travaille avec les autorités mexicaines que je m'apprête, peut-être, à entrer dans un gang. Je mime un faux-sourire en arrivant à son niveau et sors du café en passant devant lui. Je le vois me suivre mais continue ma route jusqu'au petit parc, situé à la sortie du café, et qui forme un immense rond point. Nous nous installons dans l'herbe fraîchement tondue.

- Laisse-moi t'expliquer, je commence.

Mais il me coupe.

- Pourquoi m'as-tu menti ?

- C'est un ami à mon père.

- Je ne l'ai pas vu à l'enterrement, me rétorque-t-il, du tac au tac.

Il est perspicace. Je dois réfléchir aussi vite que lui, mon cerveau va exploser.

- Il vient d'Espagne. Mon père et lui sont partis quatre ans là-bas pendant leurs études. Mais mon père est rentré au Mexique alors que lui est resté. Ils sont restés de très bons amis. Je l'ai donc appelé pour le prévenir de l'explosion, bien que tous les journalistes de la planète en ont parlé. Il a tenu à venir ici deux jours pour lui rendre hommage. Je me devais de le voir.

- Ça n'explique pas pourquoi tu m'as menti ?

- Il a un métier assez top secret, qui ne se dévoile pas, et il ne voulait pas qu'on sache qu'il était ici. Il pourrait avoir des ennuis.

Pour cette phrase, je ne mens qu'à moitié. Mais ça reste un mensonge et avant que Julio ne me pose des questions encore plus tordues, je décide de m'excuser, pour que nous puissions passer à autre chose.

- Je suis désolée, Julio. Je n'aurai pas dû te mentir. J'ai paniqué pour rien, je soupire en levant les yeux sur lui.

Il me regarde, sans rien dire. Je le regarde, sans un mot non plus. On se regarde quelques secondes avant de sourire tous les deux, bêtement. On ne peut pas se résister.

- T'es pardonnée, rigole-t-il en m'ébouriffant les cheveux.

Je me venge en faisant pareil mais je me retrouve avec une tonne de gel sur les doigts. Je tente de m'essuyer sur le haut de Julio mais il recule d'un coup.

- Même pas en rêve !

Nous rigolons une nouvelle. Qu'est-ce que ça fait du bien après le stresse que je viens de me faire !

- Tu ne travailles pas aujourd'hui ? je demande en m'adossant à un arbre.

- Pas le jeudi, me répond-il en venant s'asseoir à côté de moi.

- Tu te rends compte que ça fait déjà plus d'une semaine que tout est parti en vrille.

- Et tu t'en sors très bien pour le moment. J'avais raison, tu es quelqu'un de très forte, Rym Abril.

- Je fais juste semblant, je lâche en levant les yeux au ciel.

Je sens mon cœur se serrer. Je n'aime pas parler des sujets qui me touchent profondément.

- Ma mère m'a appris beaucoup de choses au cours de sa vie. Même si je voyais plus María qu'elle, il y a des choses que je n'oublierai jamais.

- Comme quoi ?

Je fixe une balançoire où s'amusent des enfants. Mes doigts jouent avec l'élastique autour de mon poignée.

- Plus jeune, ma mère est tombée dans une sévère dépression. Elle a mis plusieurs années à s'en sortir. Elle avait eu le cœur brisé par un homme. Elle n'a jamais voulu me dire comment il s'appelait, d'ailleurs.

Je me souviens de cette conversation que j'avais eu avec elle. Nous étions sur mon lit et, souvent, elle venait me raconter des histoires de son enfance pour que je puisse « me forger pour l'avenir ».

- Elle ne voulait pas que je reproduise les mêmes erreurs qu'elle, je continue. Elle m'a tout expliqué de ce qu'était la dépression, les symptômes et comment ça l'avait anéantie. Elle m'a fait promettre de ne jamais succomber au Démon, comme elle l'appelle.

- Et tu penses que tu ne tomberas jamais en dépression ? me demande Julio en tournant les yeux vers moi. Comment peux-tu en être sûre ?

Je n'ai pas la force de le regarder dans les yeux, alors je poursuis en fixant les jeux et les enfants.

- Tu sais, quand tu vois ta mère te regarder dans le blanc des yeux et te raconter ses souffrances les plus enfouies, ça te brise le cœur en deux. Rien que le fait qu'elle me raconte ce qu'elle avait vécu, j'ai vu la détresse des années qu'elle a passé à se tuer de l'intérieur. Je lui ai promis et je tiendrai pas promesse. Je lui dois au moins ça.

- C'est bien. Vraiment bien.

Nous restons silencieux quelques secondes. J'arrache l'herbe à côté de moi et la coupe en petits bouts que je jette.

- Mes parents m'ont élevée dans l'optimisme. Toujours voir le bon côté des choses quoiqu'il arrive, je dis en faisant des grands gestes devant moi. Le rire est le meilleur des remèdes selon eux. Et je commence à le croire.

Je regarde Julio à ce moment-là. Il sait qu'il me fait rire et que ça me soulage. Un sourire complice se dessine sur nos lèves. Ses yeux noirs me fixent avec malice.

- Mes parents étaient les personnes les plus fortes que je connaisse, je commence, en gardant mes yeux fixés sur Julio. À côté, je suis minable, tu sais.

- Je trouve que tu t'en sors à merveille, Rym. Je te trouve très inspirante. La façon que t'as d'affronter la vie, et de foncer tête baissée, ça me fascine. Tu viens de perdre ta famille et tu es encore là, la tête haute, à sortir, à continuer ta vie, c'est ce que j'appelle être fort.

- Ma mère m'a toujours dit : fais semblant jusqu'à ce que ce soit vrai. C'est ce que je fais depuis l'explosion. Je fais semblant d'aller bien en espérant qu'un jour ce soit vraiment le cas.

Je vois dans son regard une certaine fierté. Et ça me réchauffe le cœur.

- Je suis heureuse que Dieu mette parfois sur notre chemin des personnes qui nous sont complémentaires, je souris en posant ma main sur son bras.

- Tu trouves que nous sommes complémentaires ? ironise-t-il.

- Nous sommes peut-être des âmes sœurs, qui sait ? Avoir un feeling comme le nôtre, aussi rapidement, ce n'est pas donné à tout le monde.

- Je suis fier de nous, alors !

Nous continuons à parler de nos vies respectifs pendant plusieurs heures encore. Je passe d'excellents moments en compagnie de Julio. Je l'apprécie vraiment. J'apprends ainsi qu'il est fils unique, qu'il vit encore chez ses parents, le temps de mettre assez de côté pour partir, et qu'il aimerait faire un tour du monde. Je partage son dernier projet. Puis nous quittons le parc et Julio me raccompagne à ma voiture, garée quelques rues plus loin.

- Je ne savais pas que tu conduisais, s'étonne-t-il.

- Pourquoi ça t'étonne ? Parce que je suis une femme, c'est ça ?

Je fais semblant de m'énerver et lui frappe gentiment le bras. Nos regards se croisent, et avant que je n'ai le temps de partir, il m'attrape par les jambes et me balance sur ses épaules alors que je hurle. Heureusement, la rue n'est pas très passante.

- Lâche-moi Julio ! je crie en le frappant dans le dos avec mes poings.

- Qui est le meilleur homme de la planète ?

Cette phrase me dit clairement quelque chose.

- Je t'ai dit que j'aurai ma vengeance, rit-il à gorge déployée.

Je ne peux m'empêcher de rire. Je me suis bien faite avoir.

- Qui est le meilleur homme sur cette Terre ? réitère-t-il en commençant à m'enlever ma basket.

- Lâche-moi, je vais hurler à l'agression !

- Essaie un peu pour voir !

Il éclate de rire et m'emmène jusqu'à ma voiture. Mon sac pend sur le côté. Mais je sens Julio l'ouvrir, sûrement pour récupérer mes clefs de voiture.

- Julio, arrête ! C'est toi le meilleur homme du monde !

- Et bien voilà. Tu vois que ce n'était pas compliqué.

Il me fait redescendre sur Terre et remets ma basket en place.

- Personne ne touche à ma voiture, je le préviens en posant un doigt accusateur sur sa poitrine.

- Belle voiture, en tout cas ! Je pourrai la conduire un jour ?

- Dans tes rêves ! Personne ne touche à ma voiture, je répète en la déverrouillant.

Il lève un sourcil et sourit une nouvelle fois. J'adore le voir sourire. Je vois qu'il veut continuer nos chamailleries mais il faut que je rentre chez moi.

- Tu veux qu'on se voit demain soir ? me propose-t-il.

- Demain matin je dois commencer à régler tous les problèmes liés à l'entreprise puisque nous n'avons plus aucune logistique. J'ai dû arrêter le fonctionnement de l'usine pour une semaine mais tout doit reprendre son cours. Et demain, je passe mon après-midi au taekwondo. Je serai donc très fatiguée demain soir. Mais si tu veux passer à la maison, il n'y a aucun problème.

Il me sourit une dernière fois avant de me faire un seul bisou sur la joue. Je rentre dans ma voiture en souriant bêtement alors que je le vois s'en aller dans mon rétroviseur. Mon trajet en voiture se passe dans le silence de la radio mais dans le bruit de mes pensées. Nous, les filles, avons une manière bizarre d'appréhender les relations avec les hommes (ou les femmes). Pourquoi sourions-nous bêtement à chacun de leur mot ? Pourquoi avons-nous les mains moites ? Pourquoi attendons-nous son message au lieu d'en envoyer un ? Pourquoi avons-nous ces fameux papillons dans le ventre ? J'apprécie réellement Julio. Mais devoir lui mentir est compliqué. Vraiment.

Lorsque je rentre chez moi, María n'est pas là. Elle m'a laissé un mot sur la porte d'entrée me disant qu'elle partait faire une promenade et quelques courses. Je décide donc d'aller enfiler un bon pyjama pour me poser devant la télévision. J'entre dans ma chambre et vois une pile de vêtements sur mon lit. María ne range jamais mes vêtements, je préfère le faire. Je commence donc à accomplir cette tâche lorsque je vois qu'il y a une chemise à ma sœur dans la pile. Je l'attrape et m'en vais dans la chambre d'Anastasia. J'ouvre l'une des portes de sa grande armoire, mais ce que je vois me paralyse. Il n'y a plus aucun vêtement à elle. J'ouvre les autres portes, en panique. Il reste dix vêtements au maximum. Je n'avais pas vérifié son armoire lorsque j'étais venue dans sa chambre, après sa disparition. Mais elle n'est sûrement pas revenue ici, il y a quasiment toujours quelqu'un à la maison. Elle a pris ses affaires avant sa disparition. Ce n'est définitivement plus un enlèvement. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle est partie de son plein gré, elle a pris ses vêtements avec elle. Elle doit être enfermée quelque part ; sinon, elle n'aurait jamais pris la peine de prendre tous ces vêtements si elle savait qu'elle pourrait en acheter d'autres. Elle pense peut-être qu'elle n'est pas en danger mais une gamine de quinze ans, dans un monde aussi cruel que les gangs, entourées d'hommes du double de son âge, ne fera pas long feu.

- Il faut que je la retrouve.

Je quitte la chambre en courant et manque de renverser María sur mon passage.

- Dis-moi, tu savais que l'armoire d'Ana était vide ? je demande.

- J'ai vu ça tout à l'heure, j'allais t'en parler.

Nous nous regardons, désolées de la situation. Tout a été si vite chamboulé. Nous avons vraiment besoin d'avancer.

- Ne fais pas à manger, ce soir, je lui dis dans un souffle. Commande ce qui te fait envie et on regardera une telenovela que tu aimes tant.

Je vois dans son regard qu'elle est contente, malgré la situation.Ça me fait vraiment plaisir. On a besoin de temps pour nous.

- Je m'en vais de ce pas commander une tonne de sushis !

- Prends-le double pour moi, je rigole alors qu'elle descend les escaliers.

Je retourne dans ma chambre et m'affale sur mon lit. Il faut que je retrouve ma sœur, il faut que je fasse avancer les choses. C'est donc envahie d'un courage infini que j'attrape mon téléphone et envoie un message un Rafaël : « Je suis des vôtres ».




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