Chapitre 25 : Quand on aime vraiment, on aime pour toute la vie
Point de vue de Rafaël.
La porte du bureau de Diego claque violemment derrière Rym. Je recule de quelques pas pour la suivre lorsque le patron m'arrêtedans ma lancée.
- Rafaël, tu restes ici jusqu'à la fin de la réunion. Cette folle furieuse ne mérite pas que tu la suives.
Je sens dans le ton de sa voix qu'il est très en colère. À vrai dire, je l'ai rarement vu dans un tel état. Ne voulant pas m'opposer au patron moi aussi, je décide de retourner à côté d'Adan et de terminer la réunion. Mais j'aurai préféré partir avec Rym. Diego passe la fin de sa réunion à critiquer le plan que mon amie a donné. Je ne peux pas rester là, les bras croisés, sans rien faire et sans défendre le nom de Rym, qui est en train d'être sali par le chef.
- Ce n'est pas le comportement que vous devriez avoir, Diego, j'interviens en sortant du rang de la même manière que Rym. Vous êtes le chef et c'est vous qui avez pris la décision finale. Si le plan de Rym ne vous convenait pas, vous étiez en droit de le refuser et de penser que c'était une mauvaise idée. Or, vous avez validé son plan, partiellement, et avez décidé de le modifier. C'était votre choix. Pas celui de Rym. C'est vous qui avez validé le plan que nous avons exécuté et si la mission a échoué vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous-même.
Je reste très calme, contrairement à Rym qui criait dans tous les sens. Je pense que les meilleures discours sortent de la bouche des gens posés et sereins.
- Il faut parfois se remettre en question et ce n'est, en aucun cas, un signe de faiblesse. Et je pense que tant que vous ne faites pas un petit travail sur vous-même, nous n'avancerons pas. Sur ce, je pense que la réunion est terminée. Je retourne dans mon bureau.
Et avant que Diego ne puisse me répondre quoi que ce soit, je quitte la pièce à la recherche de Rym. Alejandro m'annonce qu'elle a quitté la banque il y a plus de cinq minutes. Je soupire fortement en sortant mon téléphone. J'essaie de l'appeler en vain. Je décide de lui envoyer un message sans attendre de réponse. J'entre dans mon bureau et ferme la porte derrière moi. Pendant la réunion, on est venu me poser des piles de papiers à côté de mon ordinateur. Nous sommes lundi et je dois organiser les missions de toute la semaine. Je jette un rapide coup d'œil aux différentes feuilles. Il y a plusieurs ordres de missions et des fiches de routes. Il y a un ordre de mission pour Rym et moi. J'envoie donc un second message à cette dernière en l'informant de venir chercher son ordre de mission dès qu'elle le voudra. Ce sera une grande réception qu'elle aimera à coup sûr. L'adresse et la mission à effectuer sont inscrits sur la fiche. Je suppose que ce sera une grande soirée aux vues de la salle des fêtes choisie.
Je passe une demi-heure à vérifier les différents ordres de missions et les personnes attitrées à la mission. Je valide le tas de feuilles en signant dans le petit encadré prévu à cet effet. Une fois fait, je me dirige vers notre petite salle de pause et me sert une grande tasse de café noir. Une tête aux cheveux bouclés apparaît dans l'encolure de la porte.
- Tu me cherchais, Alma ? je demande en buvant une gorgée de ma boisson.
- Peux-tu venir dans la salle informatique, s'il te plaît ?
- Je te suis, je déclare en partant derrière elle.
Nous nous enfermons dans la petite salle et elle s'assoit devant un ordinateur. Je continue de siroter mon café pendant qu'elle parle.
- Depuis que vous êtes venus me voir avec Alejandro, j'ai réfléchi à un moyen de trouver les mots de passe. Je me suis donc servie d'un logiciel de décodage, m'explique-t-elle en cliquant à toute vitesse sur la clavier.
- Comment ça marche ?
- C'est un logiciel qui va essayer toutes les combinaisons possibles et inimaginables. Mais je me retrouve face à un problème : j'ignore combien de caractères contiennent les quatre mots de passe. Le logiciel a plusieurs milliards de combinaisons à essayer. Pour le premier mot de passe, il a donc commencer par chercher un code à trois caractères, puis à quatre, puis à cinq, et cetera.
- Ça va prendre combien de temps pour trouver les quatre mots de passe ?
- Le logiciel a commencé à travailler il y a deux semaines et il vient tout juste de trouver le premier mot de passe. Le problème est que le logiciel doit essayer toutes les majuscules, toutes les lettres, tous les chiffres et tous les signes existants. Je pars de rien avec ces mots de passe dont on ne connaît même pas les critères. Je vais encore en avoir pour des semaines avant de trouver le reste des mots de passe. Mais je voulais te prévenir que je venais d'en découvrir un.
- Et est-ce qu'il signifie quelque chose ? Je veux, est-ce que c'est un mot courant ?
Elle secoue la tête. Dommage, on aurait pu essayer de deviner les autres codes.
- Le mot de passe est rempli de lettres, de chiffres et de signes. Avec des majuscules et des minuscules pour les lettres. Zack a vraiment tout fait pour que ces vidéos ne soient pas vues.
Je hoche doucement la tête en regardant le logiciel travailler sur son ordinateur.
- En tout cas, tu fais de l'excellent travail, Alma ! Je te félicite. Mais rassure-moi, tu n'en as parlé à personne ?
- Absolument personne, me répond-elle en agitant ses boucles. Je laisse le logiciel travailler en arrière-plan sur mon ordinateur, comme ça, personne ne sait ce que je fabrique.
- Tu es vraiment la meilleure, je souris en posant ma main sur son épaule. Si tu as du nouveau, préviens-moi.
J'attrape ma tasse de café et quitte la pièce tandis qu'Alma continue de travailler. Je déambule dans les couloirs jusqu'à mon bureau où je m'enferme, cette fois, à clef. Je soupire fortement en jetant un coup d'œil à mes post-it. Je coche toutes les tâches que j'ai effectuées ces derniers jours. J'ai un pincement au cœur en traçant une croix à côté de la tâche suivant : « appeler les familles des membres décédés ». Je n'ai pas pu me rendre directement chez eux car ils habitent beaucoup trop loin. C'est la partie de mon travail que j'aime le moins. Je déchire des familles sans le vouloir et me sens terriblement mal dès que j'annonce ces funestes nouvelles. Au bout de deux ans, ça m'a endurci mais ça ne m'empêche pas de ressentir une profonde tristesse à chaque fois.
Je secoue la tête pour faire fuir ces sombres pensées afin de me remettre au travail. Mais on vient toquer à ma porte. Je me lève pour aller déverrouiller la porte. Je soupire en voyant une tête familière, face à moi.
- Qu'est-ce que tu veux ? Tu n'en as pas marre de venir me parler toutes les semaines ? je souffle en retournant m'asseoir derrière mon bureau.
Alejandro ferme la porte et vient se poster devant moi.
- Il faut que je te parle.
- Comme si c'était étonnant. Qu'y a-t-il ? je grogne.
Il passe sa main dans ses cheveux châtains et attend quelques secondes avant de répondre.
- Est-ce que Rym a un petit-ami ?
- Je te demande pardon ? je m'étonne en fronçant les sourcils.
- Je l'ai vu avec un homme, la semaine dernière. Elle ne m'a pas vu mais moi si. Et je voulais savoir s'il était son petit-ami.
- Et en quoi ses fréquentations te regardent, Alejandro ? Aux dernières nouvelles, Rym te hait plus que tout.
Cette phrase à l'air de l'offenser. Il serre légèrement les poings et son souffle se saccade.
- L'homme avec lequel elle était ce jour-là, je l'ai déjà vu quelque part. Il ne m'est pas inconnu. Mais je n'ai pas réussi à me souvenir où je l'avais vu.
- Ça fait beaucoup d'informations dans le vide, je dis sarcastiquement.
- Rafaël, je ne traîne pas dans les lieux les mieux fréquentés de la capitale. Si cet homme ne m'est pas inconnu, c'est que je l'ai vu dans un endroit pas très net. Et si c'est le petit-ami de Rym, ou même son ami, elle devrait se méfier.
Je me pince l'arête du nez, exaspéré par ce qu'il me raconte.
- Alejandro, j'ignore de qui tu parles mais le copain de Rym est pompier et de tout ce qu'il y a de plus gentil. Elle vit une belle histoire avec lui et je t'interdis de gâcher son bonheur, c'est bien compris ?
- Être pompier ne veut absolument rien dire, me rétorque-t-il. Comment s'appelle-t-il ?
- Ça ne te regarde pas, Alejandro. Maintenant, j'aimerais que tu quittes ce bureau.
- Rafaël, je te dis que j'ai déjà vu cet homme quelque part, insiste-il. Et je suis persuadé que ça ne présage rien de bon.
Je secoue la tête, désemparé. Après tout ce qu'Alejandro a fait à Rym, ça parole ne vaut plus rien à mes yeux. Je n'irai jamais remettre en question la fiabilité du petit-ami de Rym. S'il avait eu un comportement bizarre, elle m'en aurait fait part, or, ce n'est absolument pas le cas. Alejandro confond peut-être Julio avec quelqu'un d'autre. Ou alors il veut ruiner le bonheur de Rym.
- Autre chose d'aussi stupide à me dire ? je demande en rangeant les différents papiers éparpillés sur mon bureau.
- Je suis sûr d'avoir raison, Rafaël.
Il ne cesse de me regarder droit dans les yeux. J'ai l'impression que ses yeux bleus me transpercent l'âme.
- Quand je suis venu te voir pour les caméras de surveillance, est-ce que j'ai menti ? m'interroge-t-il en croisant les bras.
- Non, mais...
- Je suis différent de celui que j'étais il y a deux ans. Je ne suis plus le même. J'ai fait des erreurs impardonnables mais je ne suis plus un menteur. Si je te dis que son petit-ami n'est pas très net, c'est que je dis la vérité. J'en suis persuadé.
Il commence à m'énerver avec son histoire sortie de nulle part et sans aucune preuve.
- Il y a une différence entre être persuadé et dire la vérité. Et même si c'était le cas, je renchéris, qu'est-ce que ça pourrait te faire ?
- Je ne veux pas qu'elle déchante et qu'elle en souffre.
- Très amusant de la part de quelqu'un qui a organisé son viol, il y a deux ans.
Il secoue doucement la tête. Je vois des larmes monter dans ses yeux. À quoi il joue ?
- J'ai été le plus gros imbécile de la Terre. Je ne me pardonnerai jamais ce que j'ai fait à Rym. Et elle ne me le pardonnera jamais non plus. Je le sais.
Sa voix se brise à la fin de sa phrase et, pour la première fois depuis que je sais ce qu'il a fait à Rym, je ne ressens aucun dégoût profond pour lui. J'ai en face de moi un homme complètement désemparé. Ce n'est pas le Alejandro que je connais.
- J'ai passé sept ans de ma vie avec elle, reprend-il, la tête baissée. Je voulais plus que tout entrer dans ce gang pour me prouver à moi-même que j'étais capable de faire quelque chose et que j'étais capable de mener ma vie à bien. J'ai été complètement obnubilé par ça. Et j'en ai sacrifié Rym. Après ça, j'ai passé des mois à me maudire mais j'ai continué ma vie, le cœur complètement vide.
Je l'écoute mais je ne sais que penser de cette histoire. Je me sens presque mal à l'aise d'entendre tout ça.
- Mais lorsque tu m'as envoyé lui donner tes coordonnés après l'explosion et le décès de sa famille, je pensais que j'étais passé à autre chose depuis longtemps. Je pensais qu'on allait se haïr mutuellement. Et je faisais mon malin lorsque je la voyais.
Je reste complètement silencieux face à son récit. À vrai dire, je sais qu'il ne sortira pas d'ici avant d'avoir terminé. Et je ne vois pas ce que je pourrai répondre à ça.
- Le soir de sa première mission avec toi, elle est descendue de l'atelier de Yanissa dans une robe rouge magnifique. Elle était incroyablement belle. C'est ce jour-là que je me suis rendue compte que je l'aimais toujours, et que je l'aimerais toute ma vie. Je n'arrive pas à oublier les sept ans qu'on a passé ensemble.
- Tu penses pouvoir la récupérer ? je demande, sceptique.
- J'en rêve mais je sais que ça ne sera pas possible.
Je décide de me lever, de faire le tour de mon bureau et de me pointer devant Alejandro.
- Écoute moi bien, je ne vais pas passer par quatre chemins pour t'expliquer les choses. Tu ne pourras jamais récupérer Rym. N'en rêve même pas, ce sera impossible. Ce que tu lui as fait est totalement inhumain, tu comprends ? Tu ne peux pas te pointer la bouche en cœur pour la récupérer ? Ta mission est vaine. Elle est en couple et très heureuse avec Julio.
Je m'arrête instantanément. Alejandro ne devait pas connaître son prénom. Je suis bête de l'avoir cité, par réflexe.
- Quoiqu'il en soit, je me reprends, tu as eu sept ans de ta vie pour la combler. Vous étiez en couple et elle t'aimait sincèrement. Maintenant c'est terminé. Tu as eu ta chance et tu l'as laissée filer. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.
Je pointe mon index vers lui en parlant d'une voix ferme.
- Ne t'avise pas de t'approcher d'elle. Si j'apprends que tu es parti ruiner son couple ou que tu lui as refait du mal, je n'hésiterai pas à faire de ta vie un enfer. Tu ne fais plus partie de sa vie et c'est son choix, maintenant respecte-le. Et mets-toi bien à l'esprit que tu ne peux pas revenir sur les erreurs que tu as commises.
- Mais je peux essayer de les réparer, insiste-il en se levant à son tour.
- Non. Tu ne reviendras pas dans la vie de Rym, tu as déjà fait assez de dégâts. Elle est heureuse, elle se remet petit à petit du décès de sa famille, alors tu la laisses tranquille. Pour de bon. C'est bien compris ?
Les yeux d'Alejandro s'écarquillent d'un seul coup. Et un sourire narquois vient se dessiner sur ses lèvres.
- Ma parole, Rafaël, tu es amoureux de Rym !
- Je... Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ?
- Ce n'est pas étonnant avec tout le temps que vous passez ensemble !s'écrit-il, tout sourire. Suis-je bête, c'est pour ça quand tu prends sans arrêt sa défense !
Je secoue la tête, bouche bée devant tant de bêtise humaine.
- Je ne suis pas amoureux de Rym, nous sommes seulement amis. Et notre relation est très bien comme elle est. Tu es vraiment un imbécile, Alejandro. Maintenant sors d'ici.
Il lève les yeux au ciel mais avant qu'il ne franchisse la porte, je dis haut et fort :
- Si tu t'avises de dire quoi que ce soit à Rym concernant tes sentiments pour elle, tu le regretteras. Elle ne t'aimera plus jamais, mets-toi bien ça dans le crâne.
Il claque la porte derrière lui. La vérité est tel un doigt au fond de la gorge pour ceux qui refusent de l'entendre. J'espère juste qu'il a compris la leçon et qu'il ne s'approchera pas de Rym. Je m'étonne souvent de ma réaction lorsque je me mets à prendre sa défense. C'est sûrement car je me sens lié à elle depuis le jour où je l'ai rencontrée, dans ce petit café du centre-ville. Ce jour-là, j'ai eu un pressentiment très fort à son égard. Ce pressentiment indiquait clairement que j'allais vivre des moments fous avec elle. Je me sens lié à elle comme je ne l'ai jamais été avec personne. Je me sens obligé de la protéger de toute la mauvaiseté de cette planète. Parce que sous ses airs de femme forte, indépendante et dur à cuire, je sais que c'est une fille douce et fragile. J'en suis persuadé même. Personne n'est intouchable. Personne n'est incassable. Et un rien peut détruire une personne. Et je refuse que quelqu'un la détruise une nouvelle fois.
Je soupire bruyamment en me rasseyant sur ma chaise bureau. Après ma conversation avec Alejandro, j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur mon travail. Je décide de quitter le quartier général plus tôt que prévu et de rendre visite à ma mère. Je passe finalement la soirée et la nuit chez moi, ça me fait le plus grand bien. Je finis par m'inquiéter de n'avoir aucune nouvelle de Rym mais je fais avec. Je lui renvoie quelques messages en vain. Je finis par m'endormir, le cerveau plein à craquer de pensées en tout genre.
*
Je ne reviens au gang que dans les alentours de midi. J'ai mal dormi cette nuit, je ne faisais que réfléchir sur un tas de choses. Ce que m'a raconté Alejandro concernant Julio me laisse perplexe mais je décide de ne rien raconter à Rym. Je ne veux pas prendre le risque de croire Alejandro, qui a un million raisons de me mentir à ce sujet.
Je me trouve en meilleure forme qu'hier soir et décide de me mettre au travail avant que ma motivation ne redescende comme un soufflé. Mais à peine ai-je commencé à remplir une feuille de route que la porte de la pièce s'ouvre violemment et cogne contre le mur. J'ignore ce qu'ont les membres de ce gang à claquer toutes les portes mais ça commence à me fatiguer.
- Je vois que la discrétion n'est pas ton fort, je plaisante en me levant.
- J'ai trop de force, ça te dépasse, me répond froidement Rym en s'avançant vers moi.
Je vois à son expression faciale que quelque chose ne va pas. Je m'en vais fermer la porte de mon bureau pour plus d'intimité. Elle s'assoit sur une chaise et je me place face à elle pour l'observer quelques secondes. Rym a des yeux bouffis sous lesquels des cernes noires montrent clairement qu'elle a passé une mauvaise nuit. Elle a le regard vide et le visage très pâle. Je ne reconnais pas la Rym joyeuse et pétillante avec laquelle je passe une grande partie de mon temps.
- Que t'arrive-t-il, petite Rym ? je m'inquiète en m'agenouillant devant elle.
Sur le coup, j'ai peur qu'Alejandro ne soit allé lui parler.
- Rien, tout va bien. Tout va s'arranger. Je suis juste venue chercher mon ordre de mission.
- Tu peux peut-être faire croire à la Terre entière que tu vas bien, mais pas à moi. Je le vois à des kilomètres que quelque chose s'est passé.
Elle relève la tête et ses yeux se remplissent instantanément de larmes. J'ai envie de la serrer fort dans mes bras pour qu'elle se sente en sécurité. J'ai envie de guérir tous ses maux. Elle attrape mon bras d'une main tremblante et se décide à parler.
- J'ai eu une violente dispute avec Julio.
- Il t'a frappé ? Il t'a touché ? Que s'est-il passé ? je panique en cherchant de nouveau le regard de Rym.
- Non, non, il ne m'a pas frappé. Ça a commencé quand je lui ai dit que j'avais passé la soirée avec toi. Il a piqué une crise de jalousie et on s'est insulté très violemment. Je n'ai pas dormi de la nuit, je suis épuisée. Je ne suis même pas allée travailler aujourd'hui. Et ce goujat n'a même pas daigné m'envoyer un seul message depuis hier soir.
Elle éclate en sanglots dans mes bras. Je finis par la serrer très fort contre moi pour qu'elle sache que je ne l'abandonnerai pas. J'ai peut-être eu tort de prendre la défense Julio hier, pendant ma conversation avec Alejandro.
- Ne pleure pas, Rym. Je t'en supplie. Ça va aller.
- Il refuse que j'ai des amis garçons. Pour qui il se prend ? Il remet en doute ma fidélité et ma sincérité ? Et bien qu'il aille se faire voir !
Je la laisse déverser sa haine contre lui pendant bien dix minutes. Je sens que ça lui fait beaucoup de bien de se confier à quelqu'un. Je la vois se calmer petit à petit et reprendre des couleurs.
- Je vais te chercher quelque chose à manger, je reviens.
Je quitte la pièce et m'en vais vers notre cafétéria où je pique une barre de céréales et une jus de fruits. Je donne tout ça à Rym et elle mange sans broncher. La nourriture est le meilleur remède pour elle.
- Merci, Rafaël.
- Je t'en prie, je ne vais pas te laisser te morfondre toute seule. Ça va mieux ?
Elle prend un mouchoir dans le paquet posé sur mon bureau et se mouche une dernière fois dedans puis essuie rapidement ses yeux. Je vois la véritable Rym revenir petit à petit, ça fait plaisir à voir.
- Tu veux encore en parler ? je l'interroge en me rasseyant à mon bureau.
- Ça va mieux, merci.
Elle me fait un demi-sourire en passant une main dans ses cheveux.
- Je suis jolie ? me demande-t-elle en repassant un mouchoir sur ses yeux.
- Tu es encore plus jolie quand tu souris.
Je lui tire un petit rire et j'étire mes lèvres en la voyant ainsi. Je déteste voir mes proches malheureux.
- Tiens, ton ordre de mission, je dis en lui tendant une feuille imprimée. Ce sera vendredi. De la semaine prochaine.
- Quelle est la mission ?
- Nous avons cinq clients dont deux viennent pour de la drogue tandis que les autres viennent pour des chargeurs d'armes. Je n'ai pas d'informations précises pour le moment, mais ce sera une grande fête.
- C'est parfait, me répond-elle en rangeant la feuille dans son sac à main.
- Tu es sûre que ça va mieux ? je lui demande à nouveau en penchant la tête sur le côté.
Elle se lève en me souriant.
- Juste un petit coup de mou mais ça va, je t'assure. Il faut juste que ça passe et que je pense à autre chose. Je peux aller dans la salle informatique ?
- Oui, passe juste voir Alma pour qu'elle te crée une session. Tu n'as encore jamais utilisé un autre ordinateur que le mien.
Elle hoche la tête et s'en va, son éternel sac à la main. Je continue de m'inquiéter pour elle bien après qu'elle soit partie. Mais je me remets à mon travail qui ne va pas avancer tout seul avec toutes les interruptions que je subis depuis hier. Je sors d'un de mes tiroirs une fiche avec le nom de tous les membres du gang. Je prépare ainsi les fiches de route pour la semaine à venir. Je finis mon planning une demi-heure plus tard. J'allais passer à la tâche suivante lorsque Rym ouvre à nouveau la porte violemment.
- Arrête d'éclater les portes contre le mur, Rym ! Qu'est-ce qui se passe encore ?
- Rafaël, il faut que tu viennes, c'est urgent ! s'affole-t-elle en arrivant à grands pas vers moi.
Je vois ses yeux à nouveau brillants de larmes. Elle a le visage rouge, elle à l'air complètement paniquée. Je fronce les sourcils et me lève, prêt à la suivre.
- Dis-moi ce qu'il se passe, je dis, gravement.
- Je sais qui sont les deux hommes qui ont tués ma famille.
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