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Chapitre 17 : Jeux dangereux

J'hésite entre l'étranglement et le couteau dans le cœur.

- Tu te fiches de moi, Rafaël ? Tu veux que je fasse un strip-tease ? Tu veux m'utiliser de cette manière ? Non mais je rêve, c'est du délire !

- Rym, tu m'as mal compris.

- J'ai mal compris ? je crie, hors de moi. Tu as bien dit que tu voulais que je joue la strip-teaseuse ce soir ? C'est bien ce que tu as dit, n'est-ce pas ?

- Oui, mais...

- Il n'y a pas de mais ! Tu comptais me dire ça quand au juste ? Une fois qu'on serait là-bas ? Depuis quand tu ne m'expliques pas les missions, ni les lieux où nous allons ? Qu'est-ce qui t'ait passé par la tête pour me faire un plan aussi foireux ?

Rafaël pousse un profond soupire et se laisse tomber sur sa chaise de bureau.

- C'est ça, continue de soupirer, ça t'aérera peut-être un peu le cerveau ! je lui balance en m'asseyant moi aussi sur une des chaises de la pièce. Maintenant, tu m'expliques la mission. Et plus vite que ça !

- Tu ne m'interromps pas ?

- Dépêche-toi de parler, je le menace de mon index en articulant lentement.

Il lève ses deux mains en signe de capitulation.

- D'accord, d'accord. La mission se passe dans un club de strip-tease. Il y a un homme qui achète régulièrement une quantité importante d'armes aux Navajas et j'aimerais récupérer son marché. Je sais qu'il se rend trois fois par semaine dans ce club. J'aurai voulu que tu te fasses passer pour une strip-teaseuse pour le mettre dans de bonnes conditions pour que je puisse négocier le contrat ensuite.

- Et tu comptais me le dire quand ? Quand on aurait été dans le club et que tu m'aurais arraché ma robe pour que je me retrouve en porte-jarretelles devant lui ? Il te manque une case, Rafaël, ce n'est pas possible !

Je secoue la tête en m'affaissant sur la chaise. Je suis dépitée de son comportement.

- Je suis désolé, admet-il au bout de quelques secondes de silence. J'aurai dû te prévenir dès que je t'en ai parlé hier.

- J'ose espérer que c'est une simple erreur de ta part. Mais ce sera dans tes rêves que je ferai un strip-tease pour cet homme.

- Je croyais qu'on devait être près à tout pour réussir une mission, me rétorque-t-il en se levant.

- Et la prochaine fois, tu me demanderas de coucher avec un vieux de soixante piges pour un contrat ?

- Je ne ferai jamais ça, me répond-il en levant les yeux au ciel.

Je me pince l'arête du nez en réfléchissant à la mission.

- Dans tous les cas, je conclus en me levant à mon tour, je ne ferai pas un strip-tease à cet homme. En revanche, je peux rester habillée comme ça si ça te fait plaisir et j'irai parler à cet homme. Si les circonstances s'y prêtent, je pourrai aussi le charmer et, dans tous les cas, je te préparerai le terrain.

Je balance mes cheveux en arrière en lui lançant un dernier regard.

- Je vais te prouver qu'il n'y a pas besoin d'être quasiment nue pour obtenir ce que l'on veut.

Je quitte la pièce, encore énervée. Je tombe sur Adan qui me sourit au passage. Je lui rends son sourire avant de voir qu'il est accompagné d'Alejandro. Mon ex me dévisage de haut en bas, mais étrangement sans aucune mauvaiseté dans le regard.

- Tu rages sur ce que tu as perdu ? je déclare en montrant mon corps d'un geste de la main et un sourire de peste plaqué sur les lèvres.

Je suis d'humeur à ne respecter aucune règle et à croire que tout m'est possible. Et je pense que c'est réellement le cas. J'ai hâte de montrer mes talents de persuasion ce soir. Je veux devenir plus douée que Rafaël. Je veux lui prouver que je suis capable de faire les mêmes choses que lui.

Je remonte à l'étage et rejoins Yanissa dans son atelier. Elle me calme quelque peu avant de prendre ma tignasse de cheveux et de passer un coup de fer à lisser dessus (dont je ne vois pas l'intérêt puisqu'ils sont raides). Sentir la brosse passer dans mes longueurs me fait un bien fou. Je me relaxe peu à peu. Cette fois-ci, Yanissa décide de me maquiller fortement les yeux et très peu les lèvres. Je me sens de nouveau comme une poupée de cire. Mais elle fait un tel travail que, même moi, je trouve ça magnifique.

- Tiens, prends cette pochette noire pour y mettre ton arme et ton téléphone.

Je la prends et enfile les escarpins noirs vernis qu'elle me tend. Je ne suis vraiment pas à l'aise dans cette tenue. La robe me gêne énormément. Ce n'est pas mon style, je préfère les longues robes de cocktails élégantes plutôt que les robes courtes et moulantes dignes des filles que j'ai toujours détesté. Je soupire en sortant de l'atelier. Cette mission ne m'enchante pas.

Lorsque j'arrive en bas de l'escalier, Rafaël m'attend en chemise blanche et pantalon noir. La même tenue que lors de notre première rencontre. Mais je passe à côté de lui sans lui prêter aucune attention et m'en vais vers le garage privé. Je l'entends piétiner derrière moi. Nous entrons en silence dans une voiture des plus banales, sûrement pour ne pas attirer l'attention lorsque nous arriverons au club.

- Il y a combien de temps de trajet ? je demande en attachant ma ceinture.

- À peine quinze minutes.

Je ne prends pas la peine de répondre.

- Tu es toujours énervée ? m'interroge-t-il en passant ses vitesses.

- En fait j'ignore si je suis énervée parce que tu m'as cachée le but de la mission et ce que je devais y faire, ou parce que tu as cru que j'étais assez cruche pour faire un strip-tease à un inconnu.

- Tu n'as jamais fait de strip-tease de ta vie ?

Pourquoi les garçons ont une fâcheuse tendance à répondre à côté des questions qu'on leur pose ? Ça a le dont de m'énerver encore plus.

- Ce que je fais de ma vie personnelle ne te regarde pas, je rétorque en décidant d'observer le paysage qui défile.

- C'est gonflé de la part de quelqu'un à qui j'ai parlé de ma vie personnelle hier soir.

Sur ce coup-là, il n'a pas tort.

- Imaginons que tu m'aurais parlé d'une mission où il aurait fallu que je fasse un strip-tease devant une assemblée pour les distraire pendant que tu voles quelque chose. Dans ce cas, je l'aurai fait sans problème. Je ne vois aucun mal à faire un strip-tease ou à être strip-teaseuse ; chacun fait ce qu'il veut tant que ça n'en blesse pas d'autres. Et quand bien même, chacun est maître de son corps et de ses choix. Ce qui me dérange, à mon niveau, c'est que tu m'aies imposé cela, et qui plus est à un homme pas tout jeune que tu as désigné. Tu aurais dû me consulter, on est un binôme je te rappelle.

- Oui, j'aurai dû, me dit-il pour toute réponse.

- Donc, ce soir tu me laisses gérer les choses à ma manière. Je te le mettrai dans de bonnes conditions.

Nous continuons de parler un peu de la mission et de l'environnement dans lequel nous allons nous retrouver. Rafaël m'apprend que c'est un club assez strict, réservé à une certaine catégorie de personnes qui ne peuvent entrer que sur invitation. Je ne m'inquiète même pas de savoir si nous sommes sur la liste ou non. Rafaël a forcément pris les choses en main. Nous arrivons sur un grand parking, en banlieue de la ville. Il y a plusieurs bâtiments de deux ou trois étages devant nous, dont le club qui se trouve au rez-de-chaussée.

- Nous allons entrer séparément, m'annonce Rafaël. Je ferai mine de ne pas te connaître le temps que tu t'occupes de Monsieur Hernandez.

- Donne-moi une heure, je déclare en ouvrant la portière de la voiture.

- Je te donne trois quart d'heure.

Nous descendons de la voiture et Rafaël me montre une photo de l'homme sur son téléphone afin que je puisse le reconnaître dans le club.

- À tout à l'heure, je lui lance en avançant vers l'entrée.

Mes talons claquent en rythme sur le béton du parking. Je me sens toujours très confiante lorsque j'entreprends de nouvelles situations qui me sortent de ma zone de confort, mais dans le cas présent, je reste légèrement anxieuse. Je n'ai pas encore fait ce genre de mission depuis que je suis entrée chez les Tiradores. Pour le moment, mes missions consistaient à échanger de la drogue ou des armes contre de l'argent. C'est tout. Cette mission change de ce que nous faisons d'ordinaire. Ça me sera peut-être bénéfique, qui sait ? J'arrive donc d'un pas déterminer devant les deux hommes qui gardent l'entrée du club. Ça empeste la cigarette à cause des personnes qui sortent fumer dehors.

- Rym Abril, je me présente en lançant un sourire en coin à l'homme tenant la liste dans ses mains.

- Enchantée, mademoiselle.

Il met quelques secondes à trouver mon nom, me colle un tampon à l'encre sur le poignet, puis m'ouvre la porte pour me laisser entrer. Je ne suis jamais allée dans ce type de club, assez sombre. Je suis plutôt habituée aux grands galas dans des palaces éclairés. Je m'arrête donc à l'entrée, lorsque la porte se ferme derrière moi, et balaie la salle du regard. La pièce est très sombre et éclairée par des projecteurs de lumières qui bougent sans arrêt. À droite du vaste club, il y a une grande scène où cinq barres de pole dance sont disposées symétriquement. Tout au fond, il y a un grand bar et le reste de la salle est constitué de tables, hautes et basses, et de fauteuils et canapés en tout genre. La musique est forte mais pas assez pour ne pas s'entendre parler.

- Bon, c'est parti, je me dis à moi-même en mettant un pied devant l'autre.

Je décide de me rendre au bar et de commander une boisson sans alcool. Mon corps me remercie d'avoir raté ma séance de taekwondo cet après-midi pour me reposer. Je ne sais pas comment j'aurai fait autrement.

En attendant mon verre, je scrute attentivement la pièce à la recherche du fameux Monsieur Hernandez. Je le trouve sur un des canapés juste devant les barres de pole dance. Pour l'instant, il est seul et à l'air de s'ennuyer. En effet, aucune danseuse n'est encore sur la scène. C'est le moment idéal pour moi. Et dès que le barman me tend mon verre, je l'attrape et me précipite vers notre mission du jour. Je m'assois à côté de lui, faisant mine de rien. J'ai un plan en tête et ne compte pas suivre les directives de Rafaël.

- Auriez-vous l'heure, monsieur ? je demande en me penchant vers lui.

Il doit avoir une cinquantaine d'années mais il reste très bien entretenu et a le visage d'un homme ayant fait des ravages dans sa jeunesse auprès des femmes. Ses yeux, que je pense verts, se plantent dans les miens.

- Il approche les vingt-deux heures, mademoiselle. Les danseuses vont bientôt arriver.

- Vous êtes un connaisseur à ce que je vois ?

- Je viens plusieurs fois par semaine ici. La musique est bien et le spectacle très intéressant.

- Je veux bien vous croire !

Je lui souris et nous entamons la discussion.

- Vous faites quoi dans la vie ? Je ne veux pas être indiscrète, j'ajoute en secouant la tête.

- Je possède le plus grand empire immobilier du pays, me répond-il, fièrement, en posant son verre sur la petite table devant nous.

Je secoue mon index devant lui en hochant doucement la tête.

- Je savais que je vous avais déjà vu quelque part ! Vous êtes Monsieur Hernandez, c'est cela ?

Je ne mens qu'à moitié. En réalité, je savais qu'un certain Monsieur Hernandez était à la tête de la plus grande entreprise immobilière du pays, mais ce nom de famille est si répandu au Mexique que je n'ai pas fait tout de suite le rapprochement.

- Je vous ai déjà aperçu à certains galas l'année dernière, je mens en lui sortant mon plus beau sourire.

- Chez les Wilson ?

- Oui ! je m'enthousiasme faussement. L'ambiance était au rendez-vous mais j'en attendais plus du buffet, si vous voulez mon avis !

Je n'ai même pas besoin de réfléchir longtemps aux mensonges que je balance puisque toutes les soirées que je faisais avec mes parents étaient similaires. On peut critiquer tout et n'importe quoi, ça passera toujours inaperçu.

Monsieur Hernandez commence donc à me parler en détails d'une soirée où je ne me suis jamais rendue. Je veux devancer Rafaël sur cette mission et je suis déterminée. Il a l'habitude d'être « rentre dedans » avec ses clients pour obtenir ce qu'il souhaite, moi je ne fonctionne pas de cette manière. Et je vais prouver ce soir qu'on peut faire des miracles en s'intéressant aux gens. En effet, ces derniers adorent parler d'eux et de leur vie. Une fois qu'ils ont trouvé une oreille attentive, ces personnes sont capables de trop parler. Et je compte utiliser cela à mon avantage.

Mais avant que je ne puisse lui poser une question, de grosses lumières blanches au plafond viennent éclairer la scène devant nous et les danseuses arrivent. La musique débute et elle commence leur chorégraphie. Nous applaudissons avant de reprendre notre conversation.

- Vous êtes un amateur d'armes ? je demande, au hasard. Personnellement, je sais tirer comme personne.

Je me vante pour éviter qu'il ne pense que je m'intéresse à lui pour une raison particulière.

- Vous avez pris des cours ?

- Mon père m'a appris les bases puis j'ai pris des cours, oui, je mens à moitié, une nouvelle fois. Et vous, vous savez tirer ?

- Depuis plusieurs décennies, oui, se vante-il en demandant un whisky à un serveur.

- D'ailleurs, j'ai appris que vous achetiez des armes à un gang, je balance en buvant une gorgée de mon cocktail.

Nous commençons à entrer dans le vif du sujet.

- Comment le savez-vous ? me rétorque-t-il en fronçant les sourcils.

Deux options s'offrent à moi : lui parler de mon père ou expliquer que les rumeurs jasent vite. Je décide de prendre le premier choix, pour une fois que je peux utiliser mon père à bon escient.

- Mon père était le chef des Navajas, je réponds gravement.

Je vois les yeux de Monsieur Hernandez s'écarquiller.

- Oh, tu es mademoiselle Abril ? Je ne t'ai pas reconnue !

- Je suis le portrait craché de ma maman, je souris.

- Toutes mes condoléances pour tes parents. Et il y a ton frère aussi, je crois. Ça n'a pas dû être facile.

- Vous connaissiez personnellement mon père ? je m'étonne, n'ayant jamais entendu parlé de lui.

Il lance un regard furtif aux danseuses dénudées avant de me répondre.

- J'achète des armes aux Navajas depuis des années. Ton père était plus que le chef de ce gang pour moi. Il était véritablement mon ami et je maudis ceux qui ont osé le tuer. J'attends qu'une revanche soit prise sur ceux qui ont fait cela.

Je manque lui dire que je penche sur la question mais je ne peux faire confiance à personne. Alors je me tais sur ce point-là et hoche seulement la tête en buvant une nouvelle gorgée de ma boisson.

- Vous êtes aussi dans le gang des Navajas ? me questionne-t-il en relevant très haut son sourcil gauche, ce qui me fait sourire.

- Non, j'hésite en passant une main dans mes cheveux. On va dire que je suis chez l'adversaire.

Mon regard est attiré derrière Monsieur Hernandez où je vois Rafaël assis à une table au loin, seul. Il me jette un coup d'œil en me montrant sa montre. Il m'indique que l'horloge tourne.

- Je suis chez les Tiradores, je confesse en le regardant droit dans les yeux.

- Pourquoi n'êtes vous pas allez chez les Navajas puisque votre père en était le chef ?

J'essaie tant bien que mal de mettre les douleurs enfouies en moi de côté pour lui donner un mensonge claire et précis.

- J'ai appris que mon père faisait parti d'un gang seulement quelques semaines avant son décès. Et lorsqu'il est décédé, les Tiradores m'ont fait de meilleures propositions. Mais ce qui m'a mené jusqu'à vous c'est me fait que j'ai retrouvé un tas de contrats dans le bureau de mon père concernant des ventes d'armes. Et votre nom est souvent revenu.

- C'est étrange qu'il ait conservé des contrats chez vous et non dans son quartier général.

- Peut-être qu'il comptait les rapporter, je mens. Je n'en sais absolument rien.

Je me reprends pour en venir directement aux faits. Je me repositionne donc sur le canapé, croise élégamment les jambes et lui fais mon plus beau sourire.

- Je souhaiterais savoir si on pourrait envisager un transfert de marché ?

- Vous voulez dire acheter mes armes chez les Tiradores ? me demande-t-il.

- Exactement. Nous allons recevoir de nouvelles armes d'ici trois semaines, je l'informe en me rappelant les paroles de Diego. Et je vous assure une priorité sur toutes les livraisons. Et un tarif réduit, bien évidemment.

Je veux surpasser Rafaël en terme de négociations. Il croit qu'il est le seul à pouvoir persuader les gens et obtenir des contrats et des ventes. Je veux lui prouver le contraire et que j'ai largement ma place au sein du gang.

- Vous faisiez confiance à mon père ? j'insiste en posant une main devant moi et en continuant de le fixer dans les yeux.

- Bien sûr, je n'ai jamais eu aucun problème avec lui.

- Et bien vous n'aurez aucun problème avec moi non plus. J'ai une vraie parole et je m'occuperai personnellement de vos commandes.

Il termine son verre avant de me répondre, de la voix joviale d'une personne qui a déjà bu plusieurs verres d'alcool.

- Vous savez quoi, mademoiselle Rym Abril, j'avais une confiance aveugle en votre père. Et je décide de vous faire confiance à vous aussi, me répond-il en me pointant du doigt. Votre père était un véritable ami pour moi et vous êtes sa fille, il est normal que je vous fasse confiance. Je vais désormais acheter mes armes chez les Tiradores, en espérant ne pas être trompé.

Je comprends dans sa dernière phrase qu'il ne rigole pas avec la confiance.

- Vous n'avez aucun souci à vous faire, je le rassure. Je vais vous donner mon numéro de téléphone. Appelez-moi dès que vous avez une quelconque commande à faire, je m'occuperai de tout.

- Tu suis vraiment les traces de ton père, me sourit Monsieur Hernandez en sortant son téléphone de sa poche. Tu as le sens des affaires, tu iras loin.

- Et moi, je vous remercie de la confiance que vous placez en moi, je réponds en notant mon numéro dans son portable. C'est un plaisir de faire affaire avec un ami de mon père.

Nous nous serons la main en guise d'accord. Je n'arrive pas à retirer le sourire de mes lèvres. Je viens de réussir à décrocher un gros contrat. J'ai hâte de l'annoncer à Diego !

- Ça m'a fait très plaisir de vous voir, Rym Abril, mais je vais rentrer chez moi, ma femme doit m'attendre.

- Elle sait que vous êtes ici ? je plaisante en me levant en même temps que lui.

- À votre avis ? me répond-il avec un sourire complice.

Je rentre dans son jeu même si je ne suis pas en faveur de ce genre de mensonge. Quoique je suis bien dans un club de strip-tease alors que mon petit-ami me croit chez une amie. Je n'ai décidément pas mon mot à dire. Monsieur Hernandez s'en va après un dernier au revoir et je fonce sur Rafaël qui arrive à toute allure vers moi.

- Pourquoi tu l'as laissé partir ? s'agit-il en voulant passer devant moi.

- J'ai obtenu le marché ! je crie, toute contente.

- Pardon ? s'étonne Rafaël en levant ses deux sourcils, perplexe.

- Je voulais te prouver que j'étais aussi compétente que toi dans le gang et que ça ne te donnait aucun droit de me donner des ordres ou de ne pas m'informer des missions.

Je parle fort pour qu'il m'entende à cause de la musique qui résonne à travers la pièce. Il sourit à ce que je viens de lui dire et me propose d'aller nous installer là où j'étais quelques minutes plus tôt. Il nous commande deux cocktails sans alcool. Nous regardons un peu les danseuses se déhancher sur la barre de pole dance. En tant que femme, je trouve cette manière de danser magnifique et sensuelle.

- Rym ?

Je détourne le regard pour le poser dans celui de mon partenaire.

- Au début, j'étais un peu énervé que tu aies décroché le contrat sans moi. Puis finalement, ça montre que tu veux vraiment avoir ta place au sein du gang, et ça me plaît. Et je suis réellement fier que tu aies accompli ça toute seule.

- Trinquons quand même au nouveau contrat ! je lance en attrapant mon verre.

Nous cognons nos deux boissons en riant. À chaque mission que j'accomplis aux côtés de Rafaël, je me sens plus femme, plus forte et plus indépendante que jamais. Lorsque je travaille pour le gang, j'ai l'impression que tout est possible, que je peux tout accomplir. C'est dans l'interdit que je me sens le plus vivante.

- Tu vois qu'on n'a pas besoin de montrer son corps pour obtenir un contrat, je souris en tournant la tête vers les danseuses.

Je secoue la tête en rythme avec la musique, plutôt sensuelle.

- C'est vrai, j'aurai au moins appris quelque chose ce soir !

- Tu veux apprendre autre chose ? je demande sans détourner la tête.

- Je t'écoute, me répond-il.

Je sens, à sa voix, qu'il a son éternel sourire en coin. Je décide de le regarder pour répondre.

- Je sais faire du pole dance, je ris en buvant une grande gorgée du cocktail à la fraise.

Ses yeux s'écarquillent et il s'avance sur le canapé pour s'asseoir juste à côté de moi.

- Tu sais danser comme elles ? me questionne-t-il en me montrant du doigt les danseuses.

Je hoche la tête en m'expliquant.

- La mère d'Alejandro est une danseuse professionnelle. Elle pratique plusieurs danses comme celle-là. Étant donné que j'ai passé sept ans de ma vie avec son abruti de fils, j'ai passé beaucoup de temps chez eux. Sa mère avait une barre comme celle là, je montre de la tête tout en continuant de regarder Rafaël. Et elle m'a appris.

- Tu as d'autres talents cachés, Rym Abril ?

- Je n'appelle pas ça un talent, je rétorque en continuant de bouger la tête, doucement, en rythme.

- Je suis sûre que t'es plus douée que ces filles, lance-t-il en posant ses deux bras sur le dos du canapé.

Je ris, voyant où il veut en venir.

- On ne le saura jamais ! je lâche en m'enfonçant aussi dans le canapé.

- Tu sais, Rym, démarre Rafaël, tu es une grande joueuse. Ce n'est un secret pour personne. Et je sais que tu préférerais mourir plutôt que de perdre.

- Je ne te le fais pas dire ! je ris dans le vide.

Finalement, il s'avance pour mettre sa tête à mon niveau.

- Rym Abril, es-tu capable de rejoindre ces danseuses et de nous offrir une danse des plus mémorables ?

Je crois n'avoir jamais lancé un regard aussi noir à quelqu'un de toute ma vie. Rafaël lève les mains en l'air en haussant les épaules, un immense sourire plaqué sur son visage.

- Tu es joueuse, Rym Abril, mais je suis le maître du jeu. En es-tu capable, oui ou non ?

Si je n'y vais pas, il va gagner. Depuis la première fois que nous nous sommes rencontrés, un jeu s'est créé entre nous. Et jusqu'à hier, c'était moi qui contrôlait tout. Et je ne veux pas que les rôles s'inversent. Je reste silencieuse quelques secondes. Je jette un coup d'œil aux danseuses. Je sais faire ce qu'elles font. J'en ai fait pendant cinq ans. Ça ne s'oublie pas.

- La barre du milieu vient de se libérer, me murmure Rafaël à l'oreille. Es-tu une vraie joueuse, Rym Abril ? Ou fais-tu semblant ?

Je lui lance un regard de biais. Un regard empli de vengeance, de jeux dangereux et d'adrénaline. C'est toujours dans l'interdit qu'on se sent le plus libre et le plus vivant. J'ai envie de me sentir libre et vivante. Je suis moi-même, je suis forte, je suis une femme. J'ai le contrôle complet de ma vie et de moi-même, et ce soir je vais battre Rafaël. Je suis une joueuse dans l'âme et dans le sang.

Je pose mon cocktail sur la petite table et tend ma pochette à Rafaël. Il me lance un regard étonné lorsque je me lève. Je lui lance le sourire le plus joueur de toute ma vie.

- Tu vas voir si Rym Abril n'en est pas capable.

J'avance jusqu'au trois marches menant à la scène. Mes talons claquent dessus et, en me voyant monter sur la scène, le bruit de la foule diminue. La salle est remplie. Je n'ai jamais fait ça de toute ma vie. Je m'apprête à faire quelque chose que je pensais infaisable. À ce moment-là, je ne pense pas à Julio. Et à vrai dire, même si je pensais à lui ça me serait égal. Je suis une femme, je suis indépendante et je suis encore libre de faire ce qui me fait envie. Je sors de ma zone de confort et j'adore ça !

Lorsque j'arrive sur la scène, la musique change et je reste dos à la foule. La musique est rythmée et sensuelle. Elle est idéale. Je lève mes bras au-dessus de ma tête et me déhanche légèrement de gauche à droite. Je bouche mes bras et mon corps dans un rythme parfait. Je me sens tellement libre que l'adrénaline me monte à la tête. Je décide, doucement, de retirer la première manche de ma robe et de la faire tomber contre moi. Puis je fais de même avec la deuxième. J'entends des sifflements provenant du fond de la salle et continue en bougeant mes hanches. La robe finit par tomber au sol et je me retrouve là, sur la scène du club, en sous-vêtements.

Je me retourne vers la foule en passant gracieusement la main dans mes cheveux pour les mettre sur le côté. Je continue de me déhancher et jette ma paire d'escarpins sur le côté. Que les choses sérieuses commencent.

Je démarre en marchant en rythme autour de la barre, en la tenant de la main droite ; et je ne manque pas de bouger le bas de mon corps. Les gens applaudissent en rythme avec la musique. Je me sens pousser des ailes et attrape la barre à deux mains en commençant à lever mes jambes autour de celle-ci. Je me lance dans la chorégraphie que je connaissais le mieux, il y a de ça encore deux ans. Je reste agrippée à la barre et tourne encore et encore, parfois en lâchant un seul bras, parfois en laissant mes jambes voler pendant que je tourne sur moi-même. Je sens que je fais fureur et que ma danse est parfaite. Je l'ai répétée durant tellement d'années que je pourrai la faire les yeux fermer.

Lorsque je sens que la fin de la musique approche, je redescends délicatement de la barre et tourne autour, comme au début de la chorégraphie. Je m'arrête lorsque je suis de profil à la foule. Je décide de me baisser sensuellement puis de remonter en faisant glisser mes fesses, très peu habillées, contre la barre en métal. Je passe une dernière fois mes mains au-dessus de ma tête et laisse tomber délicatement mon corps entier contre la barre alors que la musique diminue, puis se termine.

Un tonnerre d'applaudissement retentit alors que je reste au sol, épuisée par cette prestation. Je tourne la tête vers Rafaël alors que plusieurs personnes sifflent. Je le vois bouche bée, mais je vois surtout que j'ai gagné. Je suis sûre d'une chose à présent : c'est dans tout ce qu'on croit interdit que se cache la plus belle des folies.

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