Chapitre 16 : Confidences entre amis
Je n'en reviens pas de ce qu'a raconté ma mère dans son journal. Enfin, j'ignore si ce que j'avance est la pure vérité, ou si c'est seulement une coïncidence. Ma mère m'a évoquée un bon nombre de fois l'amour de sa vie, qui a été l'amour de toute sa jeunesse. Elle ne m'a jamais mentionné son prénom mais m'a expliqué qu'elle avait rompu avec lui car ils avaient pris des chemins différents et qu'elle ne supportait pas le métier qu'il faisait. Je n'ai jamais eu plus de détails de ce côté-ci, si ce n'est tous les détails de sa vie amoureuse avant de rencontrer mon père. Sauf que je sais que mon père n'était pas l'amour de sa vie. Elle l'aimait, j'en étais sûre. Elle l'aimait assez pour avoir eu trois enfants avec lui, mais ce n'était pas l'amour de sa vie. D'après ma mère, on n'en avait qu'un seul durant toute sa vie, et elle l'avait laissé partir.
Là, maintenant, j'aurai eu tendance à penser que ce n'était qu'une coïncidence que l'amoureux de jeunesse de ma mère s'appelle également Diego. Sauf que je me souviens de la réaction du patron des Tiradores lorsqu'il a parlé de ma mère, Marina. Et si Diego n'était finalement pas un ami d'enfance de ma mère mais bel et bien l'amour de sa vie ? Ma tête commence à tourner à force de trop réfléchir. J'aimerais avoir tort mais tout coïncide. Est-ce que je devrais demander plus d'informations à Diego ? Quoique leur histoire d'amour ne me regarde pas. Bien que j'aimerais comprendre le déroulement des choses.
- Ou sinon je continue de lire le journal pour connaître tous les détails, je soupire en me résignant à continuer.
Les battements de mon cœur s'accélèrent, j'ai peur d'apprendre de nouvelles choses encore plus folles les unes que les autres. Je commence à lire la page suivante lorsqu'une pensée me vient à l'esprit : si Diego est bien l'amour de jeunesse de ma mère, pour quelle raison m'aurait-il menti la première fois que l'on s'est vu ? À vrai dire, qu'est-ce que ça aurait changé que ça soit l'amour de sa vie ou non ? Et surtout, qu'est-ce que ça aurait donné que je le sache ? Mes questions restent en suspens. Je n'ai aucune réponse.
Je me masse légèrement les tempes pour me calmer. J'ignore si je me fais des films pour rien ou si j'ai raison sur toute la ligne. Et ça me stresse terriblement. J'entends mon téléphone vibrer sur ma table de nuit et me penche pour répondre.
- Je te manque déjà ? je demande en retrouvant le sourire.
- Je t'appelle professionnellement, Rym, me répond Rafaël en bougonnant.
- Excusez-moi monsieur le professionnel, je dis d'un air hautain. Je vous écoute !
Il rigole à l'autre bout du fil et j'attends sa réponse.
- J'ai une mission pour demain soir, m'annonce-t-il.
- Je suis obligée d'être là ?
- Oui ! Je vais vraiment avoir besoin de toi, désolée, celle-là je ne pourrai pas la faire tout seul.
- Tu aurais fait comment si je n'avais pas été là ? je demande sur la défensive.
- Le fait est que tu es là, me répond-il, coupant court à mon esquive.
Je pose mes doigts sur l'arête de mon nez. Je suis déjà exténuée de la journée qui m'attend demain.
- Rafaël, je soupire. Demain, nous serons mardi, je serai en cours toute la journée et j'ai ma séance de sport en fin de journée. Je ne vais pas tenir toute une soirée, je vais être épuisée. Sans compter que mercredi matin, je vais commencer les entretiens d'embauche pour mon entreprise.
J'ai envie de m'assommer quand je pense au travail qui m'attend. Je ne vais jamais tenir ce rythme de vie.
- Je ne peux pas tout faire, je murmure dans un souffle.
- Je pense que tu devrais faire des choix, me conseille Rafaël. Tu sais aussi bien que moi que tu ne peux pas mener une vie à ce rythme, tu vas étouffer. À mon avis, tu devrais arrêter les cours à l'université.
- Pardon ? je m'étonne en me relevant du lit. Pourquoi j'arrêterai mes études ?
- Rym, tu as une entreprise que tu gères d'une main de maître et tu gagnes beaucoup d'argent grâce à ça. En plus, tu es membre d'un gang qui te rémunère très généreusement pour le travail que tu fournis. Les cours te serviront à quoi ?
Il n'a pas tort, dans le fond.
- D'ailleurs, je ne sais pas si tu es au courant, continue-t-il, mais tu ne peux pas exercer la profession d'avocat et posséder une entreprise commerciale. C'est dans la loi depuis des dizaines d'années. Ça remonte à l'époque où on pensait que les commerçants étaient des escrocs et que les avocats étaient les garants du peuple. Les deux métiers ne pouvaient donc pas se mélanger. J'ai appris ça en cours de droit commercial puisque j'ai été dans une école de commerce, tu te souviens ?
Je hoche la tête pour toute réponse avant de me rendre compte qu'il ne peut pas me voir.
- J'ignorais ce détail, j'avoue en me grattant l'arrière du crâne.
Rafaël me fait douter de ma propre vie et du propre chemin que je m'étais tracé depuis des années.
- De toute façon, il faut que je trouve une solution, je conclus en soupirant bruyamment. Je ne peux pas continuer à mener ma vie aussi intensément. Je cours partout, tout le temps. Entre les cours, mon couple, l'entreprise, le gang, mes amies, le taekwondo et ma pseudo vie de famille, je ne m'en sors plus.
- C'est ce que je te conseille personnellement. Déjà, si tu enlèves les cours à l'université, tu vas te retrouver avec tes semaines et tes week-end de libres. Tu pourras donc travailler dans ton entreprise et mener une vie plus tranquille.
- Il faut vraiment que je réfléchisse à tout ça.
Je me lève de mon lit et commence à faire les cent pas dans ma chambre.
- Je viens à la mission demain, j'accepte pour changer de sujet.
- Promis, je ne boirai pas une seule goutte d'alcool. Comme ça je pourrai te ramener chez toi puisque tu seras sûrement trop fatiguée pour conduire.
Je le remercie sincèrement de la petite attention.
- Tu es chez toi ? me demande-t-il afin de poursuivre notre conversation.
- Oui, j'ai la peluche que j'ai gagné hier à la fête foraine devant moi, je souris à travers le téléphone. Je l'ai gagné au tir à la carabine.
- Et Dieu seul sait que tu ne rates presque plus aucune cible.
- Tu as tout compris !
Je rigole en tournant en rond dans la pièce. J'adore parler avec mon coéquipier.
- Je vais changer de sujet, je le préviens en m'asseyant finalement sur le bord du lit. Dis-moi, est-ce que tu saurais à quel âge Diego est entré dans le gang des Tiradores ?
- C'est lui qui a créé les Tiradores, m'apprend Rafaël d'une voix grave.
- Comment a-t-il fait ? Je veux dire, tu connais un peu son passé ?
Je le sens acquiescer à l'autre pour du cellulaire.
- Diego m'a pris sous son aile lorsque j'ai débuté dans le gang, comme je te l'avais raconté. Et nous avons été proche au début, et il m'a confié quelques détails de sa vie. Mais je te le dis honnêtement, je pense que ce n'est qu'un millième de tout ce qu'il a vécu.
- J'aimerais que tu me racontes, je le supplie en laissant tomber mon corps sur le lit. Je suis trop curieuse.
- C'est bien parce que tu es ma coéquipière, Rym.
Je le sens sourire avant de commencer à me raconter l'histoire de Diego.
- Il m'a raconté qu'il était un enfant extrêmement doué à l'école, mais il détestait la société et le système mexicain. Vraiment, il avait une haine contre les dirigeants du pays. Si je me souviens bien, Diego m'a raconté que sa famille avait subie beaucoup d'injustices à cause de certaines lois mexicaines et à cause de la société en général. Toute son enfance il a nourri une haine envers l'État. Mais il restait quelqu'un d'intelligent.
J'aimerais couper Rafaël pour lui demander si Diego avait eu une petite-amie durant son enfance mais il est beaucoup trop lancé dans son récit pour que j'intervienne.
- Après le lycée, il a décidé de passer les différents entretiens, si je peux appeler ça comme ça, pour entrer dans le gang des Navajas.
- Des Navajas ? je m'étonne en sachant que mon père y a été membre aussi, et est devenu leur chef plus tard.
- Exactement. Il y a un peu plus de vingt ans, les jeunes devaient passer des sortes de castings pour entrer dans un gang avec un tas d'examens de compétences. Diego les a tous réussis et seule une poignée de jeunes de son âge ont été admis dans le gang. Il a progressé très vite au sein de celui-ci mais il voulait plus qu'être le simple second du chef. Il m'a parlé vaguement d'une concurrence avec un autre homme de son âge avec qui il était ami, au début.
- Tu connais le nom de cet homme ? je demande, plus curieuse que jamais.
- Non, désolée, il n'a évoqué ce gars que très rapidement.
J'aurai aimé en savoir plus. Après tout, j'ignore quand est-ce que mon père a commencé à faire parti d'un gang. Ça aurait pu être lui. Je n'en sais rien.
- Diego s'est donc enfui des Navajas et a dû se cacher pendant des mois pour ne pas être tué. Et, secrètement, il a commencé à former un nouveau gang, à recruter des tireurs professionnels. Diego veut que les membres de son gang sachent tirer parfaitement. Ça aide de ne jamais rater sa cible. Tu tires une fois puis tu passes à la personne suivante. Selon lui, on gagne un temps précieux. Et c'est sur ce critère qu'il a créé son gang, d'où le nom des Tiradores. Une fois que son gang était au point, il a pu sortir de l'ombre et les Navajas n'ont pas pu le tuer. Il était beaucoup trop entouré pour cela.
- Il est extrêmement malin, je commente en hochant doucement la tête. Et il n'a jamais eu de famille ? Ni d'enfants ?
- Il ne m'a rien dit à ce sujet. Et c'est tout ce que je connais de son histoire.
Je ne dis rien de plus concernant Diego pour ne pas éveiller les soupçons de Rafaël sur mes recherches concernant la vie du patron.
- Il ne m'a jamais parlé d'une quelconque femme, ajoute Rafaël.
- Et toi, tu as une femme dans ta vie ?
Je n'ai pas trouvé autre chose à dire pour changer de sujet.
- Absolument pas ! se précipite-il, peut-être un peu trop rapidement.
Je fronce les sourcils, perplexe.
- Tu es de l'autre bord ? je demande, à tout hasard.
- Absolument pas ! répète-il, en riant cette fois.
Je bégaie quelque peu avant qu'il ne me fournisse une explication.
- Je n'ai pas de femme dans ma vie, et je n'en veux pas pour le moment.
- Une mauvaise expérience ? je tente en levant un sourcil.
- Non, ça n'a rien à voir.
Je me tourne sur mon matelas et me mets sur le ventre. La position pour écouter tous les potins du monde.
- Rafaël, si tu crois que tu peux me laisser comme ça, sans me raconter ton histoire, tu te trompes sérieusement. Maintenant, je t'écoute.
Je n'ai aucune réponse de sa part, j'entends seulement sa respiration. Je mets mon téléphone en haut-parleur et le pose devant moi.
- Je ne lâcherai pas l'affaire, alors tu ferais mieux de me raconter, je rigole pour le mettre plus à l'aise.
Finalement, je décide de prendre mon téléphone, d'ouvrir la fenêtre de ma chambre et de m'installer à mon bureau. Je vais faire une nouvelle manucure.
- C'est bien parce que c'est toi, soupire Rafaël avant de commencer à me raconter. J'ai été un enfant obèse. J'étais vraiment gros et petit.
- J'ai dû mal à te croire, je commente avec un demi-sourire.
- C'est la vérité ! Je n'ai vraiment pas eu de chance quand j'étais gamin. J'étais gros, petit, j'ai eu des appareils dentaires à n'en plus finir et des lunettes toute ma jeunesse.
- La totale !
Il rigole de son enfance, je trouve ça bien qu'il en rit aujourd'hui.
- Autant te dire que je n'ai pas vraiment eu d'amis dans ma vie et qu'auprès des filles, j'étais plutôt la risée. Je suis resté plus petit que la normale jusqu'à mes seize ans. À partir de là, j'ai grandi d'un seul coup. J'ai donc commencé à m'affiner mais j'étais encore rond sur les bords, tu comprends ?
Je réponds à l'affirmatif en finissant de limer mes ongles.
- Je me suis donc mis à la natation, qui est devenu mon sport favori, et j'ai arrêté de manger n'importe quoi. En quelques mois, je me suis métamorphosé. Je me suis musclé très rapidement et j'avais enfin la taille d'un homme. Mon appareil dentaire avait été enlevé, donc j'avais des dents parfaites, et j'ai commencé à porter des lentilles. Que j'ai toujours aujourd'hui, d'ailleurs.
- Je peux te dire que tu as pris une belle revanche sur la vie, je commente en cherchant une couleur de vernis. Dis-moi, quel couleur préfères-tu sur les ongles d'une femme ?
- Un beau rouge de femme fatale, rigole-t-il.
Je prends donc la couleur qu'il m'indique.
- C'est donc vers tes seize ans que tu as commencé à fréquenter des filles ? Quand tu es devenu un bel homme ?
- Absolument pas. Les filles que je côtoyais ne cherchaient que des relations physiques et, comme je te l'ai déjà dit, j'ai été élevée dans le respect des femmes grâce à mon éducation et je ne voulais pas gaspiller mon temps avec des femmes inintéressantes.
- Comment se fait-il que tu fréquentais des filles de ce genre ? je l'interroge.
- Je n'étais pas une personne avec beaucoup d'amis et j'essayais d'appartenir à un groupe. Je passais beaucoup de temps avec une bande de garçons qui passaient leur temps avec des filles comme ça.
- C'est triste, je déclare en finissant l'application de mon vernis.
- Je ne te le fais pas dire ! Et quand j'ai commencé mes études supérieures, j'ai essayé de m'intéresser aux femmes, et j'ai commencé à en fréquenter une. Nous avons été très proches mais je ne voyais aucun avenir avec elle, et je trouve ça inutile d'être avec une personne pendant des mois sans ressentir l'envie de faire ma vie avec elle. Je savais au fond de moi que ce n'était pas la bonne.
- Je suis d'accord avec toi lorsque ça fait un certain temps que tu es avec la personne. Mais au bout de quelques semaines ou quelques mois, je ne sais pas si on peut savoir si cette personne est la bonne ou non.
Je pensais réellement que Rafaël était un grand tombeur auprès de ces dames. Je me suis trompée sur toute la ligne.
- Mais dis-moi, je commence en posant mes pieds sur le bureau, est-ce que tu as déjà...
- Fais l'amour ?
- Si tu veux être aussi explicite allons-y ! je rigole en souffle sur mes ongles fraîchement vernis.
- Oui, je l'ai fait avec la fille avec qui j'ai eu une relation de quelques mois. Mais je l'ai fait parce qu'elle en avait envie, pas parce que je le voulais. Je ne regrette pas, mais j'aurai voulu que ce soit avec la bonne fille.
- On ne peut pas tomber forcément sur la femme de sa vie du premier coup, tu sais, je réponds en me rapprochant du téléphone.
- Je sais bien mais j'ai décidé de ne plus perdre de temps avec les femmes. J'ose espérer que je tomberai un jour sur la femme de ma vie, en attendant, je donne mon corps et mon âme au gang.
Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne suis ni pour, ni contre ce qu'il me raconte. J'acquiesce donc seulement dans le vide. Mais une question me vient à l'esprit.
- Ça fait donc combien de temps que tu n'as pas eu de relation amoureuse ?
- Un peu plus de quatre ans. Mais je ne suis pas en manque, si c'est ça ta prochaine question, rit-il dans son micro.
- Ça en fait des années ! je lâche.
Puis je me souviens qu'avant de rencontrer Julio, finalement, ça faisait déjà deux ans que je n'avais pas eu de relation. Et ça ne me manquait absolument pas. Donc, je le comprends très bien.
- J'ai juste une dernière question, je souris, appréciant énormément parler avec Rafaël.
- Je t'écoute.
- Tu drague beaucoup de femmes pendant tes missions ? Ou même pour obtenir des informations ?
- Avant qu'on commence les missions ensemble, je m'ennuyais vite, donc oui, je draguais. Pour obtenir des informations, je ne vais pas te mentir que je le fais quand ça peut m'arranger, Rym. Mais je n'ai aucun contact physique avec elles, si ce n'est parfois un baiser, quand il le faut vraiment. La persuasion, je te l'ai déjà dit, est notre meilleure alliée. Il faut savoir se mettre certaines personnes dans la poche. Et avec les femmes, pour ma part, ça passe par la drague !
Après tout, il est célibataire et ne fait de mal à personne. Après encore quelques minutes au téléphone, nous décidons de nous quitter et nous souhaitons une bonne soirée. Nous nous revoyons demain pour notre nouvelle mission. J'ai adoré notre conversation qui a durée plus d'une heure. Je ne pensais pas en apprendre autant sur Diego et Rafaël en ce début de soirée. Mais je suis contente d'avoir eu cette conversation avec lui. Ça me permet de le connaître mieux et de me sentir comme une véritable amie à ses yeux.
- Rym ! Nous allons passer à table ! me crie María depuis le rez-de-chaussée.
Je mets mon téléphone à charger puis descends rejoindre ma gouvernante dans le salon. Nous dînons maintenant sur les canapés, comme si tous les jours étaient un samedi soir. Ça nous change un peu de notre routine d'avant.
- Tu as reçu une lettre, je l'ai posée sur le meuble du hall d'entrée, me prévient-elle en posant des enchiladas sur la table.
Je m'en vais la récupérer et la déchire avec mes dents, mes ongles n'étant pas totalement secs. Je l'ouvre et vois qu'elle provient du cabinet de notaire de mes parents. Dans la lettre, le notaire me donne un rendez-vous concernant l'héritage de mes parents. Je lève les yeux et vois une seconde lettre similaire, mais elle est au nom de ma sœur. Il nous convoque toutes les deux. Rien qu'à l'idée de repenser à la disparition mystérieuse de ma sœur, mon ventre se serre. Lorsque l'affaire des Viboras sera bouclée, je m'attaquerai au cas des Navajas, qui retiennent ma sœur. Et ils vont découvrir qui est la véritable Rym Abril, celle qui sait venger les siens, quoiqu'il arrive.
*
Le lendemain, j'ai annulé ma séance de taekwondo pour pouvoir me reposer avant ma mission de ce soir. J'ai passé la journée en cours à me demander ce que je faisais ici. La conversation que j'ai eu avec Rafaël hier m'a grandement fait réfléchir. Je nage en ce moment dans une mer de doute.
J'arrive donc de pied ferme dans la banque masquant le quartier général des Tiradores. Je ne vois pas Rafaël dans son bureau, je décide donc de monter directement à l'étage retrouver Yanissa. Comme à chaque fois que je viens lui rendre visite avant une mission, elle me comble de compliments en courant à travers l'atelier.
- J'ai confectionné une tenue spéciale que Rafaël m'a demandée pour toi ! s'enjoue-t-elle en frappant dans ses mains.
Je suis quelque peu étonnée mais me place tout de même sur la plate-forme. Je reste perplexe lorsque Yanissa commence à m'enfiler un porte-jarretelles avec des bas noirs fins. Ils ont pour seul motif une ligne droite partant du haut de la cuisse pour terminer sur ma cheville. Mais lorsque je vois qu'elle me met une robe, à manches longues et à col carré, des plus moulantes, je l'arrête dans son geste et lui demande pourquoi je suis vêtue ainsi.
- C'est Rafaël qui a demandé cette tenue. Je n'ai fait que reproduire ce qu'il m'a demandé.
- Mets-moi la robe que je puisse descendre voir Rafaël.
La robe arrive juste en-dessous du porte-jarretelles et elle masque le soutien-gorge en dentelle fine que j'ai dû enfiler. Une fois le tout bien mis en place, je quitte l'atelier en furie. Je marche vite dans le couloir, sans chaussure. Je manque tomber trois fois dans les escaliers à cause des bas que je porte. Tous les regards se tournent sur mon passage et j'entre sans frapper dans le bureau de Rafaël. Il est seul et sursaute à mon entrée.
- Qu'est-ce que je fous habillée comme ça, Rafaël ? je crie en cognant rageusement mes poings sur la table.
- Tu es très jolie, me répond-il avec un grand sourire.
- Arrête tes conneries, on dirait une prostituée !
Il secoue la tête en levant les yeux au ciel.
- Tu auras besoin de cette tenue ce soir, m'explique-t-il.
- Parce que tu crois que je vais faire les trottoirs ce soir, peut-être ?
- Non, j'ai besoin que tu fasses du charme à quelqu'un.
- Je peux faire du charme tout en restant décemment habillée !
Je ne décolère pas. Je n'apprécie pas la manière dont Rafaël m'utilise. Mais ce qu'il me sort me fait tomber du cinquantième étage d'un immeuble.
- J'ai besoin que tu joues la strip-teaseuse pendant la mission.
Je vais commettre un meurtre.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro